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Citations de Gabriel Tarde (41)


Le meilleur gouvernement est celui qui s'attache à être si parfaitement bourgeois, correct, neutre et châtré, que personne ne se puisse plus passionner ni pour ni contre.
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Non seulement la foule est attirante et appelle irrésistiblement son spectateur,
mais son nom exerce un prestigieux attrait sur le lecteur contemporain, et certains écrivains sont trop portés à désigner par ce mot ambigu toutes sortes de groupements humains. Il importe de faire cesser cette confusion et, notamment, de ne pas confondre avec la foule le Public, vocable susceptible lui-même d'acceptions diverses, mais que je vais tâcher de préciser. On dit : le public d'un théâtre, le public d'une assemblée quelconque; ici, public signifie foule. Mais cette signification n'est pas la seule ni la principale, et, pendant que son importance décroît ou reste stationnaire, l'âie moderne, depuis l'invention de l'imprimerie, a fait apparaître une espèce de public toute différentes, qui ne cesse de grandir, et dont l'extension indéfinie est l'un des traits les mieux marqués de notre époque. On a fait la psychologie des foules; il reste à faire la psychologie du public, entendu en cet autre sens, c'est-à-dire comme une
collectivité purement spirituelle, comme une dissémination d'individus physiquement séparés et dont la cohésion est toute mentale. D'où procède le public, comment il naît, comment il se développe; ses variétés; ses rapports avec ses directeurs; ses rapports avec la foule, avec les corporations, avec les États; sa puissance en bien ou en mal, et ses manières de sentir ou d'agir : voilà ce que nous nous proposons de rechercher dans cette étude.
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Les hommes ont toujours été beaucoup moins originaux qu'ils ne se flattent de l'être.
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L'idée de ligne droite, qu'on le remarque, n'est pas exclusivement propre à la géométrie. Il y a une rectilinéarité biologique, il y a aussi une rectilinéarité logique. De même en effet que, pour passer d'un point à un autre, l'abréviation, la diminution du nombre des points interposés ne saurait être indéfinie et s'arrête à la limite appelée ligne droite, de même, dans le passage d'une forme spécifique à une autre forme spécifique, d'un état individuel à un autre état individuel, il y a une interposition minima, irréductible, de formes et d'états à parcourir, qui seule explique peut-être la répétition abrégée, par l'embryon, d'une partie des types successifs d'où il procède ; et semblablement, dans l'exposé d'un corps de sciences, n'y a-t-il pas une manière d'aller tout droit d'une thèse à une autre thèse, d'un théorème à un autre théorème et ne consiste-t-elle pas à les relier par une chaîne de positions logiques nécessairement intermédiaires ? Nécessité vraiment surprenante.
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Ainsi, l'inanimation, la mort, le néant agité seraient la règle; et la vie, l'exception! Ainsi, les neuf dixièmes, les quatre vingt-dix-neuf centièmes peut-être des systèmes solaires tourneraient à vide, comme des roues de moulins absurdes et gigantesques, inutile encombrement de l'espace! Cela est impossible et insensé, cela est blasphématoire, ayons plus de foi dans l'inconnu !
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c'est une erreur de croire que, à l'origine, les femmes sont partout regardées comme la propriété de l'homme et vendu par le père au mari. Chez beaucoup de peuples très sauvages, elles ne sont mariées que de leur consentement. P30.
Ce serait une erreur de croire que, depuis que le monde est monde, les changements qui se sont opérés dans la famille ont eu pour effet de diminuer l'inégalité soi-disant primitive entre l'homme et la femme, d'affranchir par degré la femme et de l'égaler à l'homme. P31
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Nous imitons infiniment plus que nous n'innovons.
