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Citations de Giuseppe Catozzella (39)


Depuis que je vivais dans la forêt, la lumière m’impressionnait plus que tout. Elle se présentait timidement au lever du jour, attendait que le soleil eût dépassé les troncs d’arbre pour éclater dans le ciel et tout brûler. Je contemplais ce miracle chaque matin en ouvrant bien les yeux : la lumière se soustrayait à l’injustice et ranimait ma combativité. Pour nous, le moment de nous venger était arrivé.
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Étourdie et stimulée à la fois par le froid, j’inspirais et soufflais de gros nuages de vapeur dense. Je n’avais qu’une seule envie : courir encore et encore, narguer l’air mordant, aussi aiguisé qu’une lame, me perdre.
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Peut-on tuer un individu de son propre sang ? Continuais-je de me demander en m’enfonçant dans la forêt. J’avais commis le plus ancien des péchés, mais la forêt soufflait son haleine sur mon cou et sur mon dos, m’enveloppant dans un manteau invisible, pour se refermer derrière moi. Qui était coupable ? Ma personne, ma famille, l’ancien Royaume, ou l’Italie ? Portais-je seule la responsabilité de mes actes ou fallait-il la diviser par mille, par nous tous ?
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L’attachement que nous développons pour les objets est étrange. Bientôt, la bague que Pietro avait glissée à mon annulaire droit s’est substituée à sa présence.
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Lorsque le courage nous manque, nous nous contentons d’arguer que les mots ne sont que des mots, alors que ce sont des armes pour changer le monde.
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Quand on se conduit comme un mouton ,on finit dans la gueule des loups.
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Voilà donc l'alternative qui s'imposait aux Italiens, pensais-je : se conduire soit en flagorneurs, prédateurs, buses et chouettes; soit en voleurs, criminels, brigands, bouquetins.
"Vive l'Italie! ai-je dit. Le pays où tout l monde est en guerre contre tout le monde. Si c'est ça, la justice, je préfère mon père à la justice."
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Tribunal militaire de Catanzaro 16 février 1864

 « Nous faisons savoir qu’elle s’est présentée ici, vêtue comme un homme d’un gilet en drap de couleur, d’une veste et d’un pantalon en drap noir, la tête enveloppée dans un foulard. »
« Je m’appelle Maria Oliverio, née Biaggio, âgée de vingt-deux ans. Née et domiciliée à Casole, Cosenza, sans enfant, épouse de Pietro Monaco. Tisserande, catholique, illettrée. »

En réalité, je ne suis pas illettrée, j’ai appris à lire et à écrire pendant quatre ans à l’école, puis dans les livres que je volais en cachette à mon mari Pietro ; mais, avec la loi, mieux vaut simuler l’idiotie quand vous n’êtes qu’une tisserande.
J’ai échoué devant le juge militaire comme à Mardi gras, les cheveux coupés court, le visage sale et marqué par deux années dans les montagnes, les ongles cassés. On m’a débusquée à l’intérieur d’une grotte située dans le bois de Caccuri, au cœur de la Sila 1 ; à mes pieds, la vallée ensoleillée et profonde ; en face, telle une bouffée d’air, le Mont Carlomagno et le Monte Scuro. J’étais tapie là depuis des semaines, comme un ours.

L’antre était profond et humide, peuplé de vers et de musaraignes, il possédait une entrée minuscule, mais s’élargissait ensuite et, l’absence de lumière exceptée, je n’y étais pas mal lorsque je faisais du feu. Il me restait une boîte d’allumettes de bonne qualité et, la nuit, je m’offrais une belle flambée avec le bois que j’avais mis à sécher au soleil. J’y avais installé un lit de rameaux et d’aiguilles de pin, ainsi qu’un petit autel en pierre, doté d’une croix rudimentaire, qui me tenait compagnie. C’est dans la forêt que j’ai commencé à chercher Dieu ; auparavant, je n’avais pour lui que des prières de convenance qui me servaient à éloigner la peur chaque fois qu’elle me prenait. Dehors, les troncs des mélèzes étouffaient les cris des milans, les hurlements des faucons pèlerins, les vols en piqué des circaètes jean-le-blanc. Au cours de ces journées et de ces nuits interminables, je repensais à mes parents, à ma sœur Vincenza, à mes frères Salvo, Angelo et Raffaele, à mon diable de mari Pietro, que nous avions abandonné, mort, brûlé vif, dans un triste nid d’aigle.

