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Critiques de Georgij Nikolaevic Vladimov (19)
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Le fidèle Rouslan

Quel point de vue original que de passer par les yeux d’un chien, Rouslan, pour évoquer la brusque déstalinisation de l’URSS !



Staline est mort, le camp où Rouslan berger allemand gardait, surveillait les prisonniers, partait à la poursuite des évadés, les encerclait, les attaquait est démantelé.

Rouslan s’interroge et interprète mal les événements : s’agit-il d’une évasion collective ? Pourquoi son maître ne réagit-il pas ? Avec les autres chiens, il fait des allers-retours vers la gare attendant le prochain train amenant des prisonniers, son désarroi est total.



Il n’y a aucun anthropomorphisme ici, Gueorgui Vladimov nous fait entrer dans la tête du chien, tout est vu et interprété par lui.

Rouslan a été formé, façonné pour ce travail. Il a haute opinion des maîtres - il les classe en première place suivis des chiens et enfin seulement des prisonniers, ceux-ci sont vraiment idiots de vouloir s’évader, ils rêvent - les pauvres -d’une meilleure vie alors qu’au camp, ils sont choyés.

Rouslan a toutes les qualités : fidèle, obéissant, il a le sens de l’honneur, il excelle dans son métier qu’il accomplit avec sérieux.



Sa logique est implacable, l’auteur ne fait pas dire au chien ce qu’il pense lui, il ne montre pas d’empathie pour les prisonniers, il nous montre simplement ce que voit le chien.

Rouslan programmé par les hommes ne voit pas qu’il vit dans un monde cruel...



C’est un livre fort, éminemment critique envers le pouvoir, ce qui explique qu’il ne paraissait en URSS que sous forme de samizdat. Ces chiens ne sont-ils pas le reflet du bon citoyen soviétique, discipliné, loyal et conditionné ?



Pas de réflexions intellectuelles, l’auteur se limite aux faits et c’est violent, glacial même - ne vous attendez-pas à une fin heureuse - et en même temps lyrique.

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Le fidèle Rouslan

Rouslan, fidèle et homme parfait ?

Vous n'y êtes pas du tout : Rouslan est un chien !

Mais attention, Rouslan n'est pas un animal de compagnie.

Il a été dressé, mais pas pour devenir un gentil toutou aimant. Parce que Rouslan a travaillé dans un camp.

Il a été dressé pour surveiller, dressé pour veiller à l'application des règles, dressé pour poursuivre les fuyards, dressé pour mordre, dressé pour faire peur, dressé pour tuer s'il le faut.

Rouslan est chien de garde d'un camp en Sibérie.

L'un des meilleurs.

Il fait partie de l'élite canine.

Il est né dans le camp, a grandi dans le camp, a travaillé toute sa vie dans le camp.

Alors quand celui-ci ferme et qu'il se retrouve abandonné par son maître qu'il vénère, propulsé dans le monde extérieur, dans un univers qu'il ne connaît pas et dont il ne soupçonnait même pas l'existence, vous imaginez son désarroi ?

Notre pauvre chien ne comprend pas ce qui lui arrive dans ce qui est la vraie vie pour nous, mais un monde étranger pour lui.



Gueorgui Vladimov dépeint l'univers concentrationnaire soviétique... vu par un chien ! Étonnant, non ?

En effet, l'auteur raconte la vie dans le camp, mais pas directement. Il le fait par l'intermédiaire de son personnage à quatre pattes.

C'est très habile, car plutôt que de nous livrer le récit détaillé de ce qui se passait dans le camp, il laisse parler Rouslan qui nous partage ses souvenirs, tandis qu'un narrateur extérieur, en racontant la nouvelle vie du chien nous fait comprendre ce qu'il a vécu avant la fermeture.

Tout est ainsi narré de façon indirecte, à hauteur de vue de l'animal, à travers la compréhension qu'il a des événements.

Cette façon de faire est très efficace, et les horreurs que l'on découvre nous apparaissent bien plus nettement que si elles avaient été décrites directement.

Ce que dénonce Gueorgui Vladimov est abominable et on comprend qu'il se soit attiré des ennuis !

