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Citations de Giovanni Guareschi (65)


PENSÉE PROFONDE

J'ai fait cette importante découverte : le peintre célèbre est celui qui met tous ses soins à faire son propre portrait pour passer à la postérité. La postérité découvre la toile deux siècles plus tard dans quelque grenier ; elle la suspend dans un musée avec cette mention : "Portrait d'un inconnu". Belle satisfaction.
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Le secret de l'honnête homme est de ne commettre que de mauvaises actions involontaires.
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LIBERTÉ DE LA PRESSE

Albert a appris à écrire. Hier, sur le mur de mon bureau, j'ai découvert une inscription : "Abbas mon père ! " Elle était accompagnée d'un étrange hiéroglyphe sur lequel Charlotte m'éclaira spontanément :
— Moi, moi ! dit-elle triomphalement.
J'expliquai à Albert que " A bas" s'écrit en deux mots et à Charlotte qu'il ne fallait pas monter sur les chaises pour faire des gribouillages sur les murs.
— C'est dangereux de grimper sur les chaises à deux ans et demi, dis-je avec de gros yeux.
Aujourd'hui, Charlotte m'a tiré par la main jusqu'à la cuisine ; je dus me baisser pour admirer un nouvel hiéroglyphe, à dix centimètres du sol, cette fois !
— Moi écris "papa stupide" sans la chaise ! annonça-t-elle gravement.
— Parfait, lui dis-je. Ainsi tu restes dans l'ordre et la légalité.
On m'appelle Jeannot, mais mon nom est Démocratie. La déléguée à la propagande, au contraire s'appelle Marguerite. La preuve, c'est que, plus haut, sur le même mur, je pus lire : "Vive maman !"
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Mes personnages ne sont jamais des êtres exceptionnels. Ce que font les êtres exceptionnels n'est en général d'aucune utilité. Il est stupide de donner des êtres exceptionnels en exemple : personne ne les imitera et ne tirera jamais d'enseignement de leurs actes. Les êtres d'exception n'agissent que dans l'exceptionnel, tandis que nous, gens normaux, nous ne faisons que des choses normales.
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IN VINO VERITAS

