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Citations de Georges Séféris (132)


Quand parleras-tu de nouveau ?
Nos paroles sont les enfants de plusieurs personnes.
On les sème et elles naissent comme des enfants
elles s'enracinent et se nourrissent de sang.
Comme les pins
gardent la forme du vent
même lorsque le vent est parti, n'est plus là
de même les paroles
conservent la forme de l'homme
même quand l'homme est parti, n'est plus là.
Peut-être les étoiles, qui ont piétiné
ta nudité une nuit, cherchent-elles à parler,
peut-être celles-là
Mais où seras-tu à l'instant que la lumière
apparaîtra ici dans ce théâtre ?
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HAI-KAI

Femme nue
La grenade qui s'est brisée était
Pleine d'étoiles.
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Georges Séféris
On nous disait, vous vaincrez quand vous vous soumettrez.
 Nous nous sommes soumis et nous avons trouvé la cendre.
On nous disait vous vaincrez quand vous aurez aimé. Nous avons aimé et nous avons trouvé la cendre.
On nous disait vous vaincrez quand vous aurez abandonné votre vie.
Nous avons abandonné notre vie et nous avons trouvé la cendre.

Nous avons trouvé la cendre. Il ne nous reste qu’à retrouver notre vie maintenant que nous n’avons plus rien. J’imagine que celui qui retrouvera la vie, malgré tant de papiers, de luttes, de sentiments, d’enseignements, sera quelqu’un comme vous et moi, avec une mémoire juste un peu plus tenace. Pour nous, c’est difficile, nous nous souvenons encore de ce que nous avons donné. Lui, ne se rappellera que ce qu’il aura gagné par chacun de ses dons. Que peut se rappeler une flamme ? Si elle se rappelle un peu moins qu’il ne faut, elle s’éteint. Si elle se rappelle un peu plus qu’il ne faut, elle s’éteint. Si elle pouvait nous enseigner, tant qu’elle brûle, à nous souvenir avec justesse !

Extrait de Stratis le marin décrit un homme (Londres, 5 juin 1932, Traduction Jacques Lacarrière et Egérie Mavraki)
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Encore un peu et le soleil s'arrêtera.
Les lutins de l'aube
ont soufflé dans les coquillages secs ;
l'oiseau a chanté trois fois, trois fois seulement ;
le lézard sur la pierre blanche
reste immobile
regardant l'herbe grillée
là où la couleuvre a glissé.
Une aile noire trace une entaille profonde
haut dans la coupole de l'azur,
regarde elle va s'ouvrir.

Douleur de résurrection.
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Solstice d'été


Le papier blanc, miroir implacable
restitue seulement ce que tu étais.

Le papier blanc parle avec ta voix
ta propre voix
non pas celle qui te plaît ;
ta musique est la vie
celle que tu as gaspillée.
Tu peux la regagner si tu le veux
si tu te fixes cette chose indifférente
qui te jette en arrière
à ton point de départ.

Tu as voyagé, tu as vu
beaucoup de lunes, beaucoup de soleils.
Tu as touché morts et vivants
tu as ressenti la douleur de l'adolescent
et le gémissement de la femme,
l'amertume de la verte enfance -
tout ce que tu as ressenti s'écroule
si tu ne fais pas confiance à l'espace blanc.
Peut-être y trouveras-tu ce que tu croyais perdu,
l'éclosion de la jeunesse
le juste naufrage des ans.

Ta vie est ce que tu as donné
ce vide est ce que tu as donné
le papier blanc.
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EPITAPHE

En effeuillant des ombres de cyprès
Tu es partie, ce dernier été.
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A l'heure où les songes deviennent vrais
à l'aube tendre du jour
j'ai vu les lèvres qui s'ouvraient
feuille par feuille.

Une faucille grêle brillait dans le ciel.
J'ai craint qu'elle ne les moissonnât.
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"les vivants ne me suffisent pas,
d'abord parce qu'ils ne parlent pas, ensuite
j'ai besoin de questionner les morts
pour pouvoir avancer plus loin."
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"Nous avions beau nous accrocher à d’autres tailles,
Enlacer d’autres nuques, éperdument
Mêler notre haleine,
A l’haleine de l’autre,
Nous avions beau fermer les yeux, c’était cela notre amour…
Rien que le profond désir
De faire halte dans notre fuite."
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JE SUIS PARTI

Je n'ai pas voulu m'attacher. J'ai tout donné de moi, puis je suis parti.
Vers des jouissances qui se sont révélées à demi réelles,
en même temps que les folles chimères de mon cerveau,
je suis parti dans la nuit illuminée.
Et j'ai bu des vins âpres, comme savent
en boire les hommes de plaisir.
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LES FEUX DE LA SAINT-JEAN

Notre destin, plomb fondu, ne saurait changer,
Il n'y a rien à faire,
On a versé le plomb dans l'eau sous les étoiles malgré les feux qui brûlent.

