J'ai été "saisi" à la lecture de ce roman. C'est un grand Maigret.
Comment ne pas admirer la capacité de Simenon à restituer des univers chaque fois différents, par quelques phrases, quelques dialogues. Ici, il nous plonge dans l'univers des pêcheurs terre-neuvas. On pense à Hugo et à ses pécheurs d'Islande, mais il n'y a pas de gras chez Simenon. Rien à enlever. On pense au magnifique film Le Crabe-Tambour, mais il n'y a pas de lumière humaine là-dedans. C'est froid, presque glacial, comme la pluie d'hiver à proximité de Terre-Neuve.
L'intrigue policière est à la fois première et secondaire dans le récit. Première, car elle nous fait aller de l'avant avec une réelle efficacité. Secondaire, car j'aurais bientôt oublié le fil du récit, alors que je sens que cette atmosphère de pécheurs va me coller à l'âme pour un bout de temps...
Commenter  J’apprécie         80
Je me replonge dans les romans de Georges Simenon et retrouve le célèbre Jules Maigret, commissaire de son état. ‘'Au Rendez-vous des Terre-Neuvas'' fait partie des premiers romans de la série, écrits alors que l'auteur n'avait pas 30 ans.
L'intrigue se passe à Fécamp, ville que Simenon connaissait bien puisque, au cours d'une visite en 1929, il y avait commandé un bateau dont il avait suivi la construction ; bateau sur lequel il résidera en famille quelques années.
C'est une enquête non officielle : Maigret et sa femme sont venus à Fécamp en vacances, séjour motivé par la demande d'assistance d'un instituteur, ancien ami de Maigret.
Le commissaire-vacancier va déambuler dans toute la ville, prendre contact avec tous ceux qui, de près ou de loin ont un rapport avec le Capitaine Fallut, assassiné le soir du retour de son bateau après une campagne de pêche de trois mois… le principal point de ralliement de tous ces pêcheurs est le bar ‘'Au Rendez-vous des Terre-Neuvas''. Nous voilà plongés dans le monde de la mer : un monde d'hommes avec une vie hors du temps des terriens, secrets, légendes, incommunicabilité avec les gens de la terre…
Une femme va venir chambouler tout ce petit monde entraînant jalousie, possessivité et obsession, un cocktail déclencheur de drame.
N'étant pas l'enquêteur officiel chargé d'élucider ce crime, Maigret se refuse à intervenir dans les destins et/ou projets des protagonistes de ce drame… il connaît si bien les failles humaines !!
Commenter  J’apprécie         234
Le premier roman du tome deux de l'intégrale « Maigret » chez Omnibus, Maigret , en vacances avec sa femme, se retrouve à Fécamp en tant qu'observateur d'une enquête (qu'il résoudra bien sûr) sur le meurtre d'un capitaine de chalutier, « l'Océan ». Un ami d'enfance du commissaire, instituteur, lui a écrit de s'y rendre pour essayer de disculper Pierre le Clinche, télégraphiste du navire soupçonné du meurtre. le chalutier, pour les marins bretons superstitieux, « a eu le mauvais oeil ». d'abord le capitaine était constamment énervé et a transmis son irritation à tout l'équipage. Il a commis des bévues assez graves, les a emmenés dans un endroit de la mer où l'on ne trouvait pas de poisson, on a mal salé la morue rapportée, ce qui va causer une perte pour le propriétaire, un mousse a sombré dans la mer… Tout l'équipage se retrouve au Rendez-vous des Terre-Neuvas pour oublier cette pêche maudite, se saouler à mort et tous sont à fleur de peau.
Au cours de son enquête officieuse, Maigret fait le tour des connaissances du marin incriminé, rencontre sa fiancée venue aux nouvelles puis un couple de demi-sel dont la femme, vulgaire à souhait, fait tourner la tête de tous les hommes par ses formes attirantes et le capitaine en était amoureux. Il logeait chez une veuve dans un endroit tranquille et il n'aurait qu'un mot à dire pour l'épouser. Les protagonistes ne sont pas bavards, surtout le Clinche qui devrait se défendre. Au départ, il ne parle que par mono syllabes et répète « je ne sais pas ».Il y a un drame de la jalousie prégnant dans ce roman, on le sent et les plus belles pages sont lorsque Maigret réfléchit, se remémore les évènements dans Fécamp endormi.
