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Critiques de Guillermo Arriaga (84)
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Sauver le feu

Cucurrucucu paloma….



Mélangez Shakespeare, Tarentino et Faulkner, secouez bien, et…tadam ! Vous voilà avec ce roman, « Sauver le feu », le roman le plus incandescent que j'ai pu lire ces derniers temps, une vraie déflagration, un roman d'amour en milieu carcéral sur fond de violence mexicaine que le lecteur prend en pleine face, comme projeté au lance-flamme. Une source d'eau bouillante qui échaude toutes celles et ceux qui s'en approchent pour le lire.



Je ne connaissais pas ce nom, Guillermo Arriaga, l'histoire dès le départ est d'une telle puissance, d'une telle force brute, qu'il est impossible de ne pas se pencher sur cet auteur mexicain, tant nous pressentons que nous avons entre les mains une bombe dont la déflagration sera à la fois immédiate et à retardement. Mais qui est-il ? Grande fut ma surprise en découvrant qu'il est scénariste de trois films que j'ai beaucoup aimé, à savoir Amours chiennes, Trois enterrements mais surtout le brillant et inoubliable Babel que je ne me lasse pas de voir et de revoir. Quant à son oeuvre de romancier elle m'est inconnue, pas pour longtemps remarquez, car après ce livre il est certain que je vais me jeter sur le bison de la nuit ainsi que Sauvage, entre autres livres.



Onee, grâce à laquelle j'ai eu la chance de découvrir ce livre (mille fois mercis Onee, tu viens de me procurer un grand bonheur de lecture), parle d'une romance pour celles et ceux qui n'aiment pas les romances. Mais oui, c'est exactement cela, nous sommes dans un roman d'amour certes, mais à l'exact opposé d'une bluette douce, voire mièvre, c'est du chaud, du très chaud, du pimenté, une émulsion baroque à la sauce mexicaine…

La plume de l'auteur pour narrer cette histoire d'amour improbable est aussi fluide que tous les fluides qui traversent ce livre. C'est percutant, cru, piquant, odorant, authentique, sensoriel, échevelé, excitant…L'auteur appelle un chat un chat. Impossible de lâcher le livre, impossible de ne pas penser à cette histoire, elle touche aux tripes.



C'est bien simple, pendant une semaine, avec ou sans le livre d'ailleurs, j'ai mangé avec Arriaga, je me suis douchée avec Arriaga, je me suis endormie avec Arriaga, j'ai travaillé avec Arriaga, je parlais aux autres avec Arriaga en tête. Ce livre m'a tour à tour hantée, secouée, fait rire, écoeurée, touchée. Divertie et ébranlée en même temps, évitant « d'un poil de sourcil de lièvre » d'être brûlée vive.



Cette myriade de sentiments variés qu m'a tenu en haleine une semaine durant fut nourrie par une plume haut en couleurs, percluse de douleurs tout en étant riche en humour comme cette présence saugrenue d'expressions anglaises en langage phonétique (« ouatedefeuk »).

J'en profite pour souligner l'admirable travail de traduction, car vu la panoplie des émotions suscitées par ce livre, l'objectif de fidélité à la version originale semble admirablement atteinte, je serais néanmoins curieuse d'avoir un retour d'une lecture en version originale…





Quelle est donc l'histoire ? Alors accrochez-vous : c'est « tout simplement » une histoire d'amour, l'histoire d'amour entre Marina, une riche chorégraphe de la bourgeoisie mexicaine, bien rangée, directrice d'une troupe de danse, mariée et mère de trois enfants, et un homme du peuple, José, aux origines indiennes qui purge 50 ans de prison à la maison d'arrêt d'Ixtapalapa, pour avoir brûlé son père et tué deux hommes. Deux fortes personnalités. Ils se sont rencontrés lorsque Marina a décidé de faire une représentation de danse pour le moins audacieuse et originale en milieu carcéral.



Bon dit comme ça, ce livre ne semble pas particulièrement captivant, j'en conviens. Sauf que…Sauf que les personnalités de chacun sont narrées de façon tellement pittoresque que vous vous attachez presque instinctivement à eux, sauf que c'est un amour viscéral, torride, c'est une passion dévastatrice qui plonge Marina dans un milieu où la violence, le marchandage, la misogynie, les dangers sont omniprésents. Au fur et à mesure de la lecture, nous nous demandons jusqu'où la belle jeune femme est prête à aller. Va-t-elle oser tout plaquer ? On découvre les étapes de leur idylle en ce milieu clos, depuis les premiers contacts, aux premiers parloirs, aux premiers baisers, jusqu'à l'amour dans les chambres conjugales sordides, une idylle surréaliste dont nous partageons l'intimité et qui monte crescendo. Jusqu'au feu. Jusqu'à l'évasion. « La vie est un animal rouge et implacable ».

Et quelles seront les conséquences, notamment pour elle, on ne cesse d'y penser tant les dangers sont réels et les enjeux énormes. le récit est totalement haletant.



« Tu ne seras pas la première femme de ma vie, mais tu seras la dernière. Il n'y aura rien après toi. Je ne veux pas les mots d'une autre femme que toi. Je ne veux pas verser mon sperme dans un autre vagin que le tien. Quand tu reviendras en prison, regarde autour de toi. Observe les murs, les tours, les barbelés. Tu verras qu'il n'y a pas d'issue. Mets-le toi dans le crâne, je n'ai aucun endroit où aller à part toi. Alors si tu vas me quitter, Marina, dépêche-toi ou bien reste et ne me quitte plus jamais ».



