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Citations de Gabrielle Roy (241)


Elle croyait comprendre soudain l’austérité de sa mère. N’était-ce pas avant tout la gêne terrible de ne pas savoir défendre les êtres qui l’avaient ainsi fait se raidir toute sa vie ? (…) Elle comprenait subitement qu’il est très difficile de secourir ses enfants dans les malheurs secrets qui les atteignent.
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Sauf les soucis, qu’est-ce donc qui les tenait tous ensemble ? Est-ce que ce n’était pas là ce qui, dans dix ans, dans vingt ans, résumerait encore le mieux la famille ?
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Au fond de sa nature trouble, une curiosité sauvage s’amorçait. Et le désir le gagnait de détruire cette parcelle d’amitié, de confiance qu’il avait encore dans le cœur, sa confiance dans les êtres, l’attrait, si mince fût-il, qu’il ressentait pour les êtres, et de se retrouver sans confiance et seul, dans une solitude qui l’exaltait parce qu’il y trouvait comme le libre épanouissement de lui-même.
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-T’as oublié une chose, dit le jeune soldat au milieu d’un silence. T’as oublié la plus grosse des tentations…
-Ouais, ben quiens donc ! murmura Alphonse. C’est-y vrai ?
-La tentation, reprit Emmanuel, qu’ont les ours et les bêtes en cage et les naines aussi du cirque… La tentation de casser leurs barreaux pis de s’en aller dans la vie… Une tentation, mon vieux, que t’as oubliée : la tentation de se battre.
-Se battre, dit Boisvert, enragé, pourquoi se battre ?
-Parce que, continua Emmanuel, le regardant dans les yeux, c’est ta seule chance de redevenir un homme.
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Emmanuel souriait, mais le sourire ne se fixait nulle part sur son visage mince. Il errait au bord des lèvres, touchait les yeux, puis se perdait derrière le regard en une expression méditative, mi-amère, mi-attendrie. Ici-même, il avait bien devant lui, songeait-il, la troublante indifférence du cœur humain à l’universalité du malheur ; une indifférence qui n’était pas calcul, ni même égoïste, qui n’était peut-être pas autre chose que l’instinct de conservation, oreilles bouchées, yeux fermés, de survivre dans sa pauvreté quotidienne.
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Des pacifistes, ce sont des héros. Ce sont des gens qui sacrifient leurs intérêts à une idée qu’ils ont dans la tête. En connaissez-vous beaucoup… moi, je vois que des profiteurs (…) D’un bout à l’autre de l’échelle, c’est le profit qui mène. On est tous des profiteurs, ou si vous aimez mieux, pour ne pas nuire à notre effort de guerre, disons que nous sommes tous de bons patriotes.
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Il avait pitié d’elle soudain. Une parcelle de pitié venait de percer à travers sa curiosité brutale. Il fut même troublé, quelque peu ému, qu’elle s’en vînt ainsi rapidement vers lui dans le vent froid, malgré la tempête. Il aurait voulu courir vers elle, la prendre près de lui pour l’aider à lutter contre le vent et à gravir la pente, pour la protéger de la neige qui s’acharnait sur elle. Et cependant il se retirait dans l’angle le plus obscur de l’entrée du magasin et la regardait venir. Pourquoi était-elle venue ? Pourquoi était-elle si imprudente, si téméraire et folle ? Est-ce qu’elle pouvait s’imaginer qu’elle courait vers son bonheur, toute seule dans cette nuit furieuse ?
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M'en revenant vers ce que nous appelions "notre" ville, "notre" vie et dont il me sembla avoir été éloignée depuis des années, je n'arrivais pas à détacher mon souvenir de l'image du petit Demetrioff tel qu'il m'était apparu découpé dans un rayon de soleil.
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À cette heure, Florentine s’était prise à guetter la venue du jeune homme qui, la veille, entre tant de propos railleurs, lui avait laissé entendre qu’il la trouvait jolie.

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“Nulle part au monde je n’ai connu chemin de fer plus tranquille. Tout contre, c’est le fleuve qui, lui ne manque pas de place pour étaler sur vingt-deux milles de largeur son grand corps sans cesse agité par les forces de la marée. Au flux, les vagues clapotent contre le remblai; on les entend parfois résonner très haut parmi les rochers comme si c’était dans la pierre qu’elles se déferlaient (p. 11).”