La lecture terminée, on a envie de crier la citation de Maxime Gorki extraite de son ouvrage Les barbares et mise en exergue dans Le fidèle Rouslan : « Qu'avez-vous fait là, messieurs ! »



Écrit au début des années soixante, Le fidèle Rouslan fut impossible à publier en URSS. Il circula sous le manteau dans des éditions clandestines et beaucoup en attribuèrent la paternité à Soljenitsyne.

Ce n'est qu'en 1975 qu'il fut publié en Allemagne, anonymement pour protéger son auteur.

En 1979, il fut traduit en anglais et d'autres langues, mais il ne sera pas publié en URSS avant la pérestroïka.

Dans son excellente préface, Owen Matthews dit de l'auteur : "Il croyait fermement qu'une société apprend de son Histoire et qu'il n'y a pas d'avenir tant qu'on ne s'est pas confronté à son passé."

Avec son fidèle Rouslan, Gueorgui Vladimov, comme Soljenitsyne et d'autres écrivains dissidents, a largement apporté sa contribution à l'avenir de la société russe.



Un livre original au contenu très fort.
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Le fidèle Rouslan

Les rouages pervers du système du goulag vu à travers les yeux d'un chien. Un point de départ original qui m'a décidé à postuler pour cette Masse Critique de janvier.



On dit souvent que le chien est le meilleur ami de l'homme, mais la réciproque est loin d'être vraie. Cette histoire le démontre d'ailleurs.



Gueorgui Vladimov décrit un monde clos et une vision très limitée du choix de ce personnage principal peu commun. On découvre alors à quel point cet "individu" a été formaté dès sa naissance pour être incapable de penser en dehors du système, ce qui le rend complètement paranoïaque.

Dressé pour haïr, voilà comment on pourrait résumer la vie de ce chien. Alors quand Rouslan est mis en retraite anticipée… C'est une catastrophe ! Il est totalement perdu, sans aucun repère hors de la vie cadrée par les barbelés. Il doit réapprendre à ne plus dépendre de ses chefs. Mais voilà, la cruauté systématique imposée par ce système concentrationnaire et politique s'avère être un cercle vicieux. De là, l'auteur démontre l'absurdité du système soviétique. Malgré cela, jusqu'au bout, le fanatisme de Rouslan et le culte de ses chefs restera sans failles.



L'auteur a choisi d'alterner narrateur omniscient et focalisation interne, cette distance narrative créé bien sûr l'ironie et met en relief les failles de ce système totalitaire. Mais ce procédé rend aussi parfois la narration très confuse ! Je ne peux pas nier qu'il y a des moments où je me suis ennuyée à la lecture de certains passages. Toutefois, les scènes décrites, souvent très violentes (marque du made in Russia par excellence!) sont très émouvantes, la description et la dénonciation des rouages du système si bien vues et le message fort contenu dans ce roman font qu'il serait malhonnête de ma part de mettre moins de 4 étoiles.



Pour tout cela je tiens à remercier Babelio et les éditions Belfond.
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Le fidèle Rouslan

C’est à travers Rouslan, chien de gardiens de goulags, que Vladimov va raconter leur fermeture et la déstalinisation en marche !



L’idée est très bonne car malgré toute la délicatesse mise dans la narration du point de vue de Rouslan, celle-ci est glaçante et rend compte de ce qui se passait dans ces camps !



L’auteur n’a pas tenté de faire un humain du chien et ses pensées pourraient réellement être celles d’un être dressé, aimant et fidèle ! La torture a aussi fait partie de sa jeune vie afin qu’il soit tel qu’utile dans son “travail” pour le Service !



Rouslan est l’image du soviétique formaté, cadré, sans état d’âme ni pitié pour les internés ! Tout en étant une critique et une condamnation du régime, ce roman est poignant car la machine a été aussi destructrice avec les animaux utilisés à son strict déroulement et le fait qu’ils soient “jetables” une fois cette utilité disparue !



La signification des propos était très claire et ce livre a été interdit à la publication en URSS. Représentant d’Amnesty International, dissident, l’auteur dut émigrer en Allemagne de l’ouest quelques années plus tard.



