Publié à l’origine dans un ouvrage de référence qui brossait un vaste panorama des débuts de la peinture en Flandres, c’est un essai sur la naissance de la notion d’art en Flandres vers 1430 que se propose ici d’écrire Hans Belting. En s’émancipant du portrait de cour, le portrait bourgeois délaisse peu à peu une représentation idéale pour privilégier une peinture qui s’attache davantage à restituer les traits proprement physiques du modèle, le regard devenant le lieu unique de l’expression de l’âme. Le portrait devient ainsi une « anthropologie peinte » puisqu’il consacre la réunification des deux facettes de la nature de l’homme, à la fois corps et âme. Dans ce contexte, la figuration du miroir dans les tableaux devient un relais privilégié de ces réflexions car il met en perspective les enjeux de la peinture comme représentation d’un monde tant visible qu’invisible. L’oeuvre est ainsi envisagée comme un second miroir peint, nouveau moyen de connaissance du monde. Jan van Eyck, Robert Campin, Rogier van der Weyden, Hugo van der Goes et Hans Memling sont autant de noms qui jalonnent cette histoire flamande de l’invention du tableau, à laquelle se confronte pourtant Hieronymus Bosch qui exploite quant à lui la peinture comme miroir déformant de la réalité. Hans Belting offre avec cet ouvrage un nouvel éclairage sur l’apparition de cette peinture fondatrice pour l’histoire de l’art.
Par Milène Cuvillier, critique parue dans L'Objet d'Art 509, février 2015
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Portrait, autoportrait, figure de l’inconscient, de soi et de l’autre, à la fois singulier et universel, le visage est le « miroir de l’âme », disait Cicéron. L’historien de l’art et anthropologue allemand Hans Belting retrace son « histoire » en s’appuyant sur un impressionnant corpus d’œuvres allant de Rembrandt à Brassaï et Picasso, d’Antonin Artaud à Francis Bacon et Ingmar Bergman. Paru en 2013, et aujourd’hui traduit en français, ce texte érudit et passionnant montre comment le visage se dérobe à celui qui tente de la fixer en une image et fait du masque un élément clé de sa compréhension. « Prendre le visage pour thème, explique l’auteur, c’est comme pratiquer la chasse aux papillons ; on ne prend souvent que des doublures ou des figurants ».
D.B. Beaux Arts Magazine 395 mai 2017
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Difficile d'approche au départ mais finalement très intéressant
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