Un certain Frick Tobber parlait avec un certain Goggias dans un café.
"Goggias, lui disait-il, il m'arrive une chose étrange. Aujourd'hui tout me paraît différent des autres jours. Le monde me semble une saleté noire. Les hommes ont des regards faux, et leurs paroles sont empoisonnées ; les femmes ont des airs d'oiseaux de proie et se couvrent la face de fards comme d'un masque. Tout me paraît laid, déjà vu, usé ; les tableaux et les statues me semblent extravagants ; si je lis un livre, je le trouve stupide. J'ai des douleurs dans tout le corps et j'ai l'impression que les gens se réjouissent de me voir mal en point. Pareille chose ne m'était jamais arrivée. Je vois tout à l'envers ; j'ai peur d'être saoul."
Goggias répondit:
"Moi, je n'ai jamais bu que de l'eau dans ma vie et j'ai toujours vu le monde comme tu le décris.
— Alors, c'est moi qui ne suis pas saoul aujourd'hui", conclut Frick Toober.
Et il se fit apporter six canons de vin qu'il vida à la file.
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— Comme vous l'avez sans doute remarqué, il y a quelque changement dans la maison. La personne qui habite maintenant chez nous vous rappelle peut-être quelqu'un ?
— Si ma mémoire est bonne, répondit JésusMarie (le majordome), la personne à qui Madame fait allusion est la même qui, il y a un mois, taillait des pièces de bois dans le jardin contigu au jardin de Madame, en ville.
— Parfait, Jésusmarie ! Dorénavant, vous ne devez plus vous rappeler rien de semblable.
— Très bien Madame ! Puis-je alors demander à Madame comment je dois considérer cette personne ? Comme un invité ?
[...]
— A peu près.[...]
— A peu près. Très bien, Madame ! "A peu près", c'est-à-dire "presque" ou "un peu plus" ?
— C'est-à-dire "un peu plus".
— Je le regrette, soupira Jésusmarie sincèrement navré. Comment dois-je appeler la personne dont Madame me parle ? J'ignore encore son nom.
— Il s'appelle Camille Debray, soupira Mme Léo.
— Bien ! Alors on pourra dire simplement "Camille", soupira Jésusmarie.
— Non ! Monsieur Camille, soupira Mme Léo.
— Je le regrette, dit à nouveau Jésusmarie. Oserai-je faire remarquer à Madame que cette appellation me semble peu conforme à la qualité du titulaire ? Il me semble que ce serait déjà une concession considérable à cet invité que de l'appeler "monsieur Debray".
— J'ai dit "plus qu'invité", Jésusmarie, répéta Mme Léo nerveuse. Il faut le considérer comme quasiment de la famille.
— Je le regrette, soupira Jésusmarie.
— Nous le regrettons aussi.
— "Quasiment" dans le sens de "un peu" ou de "tout à fait" ? reprit Jésusmarie.
— Dans le sens de "tout à fait", soupira Mme Léo.
— Je me refuse à le croire, protesta Jésusmarie, indigné.
— Vous devez obéir, Jésusmarie !
— Madame m'excusera si j'insiste sur un sujet douloureux, mais comment expliquerai-je aux domestiques la position de la personne dont elle me parle ?
— Un petit cousin pauvre, dit Mme Léo laconiquement.
— Très bien : un petit cousin pauvre.
— Un petit cousin riche serait peut-être mieux, reprit Mme Léo.
— Oui, Madame : un petit cousin riche.
Mme Léo resta un moment songeuse et corrigea :
— Un petit cousin faible d'esprit serait tout à fait bien.
— Un peu faible d'esprit ou tout à fait ? s'informa Jésusmarie.
— Plutôt faible d'esprit ; c'est moins compromettant comme expression !
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Casimir Wonder revenait après une absence de près de deux ans. Il réapparaissait, le chapeau vissé sur la tête comme à l'accoutumée et le cigare entre les dents. Il jeta un regard circulaire sur la famille assemblée autour de la table puis il dit :
— Qu'est-il donc arrivé de si grave au vieux pour qu'il ne vienne pas se mettre à table ?
— M. Sapho Madellis est mort ! répliqua douloureusement Mme Léo.
— Il aurait pu m'avertir, marmonna Casimir. J'ai dit cent fois que dans ma maison il ne faut rien faire sans ma permission.
— Monsieur ! s'exclama la vieille dame avec une noble fierté : depuis des siècles les Madellis savent parfaitement mourir tout seuls !
— Le malheur c'est qu'ils ne savent pas vivre tout seuls ! fit remarquer Casimir.
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[...] A mon avis, quand le Seigneur a chassé Adam du paradis, il n'aurait pas dû se contenter de lui dire : "Et tu gagneras ton pain à la sueur de ton front." Il aurait dû ajouter : " Et ta compagne aura le sens de l'économie".
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En passant devant l'église Peppone vit l'autel, parce que la porte était ouverte ; alors il ôta rageusement son chapeau et le remit précipitamment afin que personne ne le vît. Mais le Christ l'avait vu et, quand don Camillo vint lui rendre visite, il s'empressa de lui faire part de la chose.
- Peppone est passé par là et m'a salué, dit-il tout content.
- Faîtes attention ! fit don Camillo, parce qu'il y en a un autre qui vous a embrassé et puis, pour trente pièces d'argent, vous a vendu. L'individu qui vous a salué est le même qui me disait, trois minutes plus tôt, que le jour du règlement de comptes, il trouverait toujours un 75 pour ouvrir le feu sur Votre Maison.
- Et que lui as-tu répondu?
- Que je trouverais toujours une pièce de 81 pour tirer sur la Maison du Peuple !
- Je vois, dit Jésus ; le malheur c'est que la pièce de 81, tu l'as vraiment.
Don Camillo eut un geste d'impuissance.
- Jésus, dit-il, il y a de ces bibelots qu'on répugne à jeter, parce que ce sont des souvenirs. Nous sommes un peu sentimentaux, nous, les hommes.
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Giovanni Guareschi
Ma vie a commencé en 1908 et depuis, par la force des choses, elle a continué.
