J'ai vu un jour un documentaire su Glenn Gould. Un truc intellectuel, pour musicien chevronné. Je ne le suis pas, malheureusement. Je ne connais Gould que par ses Variations Goldberg, que j'adore. J'ai découvert qu'il en avait fait deux enregistrements, un de jeunesse et l'autre en pleine maturité. Je les écoute en alternance, sans savoir lequel j'aime le plus. Mon grand-père qui lisait la musique, aimait la dernière version, plus fidèle selon lui.
Bref, je ne suis pas mélomane.
Cette interview est loufoque, un peu égotique (forcément quand on se fait soi même parler de soi. Bibi parlant de bibi à bibi). Une thérapie à pas cher, en quelque sorte !
On en profite pour découvrir un Gould qui se contredit, vit entre deux idées, n'est pas un esthète, juge l'art sévèrement, n'explique pas son retrait de la scène mais donne des clefs, notamment dans la façon dont il a apprécié (le mot est faible, jouit plutôt) le concert de Karajan dirigeant la 5eme de Sibelius.
C'est étrange, iconoclaste, dérangeant, drôle et instructif.
L'artiste raisonnait aussi sur son art et sur lui même, semble-t-il. Était-ce la base de son talent ?
En tous cas, c'est un petit opuscule plaisant, que je recommande !
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A vrai dire j'ai lu la moitié de ce livre parce que c'est un recueil d'entretiens et que les réponses reviennent parfois alors j'ai eu l'impression d'en avoir appris suffisamment pour le moment mais il n'est pas dit que je ne le reprendrai pas plus tard car c'était une lecture agréable et inspirante.
J'ai eu envie d'en savoir plus après avoir lu la bande dessinée biographique de Sandrine Revel et découvert que Glenn Gould avait dû adapter sa vie à son syndrome d'Asperger (à mon avis).
J'ai retrouvé le récit de sa vie musicale, sa conception de la musique et des concerts.
J'ai été fascinée de découvrir la seconde partie de sa vie professionnelle et son investissement dans la réalisation de documentaires radiophoniques. C'est en tout cas un esprit passionnant et un très beau livre d'entretiens avec des photographies de l'artiste pour illustrer ses propos.
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Glenn Gould se joue, dans ce court texte publié initialement dans un magazine américain en 1974 et traduit ici en français pour la première fois, de son image de génie autiste et coupé de son public. Il s'en amuse, s'explique et creuse cette intéressante brèche par le truchement jubilatoire d'une interview de lui-même, par lui-même, sur lui-même.
Cette relation triangulaire est elle-même mise en abîme par sa réflexion sur les rapports ambigus entre le public, l’œuvre et l'artiste. Un régal.
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La lecture de cette interview de G.G. par g.g. à propos de Glenn Gould ne m'a pas seulement beaucoup amusé; elle m'a donné matière à méditation jusqu'au vertige.
Ceci dit, passons à la pratique et méditons cette déclaration: "Eh bien, je pense qu'on devrait donner à l'art une chance de disparaître progressivement de lui-même. Je crois nous devons accepter le fait que l'art n'est pas inconditionnellement bénéfique, qu'il est même potentiellement destructeur. Nous devrions analyser les domaines dans lesquels il a tendance à faire moins de mal, les utiliser comme un fil directeur, et construire à l'intérieur même de l'art un élément qui lui permettra de présider à sa propre obsolescence." (pp. 36-37)
Voilà qui ressemble à un formidable projet post-Duchamp (selon ma propre interprétation du travail de Marcel Duchamp qui veut que tout ceux qui revendiquent le statut d'"artiste" après lui sont des faux-culs). Glenn Gould aurait-il été le seul véritable artiste d'art contemporain?
On s'amuse vraiment beaucoup à la lecture de ce petit livre rose.
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