Santiago Amigorena le Premier Exil - éditions P.O.L : où Santiago Amigorena tente de dire de quoi et comment est écrit "Le Premier Exil", et où il est question notamment d'Uruguay et d'Argentine, d'autobioencyclopédie et d'ironie, d'un premier exil et d'un deuxième exil, de l'enfance et de la langue, de Don Quichotte de Cervantès et de Tristram Shandy de Laurence Sterne, du silence et de l'amour, du "Ghetto intérieur" et de la "Première défaite", de Marcel Proust et de James Joyce, à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L - Paris le 11 mai 2021
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Nous perdons quelquefois le droit de nous plaindre en nous abstenant trop longtemps de le faire, — mais le plus souvent le gain est immense : nous triplons l'effet des premières plaintes que nous proférons.
LA VIE ET LES OPINIONS DE TRISTRAM SHANDY : Livre II, Chapitre IV.
Chaque fois qu'un homme sourit et mieux encore lorsqu'il rit, il ajoute quelque chose à la durée de sa vie.
(I am persuaded that every time a man smiles - but much more so when he laughs - it adds something to this fragment of life.)
Le respect de soi conduit aux valeurs morales, le respect des autres conduit aux bonnes mœurs.
(Respect for ourselves guides our morals ; respect for others guides our manners.)
Les trous de serrure sont l'occasion de plus de péchés et de méchancetés, que tous les autres trous du monde.
(Keyholes are the occasions of more sin and wickedness, than all other holes in this world put together.)
Ce dont je suis certain c'est que, de tous les maux qui tourmentent, le plus torturant est bien de rester dans l'incertitude ; et s'il faut se résoudre au pire, qu'au moins nous en ayons le cœur net !
Livre IV, Chapitre XXII.
Il n'est rien en ce monde […] qui ne soit farci de virtualités farcesques, et ne détienne en son fonds matière à franche rigolade, — ou qui ne recèle en puissance intelligence et instruction, — pour peu que nous sachions les découvrir.
Livre V, Chapitre XXXII.
Définir — c'est se défier.
VIE ET OPINIONS DE TRISTRAM SHANDY, Livre III : chapitre XXXI.
Les libres penseurs sont généralement ceux qui ne pensent jamais.
(Free thinkers are generally those who never think at all.)

Smelfungus revenoit de ses voyages, et je le rencontrai encore à Turin… Il n’eut que de tristes aventures sur la terre et sur l’onde à me raconter. Il n’avoit vu que des gens qui s’entre-mangent, comme les anthropophages… Il avoit été écorché vif, et plus maltraité que Saint-Barthelemy, dans toutes les auberges où il étoit entré.
Oh ! je veux le publier dans tout l’univers, s’écria-t-il. Vous ferez mieux, lui dis-je, d’aller voir votre médecin.
Mundungus, homme dont les richesses étoient immenses, se dit un jour : allons, faisons le grand tour. Il va de Rome à Naples, de Naples à Venise, de Venise à Vienne, à Dresde, à Berlin… et Mundungus, à son retour, n’avoit pas retenu une seule anecdote agréable… ou qui portoit un caractère de générosité… Il avoit parcouru les grandes routes sans jeter les yeux ni d’un côté ni de l’autre, de crainte que l’amour ou la compassion ne le détournât de son chemin.
Que la paix soit avec eux, s’ils peuvent la trouver !
Les digressions sont incontestablement la lumière, la vie, l’âme de la lecture. — Ôtez-les par exemple de ce livre, il serait aussi bon de mettre le livre tout-à-fait de côté. — Une langueur accablante, une monotonie insipide régneraient à chaque page ; il tomberait des mains. — Rendez-les à l’auteur ; il brille, il amuse, il se varie, il chasse l’ennui.
Le seul point est de savoir les manier adroitement, pour qu’elles soient utiles au lecteur et à l’auteur. On ne conçoit pas l’embarras qu’elles causent ordinairement à un écrivain. — Son sort est digne de pitié. — J’en vois qui commencent une digression, et j’observe que l’ouvrage dès ce moment est arrêté. — Continuent-ils le sujet principal : il n’y a plus de digression.