(INCIPIT) 
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"La liberté des messieurs est not'condamnation",affirmait-elle,mais comme si cela ne la concernait pas vraiment, pas totalement, comme s'il s'agissait d'une loi de la nature à accepter telle quelle.
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En vérité, je taisais mes sentiments pour une raison précise : le seul fait de les formuler les ancrait dans la réalité
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J'aime tous les hommes libres. Pas tous les hommes, seulement ceux qui sont libres. Surtout les femmes, les femmes libres.
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On avait ramené à la maison, sur une charrette tirée par un mulet, son corps recouvert d’un petit drap qui ne dissimulait pas grand-chose. Il s’était éteint dans la nuit, victime d’un malaise dû à un travail excessif, à une nourriture insuffisante, à l’éloignement de sa famille et aux dettes, pendant qu’on faisait une révolution à laquelle il n’avait jamais vraiment cru. Je l’observais à la lumière des bougies, dans cette pièce où nous avions mangé et dormi toute notre vie et où, à présent, quelques voisines priaient et pleuraient, assises le dos contre le mur. Je me suis approchée et j’ai murmuré à son oreille : « Tu avais raison, papa. Chez nous, les choses ne changent que pour éviter de changer. »
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Les tissus des Gullo étaient célèbres dans le Royaume, non seulement en Calabre, mais aussi dans les demeures des riches Napolitaines, et l'on disait que Marie-Thérèse [épouse du roi des Deux-Siciles] (...) conservait les plus beaux dans le palais royal de Caserte, sans imaginer peut-être que des femmes au dos courbé, aux doigts paralysés, aux yeux abîmés les avaient produits.
(p. 31)
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Lorsque le courage nous manque, nous nous contentons d'arguer que les mots ne sont que des mots, alors que ce sont des armes pour changer le monde.
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Les "messieurs" bourboniens, eux, nous considéraient comme des idiots, ils nous traitaient de culs-terreux et, parce qu'ils avaient fait quelques années d'études de plus, nous regardaient avec suffisance. Nous avions pourtant un cerveau pour penser, et comment ! Nous étions juste obligés de nous taire, raison pour laquelle ils se croyaient plus intelligents.
p 34
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J’étais comme ce cheval, folle, dans un monde indifférent où les choses changeaient sous la surface – des changements que j’étais la seule à pressentir, la seule à voir –, alors que tout restait identique en surface, à la lumière du jour. Pietro allait faire son service militaire parmi des milliers de garçons qui partaient en silence, à tout juste dix-neuf ans, sans savoir qu’ils allaient construire l’Italie.
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Je regrette de ne pas avoir été plus heureuse. Chez nous, le mot "bonheur" est interdit, or je savais qu'il existait et j'aurais dû y croire. Lorsque le courage nous manque, nous nous contentons d'arguer que les mots ne sont que des mots, alors que ce sont des armes pour changer le monde.
p 350
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Certains construisaient des fortunes inimaginables sur les vers à soie; nous autres,nous mangions des larves de scarabée.
p 64
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Il se levait brusquement ou me réveillait pour me lire un passage, comme si en dépendaient notre avenir et, plus encore, celui de la Calabre, de l’Italie qui n’existait pas.

La misère est la principale raison, la source intarissable de tous les maux de la société, un abîme grand ouvert qui engloutit toutes ses vertus. La misère aiguise le poignard de l’assassin, prostitue la femme, corrompt le citoyen, procure des satellites au despotisme. L’ignorance est sa conséquence immédiate. La misère et l’ignorance sont les anges tutélaires de la société moderne, les soutiens sur lesquels sa constitution s’échafaude. Tant que ne seront pas assurés à chacun les moyens nécessaires pour l’éducation et pour l’indépendance absolue de la vie, la liberté restera une promesse trompeuse.
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La misère est la principale raison, la source intarissable de tous les maux de la société, un abîme grand ouvert qui engloutit toutes ses vertus.
La misère aiguise le poignard de l’assassin, prostitue la femme, corrompt le citoyen, procure des satellites au despotisme. L’ignorance est sa conséquence immédiate. La misère et l’ignorance sont les anges tutélaires de la société moderne, les soutiens sur lesquels sa constitution s’échafaude.
Tant que ne seront pas assurés à chacun les moyens nécessaires pour l’éducation et pour l’indépendance absolue de la vie, la liberté restera une promesse trompeuse.
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