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Comme l'homme fort est faible quand il se sent ridicule !
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- C'est là le danger de la démocratie, conclut Peppone ; le premier imbécile venu peut se mettre à parler sur la place publique !
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- Il y a deux mois je vous ai battu à coups de bâton.
[...]
- En-dehors de ça et de votre appartenance à ce parti diabolique, avez-vous commis d'autres fautes graves?
Peppone vida son sac.
Au total ce n'était pas lourd et don Camillo le liquida avec une vingtaine de Pater et d'Ave. Peppone s'agenouilla devant la Sainte Table pour faire sa pénitence et don Camillo alla s'agenouiller aux pieds du Christ de maître-autel.
[...]
- Jésus, si j'ai été un bon serviteur, faîtes-moi une grâce ; laissez-moi au moins lui casser ce cierge sur le dos. Après tout, une bougie, ce n'est pas grand-chose.
- Non ! répondit Jésus, tes mains sont faites pour bénir, non pour frapper.
[...]
- Ca va, grogna don Cmillo, en croisant ses doigts et regardant Jésus : Les mains sont faites pour bénir, mais les pieds, non !
- Ca c'est vrai aussi, dit Jésus du haut de l'autel, mais attention, don Camillo, rien qu'un !
Le coup de pied partit comme la foudre. Peppone encaissa sans ciller puis il se leva et, soulagé, il soupira :
- Il y a dix minutes que je l'attendais. Maintenant je me sens mieux.
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- Don Camillo, s'exclama le Christ, don Camillo, tu perds la mémoire ! Tu as une lettre dans ta poche ; tu voulais la déchirer. Brûle-la ; tu fais d'une pierre deux coups.
- En effet, reconnut don Camillo, en serrant les dents.
Il tira de sa poche une lettre, l'approcha de la flemme et elle brûla. Elle était adressée à Peppone. Don Camillo lui demandait si, maintenant que l'extrême-gauche avait approuvé l'article à l'unanimité, il désirait nommer un conseil de gestion pour l'église dans le but d'administrer les péchés de la paroisse et de décider, en accord avec le titulaire, don Camillo, des pénitences à assigner à chaque pécheur. Lui, don Camillo, était prêt à écouter ses requêtes et il serait extrêmement heureux si le camarade Peppone ou le camarade Brusco consentait à prêcher à l'occasion des Saintes Pâques. Pour ne pas être en reste, lui, don Camillo, expliquerait aux camarades le sens religieux, caché et profond des théories marxistes.
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Un soir, tandis qu'il était dans le confessionnal, don Camillo dit derrière la grille le visage du chef de l'extrême-gauche, Peppone.
Peppone venu à confesse, c'était un évènement. Don Camillo s'en réjouit grandement.
- Dieu soit avec vous, mon frère ; avec vous qui plus qu'aucun autre avez besoin de sa sainte bénédiction. Y a-t-il longtemps que vous ne vous êtes pas confessé?
- Depuis 1918, répondit Peppone.
- Imaginez donc combien de péchés vous avez dû faire avec ces belles idées que vous avez en tête !
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- Ils ont peur de toi.
- De moi?
- De toi, don Camillo, et ils te haïssent. Ils vivaient au chaud et tranquilles dans le cocon de leur lâcheté. Ils savaient la vérité mais personne de pouvait les obliger à reconnaître qu'ils savaient. Toi, tu as agi et parlé de telle sorte que maintenant ils ne peuvent plus faire semblant d'ignorer. Voilà pourquoi ils te craignent et te haïssent. Et s'ils pouvaient, ils te tueraient ; cela t'étonne?
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Un après-midi donc, Peppone siégeait avec les responsables des sections, quand il vit arriver La Foudre. Chacun s'écarta et La Foudre avança jusqu'au bureau de Peppone. Là, il s'arrêta.
- Que veux-tu? demanda Peppone agacé.
- Hier j'ai battu ma femme, expliqua La Foudre en baissant son visage honteux. Il est vrai qu'elle avait tort !
- C'est à moi que tu viens le dire? hurla Peppone. Va le raconter au curé.
- J'y suis déjà allé, répondit La Foudre, mais il m'a dit que maintenant, étant donné l'article 7, tout a changé ; il ne peut plus me donner l'absolution. C'est toi qui la donnes parce que tu es le chef de la Section.
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Tous les matins don Camillo allait mesurer la fameuse crevasse du clocher et tous les matins il la retrouvait identique; elle ne s'élargissait pas mais elle ne diminuait pas non plus. Alors il perdit patience et un beau jour il envoya son sacristain à la mairie.

- Va dire au maire qu'il vienne voir cette catastrophe immédiatement. Explique lui que c'est grave et reviens.

Le sacristain alla et revient.

- Le maire dit qu'il vous croit sur parole ; il est convaincu que c'est grave, mais si vous tenez tout de même à lui faire voir la crevasse, portez le clocher à la mairie. Il reçoit jusqu'à cinq heures.
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Je ne voulais pas voir la Russie avec les yeux d'un touriste, mais avec tes propres yeux. Avec vos yeux. C'est une chose d'assister à un spectacle d'un fauteuil d'orchestre ou de la scène, c'en est une autre de le faire au milieu des figurants.
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(Préambule)
Mon temps de prison fut la période la plus intensément active de ma vie. J'avais à faire toutes sortes de choses pour rester vivant et j'y réussis tout à fait en m'imposant un programme que je peux résumer ainsi: "je ne mourrai pas, même si l'on me tue". Ce n'est pas facile, quand on est réduit à cinquante kilos d'os, y compris poux, punaises, puces, faim et mélancolie.
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