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Citations de Giuseppe Ungaretti (241)


IL TE DEVOILERA

Reviens-moi, bel instant.

Jeunesse, parle-moi
En cette heure comme un gouffre.

Beau souvenir, assieds-toi un moment.

Heure de lumière noire dans les veines
Et des stridulations muettes des miroirs,
Des faux abîmes de la soif...

De la poussière plus profonde aveugle
Le bel âge promet :

Avec cette tendresse des premiers pas, lorsque
Le soleil aura touché
La terre de la nuit
Et dénoué chaque fumée en fraîcheur,
En retournant au ciel plus pâle
Il te dévoilera, le corps rieur.

1931
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Giuseppe Ungaretti
Survie de l'enfance

I
Un abandon me saisit à la gorge
Là où il me reste un peu d'enfance.

Signe du malheur à calmer.

Cet inlassable appel
Étranglé par une souffrance qui s'acharne
Tel est le sort de l'exilé.

II
Il me reste encore quelque enfance.

De m'y abandonner voici ma manière
De courir hors de moi
Serré à la gorge.

Sera-ce le sort de l'exilé

C'est pour mon malheur à calmer
Que je cours en aveugle,
Et que je cours vers toi sans cesse torrent
Qu’étrangle la souffrance.

(Traduit par Piero Sanavio)
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SOLITUDE


Le jour la solitude me protège,
Mon bouclier, dans la nuit, c'est l'angoisse.

Dans mon ombre je scelle ta pensée,
Son écrin est une âme enfant.

L'instant de la première rencontre est passé,
Ton bref retour le lendemain
M'a comme enfouie sous un tertre de siècles.
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De ces maisons
il n'est resté
que quelques
moignons de murs

De tant d'hommes
selon mon coeur
il n'est pas même
autant resté

Mais dans le coeur
aucune croix ne manque

C'est mon coeur
le pays le plus ravagé

27 août 1916
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J'AI TOUT PERDU

J'ai tout perdu de l'enfance,
Jamais plus je ne pourrai
Perdre mémoire à crier.

L'enfance, je l'ai enfouie
Au fond des nuits.
A présent, lame invisible,
Elle me coupe de tout.

Je me souviens comment
J'exultais de t'aimer,
A présent je suis perdu
Dans l'illimité des nuits.

Désespoir incessant, croissant,
La vie ne m'est plus rien,
En travers de la gorge,
Qu'un roc de cris.
1937
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Giuseppe Ungaretti
Je m’illumine d’immense.

M'illumino d'immenso.
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Poids

Ce paysan
se fie à sa médaille
de Saint-Antoine
et va léger

Mais bien seule et bien nue
et sans mirage
je porte mon âme

Mariano, 29 juin 1916
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AGONIE

Mourir comme les alouettes altérées
sur le mirage

Ou comme la caille
passée la mer
dans les premiers buissons
parce qu'elle n'a plus désir
de voler

Mais non vivre de plaintes
comme un chardonneret aveuglé
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Giuseppe Ungaretti
TROIS NOTES


Extrait 3

L’été a tout brûlé,
mais le coquelicot retrouve
son sang dans l’ombre,
et voix de lune
est la voix qui s’égrène,
et la tristesse de l’homme
n’est qu’un roseau,
l’oreille au guet,
mais il est sans crainte et sans pitié.
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IN MEMORIAM

Son nom c'était
Mohamed Scheab

Descendait
des émirs nomades
s'est suicidé
parce qu'avait
plus de Patrie

Aimait la France
changea de nom

Il fut Marcel
mais pas Français
savait plus vivre
sous la tente des siens
où l'on écoute
la cantilène du Coran
en buvant du café

Et ne savait
pas délivrer
la chanson
de son abandon

Je l'ai suivi
avec la patronne de l'hôtel
où nous vivions
à Paris
au numéro 5 de la Rue des Carmes
une ruelle en pente les murs fanés

Il repose
au cimetière d'Ivry
un faubourg qui semble
éternellement
dans une journée
où s'en va la foire

Et peut-être suis-je seul
à savoir encore
qu'il à vécu

Locvizza, 30 septembre 1916
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Giuseppe Ungaretti
Et voilà, un jour j'ai permis que fût donné à l'impression mon premier recueil de poésies, et la faute en fut tout entière à Ettore Serra. A dire le vrai, ces feuillets : cartes postales en franchise, marges de vieux journaux, blancs espaces de chères lettres reçues - sur lesquels depuis deux ans je faisais jour après jour mon examen de conscience, les fourrant ensuite dans la musette, les emmenant vivre avec moi dans la boue de la tranchée ou m'en faisant un oreiller dans les rares repos, n'étaient destinés à aucun public. Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'est un public, et je n'avais pas voulu la guerre et je ne participais pas à la guerre pour recueillir des applaudissements, j'avais, et j'ai aujourd'hui encore, un tel respect devant l'immense sacrifice que représente la guerre pour un peuple, que tout acte de vanité dans de pareilles circonstances m'eût semblé une profanation - (...)
Tel était l'état d'esprit du soldat qui s'en allait ce matin-là par les rues de Versa, portant ses pensées, quand il fut accosté par un petit lieutenant. Je n'eus pas le courage de ne pas me confier à ce jeune officier qui me demanda mon nom, et puis se fit timide, et je lui racontai que je n'avais d'autre réconfort que de me chercher et de me trouver dans quelques mots, et que c'était ma façon de progresser humainement.
Ettore Serra emporta avec lui la musette, mit de l'ordre dans les bouts de papier, m'apporta, un jour que nous gravissions enfin le Mont San Michele, les épreuves de mon "Port enseveli".

