La nuit, les enfants ne sont pas toujours rois. Ils sont à la merci de leur rêves, ou devrais-je dire, de leurs cauchemars… Ainsi les quatre fils d’Enogat Guérindel : Benoît, Lunaire, Guinoux sans oublier Samson, le petit dernier, sombrent chaque soir dans un rêve trouble qui les laisse rompus au réveil, auréolés d’une tenace odeur de mort. Mais plus étrange encore, c’est que bien que les enfants aient l’interdiction formelle de s’approcher de l’océan et qu’ils s’en soient toujours tenus à distance conformément à la volonté de leur mère, trois d’entre eux subissent chaque nuit un embarquement pour l’enfer. L’un tente d’empêcher une mère de noyer son enfant, l’autre monte à bord d’un terrible vaisseau fantôme pour découvrir à chaque fois la vision d’un homme à demi dévoré. Par quoi ? Par qui ? Le troisième voit un homme et de l’eau, c’est le plus petit et déjà, ses rêves empoisonnent son sommeil d’ange. Le dernier frère subit la vision de l’assaut de chevaux fous, lacérés de sang, martelant de leurs quatre fers un univers apocalyptique. On se doute bien que ce n’est pas un signe de chance…
Lunaire le téméraire cherche à comprendre d’où lui vient ce rêve, quelle malédiction coule dans ses veines, et comment il peut réussir à interagir avec les fantômes qui peuplent sa mémoire afin de les faire disparaître. Il se rapproche de quelques survivants des faits passés, qui eux sont bel et bien réels : une vieille femme, un curé et son ami, ancien employé des oeuvres de la mer dont le travail consistait à consigner tous les évènements liés à la vie et à la mort des marins pêcheurs. Avec eux, il tente de renouer le fil du temps, de rassembler les évènements pour lier les morceaux du passé dans un impressionnant boutis d’insoutenables vérités, un patchwork de souffrances hideuses, de morceaux d’absence, de grains de folie, de tranches d’amours perdues et de lambeaux de silences. La mise à nu et la compréhension des évènements tragiques passés mettront fin aux tumultes des rêves.
******************
L’ancre des rêves est un conte fantastique pour les grands enfants. Ceux qui gardent en eux l’impression déraisonnable que laissent les monstres au cœur du sommeil. Qui a dit qu’ils n’existent pas vraiment ? Cette ancre vous prend à la gorge comme si vous étiez un poisson harponné par le hameçon subtil d’un Neptune déchaîné, ou encore un foulard qui ne se desserre qu’à la dernière page. Il faut le savoir. Personnellement je suis restée dans son pouvoir durant trois jours et il me semble sentir encore sur mon cou le souffle d’une corde lisse, de la même nature que celle qui sert à Lunaire pour grimper le long de La "Marie-Louise", le bateau éventré reconstitué par la magie irrationnelle du pouvoir de l’imagination. C’est le roman qui illustre à mon sens le passage entre le monde de l’enfance, ses doutes et ses angoisses et celui de l’adulte, ses vérités et ses acceptations. Il n’y a pas de fatalité, tout est choix de liberté. Pour cela il faut savoir "Faire face" et regarder nos hantises jusqu'à ce qu’elles reculent, qu’elles s’anéantissent sur elles-même pour laisser grandes ouvertes les portes de la vie.
Une ami proche me disait : "quand on veut ne rien faire on trouve une excuse, quand on veut quelque chose, on trouve un moyen". L’ancre des rêves a trouvé le moyen de bien faire les choses.
Connaissant l'auteur via son blog littéraire, j’ai retrouvé avec bonheur sa capacité à nous enrôler dans son univers, à nous imposer ses images colorées, ses visions d’un autre bord : celui du monde où tout est possible. Tout est dans ce livre : la poésie, la douceur, la légèreté, la crainte, la folie, l’amour, l’atrocité, la guerre, les horreurs, la haine, l’amour, encore oui, l’espérance, le refus de s’avouer vaincu, même par le surnaturel. J’ai ri, j’ai même pleuré (vers la fin).
Commenter  J’apprécie         30
une femme bretonne élève ses quatre fils d'une manière bien étrange : ils n'ont pas le droit de s'approcher de la mer, et encore moins de savoir nager, ils n'ont aucun contact avec leur famille... les quatre frères font des cauchemars chaque nuit, et n'osent en parler. Un jour, l'un d'eux décide de mener l'enquête pour comprendre le sens de ses cauchemars. Il va mettre au jour de terribles secrets de famille. une histoire très glauque mais très prenante.