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“Il y a des mots comme cela: une fois dits, on les entendra toujours. Ils se logent dans quelque coin de la mémoire d’où on ne pourra les faire sortir. Ils nous attendent à un tournant de la pensée, la nuit souvent, quand nous ne pouvons nous rendormir, alors que ce sont toujours les vieilles souffrances qui viennent nous retrouver les premières. Peut-être, quand nous serons cendre et poussière, ou âme immortelle, que nous nous en souviendrons encore. Et s’ils nous traquent ainsi à travers la vie, et peut-être au-delà, c’est sans doute qu’ils contiennent une part de vérité.”
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Au fond, maman n'eut jamais qu'à mettre le pied hors de la routine familière pour être aussitôt en voyage, disponible au monde entier.
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Quand donc ai-je pris conscience pour la première fois que j'étais, dans mon pays, d'une espèce destinée à être traitée en inférieure.
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Comment, si souvent malheureux, pouvions-nous aussi être tellement heureux?
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Alors elle comprit l'amour : ce tourment à la vue d'un être, et ce tourment plus grand encore quand il a disparu, ce tourment qui n'en finit plus.
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«Si j'avais encore énormément à découvrir, à prendre devant moi, je n'étais pas sans comprendre qu'il y avait déjà de l'irrémédiablement perdu, et que si la vie donne d'une main, elle reprend de l'autre.»
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«Enfin je tournai les yeux vers lui et dans les siens qui s'attachaient à moi, je vis naître l'étonnement, la souffrance du premier amour qui, tout frais éclos en un cœur humain -la plus fragile, la plus chancelante des jeunes vies- ne sait encore qui il est et frémit de peur, de joie et de désir incompris. »
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Ces gens parlaient beaucoup de la guerre et surtout de la conscription des jeunes hommes qu’on jugeait imminente. L’idée de la cinquième colonne et de la police d’Etat partout répandue s’insinuait aussi dans les cerveaux, inspirait beaucoup de méfiance. Dans la boutique, les hommes cessèrent de parler pour lancer un regard au jeune homme qui venait d’entrer puis, rassurés sans doute sur sa mine, reprirent leur débat. Le ton monta rapidement et fut bientôt au diapason de la discussion habituelle.
Sam Latour interrogea Jean du regard, le servit en vitesse, puis retourna tout de suite derrière le comptoir en reprenant déjà son discours :
– La ligne Imaginot, la ligne Imaginot, à quoi ce que c’est bon ! Si tu me bloques le chemin en avant pis d’un côté, mais que tu me laisses une brèche par l’autre bord, qu’est ce qu tu veux que ça me fasse ta Imaginot ! Si c’est tout ce qu’elle a pour se défendre la France, mon idée est que la France va en arracher…
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Un jour - elle était en ce temps-là une jeune femme avec une maisonnée sur les bras, plusieurs enfants tout jeunes et peu de temps pour ruminer ses regrets - un jour Majorique, en passant, était arrêté la saluer. Comment avait-il su qu'elle désirait autre chose que tout ce qu'elle possédait, autre chose d'imprécis et pourtant de si exigeant à sa manière ? Il avait pris entre ses mains le visage de sa soeur, scrutant les yeux: «De quoi t'ennuies-tu, Eveline? » Et elle avait répondu: «Je ne sais même pas, voilà qui est bien fou, n'est-ce pas, Majorique ?» - «Peut-être de ce que tu n'as pas vu, hein, soeurette?» Et au même moment elle avait saisi à quel point c'était vrai. «Oui, de ce que je n'ai pas vu et ne verrai sans doute jamais. Toi, tu vas partir bientôt, tandis que moi...» Alors, serrant un peu plus fort son visage entre ses mains, Majorique lui avait promis: «Un jour, je te ferai venir, loin, là où je serai, peut-être en Californie.»
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Je devais également m'y ennuyer à l'excès, logée dans une frêle maison à peine chauffée même quand prit l'hiver avec ses vents qui traversaient les murs légers. Si je n'y gelai pas vive, c'est que ma logeuse prenant pitié de moi, me confectionna un volumineux édredon de plumes. Lorsque je l'étendais sur moi, j'avais l'impression d'être couchée sous une haute montagne pourtant sans poids et merveilleusement moelleuse.
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