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Citations de Gisèle Bienne (90)


Aujourd'hui, depuis 2012 surtout, Staline est à l'honneur en Russie, on révise l'histoire, on la récrit. Le cas de Iouri Dmitriev en est un douloureux exemple. Archéologue et historien spécialiste des crimes commis sous l'ère stalinienne, Dimitriev, injustement accusé et emprisonné, aurait dû être libéré en novembre 2020.On l'avait condamné à treize ans de camp à régime sévère. Fin décembre 2021, le jugement définitif est rendu: quinze ans de réclusion criminelle.Son crime ? La recherche de la vérité historique.

( p.111 )
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Le dossier déchiré

Les autorités ont assis leur pouvoir sur la peur de l'autre.Tout mouvement de solidarité entre les détenus compromettrait le bon fonctionnement des camps.On est seul et indifférent aux autres.
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Je m'en pose une autre : Qu'avons-nous été imaginer au sujet de chacun ? Nous avons une fâcheuse tendance à former des clans, à construire des systèmes, à nous chercher des adversaires qu'on érige en ennemis, à couper les ponts avec eux sans tenter de revenir sur les raisons de la rupture. (p. 211)
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Début janvier 1972.Chalamov est à l'hospice (...)

Il paie le camp où écrire des vers était un des pires crimes.Des peines infligées pour seule activité littéraire , il en a bien vu, connu deux, si ce n'est davantage.il l'a dit, écrit, la peur d'un bout de crayon et d'un morceau de papier, tout le pays l'avait connue mais à la Kolyma si on écrivait pour se souvenir, on le faisait avec la peur d'être fusillé
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Je ne sais plus rien tout à coup, plus même qui étaient mes parents tant le merveilleux et le terrible étaient, à la maison, indissociables. On s'amusait, se disputait, criait, souffrait, oubliait, et ça recommençait (...) (p. 25)
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Gisèle Bienne
- Tu as dit quelques chose ?
- Moi ? Non. Rien, répond Marcel.
- Je croyais.
- Moi, j'ai rien dit.
- Qu'est-ce qu'il dit ? demande la mère de Marcel à Irénée.
- Il dit qu'il n'a rien dit.
( p 17 )
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Et quand Pierre Lazareff le met en boîte : " Hé, Blaise, tu l'as vraiment pris, le Transsibérien ? ", Blaise lui renvoie une jolie balle : " Qu'est-ce que ça peut te faire puisque je vous l'ai fait prendre à tous ! " Et c'est juste. J'ai l'impression, grâce à Cendrars, d'être montée dans le Transsibérien l'année de mes vingt ans. (p. 110)
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Il compose poème sur poème. Sur des bouts de journaux, sur des cahiers déchirés, au bord du ruisseau, partout, il griffonne des poèmes. Le froid et la faim le font encore souffrir, ses doigts douloureux lui obéissent mal mais réussir à former des mots l'enchante. Il voit avec bonheur les lettres courir sur la page du cahier, le monde se colore avec les mots qui lui reviennent et les mots sont impatients.

( p.147)
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Chanter fait autant de bien que rire un bon coup.
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Arrêté et déporté deux fois.

(...) Chalamov accomplit en écriture un voyage au bout de sa nuit et de celle de ses contemporains. (...)

L'histoire est dure, mais la lecture des " Récits" est stimulante, bienfaisante, là est le paradoxe.Les " Récits " opèrent comme oeuvre de résistance à la désintégration de l'humain.(...)
Chalamov, ni dieu ni maître, ne s'est plus rallié à aucun mouvement.
C'est sous cet éclairage que s'est produite ma rencontre avec ses textes qui, au bout du voyage, disent la victoire d'un homme bon sur les forces tentaculaires du mal.
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Je lis -La Prose- [du Transsibérien] à vingt ans, la nuit, dans une chambre à moi. Les livres sont notre meilleur avenir, je le crois. Je travaille pour m'en acheter, l'été, à l'usine des verreries mécaniques. Et tout à coup cette nuit-là, je suis heureuse. (...) Je sèche les cours. Bonheurs de jeunesse. Questions sur la valeur et le sens de la vie, sur le temps, le temps que l'on ne veut pas perdre, dont on voudrait actionner toutes les clés dans la même seconde. Quelque chose vient de m'arriver. Je me réchauffe à la braise de Cendrars. (p. 76)
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On savait depuis trois cents ans qu'il y avait de l’or dans cette région mais les stars ne s'étaient jamais résolus à le faire extraire au moyen des travaux forcés. Le pouvoir soviétique est passé à l'acte. La “frontière morale“ qui existait a été franchie, la frontière géographique aussi.
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Trop d'auteurs versent dans le nouveau roman et abandonnent tout vrai contenu. Ou bien ils se laissent séduire par le fantastique qui ne fait qu'exploiter les récentes découvertes de la science. Lui, il racontera l'histoire de son destin, de son âme, qui est aussi celle d'un État, d'une époque dans le monde. 
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Le Labyrinthe


