Citations de Guy Hocquenghem (75)
https://blogs.mediapart.fr/michelle-guerci/blog/090920/lautre-face-de-guy-hocquenghem
Dans le groupe sujet se dépasse l'opposition entre collectif et individuel, le groupe sujet et plus fort que la mort parce que les institutions lui paraissent mortelles. Le groupe sujet homosexuel, circulaire et plane, annulaire et sans signifiant, sait que la civilisation est mortelle, elle seule.
On a dit ailleurs tout ce qu'un système désirant annulaire supprimait : la hiérarchie phallique qui se traduit concrètement par la délégation des pouvoirs.
Les mouvements homosexuels ont ceci de particulier qu'ils n'ont apparemment ni vraie centralisation (ni d'ailleurs vraie démocratie) ni consigne à transmettre, ni représentant.
Tout se passe comme si la société ne supportait pas chez un homme ce qu'elle exige d'une femme, comme si la domination de la femme et le refoulement de l'homosexualité ne faisaient qu'un.
... ce n'est pas tant l'amour de la femme en tant qu'objet sexuel particulier qui est refoulé chez les homosexuels. C'est l'ensemble du système sujet-objet qui constitue une oppression du désir.
En d'autres termes, si bisexualité il doit y avoir, ou plutôt - car pourquoi limiter à deux ? - fin de la norme sexuelle, cela passe par le processus concret de désagrégation entrepris par les mouvements homosexuels.
Mais pourquoi l'homosexualité ? Pourquoi s'attacher à cette catégorie particulière, subdivision artificielle du désir ?
... la civilisation est le piège où se prend le désir.
L'intervention homosexuelle possède cette caractéristique propre de faire intervenir le privé, le petit secret honteux de la sexualité, dans le public, dans l'organisation sociale.
L'organisation de la répression du désir au nom des intérêts supérieurs de l'humanité ou au nom des intérêts supérieurs du prolétariat est strictement équivalente du point de vue des effets.
Les instances répressives dont en général preuve d'infiniment plus de cohérence que les mouvements révolutionnaires.
Combat homosexuel et non pas combat pour l'homosexualité : à travers cette faille qu'on créée les mouvements homosexuels, qu'est-ce qui a changé ?
L'Allemagne de la fin du XIXème siècle avait connu avec le "Comité humanitaire" de Hirschfeld un mouvement de défense et de justification de l'homosexualité face à la répression sociale. Le Club "Arcadie" en France remplit à peu près les mêmes fonctions.
Ce qui intéresse ici, c'est le processus par lequel la psychanalyse opère un tour de passe-passe et frappe nécessairement de culpabilité constitutionnelle tout ce qui touche à l'érotisme anal.
S'il y a trois sexes, pourquoi pas plus ?
Ainsi le désir homosexuel à la fois n'existe qu'en groupe, et en même temps est interdit de société.
Le désir homosexuel n'est pas la résultante secondaire d'Œdipe : il est le fonctionnement d'une machine désirante branchée sur l'anus.
Le mode groupal de l'anus est l'annulaire, le cercle ouvrable à l'infini des branchements possibles en tous sens sans places assignées. Le groupal annulaire (ou pourrait écrire anulaire) fait s'effondrer le social de la hiérarchie phallique, le château de cartes de l'imaginaire.
La groupalisation de l'anus n'offre plus aucune prise à la sublimation, plus aucune faille où s'introduise la conscience coupable.