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Citations de Gerard Donovan (72)


Les gens sont incapables de vivre leur vie sans déranger les autres, pas moyen d'éviter tout le boucan qu'ils font partout où l'on va.
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A la question que je n'ai pas posée il a répondu que certains hommes doivent faire souffrir d'autres êtres pour moins sentir la douleur en eux-mêmes.
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Faites de pâte de bois, les pages des livres étaient comme des arbres qui me protégeaient à présent autant que jadis les mots.
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Il arrive que les yeux se remplissent si vite, comme si on versait un demi-litre d'eau dans un dé à coudre, qu'on ne peut pas tout voir en même temps et qu'il faut choisir quoi regarder.
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Etrangement, je me revoyais en train d'écrire ces mots en particulier, me rappelais l'odeur de la pièce, les objets aperçus au moment où je les traçais, la sensation éprouvée en formant les lettres, les vêtements portés, l'étroitesse et la sécurité du monde d'alors, la chaleur du feu, la tranquille affirmation de la part de mon père qu'il était important de posséder des livres mais qu'il importait encore plus de les lire. A présent que ce monde était parti au diable pour ne plus jamais revenir, ces souvenirs semblaient compter d'autant plus. Tout se trouve dans les livres, regarde tous ces livres, une existence entière anime ces murs.
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La nuit m'a durci comme un bâton et m'a brandi contre le monde. J'étais un bâton menaçant l'univers. J'ai regardé ma main qui agrippait la crosse. J'étais le fusil. J'étais la balle, la cible, la signification d'un mot qui se dresse tout seul. Voilà le sens du mot "vengeance", même lorsqu'on le couche sur le papier.
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Tout ce silence ondule sur toi, Julius, comme de longues herbes.
Tu me fais me sentir poète.
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Je savais ce qui l'attirait dans ce fauteuil. Dès qu'on s'y asseyait on avait envie de réfléchir, de lire en humant la fumée d'une pipe. Mais il n'y avait pas une seule cause. Même lorsque je tenais le coussin contre mon visage, le plus souvent le fantôme de la pipe suscitait la présence de mon père.
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Je n'attendais rien et rien n'est arrivé. Une épaisse couche de glace s'est glissée dans mon coeur. Je l'ai sentie s'installer, gripper les soupapes et apaiser le vent qui soufflait dans ma carcasse. Je l'ai entendue se plaquer sur mes os, insérant du silence dans les endroits fragiles, dans tout ce qui était brisé. Mon coeur a alors connu la paix du froid. J'ai renoncé à mon ami, et la veillée nocturne s'est terminée : désormais, seul son esprit viendrait me rendre visite.
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Je suis resté quelques instants devant la tombe de Hobbes, ne sachant que penser ou dire. J'aurais donné tous les livres du chalet, tout mon argent jusqu'au dernier penny pour le voir resurgir du trou. Je me serais débrouillé pour oublier toute l'affaire. Mais il n'a pas resurgi. On en était donc là.
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Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque-là, je dirais qu'à un certain moment j'ai vécu dans un chalet durant cinquante et un ans.
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J'ai pris la revue de chasse et l'ai feuilletée. Les pages étaient illustrées de grandes photos et parsemées d'encarts publicitaires vantant des armes, arcs et fusils, des bottes et des vêtements de chasse, des insignes de la Rifle Association et autres emblèmes patriotiques. Il y avait aussi des statistiques à vous donner le tournis. Long article à l'intention des débutants sur le choix des armes. J'ai étudié la revue en détail, m'attardant sur le descriptions, me plongeant dans l'atmosphère des armes et de la camaraderie virile. A l'évidence, ces activités masculines relevaient souvent de la passion. Les adeptes adoraient ces journées passées sur le terrain, les sorties en plein air, par tous les temps, la solitude au milieu des bois avec son fusil pour seul compagnon, l'aventure et la confrontation avec le danger. Grand bien leur fasse ! me suis-je dit, puisque de toute évidence la chasse les fait vibrer. Ils portaient des vêtements et jouissaient d'un équipement dont ni mon grand-père ni mon père n'avaient bénéficié quand ils avaient participé aux grandes batailles ayant décidé du sort de nations entières. J'ai refermé la revue et l'ai glissée entre Les Châtiments et Les Misérables de Victor Hugo, étant donné que mon père m'avait enjoint de ne jamais jeter la parole écrite.
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Si bien que les arbres paraissaient reculer et battre en retraite, morceau par morceau, au fur et à mesure que leurs feuilles prenaient des teintes jauanes et rouille soutenu, comme s'ils muaient et semaient des lambeaux de peau morte, au début de septembre, jaunes et craquant sous les pas en octobre, avant d'être emportées par le vent en novembre.