Dans ce « Maigret », on oppose l'idée d'aventure à celle du confort bourgeois. Qu'importe que Adèle soit « une femme de mauvaise vie », les hommes seraient près à tout abandonner pour la suivre au bout du monde. À cela s'oppose les fiancées qui attendent et pardonnent, une sorte d'ordre moral et social qui, évidemment, a la faveur de Maigret. De même sourit-on aujourd'hui lorsque le commissaire envoie la jeune fiancée de le Clinche « faire de la broderie » avec sa femme qui attend sur la plage.
Commenter  J’apprécie         40
Premier Maigret que je lis, je dois bien reconnaître que je n'ai pas été totalement convaincu par ce tome. Certes, l'ambiance est pesante mais l'intrigue en elle-même n'a jamais su me captiver réellement. C'est peut être pour cela d'ailleurs que le final m'a laissé de marbre. Je l'ai même trouvé un peu expéditif dans le sens où à mon niveau, j'ai eu l'impression qu'on faisait pas mal de sur place pour en arriver à cette conclusion basique.
Maintenant, ça ne veut pas dire que je n'ai pas aimé. L'ambiance que j'évoque plus haut contribue pour beaucoup à la réussite de ce roman. Le style de Simenon est efficace et ça se lit assez vite même si, autre petit bémol à mes yeux, l'époque de son écriture fait que l'histoire a pris un petit coup de vieux notamment sur la place de la femme dans notre société. J'en tiens pas trop rigueur car il faut remettre ce récit dans son époque mais les mœurs ayant fort heureusement évolué, je reconnais que ça m'a parfois un peu perturbé.
Quoiqu'il en soit, je ne regrette pas ma découverte de "Au rendez-vous des Terre-Neuvas". Même si je n'ai pas eu la claque que j'aurais aimé avoir, ça m'a quand même donné envie de lire d'autres enquêtes ne serait-ce que pour avoir un avis un peu plus pertinent sur l'univers des Maigret.
Commenter  J’apprécie         30
Conseillé par la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon à la suite des Quais du polar.
Commenter  J’apprécie         00
Critique de François Aubel pour le Magazine Littéraire
Après en avoir publié en avant-première des extraits dans notre hors-série estival consacré au polar, occasion nous est donnée de rappeler la publication de l' Autodictionnaire Simenon. Ne pas chercher « autodictionnaire » dans le Robert ou ailleurs, c'est une invention du biographe qui, non qu'il ait déjà tout écrit depuis dix-sept ans sur son sujet, a préféré le laisser parler. Pour cela, Pierre Assouline a écumé de nouveau toute l'oeuvre du Liégeois, sa correspondance, ses entretiens dans la presse, la moindre de ses dédicaces. Un travail de bénédictin pour glaner réflexions et pensées du romancier. On aimerait évoquer bien des entrées : Balzac, son maître Gogol, Proust ou De Gaulle, « le type même de Tartuffe ». Mais l'on s'arrêtera à D comme devise, laquelle est une des clés pour pénétrer toute l'oeuvre de Georges Simenon : « Comprendre et ne pas juger ».
Commenter  J’apprécie         00
Drame psychologique décrit par Simenon de belle façon, bien écrite. Les descriptions de caractères, des ambiances des lieux traversés, des paysages et surtout des pensées qui hântent le personnage principal en font un roman noir avec suspense dans le genre de William Irish et Boileau Narcejac avec aucun crime mais deux morts "accidentels" ou par négligence.
Commenter  J’apprécie         40
Ecrit en 1941
Bergelon est un médecin de quartier . L’offre de Mandalin, son collègue fortuné, l'attire : au premier client qu'il enverra à la clinique privée que Mandalin gère, il touchera les honoraires complets. Pour les interventions suivantes, ce sera la moitié. Cosson trentenaire , un employé de banque, veut que sa femme ait un très bon accoucheur et Bergelon lui conseille la clinique de Mandalin. Voilà le premier client trouvé ! Hélas, par la faute de Mandalin, ivre ce soir-là, la mère et l'enfant meurent. Cosson, qui découvre la vérité, pourchasse Bergelon : il songe à le tuer. Le « petit docteur » n'essaie pas de lui échapper. Cosson s'est installé auprès de Cécile, sa maîtresse, jeune prostituée qui passe chaque semaine la visite chez Bergelon. Celui-ci, qui comprend les réactions de Cosson, le rencontre au cours d'une entrevue émouvante, et Cosson, s'il ne renonce pas à son projet, en retarde l'exécution. Cécile, cependant, conseille par prudence à Bergelon de s'éloigner : il prendra donc des vacances. Sur la plage de Riva-Bella où il se repose, seul, pendant quelques jours, allongé aux côtés d'Edna, sa maîtresse de la veille, Bergelon aperçoit Germaine, son épouse arrivée à l'improviste. Alors il décide de fuir. Fuir Germaine qui voit tout en noir, fuir Annie et Emile, ses enfants, qui le jugent, fuir peut-être aussi Cosson qui, ayant obtenu son adresse, lui a écrit une lettre sous l'emprise d'un déséquilibre croissant. Après avoir erré plusieurs jours, c'est à Anvers qu'il échoue, à Anvers où tout est possible, où tout peut recommencer puisqu'un ami d'enfance, retrouvé par hasard, lui propose un engagement à bord d'un bateau qui va à Trébizonde ( Turquie. Mais, rejoint par un télégramme de Cosson, il accepte de le rencontrer à Paris, près de la gare du Nord. Au terme d'une dernière entrevue, c'est Cosson qui s'embarquera sur un cargo, pour l'aventure en Haute-Volta. Bergelon, lui, reprendra son existence monotone à Bugle, entre Germaine, les enfants et les clients, avec, de temps en temps, une échappée auprès de la petite Cécile...
