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Critiques de Halldora Thoroddsen (17)
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Double vitrage

Trois automnes et un printemps pour s'immerger dans l'univers de l'héroïne de Double vitrage et de son auteure Halldora Thoroddsen .

Des automnes successifs pour appréhender la vie, l’histoire et le monde d'une septuagénaire au crépuscule de sa vie.

Des saisons oubliées mais d'autres récurrentes à l'image des souvenirs de sa mémoire sélective qui permettent de se glisser avec subtilité dans son quotidien rythmé par de nombreux rituels.





Une narration qui se déroule dans un triptyque automnal où le lecteur apprend à côtoyer à travers ses confidences cette belle dame, une esthète et amoureuse de la littérature islandaise, une érudite d’une autre époque, qui essaie malgré les années qui s’égrènent, les altérations inéluctables et les écueils de la vieillesse, de contrôler son parcours de vie et qui prudemment ouvre sa porte et son coeur pour une dernière fugue amoureuse.





Double vitrage, une femme à sa fenêtre qui ne se retrouve plus dans le monde d'aujourd'hui, qui observe d’un œil acéré ses contemporains à travers les ravages de la crise islandaise et les mutations de la société: le consumérisme, la surexploitation des images, la vitesse de l’information ...

Une femme à sa fenêtre que ni le temps, ni la vie n’a apprivoisé.

Une femme libre, libérée qui revendique son identité et ses choix comme les jeunes mères célibataires solidaires qu’elle observe avec bienveillance dans les rues de Reykjavik.





Double vitrage un texte empreint de poésie qui traite de l’isolement, de la solitude des personnes âgées, de leur besoin de partage, de comment se libérer d’une vie en différé sans pour autant faire voler son monde en éclat afin de construire une vie commune avec celui ou celle que l’on a choisi comme un dernier printemps à l’orée du grand voyage.



Un très beau portrait de femme, une histoire d’amour dans le grande cycle de la vie juste et émouvant.



Merci à Halldora Thoroddsen qui par le biais de son héroïne évoque tout en sensibilité et délicatesse les affres et les difficultés de la vieillesse et qui grâce à la trame et la construction narratives nous fait toucher au plus près sa sphère intime.



Une auteure à découvrir qui laisse, j’ai l’impression avec Double vitrage, un testament littéraire auto-fictif.

Halldora Thoroddsen, écrivaine et poétesse, est décédée le 21 juillet 2020.

Double vitrage (Tvöfalt gler) publié en 2015 a remporté le prix de littérature féminine islandais Fjöruverðlaunin en 2016 et le Prix de littérature de l’Union européenne en 2017.

Un grand merci à Jean-Christophe Salaün pour la traduction.

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Double vitrage

« Double vitrage » de l’islandaise Halldora Thoroddsen me fait penser à « Nos âmes la nuit » de l’américain Kent Haruf. Plus triste et inéluctable, c’est vrai, mais tout aussi élégant et poétique. Il traite en effet du thème délicat de la vieillesse, de l’isolement et de la solitude mais aussi de l’amour qu’éprouvent les personnes âgées.



Dans une société, il me semble que la façon de considérer les animaux, les enfants et nos ainés en disent long sur qui nous sommes et sur notre devenir. Sur notre humanité. Ce genre de livre est pour moi nécessaire car il permet d’appréhender la vieillesse comme il se doit, avec beauté et dignité, en appréhendant chaque personne dans son unicité et sa singularité, et non dans un grand tout souvent dénommé avec condescendance « les vieux ».



Nous suivons ainsi les pensées d’une veuve de 78 ans qui vit seule dans son appartement de Rekjavik. Elle observe la vie citadine derrière les fenêtres de son appartement. Nous partageons avec elle ses observations, ses souvenirs, tout en découvrant sa personnalité dans son unicité et ses caractéristiques particulières, par exemple sa façon à elle d’être toujours au seuil, très sensible, toujours à vouloir vivre à la fois dehors et dedans, d’être une et multiple à la fois. Nous découvrons peu à peu une esthète, une amoureuse des lettres islandaises, une femme empathique, qui tente, malgré les écueils de la vieillesse, de toujours bien s’apprêter, de bien se nourrir, et de mettre de la rigueur dans sa vie en tenant un carnet dans lequel elle « inscrit les jours du bain, les repas, les rendez-vous, répertorie les incidents, les morts ».

