Ma paroisse est une paroisse comme les autres. Toutes les paroisses se ressemblent. Les paroisses d’aujourd’hui naturellement. Je le disais hier à M. le curé de Norenfontes : le bien et le mal doivent s’y faire équilibre, seulement le centre de gravité est placé bas, très bas. Ou, si vous aimez mieux, l’un et l’autre s’y superposent sans se mêler, comme deux liquides de densité différente.
La guerre civile ne m’a fait vraiment peur que le jour où je me suis aperçu que j’en respirais, presque à mon insu, sans haut-le-cœur, l’air fade et sanglant.
Ce n’est pas l’usage de la force qui me paraît condamnable, mais sa mystique ; la religion de la Force mise au service de l’Etat totalitaire, de la dictature du Salut Public, considérée, non comme un moyen, mais comme une fin.
D’abord seulement rebutante, cette besogne devint vite une insupportable corvée. Le curé de Lumbres fut toujours un médiocre métaphysicien et l’expérience seule peut faire connaître le minutieux supplice qu’inflige à l’intelligence, dépourvue des éléments de connaissance indispensables, l’obsession d’un texte obscur.
Qu’elle est longue la route du retour, la longue route ! Celle des armées battues, la route du soir, qui ne mène à rien, dans la poussière vaine !… Il faut aller, cependant, il faut marcher, tant que bat ce pauvre vieux cœur – pour rien, pour user la vie – parce qu’il n’y a pas de repos tant que dure le jour tant que l’astre cruel nous regarde, de son œil unique, au-dessus de l’horizon. Tant que bat le pauvre vieux cœur.
Les Français ne se sont jamais battus entre eux que pour le compte et au bénéfice d'autrui. Mais ils ont toujours voulu croire qu'ils se battaient pour des principes. Ainsi toute guerre civile tourne en guerre de religion.