Ce livre permet de dégager une double introspection psychologique : celle de Bergelon qui s’analyse en faisant référence à la médiocrité de son milieu ; celle de Cosson, victime d’un drame qui déclenche un processus d’échec. C’est le récit d’une crise qui met à nu le fond des personnages
Encore un roman fidèle a' la notoriété de George Simenon
Commenter  J’apprécie         60
Simenon a un talent immense pour dépeindre les portraits, d' êtres humains avec leurs souffrances, leurs forces, leurs faiblesses et ce avec peu de mots à l'économie.
Ainsi Betty ayant perdu ses enfants, son mari, son honneur, perdue pour toujours à moins que la vie ne lui donne un nouvel espoir quel qu'en soit le prix à payer .
On ressent un certain malaise à la lecture de ce roman . Cette femme qui évolue à la manière d'un funambule sur son fil sans qu'on sache si au final elle conservera son équilibre a quelque chose de cauchemardesque.
Comme souvent chez Simenon on assiste à une lente descende aux enfers d'un personnage . Un très grand roman et un magnifique portrait de femme .
Commenter  J’apprécie         101
Betty est le constat que fait une femme de s'être trompée de vie, constat dont elle a été néanmoins complice pendant une dizaine d'années, en pleine conscience, ne sachant pas réellement comment faire autrement. Issue de couches modestes et rurales, elle s'est retrouvée, par son mariage, embarquée dans une famille de la haute bourgeoisie, tout en sachant qu'elle acceptait ainsi de ne pas vivre ses véritables aspirations. Mais de vraies questions sont posées à travers ce petit livre, sur la condition féminine (écrit en 1960) de l'époque, à travers divers exemples justes effleurés, mais qui constituent l'atmosphère du livre : ce personnage d'orpheline à la campagne, fille à tout faire et à soulager la gent masculine par la même occasion; l'absence de prise en main de sa destinée par Betty car, dans ces familles de "la haute", c'est l'homme qui décide et la femme doit jouer parfaitement un rôle qui lui est de toute éternité dévolu (voir le tome 2 du deuxième sexe de Simone de Beauvoir), l'instinct maternel qui, après tout ne tombe pas obligatoirement du ciel comme on voulait nous le faire croire, le personnage de Laura qui n'est pas "Laura" mais qui fut "la femme d'un grand médecin" puis "la maîtresse de Mario", et qui, quand son existence n'est plus justifiée par un homme à ses côté préfère mourir (d'ailleurs on ignore comment et pourquoi elle meurt, mais elle meurt de se retrouver seule et certainement pas par chagrin d'amour), etc... Donc plusieurs femmes dans ce livre, qui sont ou transparentes, ou inexistante, en tout cas perdues. Betty elle-même redevient une sorte de quelqu'un en devenant à son tour "maîtresse de..."
Donc un livre intéressant, une étude psychologique légère et constante, une atmosphère tristounette de rues, de bars et clubs baignée d'alcool, de frustrations et de sexe d'un soir, malhabile et qui débouche sur un grand vide, parfois des longueurs, et une simplicité dans le style pleine de profondeur (simple mais pas fade!)
Commenter  J’apprécie         88
Très bonne année en compagnie d’Aragon, Beauvoir, Céline, Mallarmé, Zola, Stendhal, Simenon, Oulitskaïa… 10 réveillons littéraires, de Moscou à Paris en passant par les Flandres !
Un petit livre savoureux ( collection folio 3€ ), un vrai régal pour les fêtes sans crainte des lendemains!!!
Alors très bonne année à tous les Babéliotes - et à tous les autres aussi bien sûr !
Commenter  J’apprécie         4429