La trame narrative est intéressante car nous sommes au plus près de l’intimité de cette dame, nous percevons avec pudeur et douceur les affres et les angoisses de la vieillesse. J’ai aimé ces pensées en italique qu’on devine glanées ça et là qui viennent ainsi, sans prévenir, dans le livre … « Que lui veulent-ils, ces rayons gris qui strient le ciel ? ».



Les pensées de cette dame n’en restent pas moins riches, elle fait preuve d’une curiosité d’esprit et d’un désir de comprendre qui forcent l’admiration, témoin de l’évolution du monde actuel avec lequel elle se sent néanmoins en décalage : elle nous raconte son étonnement face à la surconsommation, la surinformation, face aux dégâts provoqués par un capitalisme débridé, et surtout face à la crise de 2008 qui a provoqué la ruine de l’Islande. Elle, elle a besoin de paix, de calme, de temps pour se concentrer et atteindre le cœur des choses.



Elle ouvre la porte de son appartement cependant pour rencontrer certains membres d’un club pour personnes âgées, devenus pour certains des ami.e.s, et elle ose ouvrir son cœur à Sverrir. Pour une dernière passion amoureuse. Bien sûr, elle hésite tout d’abord, partagée entre la peur de faire voler son monde en éclats et sa peur de la léthargie. Envahie de questions aussi : « Qu’est-ce que Sverrir peut bien voir en elle ? Que cherche-t-il ? Son corps est un nid abandonné. À son âge, ni le rang ni la dot ne suffisent à cacher les défauts du produit. Supportera-t-il ses proches ? Lui laissera-t-il suffisamment d’espace ? Osera-t-il affronter le dragon ? Les trois épreuves ».



L’amour finit par vaincre. Si ingouvernable. « La seule chose qui ne se soucie guère de l’âge est l’amour, il colore l’existence tout entière, même si les couleurs changent au fil du temps ». Je les imagine en teintes pastel, ces couleurs pour ce joli couple là, des couleurs tendres et délicates. En couple, si naturellement, de nouveau, les gestes de complicité viennent avec évidence et aisance, caresses légères formant une enveloppe autour d’eux. Le port d’attache de tous les amoureux du monde. Et peu importe les jugements des autres, proches, amis, société.



Ce livre, assez sombre car sans concession, m’a laissée l’âme en peine, mais quelques rayons horizontaux de soleil ont eu le pouvoir d’illuminer certains grains de poussière, devenus alors éclats de diamant éphémères.



Un grand merci à @mesrives à qui je dois cette lecture !

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Double vitrage

Un très court roman ou une longue nouvelle, il ne fait pas grand-chose pour faire une très belle histoire.



L’auteure aborde avec merveille la vieillesse et le temps qui passe mais surtout l'amour. Quand sommes-nous trop vieux pour tomber amoureux ? Voilà la question que pose Halldóra Thoroddsen avec Double vitrage.



Notre héroïne, une veuve de 78 ans va vivre un amour inattendu qui lui donne la légèreté des plus belles années. Mais l’amour chez les seniors reste un sujet tabou et mal vu et pas seulement en Iceland.



C’est un bel hommage à la vie, même si elle n'est pas parfaite et à l'amour de toute une vie. Jamais triste mais plutôt mélancolique, cette vieille dame regarde passer le temps par les fenêtres de son appartement avec en bruit de fond la radio allumée, le cliquetis des aiguilles à tricoter mais surtout son esprit clair regardant toujours vers l'avenir.


Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Double vitrage

Derrière les fenêtres de son appartement du centre de Reykjavik, une femme âgée contemple le monde dont les échos lui parviennent comme assourdis. Si son cocon la protège de toute la violence dont elle entend parler, il la soustrait aussi à cette vie du dehors qu'elle contemple comme on regarderait un film ou un tableau. Un chat qui passe, la vie des gens dans les immeubles autour, un homme qui court, des enfants qui jouent. Elle ne fait plus vraiment partie de ce monde et pourtant, elle sort encore un peu pour voir les quelques amis qui lui restent, ceux qui ne sont pas encore morts, se rend au club pour discuter avec Magga, Stefan, va certains soirs au pub boire un verre de gin… Et puis, son frère, ses enfants sont là, ils lui rendent visite, elle n'est pas seule.

Et pourtant...