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La maison avait été construite autour d'une aire de silence... Mon père était un grand lecteur, et de longs rayonnages s'étendaient à partir du poêle à bois sur les murs de la salle de séjour jusqu'à la cuisine, ainsi qu'à droite et à gauche jusqu'aux deux chambres à coucher, bibliothèques de quatre étagères contenant tous les livres acquis ou lus par mon père, ce qui revenait au même, car il lisait vraiment tout. J'étais donc entouré de trois mille deux cent quatre-vingt-deux-livres, reliés en cuir, premières éditions ou livres de poche, tous en bon état, rangés par ordre alphabétique et répertoriés sur des listes écrites au stylo. La bibliothèque couvrant les murs de tout le chalet et certaines pièces, plus éloignées du poêle, étant plus sombres et plus froides que d'autres, il y avait donc des romans chauds et des romans froids. Le nom de beaucoup d'auteurs de romans froids commençait par une lettre venant après J et avant M, ainsi, des écrivains comme Johnson, Joyce, Malory et Owen demeuraient au fond, près des chambres à coucher. Mon père appelait le chalet "un avant-poste d'Alexandrie dans le Maine", en hommage à la bibliothèque grecque, et son grand plaisir, au retour du travail, était d'étendre ses chaussettes devant le feu, qui se mettaient bientôt à fumer, puis, vêtu de son épais chandail et après avoir allumé sa pipe, il me demandait d'aller lui chercher tel ou tel livre. Je me rapelle la sensation des pages froides entre mes mains comme je le lui apportais. Je regardais le livre se réchauffer près du feu sous son regard et quand il avait terminé sa lecture j'allais remettre le livre chaud sur son étagère, le reglissais à sa place, un peu plus difficilement, la chaleur l'ayant fait un rien gonfler.
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Le silence s'enroulant dans toute la maison comme un lierre et ne se brisant que lorsque l'un de nous se levait pour préparer du thé ou des tartines beurrées. C'était un homme doux et facile à vivre parce qu'il occupait très peu d'espace. Certains êtres sont ainsi mais ils sont rares, et c'est lui qui m'a appris à demeurer tranquille. Nous avions vécu seuls tous les deux, car il ne s'était jamais remarié. Il disait qu'il était l'homme d'une seule femme, même si celle-ci était morte. Voilà comment j'ai appris le sens du mot "fidélité", comment envelopper de chair le terme nu et lui insuffler la vie.
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Si la neige est tardive ,l'hiver arrive porté par une tempete de vent qui chasse toutes les couleurs sauf le blanc,transforme les lacs en crachats gelés,tandis que les arbres dénudés éclatent et se fendent et que les forets s'étendent jusqu'à la peau illuminée et frémissante des aurores boréales.
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Les gens ont leurs raisons et si on est forcé de poser une question a ce propos, c'est donc une question de trop.
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Quelle tristesse de jeter cette première pelletée de terre sur sa tête, de voir cette découpure effectuée dans ce corps qui avait si souvent couru après des jouets que j'avais lancés ou frissonné sur le sol au cours de rêves dans lesquels il galopait en aboyant.
La pelle entrait et sortait du faisceau lumineux tandis que la terre heurtait son ventre, son dos, pénétrait dans ses oreilles, dans ses yeux, et que je l'ensevelissais, ainsi que tout ce qui avait contribué à faire de lui ce qu'il était : ses promenades, ses moments de repos, ses repas quand il avait faim, les étoiles qu'il contemplait parfois, le jour où je l'avais amené à la maison, la première fois où il avait vu la neige, et chaque seconde de son amitié, tout ce qu'il a emporté avec lui dans le silence et l'immobilité.
J'ai jeté sur mon ami le monde entier à coups de pelle et en ai ressenti le poids, comme si j'étais étendu à ses côtés dans ces ténèbres.
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De retour au chalet, alors que je tisonnais le feu, il m'a manqué pour la première fois. Mon coeur a cogné comme un fou, moment terrible où l'on saisit le sens de l'expression "disparu à jamais". Elle signifie que plus personne ne vous regarde vivre, ne voit ce que vous faites.
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Mon père disait que son père portait tant de guerres sur sa poitrine que c'était un miracle qu'il ait pu se tenir droit : médailles gagnées durant la guerre des Boers, la Première Guerre mondiale, ainsi qu'au cours de petites guerres dont on n'entend plus du tout parler. Escarmouches dans la brousse, par exemple, des vingtaines, voire des centaines de morts.(...)
La Première Guerre mondiale, la bataille de la Somme, la morne terre agricole française où sont tombés un million d'hommes. A ton avis, Julius, combien de personnes gardent le moindre souvenir de cet épisode?
Pas grand-monde, peut-être personne, ai-je répondu.
Mon père a pris sur l'étagère un coffret couvert de velours bleu foncé et l'a ouvert. Voilà donc les médailles.
J'ai gardé les médailles de mon grand-père dans le coffret de velours.
On ne jette pas un million d'hommes comme cela.
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