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Citations de Goran Petrovic (78)


« Il existe trois sortes de lecteurs, selon la classification de Goethe, ce grand pointilleux. La première prend du plaisir sans analyser. La troisième analyse sans prendre du plaisir. Et, entre les deux, il y a celle qui analyse tout en prenant du plaisir et prend du plaisir tout en analysant. C’est cette dernière qui, en fait, recrée l’œuvre.« 
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Elle dit au facteur qu’elle sera absente pendant quelques jours. Décommande le laitier. Recouvre les meubles de toile blanche. Fait ses bagages comme si elle partait en voyage de l’autre côté de l’Atlantique. Verrouille sa porte. Puis elle s’installe dans son fauteuil en osier et lit. Je ne sais ce que vous en pensez, mais moi, je trouve ça extrêmement, extrêmement suspect !
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Les cinquante deux ingrédients pour concocter huit amulettes :
Pour huit amulettes contre tous maux et toutes adversités, il faut réunir :
un reflet de la lettre alpha renvoyé par l’oeil gauche, un petit cercle né d’une libellule et de la surface de l’eau, une pincée de douce poussière de pollen, une écaille de voûte céleste pas plus grande que l’ongle d’un pouce, un bref froissement de surgeon d’if en train de croître, l’interdit éternel de se retourner pour regarder derrière soi, de la force germinale proportionnée aux porteurs des amulettes, une double dose d’espoir, la paire d’ailes d’un beau rêve, le froufrou d’un pigeon qui s’envole, un croisement de points de vue, autant de flocons de neige qu’il s’en peut poser sur de longs cils, autant de mots d’amour que peut en contenir une bouche, la valeur d’une narine d’immortelle, une bonne inspiration de chacun des quatre vents, autant que possible de lumière printanière, de l’immesurable ténacité d’un secret (…), un soupçon de couleur de papillon de jour, un petit bouquet de la magie d’un trousseau de clefs, une granule de froissement de scarabée,(…), un regard qui se perd entre les arbres d’une forêt, … un mouchoir d’ombre de figuier d’après-midi….
Tracer autour de tout cela un cercle et ajouter un reflet de la lettre oméga renvoyé par l’oeil droit.
p 53-54
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Boîtes en fer blanc
Au début nous ne rangions pas nos souvenirs dans des boîtes. Nous les laissions simplement traîner partout autour de nous, en les poussant, les déplaçant et les oubliant pour un temps. On les tenait dans les fissures des murs, sous les tapis, parmi les vieilles choses remisées, dans les poches des manteaux que l’on ne portaient pas, entre les pages des livres, dans les armoires et les bouquets de fleurs sèches. Puis, quand tous les endroits « secrets » en regorgeaient, nous tombions quotidiennement sur eux, nous les retrouvions par hasard en faisant le ménage ou en cherchant une place pour de nouveaux souvenirs. Nous avons bientôt compris qu’un désordre pareil ne pouvait être plus longtemps toléré, et que nous risquions aussi de voir un souvenir important se perdre, se faire manger par les mites ou attaquer par l’humidité. C’est pourquoi, un samedi, nous avons organisé un grand ménage. Nous avons sorti tous les souvenirs à la lumière du jour, les avons brossés, exposés au soleil, puis enveloppés dans des morceaux de toile cirée, et pour finir rangés dans des boîtes à biscuits, à tabac ou à bonbons. Nous n’en avons jeté aucun (même pas le plus désagréable), car on ne jette pas les souvenirs, pour éviter qu’un jour puisse se trouver aux ordures une partie de nous-mêmes plus grande que celle qui nous reste. p 214
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(…) le voyageur (= le lecteur) est libre de composer chemin faisant son petit atlas. Bien entendu, il lui revient de décider comment employer les matériaux disponibles, dans quel ordre construire, où prévoir les jointures, où percer des ouvertures, bref, à quel point orner l’atlas de son propre imaginaire. Le cartographe espère que les matériaux de construction proposés permettront de bâtir une demeure riche d’une vaste vue. Cependant, son plaisir ne serait pas écorné d’un sourire si, avec ces matériaux le voyageur bricolait un simple gîte d’une nuit, douillet et chaud. p 13
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Depuis un an, en lisant, il lui semblait parfois rencontrer d'autres lecteurs. De temps en temps, peu souvent, mais toujours plus nettement, il se rappelait ces autres personnes, pour la plupart des inconnues, qui lisaient en même temps que lui le même livre. Il se rappelait certaines choses très précises comme s'il les avait vraiment vécues. Vécues par tous les sens. Bien sûr, il n'en avait jamais parlé à qui que ce fût. On l'aurait pris pour un cinglé. Au mieux, pour un toqué.
A vrai dire, en réfléchissant sérieusement à ces phénomènes étranges, il arrivait à la conclusion que sa personnalité vacillait dangereusement à l'extrême limite de la raison. Ou n'était-ce là qu'une illusion due à un excès de littérature et à une carence de vie ?
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Dès l'époque d'Ouroch 1er, il était d'usage de poser aux frontières du royaume des filets dans lesquels le vent apportait diverses voix et paroles du pays et de l'étranger. Des agents spécialisés, appelés furets, choisis pour leur curiosité naturelle, triant minutieusement tous les matins leur contenu et en faisaient de petits tas en séparant l'important de l'insignifiant. Après les nuits venteuses, les filets débordaient et on y trouvait de tout : tendres chuchotis amoureux venus de la lointaine Antioche, fragments les plus grossiers d'une dispute entre deux boulangers de Thessalonique, voix forte d'un esclave qui, en jouant du bâton et en lançant l'avertissement «Écartez-vous, laissez passer», ouvrait le chemin à son maître dans la cohue du forum de Constantinople, airs sifflés pour se distraire par un vagabond ou quelque caravanier ragusain qui suivait le lit de la Drina, et autres fariboles.
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"Il existe trois sortes de lecteurs, selon la classification de Goethe, ce grand pointilleux. La première prend du plaisir sans analyser. La troisième analyse sans prendre du plaisir. Et, entre les deux, il y a celle qui analyse tout en prenant du plaisir et prend du plaisir tout en analysant. C'est cette dernière qui, en fait, recrée l'oeuvre (....)" (p. 22)
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À ce jour, on n’a pas encore découvert les principes qui régissent la perméabilité de l’âme humaine. Alors que dans les unes tout s’écoule aussitôt comme à travers un tuyau sans rien ennoblir au passage, dans les autres pas une goutte de ce qui les pénètre ne ressort, comme si tout butait contre une plaque de granit. .......
.....Et puis, il y a celles qui renvoient dans le monde précisément l’essentiel et, qui sait pourquoi, gardent jalousement en elles l’insignifiant.
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D'ailleurs qu'est-ce qui détermine que telle photo prendra place dans un album, un cadre ou un médaillon, et que telle autre restera à jamais dans une boîte à chaussures , Est-ce le souci de l'idée que l'on se fera un jour de nous qui décide? celui de l'image de nous que nous présenterons aux autres ?
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Il mérite une pleine coupe de reconnaissance sincère, le bel usage qu'avaient les anciens cartographes d'essayer leur plume sur la première page de leurs atlas avant de se mettre à en dessiner les cartes, et ce non seulement pour s'assurer du bon état de leurs instruments et de la fermeté de leur main, mais aussi pour aider en quelques mots le voyageur à se repérer dans ce qui l'attend. Comme notre plume est bonne – quelle joie de voir le pitoyable Vide reculer d'effroi devant sa pointe ! –, il nous reste à dévoiler un petit quelque chose (mais pas plus) de l'idée qui la guide.
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C'est à cause de ce frémissement qui est en vous. D'ailleurs, c'est bien d'une harmonieuse vibration des sens que naissent les mélodies...
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Avec le temps, les miracles s'éliment à force de se frotter sans cesse à l'incrédulité.
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Il faisait maintenant plus chaud dans la pièce qu'au moment où elles avaient commencé leur lecture, on y sentait les immensités des eaux qui, depuis des siècles, depuis la création du monde peut-être, coulent on ne sait d'où, vers on ne sait où...
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La nuit, on pouvait atteindre la mer de la Sérénité sur la Lune dans des bateaux en papier pourvus de voiles recouvertes de poèmes.
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Parmi les vrilles de ces tiges volubiles, la jeune fille repéra aussitôt des titres en anglais et en d'autres langues étrangères, aux graphismes somptueux dans une étagère à part, vitrée, réunis là comme quelques espèces exotiques d'au-delà des mers, exigeant des soins particuliers et des conditions climatiques spéciales. Pour atteindre les rangées les plus élevées, il y avait une échelle mobile rappelant celles que l'on utilise pour élaguer ou greffer les arbres fruitiers, de sorte que ces dernières activités et celles de couper les pages d'un livre parurent à Iéléna de natures toutes similaires. (...)

(p.44)
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Depuis un an, en lisant, il lui semblait parfois rencontrer d'autres lecteurs. De temps en temps, peu souvent, mais toujours plus nettement, il se rappelait ces autres personnes, pour la plupart inconnues, qui lisaient en même temps que lui le même livre. (...)
Ou n'était-ce là qu'une illusion due à un excès de littérature et à une carence de vie ?

(p. 16)
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Les tirades habituelles de Moïssilovitch ne péchaient jamais par la concision ; le jeune homme se disait qu'en guise d'études le propriétaire n'avait certainement suivi que des cours d'anatomie, pour apprendre à écorcher quelqu'un sans le tuer tout à fait, afin qu'il puisse continuer de payer.
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On ne jette pas les souvenirs, pour éviter qu'un jour puisse se trouver aux ordures une partie de nous-mêmes plus grande que celle qui nous reste
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Ce sans quoi on peut et ce sans quoi on ne peut pas dresser une carte.
Pour dresser les cartes, on peut se passer de bien des choses : chaîne, corde, pas, triangle, boussole, astrolabe, théodolite, échelle, compas, crayon, gomme, règle, micromètre, planimètre, rapporteur, curvimètre, longue-vue, planchette, éclimètre, jumelles, tachéomètre, quadrant, niveau, dioptre et sextant.
On ne peut pas dresser de carte sans courage.
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