Khadi Hane -
Demain, si Dieu le veut .
Khadi Hane vous présente son ouvrage "
Demain, si Dieu le veut" aux éditions Joëlle Losfeld. Rentrée littéraire automne 2015. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/hane-khadi-demain-dieu-veut-9782072635601.html Notes de Musique : downstairs by seph. Free Music Archives. www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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Casser de l'homosexuel étant un rituel par là-bas, nous réservions paroles et gestes brusques à la promenade du lendemain, nous contentant de chanter en sourdines, l'un après l'autre, Charles Aznavour d'abord, Freddie Mercury, ensuite, à moins que ce ne fût Freddie Mercury en premier. « The show must go on », disait Ching. Pour avoir encaissé trop de coups, il avait vite compris qu'il ne serait jamais à l'abri, tant qu'il était ce que la Nature avait fait de lui : un homme qui aimait les hommes.
« Depuis hier, mes enfants et moi n’avons rien avalé. Nous avons des fourmis plein la bouche. » (p. 135)
Si tout devait être facile dans la vie, on l'appellerait paradis. Si tout ne devait y être que souffrances, on l'aurait nommé enfer, mais la vie, c'est la vie, un entassement d'évènements heureux et de mauvais moments. S'il t'arrive un jour d'être si heureuse que tu te croirais au paradis, prépare-toi à entrer en enfer le jour suivant et vice versa. Ainsi va la vie.
« La culpabilité d’être pauvre en France me bouffait le moral, le physique et le mental, elle me rendait la vie plus dure encore. En Europe, la fortune est censée être à portée de main, c’est du moins ce que l’on croit là-bas. » (p. 73)
Seul Jacques Lenoir m'avait sortie de la crasse, lavée, apaisée. Il m'avait appris à aimer, à prendre ce que la vie donnait, même si c'étaient des broutilles. Il était blanc et alors ? Où étaient-ils quand j'avais mon gosse sous le bras à la recherche d'un abri ? (…) L'assistance retenait son souffle. Tonton Jules s'approcha de moi, essuya les crachats du chef sur ma figure et obligea celui qui en était l'auteur à regagner sa place.
- Ferme ta bouche, femme ! Ordonna celui-ci. Personne ne t'a rien demandé. Comment oses-tu venir ici et profaner la maison de Dieu ?
On en était à se débarrasser de ses plus jeunes enfants, des moins de sept ans, qu'on plaçait en ville auprès d'un marabout censé leur inculquer les préceptes du saint Coran. Une fois dans la capitale, ces gosses devenaient le gagne-pain du vénérable homme de Dieu qui les envoyait mendier dans les rues. Réveillés à l'aurore, ils ne rentraient chez le marabout, au milieu de la nuit, que s'ils avaient réussi à recueillir de l'argent. Sinon, mieux valait qu'ils dorment dans la rue. S'ils s'avisaient de rentrer sans le sou, le marabout les ligotait sur une chaise et les battait. Il leur faisait répéter à l'infini que sa maison ne leur était ouverte que s'ils ramenaient de l'argent, sans quoi ils feraient mieux de retourner chez leurs parents, où ils crèveraient de faim.
Dans mon pays, les enfants constituent la richesse de leur père, leur nombre manifeste l'étendue de ses biens. On procrée pour se maintenir dans l'histoire clanique, par le biais de la continuité de son nom, dans un avenir indéfini. Ce qui hisse le garçon sur un piédestal car c'est lui qui perpétue le nom, tandis que la fille reste un instrument de reproduction, un instrument indispensable à la multiplication des biens.
J'avais fini par me lasser de Paris, de ses habitants grincheux, de son bruit, de son caquetage et par-dessus tout de ses promesses jamais tenues.
« Quelle faute avais-je commise pour qu’on arrête Karim en flagrant délit de vente de marijuana sur le boulevard Barbès » (p. 87)
On s'inquiétait de mon état mental. Parce que je me contentais d'un petit machin, alors que je pourrais gambader dans la savane touffue d'un mâle au membre proéminent, les femmes me plaignaient. Chacune refusait ce bâton qui n'irait pas touiller le fond de la marmite. Elles décrivaient un membre rosâtre, laid, en tiraient un portrait précis, un traité du muscle illustré, réel et palpable, et les insultes à leur bouche ne tarissaient pas. Comment Jacques pouvait-il me combler avec un sexe de la taille d'un annulaire ? Comme personne n'avait la réponse, tout le monde s'accorda à dire que mon amant blanc payait à sa maîtresse noire un droit de fouir, mais que j'avais un nègre caché qui compensait la frustration.