#LeFidèleRouslan #NetGalleyFrance



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Le fidèle Rouslan

Comme tous ses congénères, Rouslan a été sélectionné pour faire partie de l'élite des gardiens du goulag. Son flair, sa prestance, sa persévérance à toute épreuve et son obéissance entêtée ont fait de lui l'un des meilleurs éléments du camp. Rouslan est un chien. L'un des meilleurs chiens de garde que le système concentrationnaire soviétique ait pu dressé : comme tous les autres, il a eu ses périodes de doutes, de colère et de révolte face à l'incohérence et l'absurdité des bipèdes mais la récompense de sa fidélité inébranlable vaut malgré tout la chandelle. Qu'importe les quelques brimades ou humiliations au regard du plaisir procuré au maître. Qu'importe les misérables punitions lorsque l'on a l'honneur de faire la fierté du service. Qu'importe enfin de n'être pas le plus dangereux ou le plus malin de tous lorsque l'on représente l'un des meilleurs garants de l'ordre et de la discipline. Pour Rouslan, rien n'est si exaltant que de pouvoir attaquer un détenu sur les ordres de son maître en guise de récompense. Sa vie aurait d'ailleurs été (presque) parfaite si ce n'était ce jour funeste où son maître, l'entraînant de l'autre côté des barbelés, ne l'avait rendu à la forêt. Que pouvait-il donc faire de cette soudaine liberté sans personne pour lui dicter des ordres ? Abandonné à un sort plus qu'incertain, Rouslan décide malgré tout d'attendre le retour du convoi des soldats pour retourner au Service...



Rouslan n'a beau être qu'un chien, il est pourtant doté d'une intelligence hors normes. En tous cas, c'est ce que penseraient la plupart des humains : il comprend vite, il sait se faire petit quand c'est le moment, il sait taire ses propres pensées, bref, il sait ce que veut son maître. N'en est-il pas le parfait prolongement exécutif ? C'est sûrement l'une des raisons pour lesquelles son maître lui pardonne parfois ce que nous humains, qualifierions de sautes d'humeur ou de caprices (après tout, les chiens ont tous une part de sauvagerie incontrôlable). Mais voilà, Rouslan est d'une fidélité extrême. C'est d'ailleurs l'une de ses plus grandes qualités hormis peut-être son apparente indifférence : "car la vérité et la clé même de l'énigme de Rouslan, ce n'était pas que le Service pût avoir tort en quoi que ce fût à ses yeux, c'était qu'il ne tenait pas ses brebis pour coupables, à la différence de Iéfréïtor et des autres maîtres." (p.188). Une fidélité écoeurante tant elle frise le fanatisme. Mais pourquoi donc cette obstination à obéir aux ordres, cette soumission idiote ? Au mépris de ses autres copains qui ont su s'adapter et tirer profit de leur situation comme Alma son ex-petite amie, Djoulbarss, le terrible chef de meute ou Trésor, peut-être le plus éclairé de tous, Rouslan n'a rien d'autre en tête que d'accomplir son devoir. A travers cette remarquable allégorie animalière, c'est ce que dénonce Gueorgui Vladimov. Cette lecture évoquera sans doute l'ombre du cruel Rudolph Hoess de Robert Merle (cf. La mort est mon métier) qui comme un chien fidèle au parti, est complètement obnubilé (ou abruti ?) par son sens du devoir...



Publié clandestinement pour la première fois en Allemagne en 1973 puis en France en 1978, ce roman de Gueorgui Vladimov dénonce violemment l'absurdité du système concentrationnaire russe. Pendant un temps attribué à la paternité d'Aleksandr Soljenitsyne, Le fidèle Rouslan qui ne devait être édité en Russie qu'après la Perestroïka (1985-1991), laisse un goût amer porté par un récit puissant et bouleversant. Prêtant ses mots et ses pensées au chien fidèle, Gueorgui Vladimov milite pour la liberté artistique. Sous la menace et la censure de l'époque, celui que les autorités russes considèrent comme dissident, est obligé de fuir l'Ukraine. Son combat pour la liberté d'expression sera couronnée par le succès du Fidèle Rouslan, une de ses oeuvres majeures. Et l'on ne pourra que se ranger à l'avis d'Owen Matthews qui confie dans son excellente préface : "En tant qu'auteur, Vladimov tenta de trouver un sens à ce monde absurde, sacrifié par les horreurs de l'ère stalinienne. En tant qu'activiste dissident, il cherchait à révéler au monde les hypocrisies et les absurdités de la vie soviétique. Et si, à l'inverse d'un Soljenitsyne, il ne connut pas le goulag à proprement parler, il eut à subir les horreurs du siècle russe jusque dans sa chair." (p.II).