Si tu restes nue devant le miroir à minuit tu verras...
Tu verras au fond du miroir passer l'homme qui, dans ton destin,
Dominera ton corps,
Dans la solitude et le silence, l'homme
De la solitude et du silence
Malgré les feux qui brûlent

A l'heure où le jour finit sans que le nouveau commence,
A l'heure où le temps s'interrompt,
Celui qui dès lors, et depuis l'origine, dominait ton corps
Il faut que tu le trouves,
Que tu le cherches pour qu'au moins quelqu'un d'autre le trouve lorsque tu seras morte
Ce sont les enfants qui allument des feux et crient devant les flammes dans la nuit chaude
(Y eut-il jamais de feu qu'un enfant n'ait allumé, Erostrate !)
Et ils jettent du sel dans les flammes pour qu'elles crépitent
(Qu'il est étrange, le regard que soudain vous jettent les maisons, entonnoirs d'hommes, quand un reflet les parcourt)

Mais toi qui as connu le charme de la pierre sur le rocher battu des vagues
Le soir où le calme descendit,
Tu entendis, au fond de ta chair, la voix humaine de la solitude et du silence,
Quand s'éteignirent tous les feux,
Cette nuit de la Saint-Jean
Et que tu déchiffras la cendre sous les étoiles.
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Et pourtant, là-bas sur l'autre rive
sous le regard noir de la caverne
soleil aux yeux oiseaux aux épaules
tu étais là ; en proie
à l'autre peine de l'amour
à l'autre aurore de la présence
à l'autre enfantement de la résurrection ;
et pourtant là-bas tu renaissais de nouveau
dans l'immense dilation du temps
à chaque instant comme la résine
la stalactite la stalagmite
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RECIT


Cet homme marche en pleurant ;
Nul ne saurait dire pourquoi.
Certains pensent qu'il pleure sur des amours perdus
Pareils à ceux qui nous obsèdent tant,
L'été, près de la mer, avec les phonographes.

Les autres pensent à leurs tâches quotidiennes,
Papiers inachevés, enfants qui grandissent,
Femmes qui vieillissent avec difficulté.
Lui, possède deux yeux comme des coquelicots,
Comme des coquelicots cueillis au printemps,
Et deux petites sources au coin des yeux.

Il marche dans les rues, ne se couche jamais,
Enjambant de petits carrés sur le dos de la terre,
Machine à vivre une souffrance sans limite
Qui finit par ne plus avoir d'importance.

D'autres l'ont entendu parler
Seul, tandis qu'il passait,
De miroirs brisés depuis des années,
De visages brisés au cœur des miroirs,
Que nul jamais ne pourra restaurer.

D'autre l'ont entendu parler du sommeil,
De visions horribles aux portes du sommeil,
De visages insupportables de tendresse.

Nous nous sommes habitués à lui, il est correct, il est tranquille
Sauf qu'il marche en pleurant, sans cesse,
Comme ces saules au bord des fleuves qu'on aperçoit du train
Dans une aube brouillée, par un réveil maussade.

Nous nous sommes habitués à lui - il ne signifie rien,
Comme toute chose devenue habitude ;
Et si je vous en parle c'est que je ne vois rien
Qui ne soit devenu pour vous une habitude.
Mes respects.
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Encore un peu
Et nous verrons les amandiers fleurir
Les marbres briller au soleil
La mer, les vagues qui déferlent.

Encore un peu
Elevons-nous encore un peu plus haut.
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Ne me parle pas du rossignol, ni de l'alouette,
Ni du petit hoche-queue
Traçant des chiffres dans la lumière avec sa queue,
Je ne sais pas grand'chose des maisons :
Je sais qu'elles ont leur caractère, voila tout.
Neuves au début, comme les petits-enfants
Qui jouent dans les jardins avec les franges du
soleil,
Elles brodent des persiennes de couleur et des
portes
Etincelantes sur le jour.
Quand l'architecte a fini, elles s'altèrent,
Elles se rident, ou sourient, ou encore s'irritent
De ceux qui sont restés, de ceux qui sont partis
Et de ceux qui reviendraient s'ils le pouvaient,
Ou qui ont disparu, maintenant que le monde
Est devenu immense hôtellerie.