Dans le fond, se dit-elle, elle a toujours vécu « à la lisière », « au seuil ». Elle est bien chez elle, dans cet appartement où tout lui est cher. Elle écoute les informations, serait prête à descendre dans la rue manifester s'il le fallait… Dans le silence qui est le sien, elle écoute le flux de ses pensées, se laisse porter là où sa conscience l'entraîne, souvent dans le passé…

Mais qui est-il celui qui la regarde et qui semble vouloir se rapprocher d'elle ?

« - Quel âge avez-vous ? demande-t-elle.

- Soixante-quinze ans. Si vous voulez le bilan complet : mon audition n'est pas mauvaise, sauf lorsqu'il y a beaucoup de monde, mes yeux me sont encore utiles et mes genoux sont en piteux état, je marche avec une canne, comme vous avez pu le constater.

- Et l'odorat ?

- Acceptable, merci. Et vous, qu'est-ce qu'il vous reste ?

- L'odorat est devenu plus subjectif avec l'âge, il m'envoie constamment des parfums de ma jeunesse. J'ai probablement cessé de sentir le présent. Je ne suis pas apte à juger le toucher et le goût, je n'en ai pas suffisamment fait l'expérience. »

Elle rencontre Sverrir. Un amour est-il encore possible ? À 78 ans ?

« La seule chose qui ne se soucie guère de l'âge est l'amour, il colore l'existence tout entière, même si les couleurs changent au fil du temps. »

Et si cette relation allait transformer la narratrice ? Si, de celle qui voit, elle devenait celle qui est, par ce monde et dans ce monde qu'elle a tant contemplé sans jamais oser en être vraiment ?

Un texte poétique, intime et délicat qui ne cherche pas à idéaliser la vieillesse ni à masquer les souffrances du corps et les errances de l'âme. Avec beaucoup de pudeur, les mots nous permettent de suivre les pensées d'une femme sensible et perméable au monde. Ces mots nous disent aussi que tout est possible, à tout âge, aussi bien la vie que l'amour. Et c'est tellement beau...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Double vitrage

Parfois les réseaux sociaux ont du bon. Sans les posts de deux relations qui ont plutôt bon goût et n'hésitent pas à sortir des autoroutes "main stream", je n'aurais sans doute pas entendu parler de ce livre. La preuve, je ne connaissais pas cette maison d'édition créée en 2015 et qui mérite que l'on se penche sur son cas, j'y reviendrai. Double vitrage est un court roman comme je les aime, avec un ton, un regard, de l'audace dans le choix de son sujet. Une héroïne de 78 ans, l'exploration de la vieillesse... hum, on a déjà connu plus vendeur. Même en y ajoutant une histoire d'amour, les lecteurs ne vont pas se précipiter. Eh bien, ils auraient tort.



Elle observe le monde depuis sa fenêtre, à l'abri du double vitrage. Elle ne sort plus beaucoup, quelques courses, une réunion avec la bande d'amis qui se réduit au fil des années, et un petit verre au pub du coin de la rue le samedi soir. Son mari, l'homme qui avait brisé sa solitude, rempli les murs de son humour joyeux pendant de longues années est mort désormais. Elle ne sait plus trop ce qu'elle fait là, s'est toujours sentie en décalage avec le monde extérieur dont les échos lui parviennent parfois avec fracas, elle se demande pourquoi ce vieil homme la regarde jusqu'à ce qu'il trouve le courage de l'aborder. Une histoire d'amour ? Maintenant ? Quelle drôle d'idée...



"Toujours la même histoire, un garçon rencontre une fille. Est-ce là tout ce que nous savons faire ? Le dénommé troisième âge ne propose-t-il pas une autre forme de participation ? Une autre forme d'amour ? On n'attend tout de même pas de nous qu'on façonne un petit nid douillet si près de la fin. Tomber amoureux maintenant c'est un soin palliatif de misère."



A travers cette histoire, l'auteure explore un environnement qui se singularise par le rapport au temps de ceux qui ont déjà beaucoup vécu et voient également approcher à grands pas l'échéance fatale. La trop grande expérience peut être un frein à se lancer dans une nouvelle aventure, lâcher prise, consentir au risque, pas si simple. Mais le regard de cette femme, sans illusion mais pas sans espoir est teinté d'un humour caustique qui emporte le morceau. Loin d'être autocentré, il englobe un monde qui court à sa perte, sur fond de crise financière en Islande, de cacophonie médiatique et de dérèglement climatique. Et jette une lumière crue mais tendre sur la réalité des êtres au crépuscule de leur vie, leur quête d'une façon d'être harmonieusement au monde, entre envie de faire encore et renoncement assumé. C'est poignant de lucidité.



