Orane de La Vallière, 58 ans est une femme que l’on peut qualifier de « vieille France » pour reprendre les termes de sa fille, Pauline.
« Vieille France » ? Issue d’une famille bourgeoise catholique, elle est mariée depuis 33 ans à Xavier, PDG d’une société de rénovation de bureaux. C’est une entreprise familiale.
« Vieille France » ? Se dit de ce qui est attaché à la tradition, ce qui est conventionnel, vieux jeu. Orane, une agrégation d’histoire en poche s’est vouée corps et âme à sa famille : son mari et ses trois enfants, Thomas, Christophe et Pauline. Elle leur a tout donné, tout sacrifié.
Les deux aînés sont mariés et parents. Chacun dispose d’une situation confortable : finance, avocat, professeur HEC au lycée Henri IV, à Paris. Orane et sa famille partagent leur temps entre leur appartement de Versailles et la maison à Saint-Aubin, en Normandie, héritage familial.
Tout ce petit monde évolue normalement entre vacances, études, relations professionnelles et amicales. Et tout s’écroule en ce 16 juin lors du mariage de Pauline. Orane est « jetée » par Xavier par l’intermédiaire d’un mail contenant une pièce jointe au format PDF résultant d’une lettre de rupture. La veille, ils avaient parfaitement tenu leur rôle de parents aimants et dévoués à l’un et à l’autre, dansant collés/serrés sur la piste de danse, admirés par tous les invités et leurs enfants. Xavier l’a quittée pour refaire sa vie avec Annabelle, 35 ans. Orane n’avait rien vu venir.
Orane tient bon et comme d’habitude se soumet. Que faire ? Elle prends sur elle, ne réagie pas, n’informe pas. Elle pense à ses enfants qui comprendront la situation bien plus tard.
Elle fuit Versailles pour se refugier en Normandie sur la côte de Nacre, entre Ouistreham et Courseulles-sur-Mer, à Saint-Aubin, plus précisément. Là, elle se reconstruit tandis que son cadet Christophe, avocat, s’occupe du divorce en cours.
Entre dépression et résilience, Orane de La Vallière peaufine et met en place sa vengeance. La vengeance implacable d’une femme trahie, meurtrie et humiliée. Une vengeance machiavélique et insoupçonnable. Tous, lui donneraient le bon Dieu sans confession !
Une pépite, ce roman ! C’est jubilatoire (jouissif, drôle, plein d’humour, réjouissant) et c’est mon premier coup de cœur de l’année.
L’histoire est fantastique, bien ficelée, bien structurée, parsemée d’analepses puisqu’Orane raconte son histoire, se confiant à Françoise Vantalont, tout en s’adressant à nous, narratrice du roman.
Le roman est à contre sens du polar classique. En générale, un crime est commis et le but est de démasquer le criminel en suivant les indices et pistes du héros, souvent le détective ou l’inspecteur. Le but étant de perdre le lecteur et de découvrir le comment et le mobile dans un coup de théâtre final.
Ici, le personnage central met son ingéniosité, son intelligence et son ingénuité au service de sa cause et de son châtiment avec une certaine désinvolture.
Cela se lit rapidement et facilement et l’on prend fait et cause pour Orane pour laquelle on a pitié et plein d’empathie. Par la suite, nous autres lecteurs, nous la suivons, avide de découvertes, avide de suivre son évolution, de suivre les étapes de son crime. Est-il parfait ou presque parfait pour reprendre le titre d’un célèbre film d’Hitchcock ?
Je vous invite à lire ce roman pour le découvrir et comme moi vous serez séduit par la prose sarcastique et corrosive de Guillaume Clicquot, lauréat du Grand Prix du Polar 2023 de Forges-les-Eaux.
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