Avec la réédition de ce chef d'oeuvre magnifique, c'est une oeuvre majeure que les éditions Belfond (collection Vintage) proposent de (re)découvrir. Un grand merci à elles et à Babelio pour ce roman que dont je ne peux que vous dire : "Lisez-le !". Du cinq étoiles, assurément !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Le fidèle Rouslan

L'absurdité d'un système politique ayant conduit au goulag, vu par un chien policier qui a du mal à comprendre les hommes, et la façon dont ils s'assimilent au rôle qui leur a été fixé sans sembler avoir la capacité de penser par eux mêmes. Des hommes somme toute peu différents de lui même, incapable de remettre en cause la fidélité et l'obéissance envers son maître, auxquelles il a été dressé. Une page de l'histoire russe, vue par un dissident, à ne pas oublier. Le livre est dur mais facile à lire, même si certains passages sont parfois un peu confus.
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Le fidèle Rouslan

Rouslan vit et travaille dans un goulag. Il a été formé pour surveiller les prisonniers, aider à retrouver ceux qui tentent de s’évader, et bien sûr obéir à son maître, gardien dans le même camp que Rouslan. Après la mort de Staline, ce camp ferme, ses prisonniers le quittent du jour au lendemain, les barbelés puis les miradors disparaissent aussi.



L'auteur raconte le désarroi du chien Rouslan face à cet événement auquel il n’a pas été préparé. Il n’est pas sûr que Rouslan parvienne à se « reconvertir », ni même qu’il essaie de le faire, lui qui ne désespère pas de pouvoir un jour reprendre du service. Peut-être en aura-t-il l’occasion ?



La vision d’un camp de prisonniers à travers le regard d’un chien permet à Vladimov de procéder à un rapprochement entre cet animal et les humains qui y vivent.

Malgré son zèle et son manque de pitié, ce chien m'a finalement semblé beaucoup plus sympathique que les humains qui l’ont dressé.

C’est en fait un portrait très peu flatteur des hommes qu’esquisse Vladimov par son récit. Il critique aussi sévèrement, mais de manière voilée en le tournant en dérision, le système politique qui a condamné des milliers de Russes aux travaux forcés pendant plusieurs décennies.

De fait, les zeks* n’étaient souvent coupables que d’exister (et d’être une main-d’œuvre bon marché).



Il n’est donc guère surprenant que ce roman, écrit au début des années 1960, n’ait pu être d’abord publié que clandestinement en 1973 en Allemagne. Il n’est pas étonnant non plus que son auteur ait dû émigrer en Allemagne de l’Ouest en 1983.



Malgré quelques longueurs, j’ai beaucoup aimé ce livre. Le lecteur est invité à réfléchir sur le système concentrationnaire, ainsi que sur la nature de l’être humain, capable de l’avoir créé et/ou d’y participer.

Dans l’édition Belfond, une préface de neuf pages situent l’auteur et son roman dans leur contexte historique.



--- Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond qui m’ont donné envie de découvrir d’autres ouvrages de cet auteur.



* abréviation de « zaklioutchonni kanaloarmiets » (« Заключëнный каналoармец » : « soldats détenus de l’armée du canal »), du nom de prisonniers qui ont participé à la construction du canal de la mer Blanche.
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Le fidèle Rouslan

La mort de Staline a entraîné des changements en Russie et notamment, à partir de 1953, la libération des goulags. De nombreux geôliers se retrouvent donc sans emploi, mais aussi les chiens de garde qui les accompagnaient. C’est à l’histoire de l’un de ces chiens, Rouslan, que Gueorgui Vladimov va s’attacher.