Commenter  J’apprécie         00
J'aime ce livre.
J'aime cette Bretagne, son atmosphère, ses couleurs, son histoire, ses légendes.
J'aime ces personnages et leurs histoires qui s'entremêlent sans jamais m'égarer.
J'aime cette plongée dans l'enfance et sa vision du monde.
J'aime ce questionnement sur les rêves, vérités de l'imaginaire et parts de réalité.
J'aime cette idée que l'on hérite aussi des silences de nos ancêtres.
J'aime cette veillée jusque tard dans la nuit, jusqu'à la dernière ligne.
Et puis, l’écriture de Gaëlle Nohant me touche et je ne saurais expliquer pourquoi... mots ... respiration... Sa prose m'emmène ailleurs, irrésistiblement, à chaque fois.
Commenter  J’apprécie         50
Très bon premier roman, j'ai été stupéfaite par la construction de ce livre. Je m'explique il y a de nombreux personnages, ils ont tous un lien, généalogie, histoire de famille complexe. L'auteur aurait pu se perdre ainsi que le lecteur.
Et bien non !!! pour un premier roman chapeau, la construction est claire cela n'a pas du être simple. BRAVO ! Gaëlle a dû passé de nombreuses nuits blanches et faire de nombreux cauchemars ! pour écrire un livre pareil. C'est pas facile d'en parler ... tellement c'est dense ...
Un livre qui va bien avec le temps breton du jour (pluie toute la journée), mais la pluie et le brouillard sont au rendez-vous aussi dans le livre.
Dans un village de la côte bretonne chaque nuit les enfants Guérindel : Benoît, Lunaire, Guinoux et le petit Samson font des cauchemars terrifiants, de grosses angoisses nocturnes. Leurs ancêtres viennent leur rendre visite dans leur sommeil. Ils sombrent dans des histoires de marin. Des secrets de familles remplissent leur nuit. Ces secrets viennent du côté de leur mère Enogat qui interdit à ses enfants de s'approcher de la mer. J'ai eu beaucoup de sympathie pour ce personnage fil rouge Ebenezer, archiviste passionné, gardien de mémoire de la famille Guérindel . C'est grâce à lui que nous avons des informations sur les ancêtres de Lunaire et de ses frères. Et c'est grâce à lui qui va faire la connaissance d'Ardélia dont il est parente sans le savoir. Le livre est enchevêtré entre le temps présent et le temps passé. Ce livre fait référence à la littérature fantastique et au merveilleux, c'est un livre remplit d'un bel univers. J'ai beaucoup aimé ses enfants attachants, j'ai été captivé par ces histoires maritimes avec ses odeurs iodées J'ai adoré le personnage d'Ardélia j'ai trouvé que c'était une vieille femme délicieuse comme j'aurai adoré rencontrée. Mon passage favoris, quand Ardélia parle de son frère Abel avec émotion. Ce frère fragile qui a été emporté lors d'une sortie en mer sur la Marie Louis. Avant sa mort, il était fiancé à Héloïse . Et cette femme fut enceinte d'un enfant qu'elle a nommé Abel Le Faou le grand père de Lunaire.
J'ai trouvé très orignal de la part de Gaëlle dans son livre, comme sujet d'explorer les rêves dans la fiction. Pour ma part, j'ai bien aimé l'idée que des personnes qui ne sont plus là viennent nous rendre visites dans nos rêves.
Commenter  J’apprécie         120
Mon arrivée plus que tardive sur cette page Babélio me dispensera sans doute de devoir résumer ce premier roman de Gaëlle Nohant, après les cinq critiques qui précèdent : voilà déjà presque quatre ans que l’encre des éditions Pocket a noirci le papier recyclé de l’Ancre des Rêves.
Noirceur et recyclage ne viennent pas par hasard dans la phrase qui précède : même pour un lecteur masculin, supposé moins sensible (mais n’entamons pas le débat !), il faut avoir le cœur bien accroché pour se rendre là où nous entraîne l’auteur, dans les noirs cauchemars, on ne peut plus réalistes, qui hantent les nuits de cette fratrie bretonne. Cauchemars dont on devine, peu à peu, partiellement, les subtils ressorts. Ressorts, comme « re-sort » : ce qui sort à nouveau d’histoires malheureuses vécues par les générations précédentes, ce qui se transmet par des fils très mystérieux, dans lesquels l’ADN ne prend pas part. Sans que le mot ne soit jamais prononcé, nous voguons ici dans les profondeurs du « transgénérationnel ». Ce roman fait plus qu’une étude scientifique pour montrer les effets, sinon les explications rationnelles, de ce qui ressurgit d’histoires oubliées d’ancêtres inconnus, ou pensés comme tels, comme un retour de balancier, comme la roue qui tourne. Mais un cycle qui parfois se rompt, fort heureusement, comme ce qui se produit ici.
Un livre à lire, et peut-être à reprendre une fois encore pour en saisir ce que le premier passage a laissé échapper...
Commenter  J’apprécie         90
Un livre où s’entrelacent les rêves et la réalité...
Un monde onirique étrange et fascinant - parfois flippant en réalité - où le passé familial trouble la vie et les nuits des descendants (Lunaire, Samson, Benoit et Guinoux, les 4 garçons d'Enogat!).
C'est à la fois poétique et sombre, tortueux mais la plume est jolie !
Commenter  J’apprécie         30
Ce roman peut donner quelques frissons... C'est bien écrit et le récit vous fait pénétrer dans l'histoire des familles enracinées dans un petit coin de Bretagne où la nature rude façonne les hommes à son image. Embarquez dans les rêves de la petite famille, vous n'en reviendrez pas indemne. Au fil de ces pages, Lunaire et ses frères viennent tirer de l'oubli le nom de ceux que l'ankou est venu chercher.
L'intrigue tient bien la route et le puzzle se met en place progressivement. Une réussite!
Commenter  J’apprécie         30
Benoît , Lunaire , Guidoux et Samson sont les quatre fils de la famille bretonne les Guerendel .
Depuis leur tendre enfance ils ont l'interdiction de s'approcher de la mer , d'apprendre à nager , ce qui n'est tout de même pas chose facile quand on habite Dinan .
L'aîné Benoît pense souvent au moment où il pourra quitter sa famille , les interdictions lui pèsent , le fait d'être l'aîné aussi , il a souvent envie d'un peu plus de légèreté , de liberté , de ne pas toujours devoir être responsable de ses frères .
Mais ce n'est pas tout , les trois grands frères , Samson est encore trop petit et est épargné , font des cauchemars terrifiants , on sent leur mère à la fois aux aguets et impuissante , comme s'il s'agissait d'une malédiction .
Les jeunes garçons vivent une vie normale la journée , la nuit c'est autre chose , ils rêvent de naufrages , ou même pour Guidoux de scènes de guerre .
Petit à petit , quelques indices nous sont donnés , à toutes petites touches , ah quand on évoque la couleur des cheveux d'un des quatre frères , oh on ne comprendra pas tout et c'est là un des points forts du roman , je m'en rends compte après l'avoir lu .
Quand j'ai lu sur la quatrième de couverture le mot litterature fantastique , j'ai eu un apriori et puis au cours de ma lecture , oui je me suis dit qu'il fallait se laisser guider par l'auteur sans trop se poser de questions , et puis oui je me suis laissée entraînée par cette histoire , j'ai été littéralement envoûtée , impossible de lâcher le livre .
Il est question de Bretagne , de marins irrésistiblement attirés par la mer , oh comme ce passage est juste , mais aussi sur les liens familiaux, les amours qui ne tissent malgré les différents entre les familles .
J'ai été avec ces marins jusqu'à Terre - Neuve , je les ai accompagné dans leurs conditions de vie épouvantables mais j'ai ressenti aussi leur soif de liberté , et tout ça par la magie de l'écriture de Gaelle Nohant dont il s'agit du premier roman , j'ai vraiment été étonnée par la qualité de l'écriture , par l'originalité du thème abordé
Gaelle Nohant m'a bluffée et c'est à souligner car j'avais , oui je l'ai déjà dit plus haut , un apriori pour ce genre de litterature .
Je vous le recommande chaleureusement, et la lecture de ce livre m'a donné envie de relire Sébastien et la Marie- Morgane , enfin je ne pense pas que je le ferais mais c'est ça aussi la lecture , créer des ponts , donner envie de lire autre chose et oh j'oublie le principal , comme j'ai envie de retourner en Bretagne , à Saint Lunaire peut - être .
