Citations de Guy Marchand (78)
L'indifférence est respectable, elle ne fait de mal à personne et bien sûr, pas de bien non plus.
Une odeur pestilentielle vint se mélanger à la chaleur. On aurait pu toucher cette puanteur, tant elle était concrète et réelle. Elle annonçait avec sa musique sourde et tragique que la mort allait bientôt surgir au détour du chemin ; qu'elle allait ricaner à la vue de ces centurions, de tous ces jeunes gens en tenue de camouflage, car elle était là, dans toute sa simplicité.
J'ai longtemps cru que j'étais un obsédé sexuel. Maintenant je sais que je suis un amateur d'art.
Hemingway ? (...) Il est des gens pour croire que la guerre fait de vous un homme ou un écrivain ; Romain, lui, avait l'impression d'être un enfant qui avait été très malade.
Un jour, papa a débarqué avec une clarinette Selmer qu'un type lui avait donné en paiement d'une réparation; moi j'aurais plutôt voulu jouer de la trompette, mais bon... Pendant de nombreuses années, j'ai essayé d'imiter Claude Luter et Sidney Bechet dans le placard à balais pour ne pas gêner les voisins. Je m'y enfermais des heures entières et je rêvais de jouer Basin Street Blues ou Royal Garden blues avec mes idoles. Trente ans plus tard, j'ai pu le faire avec Benny Vasseur - le trombone de Sidney Bechet - et mon père m'a dit que c'était "le seul truc valable de toute ma carrière".
La situation du père Voltaire n'était pas originale comme celle de tous les paumés de la vie: un peu trop de déceptions, un peut trop de trahisons, trop d'abandons, un peu trop de tristesse et soudain le loyer de l'existence n'est plus payé; c'est aussi facile de faire un paumé qu'un mort, il suffit de s'endormir au volant de la vie et on sort de la route.
Coucher avec une femme intelligente, c’est plus enrichissant. Les histoires de QI avec celles-ci ont fait progresser le mien… La femme que j’ai épousée a deux professorats, une thèse sur la littérature française, et peut s’exprimer en chinois mieux que moi dans toutes les langues, y compris ma langue maternelle.
La petite maison dans les vignes et ce merveilleux paysage lui rappelaient un peu l'Algérie, mais cela lui faisait regretter les nuits froides, les jours brûlants de son pays, où on est deux fois plus vivant qu'ailleurs, comme si la vie et la mort bavardaient de bonne compagnie au coin du feu. Et cette musique envoûtante du vent du Sud, qui sèche le sang et l'éparpille en poussières de souvenirs.
Le luxe, ça devrait être le dimanche des pauvres plutôt que le quotidien des riches.
- Vous êtes belle, madame, vous êtes belle pour deux raisons, belle parce que vous êtes une femme et belle parce que vous avez aimé et parce que vous aimez encore. Vous portez cela sur votre visage comme un diadème.
Rien de plus triste qu'un homme seul vieillissant qui fait ses courses, en hésitant sur les courgettes et les concombres, les oignons et les échalotes ça se ressemble tellement! Pourquoi ne pas donner des croquettes aux vieux célibataires avec tout ce qu'il faut dedans comme pour un vieux chien, ça serait plus pratique.
Edouard abandonna la marquise à la recherche du comte dans cette cohue. Ce fut lui qui le trouva, allongé dans le grand lit de sa chambre royale, avec un cheval qui mangeait les roses de la comtesse sur une table de chevet.
Il y avait du crottin sur le grand tapis fin XVIIe et la pluie entrait par la fenêtre sans carreaux
Elle était belle à couper le souffle, ma mère, aussi belle qu'une actrice de cinéma. Quand elle passait dans la rue à vélo, les fesses légèrement en arrière, avec l'arrogance des grandes vedettes italiennes comme Sophia Loren, elle planait avec élégance sur la misère de notre rue.
La légion d'honneur, je ne la mets pas souvent parce que je trouve que ça vieillit terriblement. Je suis assez vieux comme ça.
Ce que j’aime au cinéma ? C’est trahir le rôle. C’est-à-dire ne plus jouer tout à fait le rôle qui est écrit. Et, la plupart du temps, les metteurs en scène, du moins ceux que j’ai appréciés, étaient ravis du cadeau que je leur ai fait. L’ambiguïté du personnage… Si on me propose un personnage que je ne peux pas sauver, je ne le fais pas ! Je peux jouer un serial killer, un salaud, un connard, mais je veux pouvoir le sauver – au moins à mes yeux.
Tout à coup ,il se mit à pleuvoir ,escroquerie du syndicat d'initiative ,mousson provençale pour nettoyer les vieux palais pontificaux ,laver les péchés des papes qui se tapaient toutes les petites brunes du coin et disséminaient leur progéniture dans tous les coins de la campagne .
On ne se pressait pas de mourir. La mort, il faut quand même savoir la faire attendre. Elle nous a assez emmerdé toute notre vie. Seuls les animaux parviennent à l'ignorer et donc à l'éviter, faute de savoir qu'elle existe.
Romain tournait en rond et ses mots avaient plutôt tendance à jouer une valse hésitante, qui finissait par lui faire déchirer la page qu'il venait d'écrire. Même la banalité d'une histoire quelconque pouvait être à l'origine d'un chef d'oeuvre si toute l'humanité pouvait se reconnaitre dedans. Ecrire quand vos mots s'envolent de lecteur en lecteur comme si on volait d'un regard à un autre regard, ça élargit l'horizon. Mais pour Romain l'horizon s'était rétréci un jour de plein soleil du côté de Bou Saaba ; sa vie n'était qu'un petit supplément, une erreur de coordination, un sursis.
Un jour qu'avec un autre garnement nous nous étions glissés dans le dortoir des filles d'un petit pensionnat de banlieue en espérant découvrir l'intimité de certaines demoiselles, nous sommes restés interdits et muets, intimidés par cette odeur de jeunes filles en fleurs qui émanait de toutes ces chemises de nuit pendues et nous donnait l'impression d'avoir commis un sacrilège. Nous avons fui comme deux chiots, sans aller plus loin dans notre exploration.
L'autorité du metteur en scène n'a jamais eu aucune influence sur moi. Je lui dis : "Dis-moi que tu m'aimes, et je te jouerai ce que tu veux". Mozart disait ça, paraît-il.