Une fois de plus, la collection Vintage des Editions Belfond permet de redécouvrir un incontournable de la littérature. Ce livre, écrit par un auteur dissident russe, n’a été publié dans son pays d’origine qu’en 1989 alors qu’il a été écrit en 1960 et publié en France en 1978. On ne peut qu’une nouvelle fois saluer le travail de réédition et la mise en lumière d’une œuvre qui mérite amplement sa place parmi les classiques de la littérature.



Cette histoire russe à hauteur de chien est absolument passionnante. Rouslan est un chien qui a été spécialement dressé pour servir de gardien et pour qui le monde se divise en maîtres et en prisonniers. Quand il se retrouve hors du camp, totalement livré à lui-même et désœuvré, il tente par tous les moyens de revenir à cette configuration en s’attachant aux pas d’un homme dont il se considère être le gardien.



Tout au long du récit, Gueorgui Vladimov revient sur les années staliniennes, sur les conditions de détention dans les goulags, sur la vie en Russie durant cette période à travers les yeux de Rouslan et son analyse canine des événements.



Rouslan a toujours été un chien dévoué, faisant parfaitement son travail. Il n’a évidemment pas de notion de bien et de mal, il ne porte pas de jugements sur ce qui a été fait dans les camps. Il se contente de faire le travail pour lequel il a été programmé et se retrouve terriblement démuni lorsque son monde s’effondre.



Gueorgui Vladimov pose ici un point de vue original, à la fois empreint de naïveté, car le monde des humains reste parfois très hermétique à Rouslan, et d’une grande justesse sur ce qu’ont vécu à la fois les prisonniers et les geôliers et sur l’époque qui a permis la mise en place d’un état totalitaire et l’emprisonnement de milliers de personnes pour des raisons parfois bien obscures.



Un livre, et un auteur, à vite mettre dans nos bibliothèques !
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Le fidèle Rouslan

Rouslan est le Chien parmi les chiens.Rouslan est un chien de garde qui fait son métier de la meilleur des façon possible par fidélité à son maitre. En revanche, les autres chiens bien que dociles et obéissants au tyran et au système qui les ont éduqués sont faibles et agressifs, mais comment leur en vouloir il ne sont que des hommes.
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Le fidèle Rouslan

Ce livre raconte la soudaine déstalinisation des goulags en URSS. L’auteur réussit à écrire un récit glaçant, qui prend aux tripes, sans pour autant jamais donner son point de vue ou faire preuve de la moindre empathie envers les prisonniers. Comment réussit-il se tour de force ? En centrant la narration sur Rouslan, chien de garde dans un camp, sans aucun anthropomorphisme, Rouslan a simplement toutes les qualités d’un bon chien : fidèle, obéissant, ayant le sens du devoir et … dressé à surveiller les prisonniers, poursuivre les évadés en mordant s’il le faut. A la fermeture des camps il se retrouve complètement inadapté, en perte de tous ses repères. Nous avons deux narrateurs, Rouslan qui partage ses souvenirs, et un narrateur qui nous raconte la nouvelle vie de Rouslan. Malgré tout Rouslan, reflet du bon citoyen soviétique, formaté et loyal, est un personnage sympathique, qui ne déteste pas les prisonniers contrairement à ses maîtres, et qui ne voit absolument pas qu’il vit dans un monde cruel.

Bien sûr, ce livre n’a circulé en URSS que sous forme de samizdat, avant de paraître à l’Ouest en 1975.

Ce livre est d’autant plus remarquable que son auteur n’a jamais été interné dans un camp, c’est donc bien un roman et non un témoignage. Evidemment l’auteur a été considéré comme un dissident et a fini par émigrer.
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Le fidèle Rouslan

Je n’ai aucun souvenir des circonstances qui m’ont amené à lire ce livre. Par contre, le jour où j’ai retrouvé dans mes affaires ce fanion et ces pins soviétiques, offerts par mon grand-père il y a bien longtemps ‘car oui je suis assez vieux pour avoir connu l’URSS), j’ai immédiatement pensé à ce brave Rouslan pour qui il constituerait un allié photographique de choix.