Je ne sais pas grand'chose des maisons ;
Je me rappelle leur joie et leur tristesse
Parfois quand je m'arrête ;
aussi
Parfois près de la mer, dans des chambres nues,
Sur un lit en fer, sans rien qui m'appartienne,
En regardant l'araignée du soir, je me dis
Que quelqu'un s'apprête à venir, qu'on le pare
D'habits blancs et noirs, de bijoux de toutes les
couleurs,
Et qu'autour de lui à voix basse
Parlent des femmes de grande dignité,
Cheveux gris et sombres dentelles
Qu'il s'apprête à venir me dire adieu,
Ou qu'une femme à la prunelle prompte, à la taille
de guêpe,
Revenant des ports du Midi,
Smyrne, Rhodes Syracuse, Alexandrie,
Revenant de cités closes comme de chaudes
persiennes
Aux parfums de fruits dorés et d'aromates,
Monte l'escalier sans remarquer
Ceux qui sont endormis sous les marches.

Tu sais, les maisons s'irritent facilement
Quand on les dépouille.
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Je l'ai vue mourir très souvent ;
Tantôt en pleurant dans mes bras,
Tantôt dans ceux d'un étranger,
Tantôt seule et nue :
Ainsi a-t-elle vécu auprès de moi.

A présent, je sais que rien d'autre n'existe, plus loin,
Et j'attends
Si je suis triste c'est une affaire personnelle,
Comme ces sentiments pour ces choses très simples,
Dépassées - dit-on
Et pourtant je continue de regretter
De ne pas être devenu à mon tour (je l'eusse tant voulu)
Comme cette herbe que j'entendis pousser
Une nuit près d'un pin
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Fleurs de la pierre devant la mer verte
Avec des veines qui me rappelaient d'autres amours
Brillant sous la pluie lente et fine.

Fleurs de la pierre, figures
Surgies quand nul ne parlait et qui m'avez parlé
Et qui m'avez permis de vous toucher après le silence
Parmi ces pins, les lauriers sauvages et les platanes.
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Tous ont des visions
pourtant personne ne l'avoue ;
La grande rose
était toujours ici
près de toi profondément au coeur du sommeil
tienne et inconnue.
Mais seulement maintenant que tes lèvres ont touché
à ses feuilles extrêmes
tu as senti le poids compact du danseur
tomber dans le fleuve du temps -
bruit redoutable des vagues qui se referment.

Ne gaspille pas le souffle offert par
cette respiration.
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La mer qu'on appelle calme
navire et voiles blanches
brise de mer venue des pins, et la montagne d'Egine
essoufflement,
ta peau glissait sur sa peau
aisée et chaude
pensée presque formée et aussitôt oubliée.

Mais dans les eaux peu profondes
un poulpe harponné jeta son encre
et dans les fonds -
si tu savais où ces belles îles prennent racine.

Je te regardais avec toute la lumière et l'obscurité que je possède.
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Mais que cherchent-elles, nos âmes, à voyager ainsi
Sur des ponts de bateaux délabrés,
Entassées parmi des femmes blêmes et des enfants qui pleurent,
Que ne peuvent distraire ni les poissons volants
Ni les étoiles que les mâts désignent de leur pointe ;
Usées par les disques des phonographes,
Liées sans le vouloir à d'inopérants pèlerinages,
Murmurant en langues étrangères des miettes de pensées ?

Mais que cherchent-elles, nos âmes, à voyager ainsi
De port en port
Sur des coques pourries ?

Déplaçant des pierres éclatées, respirant
La fraîcheur des pins plus péniblement chaque jour,
Nageant tantôt dans les eaux d'une mer
Et tantôt dans celles d'une autre mer,
Sans contact,
Sans hommes,
Dans un pays qui n'est plus le nôtre
Ni le vôtre non plus.
Nous le savions qu'elles étaient belles, les îles
Quelque part près du lieu où nous allions à l'aveuglette,
Un peu plus bas, un peu plus haut,
A une distance infime.
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