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On a souvent dit et répété, et c'est devenu une sorte d'axiome, que toute notre connaissance des choses consiste à percevoir entre elles des ressemblances ou des différences. C'est juste, et cela prouve que la vie universelle est une suite ou un entrelacement sans fin de répétitions et de variations. Est-il vrai cependant qu'il n'y ait à distinguer que ces deux grandes classes de rapports entre les objets, entre les êtres ou les états des êtres ? Il y en a un troisième, que l'on oublie toujours, malgré l'importance et la gravite de son rôle : c'est la combinaison originale des deux premiers fusionnés ensemble et intimement dans le rapport d'opposition, d'inversion, de contrariété. Deux choses opposées, inverses, contraires, ont pour caractère propre de présenter une différence qui consiste dans leur similitude même, ou, si l'on aime mieux, de présenter une ressemblance qui consiste à différer le plus possible. Quand je dis qu'on ne prend pas garde à ce rapport, entendons-nous bien. Il n'en est peut-être pas dont il soit plus fréquemment parlé dans le langage courant, voire même dans les proverbes : « les extrêmes se touchent »; mais il est remarquable que la spéculation philosophique, qui s'est attaquée à tant d'idées vulgaires pour les épurer au creuset de son analyse, et les généraliser en les épurant, n'a presque pas daigné ramasser sur son chemin la notion importante dont il s'agit.
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Depuis la première édition de ce livre, j'en ai publié la suite et le complément sous le titre de Logique sociale. Par là je crois avoir déjà répondu implicitement à certaines objections que la lecture des Lois de l'imitation avait pu faire naître. Il n'est cependant pas inutile de donner à ce sujet quelques brèves explications.
On m'a reproché çà et là « d'avoir souvent appelé imitation des faits auxquels ce nom ne convient guère ». Reproche qui m'étonne sous une plume philosophique. En effet, lorsque le philosophe a besoin d'un mot pour exprimer une généralisation nouvelle, il n'a que le choix entre deux partie : ou bien le néologisme, s'il ne peut faire autrement, ou bien, ce qui vaut beaucoup mieux sans contredit, l'extension du sens d'un ancien vocable : Toute la question est de savoir si j'ai étendu abusivement - je ne dis pas au point de vue des définitions de dictionnaire, mais d'après une notion plus profonde des choses -la signification du mot imitation.
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La transmission de la force à distance par l'électricité, et sa mobilisation sous mille formes, par exemple en bouteilles d'air comprimé aisément transportables, avaient réduit à rien la main-d'œuvre. Les cascades, les vents, les marées étaient devenus les serviteurs de l'homme, comme aux âges reculés et dans une proportion infiniment moindre, l'avait été la vapeur. Distribuée et utilisée intelligemment par des machines perfectionnées aussi simples qu'ingénieuses, cette immense énergie gratuite de la nature avait rendu depuis longtemps superflus tous les domestiques et la plupart des ouvriers. Les travailleurs volontaires qui existaient encore passaient trois heures à peine aux ateliers internationaux, grandioses phalanstères où la puissance de production du travail humain, décuplée, centuplée, outrepassait toutes les espérance de leurs fondateurs.
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La notoriété est un des éléments de la gloire ; elle peut se mesurer facilement par le nombre d’individus qui ont entendu parler d’un homme ou d’un de ses actes. Mais l’admiration, autre élément non moins essentiel, est d’une mesure plus complexe. Il y aurait à la fois à compter le nombre des admirateurs, à chiffrer l’intensité de leurs admirations, et à tenir compte aussi — ce serait là le hic — de leur valeur sociale très inégale. Comment ne pas regarder le suffrage de trente ou quarante personnes de l’élite, en chaque genre d’élite, comme bien supérieur à celui de trente ou quarante individus pris au hasard dans une foule?
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La science, c'est un ordre de phénomène envisagés par le côté de leurs répétitions. Ce qui ne veut pas dire que différencier ne soit pas un des procédés essentiels de l'esprit scientifique.
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Le soleil devient violacé, le blé congelé cesse d’être mangeable, le froid se fait si fort que les murs des maisons, en se contractant, se lézardent et donnent passage à des courants d’air qui tuent net leurs habitants. Un physicien affirme avoir vu des cristaux d’azote et d’oxygène solidifié tomber du ciel, ce qui donne à craindre qu’avant peu l’atmosphère ne se décompose. Les mers sont déjà solides.
