AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Grégoire Holtz (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Voyageurs de la Renaissance

Ce livre est en fait un recueil commenté de textes d’époque, écrit par des personnages célèbres, cherchant souvent à impressionner leur monarque, ou par de simples marins ou soldats, embarqués dans des voyages hors norme pour l’époque à la découverte de peuples inconnus. Chaque texte est remis dans une perspective historique, en en soulignant les apports à la connaissance du monde pour les intellectuels du temps.



Les extraits présentés montrent les trois directions de l’expansion européenne.

L’attrait de l’Orient, avec la découverte du monde ottoman ou de l’Égypte, récits de voyage parmi lesquels figurent ceux de Léon l’Africain, diplomate marocain qui capturé poursuivi sa vie au Vatican, ou de Guillaume Postel, voyageur infatigable jusqu’au royaume des Turcs.

La route des Indes, ouverte par les Portugais et qui permit d’apporter des épices aux palais occidentaux. On trouve là des extraits des relations de voyage de Vasco de Gamma ou de Pigafetta. Les textes sur les pérégrinations asiatiques de François Xavier ou de Fernao Mendes Pinto sont étonnants : comment des Européens ont pu pousser leur curiosité jusqu’à se porter aussi loin de toute base coloniale ?

Le Nouveau-Monde suit, avec les découvertes en Amérique centrale (avec Cortez, conquérant chanceux, qui se donne le beau rôle), du Nord (le Canada de Cartier), ou du Sud (le Brésil où la France a tenté de s’implanter, comme en Floride).



La langue utilisée est modernisée (… un peu), et les extraits sont de taille variable (les plus longs ne sont pas les plus pertinents à mon avis). Les textes n’émanent pas tous de témoins directs de ces voyages, mais sont parfois parfois l’œuvre de cartographes qui reprennent à leur nom ce qu’ils ont pu entendre (André Thevet).

Ce qui surprend, vu du XXI éme siècle, c’est le regard souvent sans a priori des premiers explorateurs qui découvrent des peuples et des usages sans (trop) les juger. C’est dans un deuxième temps que ce qui oppose frontalement les civilisations est mis en avant : la cruauté des guerriers, la nudité, l’anthropophagie… Ces descriptions sont vite devenues la norme, justifiant ainsi l’apport colonial et religieux.

Autre (demi)-surprise : l’extrême compétition entre puissances coloniales. Il valait presque mieux pour un protestant français capturé en Floride tomber aux mains des tribus indiennes voisines et y être détenu, plutôt que de voir arriver des Portugais ou des Espagnols liquidant toute présence étrangère...



Cet ensemble donne une petite idée de la façon dont les découvertes ont changé la pensée du Monde à la Renaissance, sans forcément ouvrir l’esprit des monarques ou des intellectuels de l’époque.

Commenter  J’apprécie          250
Voyageurs de la Renaissance

Ce recueil met en lumière le regard porté par les Européens de la Renaissance sur les mondes qu'ils découvraient au fur et à mesure de leurs avancées, en regroupant des extraits de textes d'auteurs contemporains, acteurs ou pas, de cette frénétique exploration du monde. Il est composé de trois parties selon le découpage géographique du monde: l'Orient proche du nouvel Empire ottoman, les Indes orientales et le Nouveau monde (l'Afrique, sur la route asiatique via le cap de Bonne Espérance, étant rattachée aux Indes orientales).

Forcément, ce regard est condescendant et obtus. L'Européen n'est pas capable de comprendre des principes sociaux et philosophiques différents. Et l'on comprend qu'il n'en est pas capable parce que l'esprit de l'Européen est alors figé par le Christianisme. Conscient qu'il détient la vérité, sûr de sa puissance et de son autorité morale, il ne peut qu'être l'agent des pires atrocités.
Commenter  J’apprécie          70
Voyager avec le diable : Voyages réels, voyag..



