L’histoire est construite avec des chapitres jonglant entre le présent et le passé. D’une part, on découvre Fern sous un faux nom, obligée de trimer dans un camp de ReCorp, une entreprise responsable du tri des déchets ; d’autre part, on suit Fern depuis son enfance et son entrée à Halston, ses études, ses amies et la suite d’événements l’ayant menée à ReCorp.
J’ai eu davantage d’intérêt pour les souvenirs de Fern que pour le présent. Pour Halston que pour le camp de ReCorp. Les informations sont distillées au compte-goutte et la progression est extrêmement lente. Il y a de nombreuses redites et j’ai parfois eu du mal à avancer dans le livre tant je m’ennuyais. Finalement, j’ai eu l’impression de lire une looooongue introduction.
Les personnages ne m’ont pas tirée de mon ennui. Fern tente de rester le plus longtemps possible dans son conte de fées. Pour une héroïne de dystopie, elle n’est ni révoltée, ni éclairée, ni badass. C’est bien de changer des schémas classiques, mais si c’est pour avoir une héroïne râleuse, aveugle et agaçante… Je lui ai préféré ses amies Lark, Wren et Ivy ou la surveillante Miss Margaret, moins sensibles à la propagande de BioPerfect.
Toutefois, je dois concéder un bon point par rapport aux personnages : pas de véritable romance ! Youhou ! Bon, le beau Chimo ne m’a pas intéressée, mais au moins, il ne nous embête pas trop longtemps.
Pourtant, l’univers présenté est intéressant ! Comme dans La Faucheuse, le concept de nation est devenu obsolète. Cette fois, la Terre est contrôlée par un réseau de grandes entreprises, comme BioPerfect, dirigées par les Parents. BioPerfect possède bon nombre de filiales et le salaire (en données) et le niveau de vie de ses employés varient en fonction de celle à laquelle ils sont affiliés. Ainsi, ceux travaillant à ReCorp ou NewMatter doivent lutter pour survivre, ceux de PureAqua sont un peu mieux payés, etc. On se retrouve avec un système de classe cher à la dystopie. Les plus miséreux vivent dans des camps de fortune surpeuplé, leur air est pollué et poussiéreux et ils doivent affronter les moussons et autres désagréments climatiques ; pendant ce temps, les riches vivent dans de grandes villas sous un ciel d’un bleu pur, offrent à leurs enfants une éducation de qualité, et surtout, ont accès aux services de génétique de BioPerfect pour avoir une descendance intelligente, belle et en bonne santé. Des ressorts classiques, mais efficaces.
La situation, jusqu’alors idyllique de Fern, se complique peu à peu et ni elle, ni le lecteur ne savent à qui faire confiance. Parmi les thématiques abordées, on trouve la manipulation génétique et la manipulation psychologique, l’eugénisme, la perfection, le rôle de l’éducation et de l’environnement social, la prédestination, etc. Nous sommes dans un monde post-apocalyptique qui a changé après le mystérieux Effondrement, ce qui permet d’évoquer les questions de la nature, dans ce monde où les produits frais et non génétiquement modifiés se font rare et où il est mal vu d’avoir une plante verte chez soi.
De plus, qui dit dystopie, mensonges et inégalités, dit révolte. Je l’attendais cette révolution, j’attendais que BioPerfect soit confronté directement, j’attendais qu’il se passe quelque chose. Et pourtant, ça fait un peu pétard mouillé dans ce roman. Les Opposants se cachent… et c’est tout. Ils sont plus baba cool cultivant leur potager hors du monde BioPerfect que guerriers. C’est bien beau, c’est pacifiste, j’approuve, mais ça ne fait pas avancer l’histoire.
Je ressors donc frustrée de ma lecture car de nombreuses questions restent sans réponse (et le resteront puisque Georgia Blain est morte l’an passé…) : les Parents, l’Effondrement, les Souterrains, la rébellion… J’ai du mal à penser que l’autrice ait pensé ce roman en one-shot tant il appelle une suite pour éclaircir bien des points et approfondir les personnages (et si c’était le cas, c’est un très mauvais one-shot).
Malgré un monde plein de potentiel et un regain d’intérêt dans les 70 dernières pages, j’ai été soulagée d’arriver au bout de cette lecture. Lotto Girl souffre réellement d’un manque de rythme et d’action, la progression étant bien trop lente pour être efficace. En outre, personnages et univers ne sont pas assez étoffés pour devenir captivants.
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