"Nombreuses sont les jouissances, pour ainsi dire à portée de mains, qu'elle laissera probablement passer. Elles lui échapperont toujours, probablement comme elles échapperont à ceux qui parcourent le monde à leur recherche. Le divertissement. Quel triste mot. Faire diversion."



Ayez la curiosité d'ouvrir ce Double vitrage, il ne cherche pas à faire diversion et ne laisse pas indifférent.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Double vitrage

Double Vitrage de l’Islandaise Halldora Thoroddsen est un roman court, surprenant et banal à la fois. Le personnage principal du livre, une veuve de 78 ans observe le monde derrière sa fenêtre et voit défiler les saisons et les gens.



Ce sont ses observations, ses pensées souvent aiguisées, ses souvenirs, ses dialogues imaginaires avec son mari décédé et ses quelques rencontres avec des amis qui se raréfient que nous raconte la vieille dame. Soudain, se profile la perspective d’un nouveau compagnonnage qui jette un rayon de lumière sur un horizon jusque-là un peu étroit.



J’ai beaucoup aimé ce roman sensible, au style direct et élégant, et où sont disséminées en italiques entre les paragraphes une ligne d’observations d’un spectateur extérieur, comme des notes jetées sur un carnet. Ces observations ravivent le texte, lui donnent de petits éclats de vie à droite et à gauche, par exemple : ‘Démontrant une totale désinvolture, elle enfile sa robe rouge’ ou ‘Eclate de rire ne se souvient plus pourquoi’ ou encore ‘Cruelles ténèbres hivernales, c’est tout juste si ça vaut la peine de se réveiller’. On a alors une nouvelle perspective sur le personnage, c’est habile.



Un joli roman, délicat, sur la vieillesse, l’espoir, l’amour encore possible et la solitude à laquelle d’ailleurs elle ne pensait plus comme à une ennemie « La solitude finit toutefois par lui donner un rôle aussi précieux qu’unique. Celui de voir. » C’est là tout le sel de ce roman.



Je compte bien poursuivre ma découverte de la collection Fiction Europe des éditions Jaune et Bleu qui permettent à des auteurs de pays de l’union européenne d’être traduits et publiés en français. En France l’anglais représente 64% des titres traduits, puis viennent le japonais, l’allemand, l’italien et l’espagnol. Cela laisse peu de place aux auteurs provenant d’autres pays européens. J’aime aussi beaucoup la présentation de leurs livres, le visuel, le papier, le marque-page intégré, un objet de qualité. A tout hasard, je précise que je n’ai pas d’actions ou autres intérêts financiers chez cet éditeur.

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Double vitrage

La vieillesse. Horizon lointain, nébuleux. Crainte dans une société qui valorise la jeunesse, la santé, la vitalité. 



Pourtant, les personnes âgées sont toujours en vie. Elles peuvent aimer. Même si cela dérange. L'idée de deux corps usés s'unissant, profitant des derniers instants de leurs vies avant que la mort, la sénilité ne vienne les rattraper. 



Tel est le sujet de ce court roman d'une incroyable délicatesse, d'une belle sobriété pour décrire le chant du cygne d'une vie. 



Le début est froid, clinique, nous offrant comme une vue de la vie de cette vieille femme. Puis, l'amour arrive, réchauffant les sens qu'elle pensait endormis. Mais la vie est une tragédie dont la fin est toujours la même. 



Voilà une très belle lecture émouvante, qui nous confronte à cette perpective inéluctable.