Cette histoire est d'autant plus captivante qu'elle est narrée sous la forme d'un roman choral, un roman à plusieurs temps, les chapitres ne cessant d'alterner, avec parfois de petits décalages temporels laissant entrevoir les mêmes faits sous un autre angle. Les faits vécus dans l'enfermement, et les mêmes vécus à l'extérieur de la prison.

Une ronde endiablée où l'on suit tour à tour la vie de José, celle de Marina avec ce léger décalage temporel mentionné, le frère de José (le seul en écriture en italique) qui parle et se confesse au charismatique et effroyable père carbonisé laissant entrevoir sa personnalité, et enfin le déroulement d'une terrible vengeance qui oppresse le lecteur tant elle laisse présager le pire pour nos deux tourtereaux. le tout entrecoupé des récits des prisonniers écrits en ateliers d'écriture, brefs récits d'une puissance folle, parfois d'une extrême violence et parfois terriblement poétiques.

Cette structure narrative en ronde est bien vue, elle apporte rythme et respiration sans compliquer le récit, et chaque voix a son ton, son style, son charme, sa singularité, et surtout sa cinégraphie. Je voyais les scènes, je me les projetais et d'ailleurs, je ne serais pas étonnée si ce livre était porté un jour à l'écran.



De plus, derrière cette « simple » passion, que de thèmes abordés, creusés, fouillés…C'est toute la société mexicaine scindée en deux qui est mise sous les feux du projecteur d'Arriaga, sa violence quotidienne, sa corruption, son organisation en gangs, sa délinquance organisée et ses politiciens corrompus, ses multiples trafics et ses cartels de cellules cancéreuses métastasées dans toutes les couches sociales ; c'est le milieu carcéral, qui est décrit dans toute son organisation et sa crudité ; c'est le rôle de la littérature et des arts, c'est la créativité qui sont également passés au crible. Avec mention à de grands auteurs, certainement ceux aimés par Arriaga, comme Pessoa ou Borgès.

La transmission filiale aussi est superbement abordée, tant le père de José, indien autochtone, a transmis certes des valeurs fortes à ses enfants mais d'une manière effrayante et brutale.

Dans ce livre, nous plongeons à la fois dans les milieux sordides où l'insécurité la plus totale règne en maître, et dans les milieux bourgeois où le personnel de maison s'occupe de la maisonnée pendant que les maîtres des lieux peuvent se concentrer sur la culture, l'art et la façon de faire fructifier leur argent, dans les milieux politiques qui font la jonction entre les deux premiers.

Le fossé entre les deux mondes, entre les misérables et les privilégiés, est vertigineux dans un tel pays. Et cela rend cette histoire d'autant plus passionnante car miraculeuse.



Et, enfin, cette sensation de lave incandescente provient du pays même, ce Mexique caniculaire où les figuiers de barbarie se portent comme un charme, où la poussière s'installe à chaque repli, où les cigales cymbalent à tue-tête au milieu de la végétation tropicale.





"Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je ? J'aimerais emporter le feu."

Voilà la phrase de Jean Cocteau qu'Arriaga a choisi de citer en préambule de son sulfureux roman. Et, en effet, elle donne le ton à ce livre torride, palpitant et passionnant, baroque par moments, bestial aussi à d'autres moments, qui est tout simplement une tragédie romantique à la sauce mexicaine…A découvrir mais âmes sensibles s'abstenir !



Ay, ay, ay, ay, ay, ... cantaba,

Ay, ay, ay, ay, ay, ... gemia,

Ay, ay, ay, ay, ay, ... cantaba,

De pasión mortal... moria





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Sauver le feu

L'histoire d'un amour brûlant, pour ceux qui n'aiment pas les romances.

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J'ai passé un excellent moment avec ce roman : assez prenant pour me remettre à la lecture après une période de fatigue, mais assez léger pour ne pas m'en décourager malgré ses 760 pages. Un peu comme dans Les Veuves du jeudi de Claudia Pineiro, j'y ai trouvé un équilibre entre la noirceur, inhérente ici au milieu carcéral et aux narco-trafiquants, et le divertissement, émanant de l'histoire d'amour et de l'humour perçant la narration. L'ensemble m'a donné de nouveau l'impression d'un Desperate Housewives sauce mexicaine, relevée bien comme il faut.

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J'y ai également trouvé avec un plaisir immédiat une belle écriture, des mots précis et un rythme sensuel, entrainant qui, de divertissant, deviendra vite urgent et vital. Cette sensation émerge autant des phrasés que des paragraphes alternés : Marina, le frère de JC, les écrits de prisonniers, de-mistériouss-bro-of-JC-qui-écrit-en-funcking-italique (mais pourquoi diable est-ce le seul en italique ?! se demande-t-on jusqu'au dénouement…), Marina de nouveau et ainsi de suite jusqu'à l'étourdissement, jusqu'à ce que toutes les voix se mêlent dans une même urgence lorsque l'histoire s'accélère, et nous laisse de moins en moins de temps pour nous permettre de deviner dans la peau de quel personnage la narration nous glisse, tellement les transitions sont subtiles et réussies entre chacun d'eux.