Un livre surprenant, tant par le caractère déroutant et peu banal du sujet, la singularité de la période historique choisie que l’approche large et variée du propos : voyages réels, voyages imaginaires et discours démonologiques (XVe- XVIIe siècles). Voyager avec le Diable ouvre un authentique champ d'investigation où le point central s'abîme dans le figure du démon, boîte de Pandore d'une incroyable luxuriance d'où jaillissent, pêle-mêle, dès le XVe siècle, textes, récits, visions, conceptions et perceptions parfois discordantes du Malin. Approcher le diable, son territoire, ses habitudes, voire ses manies et ses obsessions, les dix-huit auteurs nous y convient et s'y attardent avec patience, érudition, excellence et passion.

Un constat en constitue le prélude : le Diable vole. Il circule dans les airs pour se saisir, après les avoir tenté, des âmes faibles ou malignes. Il dispose à sa guise de cette faculté, propension réelle, symbolique, métaphorique ou fantasmée.

Poussés par le même souci d’investigation et une méthodologie ouverte à la spéculation, nos chercheurs investissent et arpentent les deux dimensions de ce voyage diabolique : le voyage au sens physique, à travers l'azur, les cieux, l'espace, et son pendant imaginaire, intérieur, inventé ou rêvé. Souvent, ces deux lignes se croisent, s'entremêlent et parfois se confondent, particulièrement dans les récits de voyage. Où nous conduisent donc les sinistres et tapageuses chevauchées crépusculaires du démon ? Comment s’inscrivent-elles durablement dans l’imaginaire où se font et se défont les archétypes qui jalonnent la littérature démonologique ? Géniteur puissant et fécond alors même qu’il terrifie les esprits, le démon inspire cet intarissable flot d’images et floraison de récits.

Ainsi donc, Voyager avec le Diable développe ses propres codes et raisonnements discursifs : ses représentations, ses interprétations, ses significations, ses ensembles fonctionnels, ses descriptions, et ses modes de narration. La peur et le cauchemar demeurent mais l'amplitude et la forme varient. Entre le Roman de Perceforest, (XVe siècle), le Mythe de Faust (XVIIe siècle) et la colonisation du Brésil (XVIe siècle) les considérations démonologiques se renouvellent sans cesse.



Sous l’impulsion du Pape Jean XXII, l’église médiévale s’était appliquée, dès 1330, à la construction d’un savoir démonologique. Au XVIe et XVIIe siècle, les royaumes européens, avec les grandes découvertes et leurs entreprises de colonisation, vont être confrontés à un phénomène de transposition et d’ajustement de leurs convictions religieuses face aux réalités de leur nouvel environnement. Au Brésil, se cristallisent, tout particulièrement les peurs et schémas diaboliques de la vieille Europe. Ce Nouveau Monde, refuge du diable et nouvel espace diabolique, justifie une évangélisation urgente et radicale. Avec les Jésuites, l'affrontement entre le bien et le mal connaît une nouvelle phase. L’indigène, le chaman, l’anthropophage, créatures de Satan, finiront consumés par la ferveur chrétienne et le zèle des missionnaires. En mettant en question, dès 1650, avec prudence et raison, la validité des dogmes et les fondements des religions, les sceptiques et libertins Gabriel Naudé et La Mothe Le Vayer mettent fin, du même coup, à la sorcellerie, à la superstition et à la démonologie. Le discrédit s'abat sur le farouche Prince des Ténèbres, et le Diable voyageur ne survit pas à la satire.
Commenter  J’apprécie          20
Voyageurs de la Renaissance

Au-delà des aspects strictement historiques, le regard des Européens, Portugais et Espagnols, sont intéressants : ce qui les intrique, ce qui les choque, ce qu'ils admirent. Ils notent qu'hommes et femmes sont “bien faits”, la sélection naturelle y est pour quelque chose. Les pratiques de peintures des corps et des visages les intriguent, l'utilisation des parures de plumes est appréciée. La barbarie des comportements des guerriers et le cannibalisme vis-à-vis des prisonniers font l'objet de nombreuses chroniques (certains Occidentaux rappellent qu'en matière de barbarie, il ne s'agit pas d'un monopole des Indiens…). Ah, les gentils sauvages… Se balader à poil choque les voyageurs qui essaient parfois, sans succès, de leur donner des vêtements ! A Canada, la température restreint les possibilités de “naturisme”. On peut remercier les Indiens de ne pas nous avoir envoyé de missionnaires pour nous convertir à leurs dieux !
Commenter  J’apprécie          10
Voyager avec le diable : Voyages réels, voyag..