Ce roman, servi dans un magnifique écrin, donne envie de découvrir les autres titres de cette nouvelle maison d'édition.
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Double vitrage

C’est une vieille dame comme il en existe des milliers. Son mari est mort, ses enfants sont loin. Alors, elle regarde les passants passer à travers le d’oublie vitrage de sa fenêtre qui la sépare du monde, à défaut de regarder la fin qui approche. Le chat qui lève la queue vers le ciel en avançant élégamment, les enfants qui jouent, la neige qui tombe. Et un jour, elle rencontre quelqu’un. Un homme à voir en dehors des clubs de vieux, qui est spécial pour elle comme est spéciale pour lui. Un homme avec qui continuer à vieillir, en espérant que son défunt mari ne lui en veuille pas trop. Mais être en couple a un âge où les projets se font à court-terme, c’est quoi ? Les gens sourient, en se demandant s’ils connaissent les plaisir de la chair. Ça les fait sourire aussi, comme si l’idée de couple se définissait dans un lit. Ils trompent la solitude par choix, pour partager la douceur d’un matin enneigé à deux, avec la sérénité gagnée au fil des années.

C’est un livre de plus qui confirme mon appétence pour les plumes islandaises. Il n’y a pas un mot de trop. Si la relation de deux personnes peut se comprendre en la description d’un geste, alors soit, il n’y aura rien de plus. Poésie et concision sont au rendez-vous pour aborder ce thème touchant, au combien particulier et universel. Une belle lecture à savourer ou à offrir à ceux qui apprécient le style islandais.

Ça vous tente ?
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Double vitrage

Elle habite à Reykjavik, dans un petit appartement. A 78 ans, elle est veuve et passe ses journées à regarder défiler le monde d’aujourd’hui à sa fenêtre. Un monde dans lequel elle ne se sent plus vraiment appartenir, dans lequel elle vit, mais plus vraiment. Quand on est vieux, le monde nous laisse de côté, ne veut plus nous regarder en face. Ce monde, elle l’a vu se transformer, muter. Pour le meilleur, peut-être ; mais elle, ce qu’elle voit, c’est surtout le pire : le consumérisme à outrance, cette course continuelle pour faire tout, dans l’instant, sans prendre le temps de savourer le temps présent. Si seulement ils savaient, comme le temps présent de la jeunesse est important. Elle, elle n’a plus rien désormais. Alors, elle les regarde, eux. Les jeunes. De loin. Elle est à l’automne de sa vie et se confie sur sa jeunesse en tant que femme libre, rêveuse et érudite.



Et puis, un jour, un homme arrive dans sa vie. Avec lui, c’est un peu le goût de vivre qu’elle retrouve. Un sentiment d’appartenance. Avec lui, elle a le sentiment de faire encore partie de ce monde, d’y avoir sa place. De se sentir légitime à être là. Alors, ils font des plans pour le futur, pour leurs vieux jours.



Derrière son double vitrage, elle nous parle de la vieillesse et de la solitude avec beaucoup de justesse et de poésie. Elle raconte le besoin intarissable de contact et de partage pour ces personnes dont l’âge les rend invisible aux yeux du monde. Elle conte l’isolement et ses ravages avec un subtil mélange entre brutalité et douceur. Et ce qui en ressort est aussi beau qu’émouvant.



C’est avec ce magnifique récit qui résonne d’authenticité que je découvre Halldora Thoroddsen. Il se trouve que c’est son dernier récit, qu’elle aura publié à l’âge de 78 ans, soit l’âge de la narratrice, et deux ans avant son décès… Difficile de ne pas y voir, dès lors, un témoignage très personnel de la vieillesse et de l’automne de la vie.

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Double vitrage

Prix de la Littérature de l'Union Européenne 2017 ; prix de la Littérature féminine islandais Fjöruverðlaunin 2016.



Un livre où chaque page, presque chaque phrase semble importante ; un livre qui aborde, à partir d'une courte tranche de vie, quelques saisons, de nombreux thèmes principaux comme l'amour, le respect de soi, l'attention aux autres ; un livre qui nous plonge dans les pensées d'une vieille dame de 78 ans qui a envie de vivre encore un peu...



Elle habite un petit appartement à Reykjavik, elle n'est ni pauvre ni malheureuse, sa famille vient la voir et elle a un ancien groupe d'amis ; elle pense beaucoup, à son mari décédé, au temps qui passe..., " Souvent , elle a l'impression d'être plus spectatrice qu'actrice de ses pensées. Témoin réfléchi. Elle dispose soigneusement les nouvelles avec les anciennes..." (p 17)



Elle observe la vie autour d'elle, depuis sa fenêtre, le jour, la nuit quand elle ne dort pas : le beau chat tigré parmi le feuillage d'automne, le grand vieillard qui boîte un peu, les jeunes femmes et leur marmaille, les hommes...

Elle tricote, écoute de la musique, s'intéresse à la marche du monde, trouve que tout se répète, va au café.



Et puis, c'est la rencontre avec Sverrir, l'homme qui la regarde sans cesse quand elle sort ; un homme sympathique de soixante-quinze ans, qui sent bon, un ancien chirurgien.

Que peut-il se passer entre eux ? Est-il encore temps pour une forme d'amour ? Comment réagiront leurs proches ?



Un très beau texte, plein d'élégance et de charme, de poésie mais aussi d'humour ; un petit livre qui marque, un concentré d'existence.



Extrait p 12 : " Au fond, elle a toujours été à la lisière. Au seuil. Elle voudrait vivre dehors et dedans, la porte ouverte, être là où les gens passent. Une et multiple à la fois. Mais elle reste la plupart du temps seule derrière la fenêtre sud. Elle peut aller sur le balcon, regarder l'école maternelle en face, et il ne lui faut que quelques minutes pour rejoindre la rue commerçante de Laugavegur, où il y a toujours du monde. Ce soir, elle ira au pub boire sontraditionnel verre de gin. Un plaisir qu'elle s'accorde parfois."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Double vitrage

Si je dis que ça parle d'une femme de 78 ans vivant à Reikjavik, veuve, deux fils, quelques amis et occupations, ça ne va pas attirer grand lecteur. Et pourtant...



Ce court roman de moins de 100 pages s'est révélé absolument fascinant, avec son thème pas dans l'air du temps. Ses pensées et ses souvenirs s'égrènent, son regard et ses réflexions sont vives, sans compromis. Dès le début elle a rencontré un homme de sa génération, elle hésite, et puis elle va se décider.



"A son âge, ni le rang ni la dot ne suffisent à cacher les défauts du produit. Supportera-t-il ses proches? Lui laissera-t-il suffisamment d'espace? Osera-t-il affronter le dragon? Les trois épreuves. Sverrir n'hésite pas. Manquerait-il par hasard des boutons à sa chemise?"



"- Tu as si peur que ça?



- Oui, de faire voler mon monde en éclats. Mais j'ai tout aussi peur de la léthargie."



Oui, on s'attache à cette héroïne pleine d'aspirations, au franc parler, aux idées bien campées.



Oui, il y a aussi ce petit quelque chose dans l'écriture, dans les notations, dans les incises en italique dans le texte évoquant parfois des haïkus.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Double vitrage

Du haut de ses 78 ans et protégée par son double vitrage, une veuve regarde le monde et la vie, cet aujourd’hui qui n’est plus tout à fait le sien et se concentre au cœur de Reykjavik. Il reste des amis, il y a de la famille, mais le temps fut long, a fui. Que reste-t-il à (re)vivre désormais ?



Avec une poésie simple, la plume musicale de Halldóra Thoroddsen fait de nous un petit oiseau sur l’épaule d’un personnage fragile, lucide, très attachant, qui rencontre les automnes entre permanence et décalage, une folle envie de vivre contrainte à composer avec la force des habitudes, la confiance en demain qui s’émousse, le vertige de son monde que l’on ne reconnaît plus toujours. C’est un roman de reflets : miroir intime, miroir social, miroir des générations et d’une société islandaise qui a tant muté.



« Double vitrage », lauréat du prix de littérature islandaise féminine en 2016 et du Prix de littérature de l’Union européenne en 2017 est le premier roman traduit en français de cette autrice à l’œuvre prolifique disparue en 2020.
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Double vitrage

Une quatrième de couverture un peu trompeuse …

Dommage. Il est bien sûr question d’une histoire d’amour entre deux seniors, mais ce n’est pas l’essentiel de ce court roman. La vieillesse et l’appréhension de celle-ci est abordée à la fois avec poésie et clairvoyance. Le regard de cette femme sur le monde qui l’entoure est doux.

Il n’y a plus d’illusions mais le désir est là. Le désir de la vie. Voir des amoureux s’embrasser. Écouter les cris et les rires des enfants. Entendre le monde autour de soi.

Ce roman est une pause dans le temps.

Beaucoup de charme et d’élégance, d’humour aussi pour raconter ce passage de la vie.

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Double vitrage

Alors, d'accord c'est bien écrit, l'écriture est concise, les phrases ont une belle musicalité ... mais cela ne fait pas tout pour moi. Jai eu beaucoup de mal à lire ces pages où s'étirent les journées d'une vieille dame derrière ses fenêtres (mais pas que !). Ces fenêtres donnent sur le beau paysage de la montagne d'un côté et sur des bâtiments, de l'autre.

Pas de fenêtres sur cours ... dommage, il y aurait au moins eu du suspens !
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Double vitrage

Bien qu'appartenant à une classe d'âge beaucoup plus proche de celle de l'héroïne que d'une adolescente, la lecture de Double vitrage m'a en grande partie laissée de marbre, et pour certains passages, m'a mise très mal à l'aise, car en dépit de points communs sur notre état-civil et notre mode de vie, je ne me suis pas du tout reconnue dans ce triste portrait d'une vieille qui passe son temps derrière sa fenêtre en tricotant des moufles. On savait déjà que la vieillesse est un naufrage, dans ce bref roman islandais, c'est carrément le Titanic.





Tout en précisant que bien évidemment, je n'oublie pas ceux et celles à qui tout choix est interdit par pauvreté, qui mangent grâce à Coluche, vivent avec des retraites ignobles dans des logements insalubres, sont gravement malades ou ont rompu avec leur famille, abandonnés par nos gouvernants aux niveaux de vie et propos indécents, j'apporte quelques précisions que mon âge rend légitimes  : non, tous les veufs ne lisent pas la rubrique nécrologique pour trouver une nouvelle alter ego qui lavera leur linge  ; non, les vieux y compris les médecins à la retraite ne passent pas leurs vacances à parler de leur transit intestinal et de leurs douleurs articulaires comme tous les gens de leur âge ; non, les vieux ne sont pas nostalgiques d'un temps ancien où désoeuvrés, ils usaient leurs culottes en passant leurs journées assis sur des bancs publics ; non, les vieux ne se contentent pas de fréquenter les centres sociaux pour jouer au bingo (ou au loto, version française) ; non, les vieux ne sont pas tous frappés par Alzheimer ou ses variants fort heureusement, ni par de sournois AVC, et enfin, j'en resterai là, ils n'ont pas comme seule aspiration immobilière d'obtenir un logement dans un immeuble dédié aux seniors avec services appropriés à leur décrépitude.





Si comme beaucoup de personnes longtemps valides, vous êtes heureuse dans votre domicile, si vous êtes autonome pour faire vos courses y compris en voiture sans rouler à contresens sur l'autoroute, si vous voyagez grâce à votre sésame sanitaire, si vous êtes inscrite à un cours de yoga ou d'informatique, si vos enfants vous sollicitent pour garder vos petits-enfants, aller les chercher à l'école, les faire manger le vendredi parce que Mami « le vendredi à la cantine, c'est dégueu », si vous vous sentez encore normalement tonique et utile ; si comme vous en avez le droit imprescriptible vous revendiquez votre indépendance, si vous êtes l'une des pionnières évoquées par Marie-France Hirigoyen dans Les nouvelles solitudes, qui ont volontairement choisi la solitude bien distincte de l'isolement social ; si vous écrivez des chroniques sur babelio sans oublier la moitié des mots et sans être incohérente, ne lisez pas ce roman, c'est la dépression assurée, la mort y rôde à chaque page. Quel choc ! A vous de voir !





Et en plus, ça se passe en Islande, et question météo, ce n'est pas terrible non plus... J'allais oublier, ne perdez pas l'humour...

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Double vitrage

Un homme et une femme, un peu trop seuls, se rencontrent et tombent amoureux l’un de l’autre.

Ils ont respectivement 78 et 75 ans, savent que leur histoire commune sera courte, mais leurs craintes, leurs réticences ne font pas le poids face à l’attachement grandissant, la tendresse, l’envie d’être avec l’autre en permanence.

Récit à la fois sans tabou et pudique d’une histoire d’amour qui est sans doute la dernière, et qui se nourrit des précédentes pour s’épanouir.

Joli sujet pour un roman qui sonne juste.



Traduction Jean Christophe Salaün
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Double vitrage

Un roman déroutant à l'écriture singulière. La solitude se mêle à l'espoir, l'amour côtoie la perte... Difficile de démêler toutes les émotions à la lecture de cette histoire, il m'a peut-être manqué un peu de matière dans ce roman pour pleinement l'apprécier.
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