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L'alternance est pourtant tranquille au départ, qui nous permet d'assimiler beaucoup d'informations sur le contexte à la fois du pays et des personnages, mais aussi de l'histoire de cette rencontre et du scénario qui suivra. Marina, la belle desperate-housewives des quartiers bourgeois et directrice d'une compagnie de danse, est sollicitée par de riches mécènes amis pour animer des ateliers dans une prison des quartiers chauds. Elle y rencontre José Cuauhtémoc, ses cinquante ans de réclusion pour crimes multiples et son sex-appeal charismatique irrésistible. L'attirance est immédiate ; Leur amour impossible. du moins, c'est ce que tout le monde croit. Mais au moment où Marina hésite à envoyer valdinguer sa sécurité, sa réputation, son mari aimant et ses deux enfants, les narco s'enflamment et foutent le feu à la prison. Tout fout le camps et tout le monde aussi. Pour comprendre ce qu'il se passe et savoir comment une telle histoire peut bien finir entre ces personnages auxquels on s'attache assez vite, le lien entre les trafiquants, les prisonniers, Marina - et le fameux frère écrivant en italique ! - il faudra patiemment écouter chaque voix raconter ce qu'elle vit de l'intérieur. C'est ce qui donne toute l'humanité à ce roman et, associé à la jolie plume, son intensité.

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Un peu avant la moitié du roman, les alternances s'accélèrent : les points de vue et sentiments de Marina, JC, Marina, JC s'interposent, s'entrecoupent et s'entremêlent pour finir dans une danse virtuose et folle, séduisante et bestiale, nous impliquant de plus en plus profondément, corps et âme, dans cette lecture et dans leur drame. Soufflant le chaud et le froid, mêlant le blanc et le noir, ce livre à la couverture grise et aux lettres de feu est délicieusement envoûtant. « Puisque notre maison est en flamme, profitons-en pour nous réchauffer »…!

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Aussi prenant que divertissant.
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Le bison de la nuit

Dans les rues de Mexico rôde le Bison de la nuit.

Le jeune Gregorio Valdés, diagnostiqué schizophrène, s'est suicidé trois semaines après sa sortie de l'hôpital psychiatrique. Il s'est donné la mort en se tirant une balle dans la tête, laissant son meilleur ami Manuel Aguilera et sa petite amie Tania dans un grand désarroi. A leur désarroi s'ajoute la mauvaise conscience. Car Manuel et Tania avaient une relation clandestine, qu'ils abritaient dans la chambre 803 d'un love motel. Gregorio était-il au courant? Est-ce l'existence de ce trio amoureux qui a précipité son geste? Pendant que parents et amis tentent de faire face au deuil qui les frappe, le fantôme de Gregorio se met à hanter Manuel. Ce dernier qui avait été autrefois la béquille d'un Gregorio étrange et faible, pense à la transformation de son ami, dont la démence et les obsessions ont peu à peu dévoré l'entourage. Derrière l'apparente fragilité du jeune homme, se cachait la volonté insidieuse et rampante d'exercer une emprise dont le solide Manuel faisait les frais: « A son initiative, nous nous étions fait tatouer la silhouette d'un bison américain sur le bras gauche. Gregorio avait exigé que nous soyons tatoués avec les mêmes aiguilles, afin que l'encre se mêle au sang de chacun. Au début je n'avais prêté aucune importante à ce tatouage mais au bout de quelques mois ce bison me devint un symbole de plus en plus intolérable. "

Las d'être marqué dans sa chair, Manuel avait fait effacer le tatouage dans la douleur mais la mort de Gregorio a marqué son âme et il ne sera pas si aisé de l'en faire sortir. Surtout lorsque le mort lui a laissé un cadeau d'adieu et que des mystérieuses lettres lui parviennent « Maintenant, le Bison de la nuit va rêver de toi. »



Guillermo Arriaga nous offre le portrait d'un jeune homme qui n'en finit pas de mourir, emportant dans une folie post-mortem ceux qui lui étaient les plus chers. Il tisse sa toile autour de la présence écrasante d'une personnalité perturbée et nous perd. On pense à Rebecca tourmentant la nouvelle Madame de Winter depuis l'au-delà. Les murs de Manderley deviennent toutes les rues de Mexico DF. On pense aussi à George Weaver obsédé par le fantôme de Jenny Ames dans La fille de nulle part. Arriaga possède une écriture très cinématographique, les rues de la ville défilent sous nos yeux chaque fois que les protagonistes tentent d'échapper à l'ectoplasme qu'est devenu Valdès. Le Bison de la nuit devient peu à peu une métaphore du pays où se mêlent la folie et la mort et où les femmes disparaissent sans que cela ne surprenne personne. Le roman, oppressant à souhait, vaut mieux que son adaptation cinématographique ( El búfalo de la noche de Jorge Hernández Aldana) car une fois la page tournée, le lecteur n'échappe pas non plus au mystère du Bison de la nuit.

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Le bison de la nuit

Une odeur de soufre, un parfum de chair putréfiée. Je n’ose pas rentrer dans la pièce. J’ai rêvé d’une détonation cette nuit. Il s’est fait sauter le caisson, pressentiment sauvage, le bison de la nuit me l’a murmuré à l’oreille, comme d’autres susurrent à l’oreille des chevaux ou d’une brune dans le coït bestial. Tu n’échapperas pas à cette voix, ni toi, ni moi, le bison rode, et tu vois cette mare de sang, le corps gluant et puant de ton ami gisant sur le lino virant du blanc-poussière ou sombre-carmin. Sombre karma que cette nuit.



