Un Rasoir dans les mains d'un Singe

"Un Rasoir dans les mains d'un Singe" tient du conte fantastique.

Parallèlement aux tribulations d'Edouard, vassalisé par l'arrogant propriétaire d'un vignoble bordelais, sont évoquées des batailles célèbres auxquelles participe toujours, quelques soient les époques, le même cavalier aux yeux vairons.
A notre surprise, nous retrouvons l'étrange cavalier aux compétitions de polo bien actuelles organisées au château.

Si la cavalerie a disparu des guerres, le jeu de polo en est l'héritier direct...
Mais qui est le cavalier aux yeux vairons ?

Ce roman à l'intrigue ingénieuse débute avec l'alternance des guerres du passé et des compétitions de polo. On assiste à l'accélération progressive du rythme des combats, jusqu'à la dévastation du domaine bordelais par des forces érotiques et climatiques déchaînées. Les convenances sont emportées comme des fétus de paille en même temps que les vêtements des invités du comte. Pour un peu, on dirait bien que Satan mène le bal.

Guy Marchand a entrecroisé avec humour et tendresse ses thèmes favoris : la passion des chevaux, des automobiles, l'Argentine , l'amour, la mort. Il y a un très beau passage sur l'union quasiment mystique de l'homme et de sa jument, véritable fiancée ailée, préfiguratrice d'une autre fiancée, alezane elle aussi. La musique n'est pas directement évoquée, mais avec un peu d'attention, on la retrouve sans peine à travers le galop des chevaux, le souffle du vent...

J'ai beaucoup aimé ce texte, à la fois grave et léger, poétique et farfelu. Il est plein de sauvagerie et d'amour. C'est un texte tango.

Guy Marchand a décidément plus d'un talent. C'est un artiste généreux.

Au fait, qu'est ce qu'un rasoir dans les mains d'un singe ?

J'ai trouvé ce livre par hasard dans le cadre de la création de ma liste sur les premiers romans de la chanson française. Sinon je ne l'aurai pas lu d'autant plus que le sujet central concerne les chevaux (le polo) et ce n'est pas mon dada.
J'aime beaucoup ce que fait Guy marchand et son faux style dilettante car il est doué pour la musique et la comédie. A ma grande surprise, il l'est également pour écrire. Il a réussi à m'intéresser au milieu du polo pratiqué par l'aristocratie bordelaise. Tout pour me déplaire a priori. Et bien non, j'ai apprécié cette histoire et surtout le style de Guy Marchand. En plus c'est quelqu'un qui a de l'humour. Et puis, ces chevaux, qu'ils soient argentins ou pas, sont vraiment attachants.

L'histoire est celle d'Edouard Molineau, jeune homme introduit par hasard dans la société cosmopolite du polo international sur fond de vignoble et autres magnifiques paysages du bordelais, dans les années 90. Son amour pour un cheval le fait vibrer bien plus que le monde aristocratique dans lequel on le voit évoluer.
Il va être accompagné sans le savoir d'un mystérieux cavalier qui a la particularité d'avoir un oeil noir et un oeil jaune et dont les armoiries sont marquées d'un triangle. Ce cavalier on le retrouve dans de grandes batailles sanglantes qui ont marquées l'histoire : il est à côté de Gengis Khan en 1227 en chine, à Azincourt en 1415 mais aussi à Pavie en 1525 à côté de François 1er.
On comprend que leurs chemins vont se croiser et l'histoire prend une tournure de fable. J'ai envie de raconter la suite mais il me semble plus raisonnable de laisser la surprise aux lecteurs car les rebondissements sont très amusants.
J'ai apprécié ce livre d'autant plus que le tango argentin et les chants gitans en constituent la bande son. Je le conseille même à ceux qui ne sont pas amateurs de polo car il ne s'agit pas que de sport dans ce premier roman réussi.

Cette nouvelle débute sur une suite de petits épisodes des grandes batailles historiques, passe à une évocation des origines du polo, le bouzkachi afgan, sans trop faire voir de rapports flagrants. En fait ce sont les quelques pelletées de charbon nécessaires à faire démarrer le train de ses personnages qui parcourent un bordelais en ronronnement d'autosatisfaction… et puis le petit grain de sable, car c'est Guy Marchand qui est aux commandes, et qui aiguille son train sur une voie désaffectée. Il monte la pression au delà du rouge, alors que la voie et le temps se dégradent. Finalement le train déraille à une vitesse d'enfer au milieu d'un orage apocalyptique. Les passagers hagards s'en trouvent transformés et se disant "que diable s'est-il passé?" Sans croire si bien dire...

Ceci n'est qu'une parabole: préservons la plaisir de la lecture.