Sibérie, début des années 1960. Rouslan est chien de garde dans un goulag. Il a été formé pour surveiller les prisonniers et aider à retrouver ceux qui tenteraient de s’évader. Il n’a toujours connu que ce travail, qu’il exerce d’ailleurs avec une redoutable efficacité. Mais tout va changer à la mort de Staline. Le camp ferme et les prisonniers s’en vont. Son maître même lui donne congé. Comment Rouslan va-t-il faire face à cet évènement auquel rien de l’a préparé ?



Rouslan a été écrit par un dissident du régime soviétique. Il nous montre, à hauteur de chien, toute l’absurdité du système politique ayant conduit au goulag. Dressé pour obéir, pour haïr les prisonniers, Rouslan va perdre tout ses repères hors du cadre strict du camp. D’ailleurs, si d’autres chiens tentent de « se reconvertir » auprès des civils pour obtenir un peu de nourriture, lui ne désespère pas de parvenir un jour à reprendre du service.



En bref, un livre au point de vue très original qui fait réfléchir et qui dénonce les limites du système totalitaire soviétique avec beaucoup d’ironie, non sans être parfois aussi émouvant. A ne pas rater !
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Le fidèle Rouslan

À hauteur de chien de garde.

Le Fidèle Rouslan se présente comme un roman où le narrateur possède la faculté d’être à la fois humain et de pouvoir rentrer dans l’esprit d’un chien. On connaît donc l’intrigue par l’intermédiaire de ce que l’animal comprend. Rouslan est un chien de garde modèle de l’univers concentrationnaire soviétique. Contrairement à ce qu’on pourrait attendre, l’histoire se déroule juste à la suite de la sortie des camps et de la déstalinisation. Rouslan sort du camp sans trop comprendre ce qui se passe et continue de vivre au rythme de sa vie antérieure. Il interprète les faits et gestes des « bipèdes humains » en fonctions des directives qu’il a assimilées et fait appliquer par automatisme. On se trouve ainsi devant une vision particulière du goulag par un chien qui voit le monde comme une sorte de grand camp et par un décalage temporel entre le temps de la narration et le temps du camp, décalage qui est parfois à l’origine d’une sorte d’humour glaçant. On y sent aussi l’allégorie qu’on ne sort jamais totalement d’un camp.

Cependant, on peut déceler un second thème étroitement lié au premier : celui de l’appel de la vie sauvage. En effet, en dehors du camp et sans la tutelle du maître, Rouslan ressent l’appel de la forêt, l’appel d’une vie axée sur la recherche de nourriture et de proies, de la lutte pour se les approprier, l’appel de la liberté. Alors, se fait jour un combat intérieur entre le besoin de répondre à ses instincts et l’orgueil de « rester fidèle au nécessités du Service », entre l’inconnu palpitant mais déstabilisant et les habitudes ennuyantes mais sécurisantes. Quel sera son choix ?

On tient avec Le Fidèle Rouslan, un roman original, bien construit, qui demande à être lu jusqu’à la fin et dont la force se manifeste davantage par sa capacité d’évocation que par la description d’images ou de faits cruels, horribles ou monstrueux qui sont le lot de bien des romans de littérature concentrationnaire.

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Le fidèle Rouslan

Reflet fidèle d'un temps où l'on s'amalgamait à un système unique, celui d'un seul.



L'autre, l'extérieur, qui, de son regard, de ses paroles oppose son courant, sa pensée à cette structure, ce montage, cette architecture sociale devient l'ennemi, l'ivraie.



Gardons nous de ces autres, ces gens qui, de leurs simples raisonnements font vaciller ces montagnes d'un autre temps.



Les murs disparaissent et les empreintes demeurent, l'être se démène et les ombres d'un autre passé deviennent compagnes du présent.



Pages à tourner et à réfléchir sur ces traces que certains s'attachent à laisser de leur passage dans notre histoire.
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Le fidèle Rouslan

Désarroi d'un chien de garde à la fermeture de son camp : la déstalinisation sous un aspect inédit.......
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Le fidèle Rouslan

"Dans ce petit square -tout comme au terrain d'exercice- deux hommes sans vie, couleur gamelle d'aluminium, se tiennent perchés Dieu sait pourquoi sur des socles : l'un, sans bonnet, à le bras tendu en avant, la bouche ouverte, comme s'il venait de jeter sa canne et s'apprêtait à ordonner : "rapporte!"; l'autre, coiffé d'une casquette, ne montre rien du bras mais a la main glissée sous le revers de sa tunique d'uniforme : tout, dans sa personne, laisse entendre que c'est à lui qu'il faut "rapporter"."



Ecrit dans les années 1960, Le fidèle Rouslan a circulé en URSS sous forme de samizdat avant de paraître anonymement en Allemagne en 1975.



Rouslan est chien de garde dans un camp du goulag. Après la mort de Staline (1953), les camps sont fermés petit à petit et les prisonniers libérés. Du jour au lendemain Rouslan se retrouve sans emploi et sans comprendre ce qui lui arrive. Alors qu'il tente de survivre et de donner un sens aux événements il se souvient de l'époque de son dressage et des années de Service qui ont suivi.



A travers le personnage de Rouslan l'auteur nous présente la répression dans un camp du goulag, la mise au pas des prisonniers par la terreur. Le roman montre aussi comment, même après la libération physique, le formatage effectué sur les détenus et leurs gardiens, les violences qu'ils ont subies ou fait subir, les empêchent de s'adapter à une autre vie. L'interprétation personnelle que fait Rouslan des événements permet à l'auteur de jeter un regard sarcastique sur le régime totalitaire soviétique. J'ai apprécié cette lecture.
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Le fidèle Rouslan

Je pense que je n’ai pas toutes les connaissances pour comprendre ce soi-disant chef-d’œuvre. J’ai eu de la peine à comprendre cette sous-lecture et critique. Car ce livre a été publié anonymement pendant des années et interdit en ex-URSS.
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Le fidèle Rouslan

Si en évoquant les camps de discipline et autres goulags, il y a bien un aspect auquel on ne pense pas forcément, c'est la présence d'une autre forme de gardiens, ces chiens qui accompagnaient leurs maîtres dans leurs tâches journalières : sélectionnés et élevés dans le but de suppléer leur maître respectif dans le gardiennage des prisonniers. Car si l'homme possède tout un éventail de moyens de dissuasion pour garder son prisonnier sous son joug, le chien possède ses propres qualités qui complètent bien ce tableau de bourreaux, À savoir un sens de la fidélité exceptionnel envers la personne qui lui sert de maître et un odorat développé, très utile lorsqu'il s'agit de débusquer les fuyards. Si l'on en croit l'article du Point de janvier 2013 qui fait état de différents témoignages, l'un d'eux de Sofia dénonce la cruauté de ces gardiens : "Ils nous repoussaient avec les chiens et les crosses de fusil lorsqu'on s'approchait de leur feu", ajoute Sofia. Les chiens ont été là, aux côtés des hommes, menaçants et agressifs et maltraitants, et prendre l'histoire sous le point de l'un de ces animaux, permet un autre point de vue sur les camps, le traitement des prisonniers. 



S'il y a bien une chose qui caractérise Rouslan, c'est sa loyauté, inébranlable, à un maître qu'il vénère. À un point tel que non seulement, il ne met jamais aucune de ses décisions et ordre en question, mais il les devine, il les devance, il en est l'applicateur, la main agissante, zélée et sans faille : il ne fait pas bon de tomber dans les crocs du chien, qui n'éprouve aucune pitié. Au contraire, sa haine du zek et du prisonnier, il vit avec elle chaque jour, nourrie par celle de son maître, que l'on devine aussi impitoyable que sa bête, et empreint même d'un plaisir pervers à diriger, dominer et blesser. Par son insertion dans l'esprit du chien, doté d'une conscience à lui, Gueorgui Vladimov montre à quel point ces prisonniers étaient une catégorie de sous-hommes, sur lesquels même un animal avait le dessus. Une plongée encore une fois dans ces camps de Sibérie, une réflexion sous-jacente sur la sujetion du chien, à mi-chemin entre le prisonnier maltraité et le gardien maltraitant.



Une dépendance affective à leur maître, pas loin d'être ce syndrome du Stockholm qui fait que les prisonniers s'attachent à leur geôlier, que même ces geôliers s'attachent à une autorité abusive : chacun est frappé d'une sorte d’aliénation qui les empêche de s'échapper et de revenir à leur vie et ce n'est pas le Râpé, ancien prisonnier, qui rate consciencieusement deux de ses trains pour rentrer chez lui, qui va démontrer le contraire. Lorsque la prison n'a plus de barbelés pour la matérialiser physiquement, et a même été détruite, elle peut continuer psychologiquement à enclaver les esprits, annihiler les volontés, effacer les personnalités. Et la liberté devient indésirable, source de craintes, où les individus ne sont plus nommés, mais réduits à des surnoms de Maître, l'instructeur, le Râpé. Une liberté que l'auteur a chèrement gagnée au prix de son exil. 



Si la fidélité peut apparaître comme une qualité chez le chien quant à sa relation avec l'homme, l'auteur démonte le processus d’aliénation de Rouslan, depuis les derniers jours du camp jusqu'au sein de sa mère, le moment où il a été sélectionné, par son caractère rétif par rapport à ses sœurs et frères, par l'instructeur qui aura la charge de le dresser et conditionner. S'il y a bien une chose à retenir, c'est de voir à quel point, hommes comme animaux sont formatés. Un lavage de cerveau qui les maintient dans un état de soumission devenu naturel. Ce n'est pas tant à l'homme, son maître, le gardien, que la fidélité du chien va, une fois la trahison digérée, c'est une allégeance à ce qui est appelé le Service, le système idéologique qui maintient l'oppression stalinienne, auquel personne n'ose se rebeller ou a minima remettre en question, chacun des dominants - gardien, surveillant - se contente de jouir de la petite forme de pouvoir, aussi infime soit elle, qui leur ai confié. Comment ne pas voir dans ce roman, de la part d'un écrivain qui s'est ouvertement érigé contre toute forme de censure, une manière de la détourner et de la désamorcer en employant le point de vue d'un canidé. 



Les vies de Rouslan et du Râpé, chacun se croyant le maître de l'autre, se rejoignent tragiquement dans l'impossibilité de sortir de leur rôle, des environnements du camp, la volonté propre de l'un et de l'autre ayant été mises à mal par leur vie au camp. Et un constat, de la part du canidé, assez sombre et triste, quoique réaliste, sur la réalité de relations et de la nature humaine qui se révèle à la lumière, et surtout à l'ombre, du camps de travail et de ses structures de domination et d'emprise sur déportés et autre personnel plus faible que soi, de contrôle et de perversion, quelquefois, certains finissent par en jouir de la souffrance, une drogue qui appelle au manque insatiable, jusqu'à en éprouver Rouslan, la plus fidèle des bêtes au Service jusqu'à sa mort. Andrei Sinyavsky dans son article "People and Beasts" (1975) dit ironiquement que Rouslan est l'image d'un héros communiste idéal : son honnêteté, son dévouement, son héroïsme, sa discipline en font un véritable porteur du code moral du bâtisseur du communisme. En même temps, Vladimov montre comment ces qualités idéales sont perverties dans une société communiste. Selon Andreï Gavrilov , il s'agit « d'une image d'un système inhumain qui détruit chez l'animal ce que l'on voudrait humaniser. »
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Le fidèle Rouslan

Après la mort de Staline, en 1953, et le démantèlement du goulag, non seulement toute une armée de geôliers mais aussi leurs chiens se sont retrouvés « au chômage », perdant leurs moyens de subsistance et le sens de leur vie. C’est le drame de Rouslan, le brave chien gardien de camp, pour qui le monde se divise entre « maîtres » et « esclaves » (les prisonniers) et qui découvre soudain que les règles ont changé.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le fidèle Rouslan

je n'ai pas du tout réussi à entrer dedans; meme en me disant qu'il s'agissait d'une écriture symbolisant les horreurs des camps staliniens, j'ai trouvé beaucoup de passages ennuyants
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