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Ainsi, en résumé, il est certain que tout vient de l’infinitésimal, et, ajoutons-le, il est probable que tout y retourne. C’est l’alpha et l’oméga. Tout ce qui constitue l’univers visible, accessible à nos observations, nous savons que tout cela procède de l’invisible et de l’impénétrable, d’un rien apparent, d’où sort toute réalité, inépuisablement. Si nous réfléchissons à ce phénomène étrange, nous nous étonnerons de la puissance du préjugé, à la fois populaire et scientifique, qui fait regarder par tout le monde, par un Spencer aussi bien que par le premier venu, l’infinitésimal comme insignifiant, c’est-à-dire homogène, neutre, sans rien de caractérisé ni de spirituel. Illusion indéracinable ! Et d’autant plus inexplicable que nous aussi, comme tout être, nous sommes destinés à rentrer prochainement, par la mort, dans cet infinitésimal d’où nous sommes sortis, dans cet infinitésimal si méprisé — qui pourrait bien être au fond, qui sait ? tout l’au-delà vrai, tout l’asile posthume, vainement cherché dans les espaces infinis...
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Si les éléments du monde sont nés à part, indépendants et autonomes, on ne voit pas pourquoi un grand nombre d'entre eux et un grand nombre de leurs groupements (par exemple tous les atomes d'oxygène ou d'hydrogène) se ressemblent, sinon parfaitement, comme on le suppose sans raison suffisante, au moins dans des limites à peu près fixes ; on ne voit pas pourquoi un grand nombre d'entre eux, sinon tous, paraissent être captifs et assujettis et avoir renoncé à cette liberté absolue qu'implique leur éternité ; on ne voit pas enfin pourquoi l'ordre et non le désordre, et d'abord la condition première de l'ordre, la concentration croissante et non la dispersion croissante, résultent de leur mise en relations. Aussi semble-t-il qu'il faille recourir à de nouvelles hypothèses.
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L'influence du livre, qui a précédé celle du journal, et qui au XVIIIe siècle comme au XVIIe a été dominante, ne pouvait produire les mêmes effets; car si le livre faisait sentir aussi à tous ceux qui le lisaient dans la même langue leur identité philologique, il ne s'agissait plus là de questions actuelles et simultanément passionnantes pour tous.
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Au même titre que les astres, que les individus vivants, que les maladies,
que les radicaux chimiques, les nations ne sont que des entités longtemps prises pour des êtres véritables dans les théories ambitieuses et stériles des historiens dits philosophes. N'a-t-on pas assez répété, par exemple, que c'est une mesquinerie de chercher la cause d'une révolution politique ou sociale dans l'influence marquée d'écrivains, d'hommes d'État, d'inventeurs de tous genres, et qu'elle a jailli spontanément du génie de la race, des entrailles du peuple, acteur anonyme et surhumain ? Mai ce point de vue commode, qui consiste à voir faussement la création d'un être nouveau dans le phénomène, réellement neuf et imprévu d'ailleurs, que la rencontre des vrais êtres a suscité, n'est bon qu'à titre provisoire. Une fois épuisé, et rapidement, par les abus littéraires qu'on en a faits, il conduit à un retour sérieux vers un genre d'explications plus claires et plus positives, qui rend compte d'un événement historique quel conque par des actions individuelles seulement, et notamment par des actions d'hommes inventifs qui ont servi de modèle aux autres et se sont reproduites à milliers d'exemplaires, sortes de cellules-mères du corps social.
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C'est vers la fin du XXVe siècle de l'ère préhistorique jadis appelée ère chrétienne, qu'eut lieu, comme on sait, la catastrophe inattendue d'où procèdent les temps nouveaux, l'heureux désastre qui a forcé le fleuve débordé de la civilisation à s'engloutir pour le bien de l'homme. J'ai à raconter brièvement ce grand naufrage et ce sauvetage inespéré si rapidement accompli en quelques siècles d'efforts héroïques et triomphants.
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C'est là l'essentiel. Connaître les causes, cela permet de prévoir parfois; mais connaître les ressemblances, cela permet de nombrer et de mesurer toujours, et la science, avant tout, vit de nombre et de mesure.
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Bien des espèces animales trop peu vêtues ont dû périr alors.
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