Commenter  J’apprécie         331
L'ancre des rêves n'a absolument rien à voir avec La part des flammes, si ce n'est que j'ai adoré les deux romans. En fait, je crois que j'ai même préféré L'ancre des rêves dont l'atmosphère étrange m'a complètement captivée.Gaëlle Nohant nous offre un récit très riche qui parle de la famille, de l'adolescence, des Terre-Neuvas, de la Première Guerre Mondiale, des peurs de l'enfance, du pouvoir de l'inconscient, etc. Le tout est raconté d'une très belle plume, poétique et inventive, qui redonne vie à la Bretagne du début du vingtième siècle aussi qu'à celle de 1985 ou aux champs de bataille de la Grande Guerre...Tout au long du roman, l'auteur flirte avec le fantastique, sans jamais basculer tout à fait dans le surnaturel, créant une atmosphère mystérieuse, inquiétante, qui tient le lecteur en haleine tellement il y a réponses à obtenir.Une très belle découverte...
Commenter  J’apprécie         10
Difficile et rare pour moi d'abandonner la lecture d'un livre.
Page 110.... j'arrête. Je n'arrive pas à entrer dans cette histoire qui me paraît complece. Peut être pas le bon moment pour cette lecture ......dommage.
J'avais tellement aimé "la part des flammes" .
Commenter  J’apprécie         10
J'ai mis un peu de temps à rentrer dans ce roman breton, mais une fois happée, j'ai eu du mal à le lâcher. J'ai aimé cette histoire sombre et mystérieuse racontée avec virtuosité, le soupçon de fantastique (un peu à la Murakami), et le style de cette auteure que je ne connaissais pas.
Quelques longueurs dans le récit, une ou deux questions qui restent en plan, mais pour le reste, que du bonheur de lecture, et un plaisir de voir ce coin de Bretagne si bien décrit. Gourc'hemennoù, Gaëlle Nohant !
Commenter  J’apprécie         60
Une jolie découverte : un de mes coups de coeur.
Une ambiance particulière et originale où les rêves prennent place et s'entremêlent à l'histoire.
Plongée en Bretagne et son univers maritime, retour vers le début du siècle, cauchemars de 3 garçons, lourd passé familial, enquête, mémoire transgénérationnelle, fantômes du passé...
Un début qui pourrait rebuter avec le premier rêve; il faut passer outre car la suite est géniale.
Commenter  J’apprécie         30
Le monde des rêves est fascinant, complexe. Il m'a toujours attirée. Il est au coeur de ce premier roman de l'auteure, et comme l'indique le très beau titre, intimement lié à la mer.
Nous sommes dans les années 1980, en Bretagne, près de Dinan, dans un village de la côte bretonne. Enogat a quatre fils, à qui elle a interdit d'apprendre à nager et même d'approcher la mer. Pourtant les nuits de ses enfants sont perturbées par des cauchemars mettant en jeu des marins de la fin du 19eme siècle, ainsi qu'un soldat de la première guerre mondiale, et ils se retrouvent hagards le matin, horrifiés par leurs visions nocturnes de crimes, de chevaux sanguinaires sur un champ de bataille, de noyés...
Le texte entrelace donc ces rêves horribles et la réalité. Le lecteur entre très vite dans cet univers étrange, la beauté du style y est pour beaucoup. C'est ce que j'ai le plus apprécié.
Cependant, j'ai moins adhéré à l'idée développée dans l'histoire, exprimée sous forme interrogative par l'un des personnages:" Les blessures et les tragédies pouvaient-elles se transmettre d'une branche à l'autre de l'arbre généalogique, à travers les rêves?" Pourquoi pas, après tout?
Ce qui est un peu agaçant aussi, c'est le fait que les cauchemars sont repris d'un chapitre à l'autre, certes pour les approfondir et en révéler les secrets, mais cette répétition est assez pénible, au fil des pages. De plus, l'enquête menée par Lunaire, un des garçons, est peu crédible.
Néanmoins, j'ai découvert une écriture magnifique, poétique et expressive, et cela me donne envie de lire le roman le plus connu d'elle :"La part des flammes"...
Commenter  J’apprécie         336