G. Ungaretti, 1967
L'Herne, n° 11, Ungaretti.
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MATIN

Je m’éblouis
d’infini
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Giuseppe Ungaretti
La technologie et les sciences ont fait un énorme pas en avant, mais la morale n'a pas connu un progrès analogue.

Cité par Giuseppe Mendocino, Préface, Le courage de dire non de Mario Rigoni Stern, p. 11
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Giuseppe Ungaretti
J'ai revu les collines, les pins que j'aimais,
Et la voix natale de l'air,
De ne plus l'entendre avec toi
Me brise au moindre souffle.
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PAIX

Les raisins sont mûrs, le champ labouré,

La montagne se détache des nuages.

Sur les miroirs poudreux de l'été
L'ombre est tombée,

Entre les doigts incertains
Leur lumière est claire
Et lointaine.

Avec les hirondelles s'enfuit
Le dernier déchirement.
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Le véritable amour est une quiétude en flamme
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SOLILOQUE
3

L'amour que j'ai pour toi,
Amour, fait des miracles,
Et quand tu crois m'avoir fui,
Je te surprend, mon amour, qui te leurres,
La pureté revenue
M'illuminer les yeux.
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PHASE D' ORIENT

Dans la mollesse mouvante d'un sourire
nous nous sentons noués par un tourbillon
de bourgeons de désir

Le soleil nous vendange

Nous fermons les yeux
pour voir nager sur un lac
des promesses infinies

Nous en revenons marquer la terre
avec ce corps
qui à présent pèse si fort.


Versa, 27 avril 1916
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PETIT MONOLOGUE - extraits
     
Se souvenir est signe de vieillesse,
Aujourd'hui je me suis souvenu de quelques haltes
De mon long séjour sur la terre
     

Avec, resurgi de l'ombre
Le faible tremblement des flammes
Sur la brûlure
D'un peu de cire vierge,
Et le jour, quelques temps après, nommé :
Tu es poussière, et tu retourneras à la poussière ;
Dans ce vide, par impatience d'en sortir,
Chacun, et nous aussi vieillards
Pleins de regrets
— Et nul ne sait sans en faire l'épreuve
Combien l'illusion étrangle
Qui ne vit que de regrets — ;
Impatient, dans ce vide, chacun délire,
Futilement, s'acharne
A se réincarner dans quelque fantaisie
Qui elle aussi sera vaine,
Et sa stupeur est grande,
Car les leurres du temps se renouvellent
Si vite qu'on ne s'en aperçoit point.
Aux enfants seuls siéraient les songes
Ils possèdent la grâce de candeur
Qui guérit tout dommage, si d'un souffle
Elle change les voix en elle, ou les rénove...
Mais l'enfance, pourquoi
Si vite devient-elle souvenir ?
Il n'est rien d'autre sur la terre, rien
Qu'une lueur de vrai
Et le néant de la poussière,
Même si, incurable fou
Vers l'éclair des mirages,
Dans son secret et dans ses gestes, le vivant
Semble se tendre toujours.
     
Un cri et des paysages 1939-1952 (à Jean Paulhan)
Traduit de l'italien par Philippe Jaccottet
pp. 263-264.
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Giuseppe Ungaretti
Il ne s'agit pas d'une citation mais d'un commentaire de la revue GENESIS qui a pour titre
"Giuseppe Ungaretti et le processus de création circulaire"

Celle-ci est consultable sur internet, en voici le lien : https://journals.openedition.org/genesis/2429

Je vous livre ici le début de cette passionnante étude qui analyse le mouvement d'autotraduction dans l’œuvre d'Ungaretti.

Giuseppe Ungaretti représente un cas célèbre d’écrivain bilingue franco-italien. Bien que ses textes publiés directement en français datent des deux premières décennies du XXème siècle, l’essentiel de son œuvre est en fait caractérisé par un incessant mouvement d’autotraduction entre les deux langues, qui s’accompagne de nombreux remaniements et variations. Cependant, les éditions italiennes de référence ne mentionnent pas ce passage entre les langues. Le processus de traduction et de variation a lieu quand l’auteur, au lieu de s’autotraduire, collabore avec un traducteur. Ungaretti est également un traducteur renommé d’autres poètes. Le dossier inédit que nous allons mettre au jour et analyser montre que, après avoir contribué à la traduction française d’un poème italien très personnel, Giuseppe Ungaretti revient sur le texte d’origine et le modifie à la lumière de cette expérience traductive, pour enfin le retraduire en français avec d’autres traducteurs. Dans cette genèse bilingue, les diverses étapes d’écriture, traduction, réécriture et retraduction suivent un parcours itératif qui va d’une langue à l’autre : nous proposons d’appeler ce phénomène le « processus de création circulaire ».
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