Chambre 803 d’un motel, un aparté dans cette nuit, réflexion profonde pensée nocturne, le ver était-il plongé vivant dans la bouteille de Mezcal. Une légende urbaine parle également de vers suicidaires. Ou est-ce le bison qui lui a soufflé les derniers instants de la vie d’un ver ? La bouteille à moitié vide en évidence entre les oreillers du lit, draps défaits odeurs de baise taches de sperme, il se réfugie dans les souvenirs. Cette femme, son ami… et l’amour… Un trio de possédés, plongés dans la mort et les souvenirs, un tatouage à l’encre bleue d’un bison une seule aiguille, leurs destins sont liés, même dans la mort. Aucun moyen d’échapper la nuit au Bison bleu.



Le souffle de la tempête fait soulever les détritus d’une terre généreuse en poussiéreuse et en désespoir. Des vies abandonnées de tout espoir qui se résument d’ailleurs à des traces de spermes entre les cuisses de la Vénus callipyge, et à quelques poussières. Poussières d’âme et de gerbe, sous la lune d’un bleu délavé. Mêlées au vent, des trompettes mariachis sonnent, à deux pas de là, la fiesta, à moins que cela ne soit le glas. Car il t’est impossible d’échapper à la mort, à la tristesse, à l’amour déchu, à la fin d’une escale à Mexico. Le bison de la nuit oscillera toujours sur ton corps et te rappellera ton ami mort, un trou de calibre .22 dans la caboche, ça reste toujours moche. Putain de vie. Putain de bison, l’ombre menaçante du bison bleu.
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Sauver le feu

Une passion dévorante et charnelle qui transforme toute une existence en terre brûlée, c’est ce que va connaitre Marina, chorégraphe issue de la grande bourgeoisie mexicaine, en participant à un atelier au sein de la prison Oriente. José Cuauthémoc, rejeton d’un militant indigéniste qui a épousé par « vengeance » une fille d’immigrants espagnols, est un grand blond cultivé et charismatique qui purge une longue peine pour homicides. Entre eux, le courant passe si fort qu’il pourrait alimenter la ville pendant des semaines. Et Marina, consumée physiquement et intellectuellement, plonge tête baissée dans l’amour, au risque de tout perdre.

Sauver le feu, c’est la déflagration que font deux mondes différents lorsqu’ils se fracassent l’un contre l’autre, celui des riches blancs du D.F et celui des Narcos, des pauvres, des Indiens.



L’oeuvre de Guillermo Arriaga ne cesse de monter en puissance: trois romans noirs , L’Escadron Guillotine , Un doux parfum de mort, Le Bison de la nuit , puis le tentaculaire Le Sauvage, et enfin Sauver le feu, monumental.

Le roman polyphonique, déploie ses ailes, et à partir d’une histoire d’amour brosse un portrait juste et corrosif de toute une nation. Sauver le feu est n’est pas seulement le récit d’une intense histoire d’amour et de sexe, c’est aussi un roman social. La langue d’Arriaga , percutante, effrénée, comme le rythme de son roman, ne s’embarrasse pas de descriptions, elle va à l’essentiel, reflète les différentes strates d’une population hétérogène, c’est une langue miroir, celle châtiée de Marina, celle de la rue, celle d’une population tiraillée entre deux Amérique qui « spanglish » à tout va, et enfin, celle, familière, imagée, savante, subtile de José Cuauthémoc, l’intellectuel des bas-fonds.

L’histoire d’amour improbable et tragique n’est pas dénuée d’espoir. Pour Arriaga , la rédemption, ou la renaissance sont possibles, grâce à l’amour, à l’écriture. Sauver le feu consume son lecteur, c'est l'un des meilleurs romans lus cette année.

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L'Escadron guillotine

1914, en pleine révolution mexicaine,

Velasco a mis au point une guillotine infaillible.

Épaté, le colonel Pancho Villa le récompense

 en l'enrôlant comme chef de son nouvel escadron guillotine.

L'ingénieux fils d'aristo n'en demandait pas tant...

Croyant vendre à bon prix son fil à couper autre chose que le beurre

le voilà immergé jusqu'au cou au centre de  la révolution ...

Le  roman noir de Guillermo Arriaga revisite

la révolution de façon burlesque.

On rie des déboires du jeune bourreau soumis  à rude épreuve

Pancho lui donne du boulot sur le billot argenté

tout juste le temps de flirter avec la soldate Belem, une dure à cuire

et c'est reparti pour un coup sur la tête...tchak!

L'escadron guillotine,  décapite à tire-larigot

Pas de quoi perdre la boule...quoique.
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Le sauvage



Un jeune garçon dans la jungle d' un quartier populaire de Mexico. Guerre des gangs, trafiques et corruption. A dix-sept ans, Il est l' unique survivant de sa famille. Marqué par la mort violente de son frère aîné adoré ,Juan Guillermo ne pense qu'à se venger, une quête sauvage et impossible. " Si tu cherches la vengeance creuse deux tombes", cette citation de Confucius chuchotée à son oreille par Chelo sa douce fiancée font vaciller ses certitudes. Mais où trouver la paix, comment survivre à de telles épreuves??

