Citations de Grand Corps Malade (285)
Je découvre les joies de l’autonomie zéro, de l’entière dépendance aux humains qui m’entourent et que je ne connaissais pas hier.
Et l'existence est fragile comme une vertèbre cervicale.
(…) trop dérangé par les aléas du présent pour m'occuper du futur.
Quand tu es dépendant des autres pour le moindre geste, il faut être pote avec la grande aiguille de l'horloge. La patience est un art qui s'apprend patiemment.
Du coup, quand j'ai raconté ça à Farid, je lui ai dit que je m'en voulais et que j'avais été trop dur avec lui. Farid s'est foutu de ma gueule en me voyant culpabiliser et m'a dit qu'en fin de compte, Fred et moi, on était deux petits agneaux et que ce n'est pas avec nous qu'il allait y avoir enfin un peu d'animation. Il a même ajouté, sur un ton ironique, qu'il aurait bien aimé voir une bonne bagarre entre un tétraplégique et un grand brûlé,
Tout le monde s'habitue. C'est dans la nature humaine. On s'habitue à voir l'inhabituel, on s'habitue à vivre des choses dérangeantes, on s'habitue à voir des gens souffrir, on s'habitue nous-mêmes à la souffrance. On s'habitue à être prisonniers de notre propre corps. On s'habitue, ça nous sauve.
C'est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues.
A croire qu'il est plus facile de livrer nos peines et nos cris,
Et qu'en un battement de cils un texte triste est écrit.
"Un , deux... Trois ! " Sur le trois, ils me soulèvent d'un coup pour me déposer sur le lit. J'avais déjà vu faire ça dans Urgences. Cette fois, c'est moi qui suis dans la série...ça fait un mois que je suis dans l'urgence.
Mais bon, si vous voulez pas qu’on s’amuse, si vous voulez qu’on se fasse
chier comme des rats morts, c’est bien, continuez à être gentils !
Aujourd'hui, je vais regarder le temps par la fenêtre.
La patience est un art qui s'apprend patiamment
Dehors, à quelques kilomètres de notre centre, il y a des cafétérias où les gens ont des visages normaux, ils sont debout avec des démarches normales, ils sont bien habillés, bien coiffés.
On oublierait presque qu'elle existe, cette vie là, ailleurs que dans les clips de M6.
A l’inverse d’à peu près tous les êtres humains dans le monde, il attend le dimanche soir avec impatience.
J'ai constaté que la douleur était une bonne source d'inspiration.
(extrait de Je dors sur mes deux oreilles)
Notre centre est grand comme un paquebot de croisière et ce terrain de jeu de nuit assez flippant. La plupart du temps, nous n’entendons aucun bruit, si ce n’est celui du petit moteur de mon fauteuil et le frottement des pneus sur le sol. Mais, parfois, en passant à proximité de l’aile des TC, il y a aussi des grands cris. Les entendre résonner le long des couleurs obscurs suffit à nous provoquer le petit frisson d’adrénaline recherché. On se sent un peu en expédition. Ce grand paquebot nous est soudainement offert, il ronfle à son rythme de croisière, renfermant en son antre plusieurs centaines de voyageurs endormis.
Personne dans ce bateau ne sait vraiment quand ce voyage s’arrêtera et jusqu’où il va nous mener.
« Personne d’autre ne sait mieux que moi aujourd’hui qu’une catastrophe n’arrive pas qu’aux autres, que la vie distribue ses drames sans regarder qui les mérite le plus. »
En redémarrant son fauteuil comme pour écourter la conversation, il ajoute "Aujourd'hui, je vais regarder le temps par la fenêtre."
Je me répète à voix basse plusieurs fois cette phrase : "Je vais regarder le temps pour la fenêtre." Elle est fascinante, cette expression. Je ne sais pas s'il parle du temps lié à la saison, du froid, de la neige, ou s'il parle du temps qui passe. Je ne sais pas si cette phrase est due au fait qu'il ne parle pas très bien le français ou s'il utilise consciemment une belle image pour dire combien il va s'emmerder.
Peut-être qu'il parle bien des deux notions du "temps"... Moi-même, ce matin, c'est en découvrant le temps neigeux que j'ai réalisé que ça faisait longtemps que j'étais arrivé dans ce centre. Ce n'est peut-être pas un hasard si la langue française a choisi le même mot pour évoquer ces deux aspects.
Je regarde M. Amlaoui s'éloigner en me disant qu'il restera toujours une énigme. Je ne réussirai jamais à savoir tout ce qu'il se passe derrière son regard si triste.
La patience est un art qui s'apprend patiemment.
c est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues.