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Citations de Guy de Maupassant (4026)


Je veux faire pénétrer en vous ma tendresse, vous la verser dans l'âme, mot par mot, heure par heure, jour par jour, de sorte qu'enfin elle vous imprègne comme une liqueur tombé goutte à goutte, qu'elle vous adoucisse, vous amollisse et vous force, plus tard, à me répondre : "Moi aussi je vous aime
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D’innombrables petits chemins entre deux murs de pierres, hauts d’un mètre environ, se croisent, montent et descendent, vont et viennent, étroits, pierreux, en ravins et en escaliers, et séparent d’innombrables champs ou plutôt des jardins d’oliviers et de figuiers qu’enguirlandent des pampres rouges.
A travers les feuillages brûlés des vignes grimpées dans les arbres, on aperçoit à perte de vue des villages blancs
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Alors commença l'intimité enfantine et charmante des niaiseries d'amour, des petits mots bêtes et délicieux, le baptême avec des noms mignards de tous les détours et contours et replis de leurs corps où se plaisaient leurs bouches.
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Il regardait la figure sérieuse et respectable de M. de Marelle, avec une envie de rire sur les lèvres, en pensant : "Toi, je te fais cocu, mon vieux, je te fais cocu." Et une satisfaction intime, vicieuse, le pénétrait, une joie de voleur qui a réussi et qu'on ne soupçonne pas, une joie fourbe, délicieuse. Il avait envie, tout à coup, d'être l'ami de cet homme, de gagner sa confiance, de lui faire raconter les choses secrètes de sa vie.
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La vie est une côte. Tant qu'on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un coup la descente, et la fin, qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. A votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien... que la mort.
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Il avait aimé la mère, dans un élan de servitude volontaire, il commençait d'aimer cette fille comme un esclave, comme un vieil esclave tremblant à qui on rive des fers qu'il ne brisera plus.
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N'était-ce pas une seule femme que cette mère et cette fille si pareilles? Et la fille ne semblait-elle pas venue sur la terre uniquement pour rajeunir son amour ancien pour la mère?
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le plus grand observateur de la condition humaine .
incontestablement mon auteur préféré .
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"Je n’attends rien… je n’espère rien. Je vous aime. Quoi que vous fassiez, je vous le répéterai si souvent, avec tant de force et d’ardeur, que vous finirez bien par le comprendre. Je veux faire pénétrer en vous ma tendresse, vous la verser dans l’âme, mot par mot, heure par heure, jour par jour, de sorte qu’enfin elle vous imprègne comme une liqueur tombée goutte à goutte, qu’elle vous adoucisse, vous amollisse et vous force, plus tard, à me répondre : "Moi aussi je vous aime."
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J’étais, voici quatre ou cinq ans, en tournée d’inspection à Limoges, attendant l’heure du dîner. Assis devant le grand café de la place du Théâtre, je m’ennuyais ferme. Les commerçants s’en venaient, à deux, trois ou quatre, prendre l’absinthe ou le vermouth, parlaient tout haut de leurs affaires et de celles des autres, riaient violemment ou baissaient le ton pour se communiquer des choses importantes et délicates.

Je me disais : « Que vais-je faire après dîner ? » Et je songeais à la longue soirée dans cette ville de province, à la promenade lente et sinistre à travers les rues inconnues, à la tristesse accablante qui se dégage, pour le voyageur solitaire, de ces gens qui passent et qui vous sont étrangers en tout, par tout, par la forme du veston provincial, du chapeau et de la culotte, par les habitudes et l’accent local, tristesse pénétrante venue aussi des maisons, des boutiques, des voitures aux formes singulières, des bruits ordinaires auxquels on n’est point accoutumé, tristesse harcelante qui vous fait presser peu à peu le pas comme si on était perdu dans un pays dangereux qui vous oppresse, vous fait désirer l’hôtel, le hideux hôtel dont la chambre a conservé mille odeurs suspectes, dont le lit fait hésiter, dont la cuvette garde un cheveu collé dans la poussière du fond.

Je songeais à tout cela en regardant allumer le gaz, sentant ma détresse d’isolé accrue par la tombée des ombres. Que vais-je faire après dîner ? J’étais seul, tout seul, perdu lamentablement. (L'ami Patience)
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Il est venu, Celui que redoutaient les premières terreurs des peuples naïfs, Celui qu'exorcisaient les prêtres inquiets, que les sorciers évoquaient par les nuits sombres, sans le voir apparaître encore, à qui les pressentiments des maîtres passagers du monde prêtèrent toutes les formes monstrueuses ou gracieuses des gnomes, des esprits, des génies, des fées, des farfadets.
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Je me promenais à deux heures, en plein soleil, dans mon parterre de rosiers...dans l'allée des rosiers d'automne qui commencent à fleurir. Comme je m'arrêtais à regarder un géant des batailles, qui portait trois fleurs magnifiques, je vis, je vis distinctement, tout près de moi, la tige d'une de ces roses se plier, comme si une main invisible l'eût cueillie ! Puis la fleur s'éleva, suivant la courbe qu'aurait décrite un bras en la portant vers une bouche, et elle resta suspendue dans l'air transparent, toute seule, immobile,
effrayante tache rouge à trois pas de mes yeux.
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On y sent la pêche et le goudron qui flambe, la saumure et la coque des barques. On y voit, sur les pavés des rues, briller comme des perles des écailles de sardines, et le long des murs du port le peuple boiteux et paralysé des vieux marins qui se chauffe au soleil sur les bancs de pierre. Ils parlent de temps en temps des navigations passées et de ceux qu'ils ont connus jadis, des grands-pères de ces gamins qui courent là-bas. Leurs visages et leurs mains sont ridés, tannés, brunis, séchés par les vents, les fatigues, les embruns, les chaleurs de l'équateur et les glaces des mers du Nord, car ils ont vu, en rôdant par les océans, les dessus et les dessous du monde, et l'envers de toutes les terres et de toutes les latitudes.
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J'aime le ciel comme un oiseau, les forêts comme un loup rôdeur, les rochers comme un chamois, l'herbe profonde pour m'y rouler, pour un courir comme un cheval, et l'eau limpide pour y nager comme un poisson. Je sens frémir en moi quelque chose de toutes les espèces d'animaux, de tous les instincts, de tous les désirs confus des créatures inférieures. J'aime la terre comme elle et non comme vous, les hommes, je l'aime sans l'admirer, sans la poétiser, sans m'exalter. J'aime d'un amour bestial et profond, méprisable et sacré, tout ce qui vit, tout ce qui pousse, tout ce qu'on voit, car tout cela, laissant calme mon esprit, trouble mes yeux et mon cœur, tout : les jours, les nuits, les fleuves, les mers, les tempêtes, les bois, les aurores, le regard et la chair des femmes.
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Mais de temps en temps on rencontre un pauvre être décharné qui se traîne d'un pas accablé, appuyé au bras d'une mère, d'un frère ou d'une sœur. Ils toussent et halètent ces misérables, enveloppés de châles malgré la chaleur, et nous regardent passer avec des yeux profonds, désespérés et méchants.

Ils souffrent, ils meurent, car ce pays ravissant et tiède, c'est aussi l'hôpital du monde et le cimetière fleuri de l'Europe aristocrate.

L'affreux mal qui ne pardonne guère et qu'on nomme aujourd'hui la tuberculose, le mal qui ronge, brûle et détruit par milliers les hommes, semble avoir choisi cette côte pour y achever ses victimes.

Comme de tous les coins du monde on doit la maudire, cette terre charmante et redoutable, antichambre de la mort, parfumée et douce, où tant de familles humbles et royales, princières et bourgeoises ont laissé quelqu'un, presque toutes un enfant en qui germaient leurs espérances et s'épanouissaient leurs tendresses.

Je me rappelle Menton, la plus chaude, la plus saine de ces villes d'hiver. De même que dans les cités guerrières on voit les forteresses debout sur les hauteurs environnantes, ainsi de cette plage d'agonisants on aperçoit le cimetière, au sommet d'un monticule.