Comme un miroir à la tragédie vécue par Juan Guillermo, nous suivons les traces d' Amaruk, un trappeur Inuit lancé à la poursuite d' un grand loup gris au milieu des forêts enneigées du grand Nord Canadien. Comment ses deux récits si éloignés vont-ils se fondre?

De la grande métropole mexicaine aux étendues glacées du Yukon, le sauvage qui sommeille en chacun de nous est toujours prêt à se réveiller.

Saga familiale, vendetta mexicaine, récit d' apprentissage, roman historique et épique, conte philosophique, histoire d' amour d' un romantisme absolu et légende indienne du grand Nord, mais aussi, apartés socratiques, littéraires, légendaires et même musicales. Guillermo Arriaga embrasse une époque, la fin des années soixante, et le continent américain pour nous offrir un roman éblouissant au souffle rare.

Sept cents pages qui se lisent d' une traite. Cet été sur la plage , offrez vous cet énorme pavé.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un doux parfum de mort

« Horreur de l'absurdité des circonstances, de cette vengeance imbécile et sinistre ourdie à partir d'une confusion. »



Un roman noir qui vaut pour l'atmosphère lourde, moite qu'il dégage. Assez puissant quant à la présentation des caractères des personnages avec leur part d'ombre qui noie chacun des habitants du village. Un hameau miné par la pauvreté sous un soleil de plomb, dans un abîme de souffrances et de non-dits et conduit la meute à commettre des actes par peur. Peur de ce que pensera le voisin, peur de ce que fera un mari, peur d'être reconnu comme coupable d'un crime, alors même qu'ils sont innocents. Innocents ? Finalement j'ai un doute. Coupables de leur manque d'honnêteté selon moi, mais innocents du meurtre de la jeune fille. Et pourtant quelqu'un a tué cette môme. Certes elle était délurée, mais c'était une adolescente pleine de fougue qui avait vu un homme. Celui-ci, pourra-t-il être découvert ? L'auteur nous promène sur des sentiers secs où s'envolent la fine poussière qui recouvre les errements de ces villageois qui sont oppressés autant par leurs mensonges et leurs peurs que par la touffeur dans ce huis clos aride. J'ai apprécié ce roman pour l'ambiance qui se dégage et le rendu de la psychologie des personnages qui sont coincés à l'intérieur d'eux-mêmes. Phagocytés dans leur tête, enfermés dans cet espace de misère, ils se rongent entre eux. Rares sont ceux qui peuvent se sortir de cette poisse, rares sont ceux qui iront plus loin. Et quand bien même, ils reviendront. Nul ne peut quitter ce lieu de perdition.
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Sauver le feu

Marina est riche, belle, talentueuse. Mère de trois enfants, mariée à un homme aimant, cette chorégraphe reconnue mène une vie paisible et sans heurts, jusqu’au jour où, ayant donné une représentation avec sa troupe dans la prison d’Oriente, elle fait la connaissance de José Cuauhtémoc Huiztlic. Ce géant blond aux allures de viking, écroué pour les cinquante prochaines années en raison d’homicides multiples, dont celui de son propre père, va exercer sur la belle danseuse une attraction immédiate, quasi animale. C’est alors la rencontre de deux univers, celui de la bourgeoisie, de la propreté, de la culture, avec celui de la rue, de la misère et de la colère. Un choc des cultures duquel va naître une incroyable histoire d’amour, digne des plus grandes tragédies shakespeariennes!





Wahou, quelle claque! Avec son résumé qui annonçait une histoire d’amour passionnée sur fond de narcotrafic et d’univers carcéral, on pouvait redouter le pire…Et bien, il n'en est rien! C’est même plutôt le meilleur qui nous est offert! Déjà parce que c’est raconté par le talentueux Guillermo Arriaga à qui l’on doit les scénarios de “Amours chiennes”, “21 grammes”, “Trois enterrements” ou encore “Babel”, un homme issu des quartiers chauds de Mexico, habité par la rue et capable de rendre avec le plus grand réalisme l’atmosphère de ce milieu. Mais aussi grâce à l’excellente traduction proposée par Alexandra Carrasco, qui permet une immersion totale dans ce Mexique des bas-fonds, où une infidélité peut vous valoir une vendetta sanguinaire, capable de mettre le pays à feu et à sang! Le recours à un vocabulaire argotique ainsi que les anglicismes traduits de manière phonétique du type: “ces brozers” “ton bizness” “feuking”, etc, témoignent d’une traduction qui a dû être délicate, voire carrément casse gueule et qui pourtant offre un résultat sans fausse note, rendant à merveille la puissance du texte et de la langue!





Avec son histoire d’amour impossible, quasi shakespearienne, Guillermo Arriaga nous offre une véritable déflagration littéraire. Dans ce récit dense et tumultueux, quatre narrateurs se succèdent, offrant des temporalités et des points de vue différents, entrecoupés de temps à autre par la voix d’un prisonnier, invité à s’exprimer sur son incarcération. C’est brut, brutal, porté par une écriture incandescente et dévastatrice, qui embrase tout sur son passage. Pour autant, malgré toute la violence qui ressort du texte, difficile de ne pas se laisser emporter par son incroyable puissance érotique. Les personnages, en se révélant l’un à l’autre, laissent s’exprimer leur part animale la plus pure, loin des faux semblants et des bonnes moeurs et c’est cette impression de vérité et d'authenticité, dans un monde qui s’effondre, souillé par la corruption et la violence, qui demeure à la fin! Un roman coup de point haletant et intense, dont on ne ressort pas indemne! Un gros coup de cœur pour ma part!
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L'Escadron guillotine

1910. Pancho Villa et la révolution mexicaine. Une époque troublée et intéressante, permettant encore à des gens ordinaires de jouer les héros… ou de se faire un peu d’argent. C’est ce que cherche Velasco, qui propose au général de la Division du Nord un modèle de guillotine qui est plus efficace que bien des bataillons : les forces loyales s’enfuient à l’approche de l’instrument de la mort. Toutefois, ne vous laissez pas méprendre par ce début d’intrigue. En effet, Villa, au lieu de payer l’inventeur, il le place à la tête d’un escadron et c’est le début de plusieurs péripéties hilarantes. L’escadron guillotine est un roman drôle, vraiment jouissif. Impossible de s’ennuyer en le lisant. Les personnages sont tous aussi intéressants les uns que les autres. Le terrible, sanguinaire et sympathique Villa (eh oui, c’est possible!) et le débonnaire Velasco, bien sûr, mais aussi les personnages secondaires comme Belem, Alvarez, le Chinois ou bien le sergent Ortiz. Ils sont tour à tour ingénieux, ambitieux, cruels, cyniques… bref, ils sont mémorables, haut en couleur. J’en viens à croire que la caractérisation des personnages est une des forces de l’auteur. En effet, j’en suis à mon deuxième roman de Guillermo Arriaga et c’est une force chez les deux. J’y retrouve également une bonne dose d’humour et intrigue pleine de rebondissements. Visiblement, il a eu beaucoup de plaisir à écrire ce roman et vous en aurez autant à le lire.
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Mexico, quartier Sud

Dans son recueil de nouvelles Mexico quartier sud, l’auteur Guillermo Arriaga nous fait plonger dans un quartier populaire du sud de la capitale et métropole de ce grand pays qu’est le Mexique. Le sien? Un quartier rempli de personnages pittoresques, tous aussi intéressants les uns que les autres. Ils sont tellement criant de vérité que je me demande lesquels sont inspirés, tirés d’individus ayant réellement existé. Ou jusqu’à quel point. La veuve Diaz, le docteur Del Rio, Romulo, et tant d’autres, dont certains réapparaissaient d’une nouvelle à autre. C’est fou à quel point en quelques pages, en quelques lignes, Arriaga a réussi à les cerner, à les faire vivre, à faire en sorte que le lecteur les comprenne et s’émoie un peu de leurs mésaventures. Ou en rie. C’est que, leur quotidien est raconté avec beaucoup de réalisme, et il y règne la violence, la corruption, le désespoir, la tristesse mais aussi la nostalgie, la fraternité et l’amour.



À part ces personnages, qui semblaient sortir des pages, il y a aussi les chutes. La plupart des nouvelles se terminaient sur une note dramatique (ou comique, c’est selon) assez inattendue. Et pourtant, je n’en suis pas à mes premières lectures. Eh bien, Arriaga est parvenu à me surprendre. Toutes ses histoires, elles peuvent s’être déroulées quelque part dans la moitié du XXe siècle, comme si le temps s’était arrêté dans cette Retorno 201, cette longue avenue rectiligne autour de laquelle elles s’articulent. Je dirais que c’est ma seule petite déception : des descriptions de lieux minimalistes. Il y a bien quelques éléments mentionnés à gauche et à droite (une quincaillerie quelque part, une grande maison, etc.) mais je ne suis pas arrivé à les visualiser autant que je l’aurais voulu. Dommages. Dans le genre, j’avais préféré le recueil d’un des compatriotes d’Arriaga, à savoir Zitilchén, de Hernan Lara Zavala.
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Un doux parfum de mort

Lorsque Ramon aperçoit le corps sans vie d’Adela il est envahi par l’émotion, d’autant plus que tout le monde assure que la jeune morte était sa fiancée.

Le brave garçon ne semble pas très convaincu, mais après tout, c’est sûrement vrai puisque tout un chacun le prétend.

Un coupable tout trouvé, voilà qui arrange bien les policiers pas vraiment investis dans leur mission.

Ce doux parfum de mort n’a rien de sinistre, par son talent Guillermo Arriage réussit à transformer une histoire sordide en un roman pétillant et drôle.

Un bon moment de lecture bien que je ne sois pas certaine de m’en souvenir très longtemps.





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Un doux parfum de mort

Dans un petit village perdu au fin fond du Mexique, Ramón découvre le corps sans vie de la belle Adela. La rumeur court vite, et le village tout entier est sans attendre mis au courant. Parce qu'il est celui qui était à ses côtés quand les premiers curieux sont arrivés, tout le monde pense qu'il était son petit ami attitré et qu'il doit bien sûr la venger en tuant son meurtrier. Ramón n'arrive pas à dire la vérité et endosse le rôle du fiancé justicier. La rumeur continue de courir, et un coupable qui arrange tout le monde est désigné...



Je n'ai pas vu le film 21 grammes, mais j'ai en revanche vu Babel, que l'auteur a tous deux écrits et dirigés à l'écran. Il y a de quoi donc dire qu'Arriaga a fait mieux en matière d'intrigue que ce roman lui aussi adapté au ciné. Là où Babel touchait de plein fouet à la question épineuse de l'immigration entre la frontière mexicaine et américaine et dénonçait sans détours le traitement méprisant et suspicieux constant infligé aux immigrés mexicains (légaux ou non), A Sweet Scent of Death a plutôt tendance à dépeindre le Mexique profond en abusant un peu des stéréotypes.

Le livre est clairement taillé pour le cinéma, avec une chronologie des évènements type et des personnages au caractère peu développé mais aux actions facilement visualisables assez parlantes. Le décor est planté : un village à la terre poussiéreuse loin de tout, où tout le monde se connaît, où les petits nouveaux sont marginalisés, où il fait tellement chaud et moite qu'on se représente sans difficulté le mec en débardeur blanc au front dégoulinant de sueur avec une cerveza à la main qui tient l'unique boutique du village climatisée par un mini ventilateur insuffisant, où la rumeur fait la loi, où le shérif est corrompu et où tout le monde fonctionne à la Corona, où la vengeance est un plat qui se mange chaud, si possible avec une poêlée de cactus, où les maris se défoulent violemment sur leur femme infidèle, où la petite gamine prodigue qu'on croyait tout innocente se targue d'avoir la même histoire que Laura Palmer ; les embrouilles commencent, les mensonges pleuvent, les jugements pullulent, les sentences tombent, les guns sortent et les fugitifs passent toutes les frontières.

Bref, non pas qu'une telle société ne puisse exister, surtout dans le cadre du petit coin paumé dans un coin reculé d'un pays pas forcément au top de sa forme financière, mais on va dire qu'Arriaga pousse un peu le bouchon loin, surtout pour ne pas offrir une fin digne de ce nom avec au moins une morale.

Comme le style n'est pas non plus la panacée, on va dire que cette lecture est une expérience, mais pas une expérience indispensable.
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L'Escadron guillotine

En pleine révolution mexicaine de 1910, le fabricant de guillotines Feliciano n'aurait jamais imaginé que Pancho Villa le paierait par un enrôlement forcé ni que cela lui permettrait de vivre une délicieuse histoire d'amour (délicieusement drôle) avec la mythique soldate Belem.



Arriaga distille savoureusement des histoires déjantées dans un contexte historique, mais trop de loufoque tue le loufoque et ...heureusement que le livre est court!

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Un doux parfum de mort

À Loma Grande, village mexicain éloigné de tout, la jeune Adela est retrouvée poignardée dans un champ de sorgho. Nul ne sait ce qui s’est passé et ce ne sont certainement pas les rurales corrompus qui n’ont rien à gagner à enquêter sur cette affaire qui vont courir après le coupable.

Par contre les langues se délient vite… pour raconter n’importe quoi. Pour le plaisir de parler, d’imaginer ce qui aurait pu se passer. Bien vite Ramón l’épicier qui avait croisé quelques fois Adela va devenir pour tout le village son fiancé caché. S’en convaincant lui-même, il va finir par devoir venger son hypothétique dulcinée. Ça tombe bien, la rumeur a déjà trouvé un coupable acceptable.



Dans cette atmosphère étouffante d’une communauté renfermée sur elle-même, Guillermo Arriaga brosse une savoureuse galerie de portraits et, autour d’une intrigue basique, une réflexion un brin inquiétante sur ce qu’est la vérité. À Loma Grande, celui qui parle le premier est celui qui dit la vérité. Aux autres de s’y adapter. Ramón va ainsi apprendre qu’il était le fiancé secret d’Adela et va finir par s’en convaincre. Cette vérité fondée sur la rumeur a bien sûr de sombres conséquences.



Roman noir, roman d’ambiance, Un doux parfum de mort est aussi pétri d’un humour à la limite du burlesque et réserve quelques scènes inoubliables comme, par exemple, l’embaumement artisanal d’Adela. Ce livre court se déguste comme une friandise ou comme quelque chose qui ressemble à une friandise… on peut se convaincre que c’est une simple histoire légère ; c’est peut-être aussi un récit bien plus subtil.