(...)L'éclat miroir qu'il a conservé porte-il chance, se demandait Chamalov, ou ne reflète t-il pas les rayons du Mal qui l'empêche de se diluer dans le flot humain, là où personne ne connaît ni la Kolyma, ni l'ingénieur Kipreïev.(...)
Dix-sept années de camp dans l'extrême-Nord.
Dix-sept années d'écriture dans la chambre dont plusieurs auprès de Moukka (** son chat)

Parcelles de temps imbriquées dans une mosaïque conçue et agencée de manière aussi rigoureuse que mystérieuse, un paysage immense et complexe.
Nous y sommes pris, minuscules lecteurs, sans savoir très précisément où nous sommes tant les camps staliniens sont extensibles, mobiles, camps volants, installations s'emparant d'une colline, d'un coin de taïga, d'une montagne puis d'une autre.Fragments de texte cousus les uns aux autres à la façon des
" bourki" que se fabriquaient des " zeks", ces bottes en bouts de tissu.Ainsi chaussé le lecteur s'approche des cercles où ces hommes ont évolué dans l'illimité anonyme de la Kolyma.Les " Récits": paysages enchevêtrés à l'intérieur et à l'extérieur des barbelés, sauvés de l'oubli, une écriture qui ne se compare à aucune autre, un grand livre de la littérature russe du XXe siècle, de la littérature universelle.

( p.211)
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Je marche dans le champ moissonné. J'ai au coeur une grande peine, de la joie aussi. Mon amie d'enfance avait parlé de joie à mon sujet. Joie et peine, c'est ainsi, joie et peine sont souvent indissociables. Je marche dans la steppe de ces blancs pays sous un ciel uniformément bleu. (...) La bataille des champs. Je suis en voyage. C'est le voyage au bout des champs de blé. Les champs sont les pages d'un livre à écrire, livre d'histoire, de peinture. (p. 147)
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S'il s'est engagé, il le dira dans -La Main coupée-, c'est pour tenir un fusil et non un porte-plume, et puis "la guerre est une saloperie", mais il pense constamment à Moravagine, son double noir (...) "Ni de jour ni de nuit Moravagine ne m'a jamais quitté dans la vie anonyme des tranchées."Dans ce livre publié en 1926, Raymond, mutilé, visitant le centre neurologique du fort Sainte-Marguerite où l'on envoyait "les fous de l'armée, les archifous, les incurables", dit sa honte profonde d'être homme et d'avoir collaboré à ces choses horribles qu'ont servies les philosophies, les religions, les arts, les techniques et les métiers. (p. 59-60)
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(*Le mélèze)
Chalamov le considère comme un arbre très sérieux qui traverse les siècles. D'une grande force vitale, il pousse dans la terre gelée et développe un tronc gigantesque.C 'est " l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal, qui ne fût ni un pommier, ni un bouleau, c'est l'arbre qui était au jardin d'Éden avant qu'Adam et Ève n'en soient chassés ".

( p.144)
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Sylvain, l'homme aux grandes mains calleuses qui a soif de justice et parle franc, est l'oiseau jeté hors du nid. Le déshérité, c'est lui. (...)
C'est parfois cynique, un testament, ça peut s'amuser à casser des oeufs dans le nid originel ou, tout simplement, expulser du nid un oeuf particulier, coquille brisée, contenu répandu à terre, comprenne qui pourra. (p. 67)
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C'est en 1918, quand s'achève la guerre, que paraît son bref et percutant -J'ai tué- Son ami Fernand Léger l'a illustré de cinq dessins. (...)
Il fait preuve ici d'une franchise qui gêne beaucoup de monde et que j'apprécie. Je pense à nouveau à mon grand-père; il s'est débattu, après la guerre, contre des hallucinations récurrentes qui l'ont finalement terrassé et n'ont laissé derrière elles, pesant longtemps sur la famille, qu'un silence accablant. (...) Qu'est-ce qui fait qu'on résiste à la violence, qu'on s'y soumet, qu'on la sert, qu'elle nous exalte ou qu'elle nous brise ? Une forme d'exorcisme est-elle possible ? L'écriture a-t-elle aidé Cendrars ? Il écrit vite, comme s'il craignait de manquer son but ou comme si, seule, la vitesse en écriture lui permettait d'aller au fond des choses. (p. 102-103)
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À la Kolyma, on lui avait plusieurs fois proposé de passer chef de brigade, il a toujours refusé. Parce qu'il n'est de fonction plus vile que celle de lèche-gamelle, " rien de pire que de commander le travail des autres ".La liberté ne doit pas servir à opprimer autrui, à contribuer à son assassinat lent ou rapide.

( p.94)
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