Quel lieu ce serait pour vivre, ce jardin où dorment les morts ! Des roses, des roses, partout des roses. Elles sont sanglantes, ou pâles, ou blanches, ou veinées de filets écarlates. Les tombes, les allées, les places vides encore et remplies demain, tout en est couvert. Leur parfum violent étourdit, fait vaciller les têtes et les jambes.

Et tous ceux qui sont couchés là avaient seize ans, dix-huit ans, vingt ans.
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Si on pouvait ouvrir les esprits comme on lève le couvercle d'une casserole, on trouverait des chiffres dans la tête d'un mathématicien, des silhouettes d'acteurs gesticulant et déclamant dans la tête d'un dramaturge, la figure d'une femme dans la tête d'un amoureux, des images paillardes dans celle d'un débauché, des vers dans la cervelle d'un poète, mais dans le crâne des gens qui viennent à Cannes on trouverait des couronnes de tous les modèles, nageant comme les pâtes dans un potage.

Des homme se réunissent dans les tripots parce qu'ils aiment les cartes, d'autres dans les champs de courses parce qu'ils aiment les chevaux. On se réunit à Cannes parce qu'on aime les Altesses Impériales et Royales.

Elles y sont chez elles, y règnent paisiblement dans les salons fidèles à défaut des royaumes dont on les a privées.

On en rencontre de grandes et de petites, de pauvres et de riches, de tristes et de gaies, pour tous les goûts. En général elles sont modestes, cherchent à plaire et apportent dans leurs relations avec les humbles mortels une délicatesse et une affabilité qu'on ne retrouve presque jamais chez nos députés, ces princes du pot aux votes.

Mais si les princes, les pauvres princes errants, sans budgets ni sujets, qui viennent vivre en bourgeois dans cette ville élégante et fleurie, s'y montrent simples et ne donnent point à rire, même aux irrespectueux, il n'en est pas de même des amateurs d'Altesses.

Ceux-là tournent autour de leurs idoles avec un empressement religieux et comique, et, dès qu'ils sont privés d'une, se mettent à la recherche d'une autre, comme si leur bouche ne pouvait s'ouvrir que pour prononcer "Monseigneur" ou "Madame" à la troisième personne.
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Pourquoi le son des cloches semble-t-il plus alerte au jour levant et plus lourd à la nuit tombante ? J'aime cette heure froide et légère du matin, lorsque l'homme dort encore et que s'éveille la terre. L'air est plein de frissons mystérieux que ne connaissent point les attardés du lit. On aspire, on boit la vie qui renaît, la vie matérielle du monde, la vie qui parcourt les astres et dont le secret est notre immense tourment.
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Puisqu'elle avait trompé l'autre, comment pourrait-il avoir confiance en elle, lui!
Puis, peu à peu, une espèce de calme se fit en son esprit, et se roidissant contre sa souffrance, il pensa: "Toutes les femmes sont des filles, il faut s'en servir et ne rien donner de soi."
L'amertume de son coeur lui montait aux lèvres en paroles de mépris et de dégoût. Il ne les laissa point s'épandre cependant. Il se répétait: "Le monde est aux forts. Il faut être fort. Il faut être au-dessus de tout."
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Quand il aperçut son visage reflété dans le verre poli, il se reconnut à peine, et il lui sembla qu'il ne s'était jamais vu. Ses yeux lui parurent énormes; et il était pâle, certes, il était pâle, très pâle.
Tout d'un coup, cette pensée entra en lui à la façon d'une balle: "Demain, à cette heure-ci, je serai peut-être mort."
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« Une nouvelle assez curieuse nous arrive de Rio de Janeiro. Une folie, une épidémie de folie, comparable aux démences contagieuses qui atteignirent les peuples d’Europe au moyen âge, sévit en ce moment dans la province de San-Paulo. Les habitants éperdus quittent leurs maisons, désertent leurs villages, abandonnent leurs cultures, se disant poursuivis, possédés, gouvernés comme un bétail humain par des êtres invisibles bien que tangibles, des sortes de vampires qui se nourrissent de leur vie, pendant leur sommeil, et qui boivent en outre de l’eau et du lait sans paraître toucher à aucun autre aliment.
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