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Le sauvage

Guillermo Arriaga semblait avoir tiré un trait sur sa carrière de romancier depuis la parution de Le bison de la nuit (1999 au Mexique, 2005 en France), tout aussi bon, sinon meilleur que ses deux premiers livres. Depuis près de 20 ans, hormis pour un recueil de nouvelles, le mexicain s'était consacré pleinement au cinéma en tant que producteur, scénariste (21 grammes, Babel, Trois enterrements) et réalisateur (Loin de la terre brûlée). L'annonce de son retour en littérature a donc été une bonne nouvelle et la lecture de Le sauvage rien de moins qu'une déflagration, tant ce roman fleuve possède une puissance hors normes, tout en charriant une multitude d'alluvions, inévitables dans un livre aussi touffu, chargé et flamboyant. Le sauvage est le livre de la violence mexicaine, nourrie à la corruption des politiques et de la police, bénie par les autorités religieuses. Dès la deuxième page, la messe est dite, si l'on ose dire, le narrateur, Juan Guillermo, annonçant froidement que l'ensemble de sa famille, parents, frère, grand-mère et même chien et perruches allaient mourir dans un laps de temps de 4 ans. Dès lors, Guillermo Arriaga va nous raconter l'histoire de ces disparitions en passant sans cesse d'une temporalité à une autre, comme des vagues successives arrivant sur la plage des souvenirs, au risque de perdre son lecteur. Il y a malgré tout une ligne narrative forte, qui est celle de l'assassinat du frère de Guillermo, pour lequel ce dernier se sent coupable et a surtout décidé de se venger. Mais en parallèle, un autre récit se développe et prend de l'ampleur : celui de la traque d'un loup par un trappeur, au nord du Canada. A cela s'ajoutent des coquetteries typographiques sur certaines pages, de courts chapitres consacrés à Newton, Von Clausewitz, Socrate ou Jimi Hendrix, l'évocation d'un certain nombre de curiosités historiques ou ethnologiques, sans oublier l'établissement de listes plus ou moins en rapport avec les thématiques du livre. Il y a bien parfois une impression de trop plein et de luxuriance, avec une multitude de digressions, et le roman n'aurait sans doute pas été moins efficace en étant raccourci mais l'intensité et la force du style d'Arriaga finissent par annihiler toute résistance. Il y a dans Le sauvage des scènes d'une incroyable magnitude (9 sur l'échelle de Richter), notamment celles qui opposent Juan Guillermo à un loup qui n'a connu que la captivité mais qui n'a jamais renoncé à une férocité atavique. C'est bien là que se situe l'acmé du livre : L'homme est un loup pour l'homme et l'apaisement ne viendra qu'en toute fin de roman quand les aliénations morales et physiques auront disparu. Il y a sans doute dans Le sauvage de quoi écrire 3 à 4 romans distincts. Le livre n'est pas captivant à tous les instants mais quand il l'est, ce qui est assez fréquent, c'est avec une vigueur et une splendeur que l'on retrouve rarement dans la littérature contemporaine. On en sort lessivé et tout surpris d'être indemne.
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Un doux parfum de mort

La rumeur de Loma Grande apporte à Ramon Castanos une bien mauvaise nouvelle : l’assassinat d’une jeune fille qu’il appréciait et qu’il voyait souvent dans son bar. Une autre rumeur naît de nulle part : Ramon a perdu dans ce meurtre, sa fiancée. D’autres rumeurs vont chauffer les esprits et on se trouve bientôt dans une situation assez cocasse…

On se laisse vite entraîner par le scénario, on veut savoir ce qu’il va se passer. Une histoire de meurtre, de vengeance et d’amour sur un fond de western bien agréable à lire, mais un peu frustrante à la fin…

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Un doux parfum de mort

Très beaux roman contre l’amour, la mort, dans une noirceur sans égal.
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L'Escadron guillotine

Ici, dans le Mexique agité du début du siècle (c'est la guerre civile, la "Révolution mexicaine"), Velasco, un avocat inventeur à ses heures, a construit une superbe guillotine. Il ose la présenter à Pancho Villa qui menait la lutte pour les troupes du Nord. Villa, impressionné, voit tout de suite ce qu'il pourrait tirer de cette guillotine en exécutant en grande pompe et en public les opposants. Conquis il la garde et surtout garde avec lui Velasco et le nomme capitaine de "l'Escadron Guillotine" avec ses deux acolytes. Velasco qui n'était pas du tout fait pour la dure vie de combattants itinérants, souffre sous le commandement de Villa qui mène ses troupes tambour battant, en massacrant à tout va....





C'est bien sûr le ton très cynique de ce récit qui donne toute sa saveur à ce récit. L'outrance des massacres, la bravoure et l'inconscience des guerriers, la vision sanguinaire de cette époque... Tout est fait pour donner un ton décalé à cette épopée dont Arriaga se moque un peu, même s'il approuve sans doute les raisons de départ. Le personnage de Pancho Villa n'est d'ailleurs pas antipathique, juste un peu excessif. Mais on passe vraiment un bon moment avec ce récit qui est une tonique plongée dans cette époque tourmentée !

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Un doux parfum de mort

Ce roman découvert dans le cadre de masse critique fut une agréable lecture malgré la noirceur et l'atmosphère pesante qui ressort au fil des pages. Si l'histoire porte sur le meurtre d'Adela, une jeune fille nouvellement installée au village de Loma Grande, avec ses parents, l'auteur ne l'utilise que comme prétexte pour dresser un tableau cru et sans paillettes de la société mexicaine d'aujourd'hui. Tous les problèmes qui la traversent sont évoqués ici sans détour comme la corruption, la pauvreté, la violence, l'alcool, les immigrations clandestines aux Etats-Unis....



Les personnages sont dépeints dans leurs activités quotidiennes jusqu'aux détails les plus infimes tels de vrais natures mortes. Le style de l'auteur donne une large importance à ces descriptions si minutieuses que l'action nous semble se dérouler dans un rythme très lent. L'atmosphère y est également pensante et sous tension donnant au lecteur l'impression que tout peut voler en éclat à tout moment. La dualité vie/mort très présente dans la pensée mexicaine est ici largement évoquée parfois de manière très froide notamment dans les scènes avec le cadavre d'Adela.



La trame du roman est très bien ficelée si bien que l'auteur arrive à se jouer du lecteur en l'envoyant sur une autre piste que celle de l'identité de l'assassin. Une fois le livre achevé, cette question nous revient à l'esprit mais il est trop tard. L'auteur ne nous a pas levé le voile sur ce mystère. Pour lui, cela ne semble pas important. En effet, le véritable sujet est la manifestation de la justice et son exécution par les citoyens au-delà de tout cadre institutionnel.







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