sous la direction de Grégoire Holtz et Thibaut Maus de Rolley



Un livre surprenant, tant par le caractère déroutant et peu banal du sujet, la singularité de la période historique choisie (médiévale et post-médiévale) que l’approche large et polysémique du propos : voyages réels, voyages imaginaires et discours démonologiques (XVe- XVIIe siècles). Voyager avec le Diable ouvre un authentique champ d'investigation où le point nodal s'abîme dans le figure du démon, boîte de Pandore d'une incroyable luxuriance d'où jaillissent, pêle-mêle, dès le XVe siècle, textes, récits, visions, conceptions et perceptions parfois discordantes du Malin. Approcher le diable, son territoire, ses habitudes, voire ses manies et ses obsessions, 18 universitaires, tous professeurs de littérature et contributeurs avertis nous y convient et s'y attardent avec patience, érudition, excellence et passion.

Un constat en constitue le prélude : le Diable vole. Il circule dans les airs pour se saisir, après les avoir tenté, des âmes faibles ou malignes. Il dispose à sa guise de cette faculté, propension réelle, symbolique, métaphorique ou fantasmée.

Poussés par le même souci d’investigation et une méthodologie ouverte à la spéculation, nos chercheurs investissent et arpentent les deux dimensions de ce voyage diabolique : le voyage au sens physique, à travers l'azur, les cieux, l'espace, et son pendant imaginaire, intérieur, inventé ou rêvé. Souvent, ces 2 lignes se croisent, s'entremêlent et parfois se confondent, particulièrement dans les récits de voyage. Où nous conduisent donc les sinistres et tapageuses chevauchées crépusculaires du démon ? Comment s’inscrivent-elles durablement dans l’imaginaire où se font et se défont les archétypes qui jalonnent la littérature démonologique ? Géniteur puissant et fécond alors même qu’il terrifie les esprits, le démon inspire cet intarissable flot d’images et floraison de récits.

Ainsi donc,Voyager avec le Diable développe ses propres codes et raisonnements discursifs : ses représentations, ses interprétations, ses significations, ses ensembles fonctionnels, ses descriptions, et ses modes de narration. La peur et le cauchemar demeurent mais l'amplitude et la forme varient. Entre le Roman de Perceforest, (XVe siècle) le Mythe de Faust (XVIIe siècle), et la colonisation du Brésil (XVIe siècle) les considérations démonologiques se renouvellent sans cesse.

Avec Saint Thomas d’Aquin et sous l’impulsion du Pape Jean XXII, l’église médiévale s’était appliquée, dès 1330, à la construction d’un savoir démonologique. Au XVIe et XVIIe siècle, les royaumes européens, avec les grandes découvertes et leurs entreprises de colonisation, vont être confrontés à un phénomène de transposition et d’ajustement de leurs convictions religieuses face aux réalités de leur nouvel environnement. Au Brésil, se cristallisent, tout particulièrement les peurs et schémas diaboliques de la vieille Europe. Ce Nouveau Monde, refuge du diable et nouvel espace diabolique, justifie une évangélisation urgente et radicale. Avec les Jésuites, l'affrontement entre le bien et le mal connaît une nouvelle phase. L’indigène, le chaman, l’anthropophage, créatures de Satan, finiront consumés par la ferveur chrétienne et le zèle des missionnaires. En mettant en question, dès 1650, avec prudence et raison, la validité des dogmes et les fondements des religions, les sceptiques et libertins Gabriel Naudé et La Mothe Le Vayer mettent fin, du même coup, à la sorcellerie, à la superstition et à la démonologie. Le discrédit s'abat sur le farouche Prince des Ténèbres, et le Diable voyageur ne survit pas à la satire.
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Grégoire Holtz (14)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Harry Potter (difficile:1-7)

De quoi la famille Dursley a-t'elle le plus peur?

des voisins curieux
des hiboux
de Harry
de tout ce qui peut les faire paraître étranges

20 questions
8173 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}