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Julien, le bienfaiteur de Gilles Gérardin
Ma corde de pendu, Céline l'avait utilisée comme fil à linge. Attachée d'un côté au tronc du sycomore, le plus bel arbre de notre jardin avec sa ramure élancée et son feuillage vert sombre, de l'autre à la manivelle de l'ancien puits. Je me suis arrêté net, horrifié. Cette corde, à mes yeux, n'était pas qu'un simple assemblage de chanvre tressé mais un objet sacré, auréolé d'une haute valeur symbolique : le dernier fil qui me reliait à la vie. Son utilisation triviale par Céline me bouleversait. J'ai attendu que les battements de mon coeur se calment et l'ai aidée à suspendre le linge en supputant que, si le temps se maintenait, il serait sec dans la soirée. Je pourrais alors, après l'avoir sommairement plié et rangé dans la panière, récupérer ma corde, l'accrocher à une branche du sycomore et mettre à exécution mon projet. Au fond, je n'étais pas à un jour près. |