Citations de Hanna Bervoets (20)
Nous nous sommes séparées comme les deux moitiés d'un gâteau scindées avec une précision délicate par un couteau soucieux de ne pas abîmer les roses en massepain.
"[...] On ne parle pas comme ça à une amie ; une amie, oui, nous étions des amis - pour autant que je sache, cela n'avait jamais été exprimé aussi clairement auparavant, et, je l'avoue, on aurait dit que nous venions de sceller une sorte de pacte : dans le feu de l'action, l'amitié s'était laissée débusquer, en quelque sorte."
"Nous fantasmions sur un avenir commun. Rembourser mes dettes une bonne fois pour toutes (moi), se lancer dans des études de diététicienne (elle), adopter un chiot bichon maltais (elle), emménager pour de bon ensemble (toutes les deux), "décrocher un job mieux rémunéré" (moi), tu veux dire un job normal, chérie" (elle)."
Je commençais à me rendre compte que le problème ne venait pas de moi. C’était l’idéal de beauté imposé par la société, la peur de l’abandon et la haine de soi appris dans l’enfance, blablabla, du baratin de presse féminine, mais je prenais tout ça à cœur.
"Les traumatismes secondaires provoqués par une exposition prolongée à des images choquantes peuvent entraîner dépression, anxiété et pensées paranoïaques", c'est ce qu'affirme votre communiqué de presse, pas vrai ? Je veux bien le croire [...].
J’ai toujours trouvé les ténèbres rassurantes, comme si elles engloutissaient les monstres plutôt que de les dissimuler.
Nos adieux furent affectueux, je ne peux pas dire le contraire. Nous nous sommes séparées comme deux moitiés de gâteau scindées avec une précision délicate par un couteau soucieux de ne pas abîmer les roses en massepain.
"Les traumatismes secondaires provoqués par une exposition prolongée à des images choquantes peuvent entraîner dépression,anxiété et pensées paranoïaques",c'est ce qu'affirme votre communiqué de presse,pas vrai ? (p.133)
Certes,le recours à ce style d'humour est déjà une plaisanterie en soi; autrement dit,nous sommes conscients de l'ironie qu'il y a à répéter précisément le type de paroles que nous avons passé la journée à censurer-mais nos bouffonneries relèvent beaucoup moins d'une forme de jugement moral que d'un flirt émoustillant avec l'interdit, et peut-être d'une façon de nous prouver, à nous-mêmes et aux autres, que nous avons la peau dure,que nous ne mâchons pas nos mots : non,pas question de nous laisser bouffer par notre travail, quelque chose de cet ordre (p.50)
Ces soirées d’été étouffantes que je passais seule s’écoulaient avec une lenteur horripilante. La chaleur n’atténuait même pas mes douleurs, au contraire, les élancements dans ma nuque et mon épaule droite ne faisaient qu’empirer.
Peut-être que l'amour n'est pas une carte de fidélité sur laquelle on coche toutes les cases "sentiments" et "étapes", mais simplement la somme de nos désirs et de nos peurs.
L'intensité de l'amour n'est pas proportionnelle à la quantité d'informations qu'on possède sur l'autre.
Nos adieux furent affectueux, je ne peux pas dire le contraire. Nous nous sommes séparées comme deux moitiés de gâteau scindées avec une précision délicate par un couteau soucieux de ne pas abîmer les roses en massepain.
Elle m'avait tout de suite remarquée, a-t-elle dit, elle me trouvait mystérieuse, avec mes cheveux courts et mon tee-shirt NOFX froissé (...).
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pour L., souvenirs ! 😉
j'ai effacé son message sur-le-champ, coché la case "Supprimer" avec l'ardeur de quelqu'un qui essaie de faire disparaître une tache de sang menstruel sur son pantalon.
Autant d'exemples éculés, vous le savez aussi, pas vrai? Toutes ces histoires ont été racontées dans les journaux par d'anciens modérateurs, ce qui n'empêche pas que j'ai moi-même assisté à ce genre de scènes : les saluts nazis, les chiens maltraités la fille à la lame de rasoir est même un classique.
Nous voulons toujours nous défaire de nos secrets. Oui, tout le monde finit toujours par tout se raconter. Je me suis souvent demandé pourquoi. Probablement parce que c'est justement ce que les autres ignorent de nous qui fait de nous ce que nous sommes; qui signale notre exceptionnalité.
Peut être cette idée n’est elle pas si absurde, peut être ne pose t on jamais de questions par réel intérêt pour l’autre, mais plutôt par curiosité pour ces vies à côté desquelles on est passé.
Qu'est-ce que tu as vu,au juste ?
C'est fou comme on me pose encore souvent cette question, alors que j'ai quitté Hexa depuis déjà seize mois. Les gens persistent à essayer de me tirer les vers du nez, quand ma réponse ne les satisfait pas -trop vague, pas assez choquante- ,ils retentent leur chance en changeant un peu la formulation : " Mais quelle est la pire chose que tu aies vue?" Insisté Grégory, mon nouveau collègue au musée...
Au cours du printemps, Sigrid et moi avons connu de plus en plus de "moments goji". Elle avait téléchargé une application de méditation et m'a suggéré de faire de même: "Peut-être que ça t'aidera, toi aussi". J'ai ri et répliqué que, selon moi, il n'était pas possible de méditer sur un téléphone. "Très bien", s'est-elle contentée de dire, avant de supprimer l'appli sous mes yeux d'un geste théâtral.