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4.15/5 (sur 40 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Königsberg , le 18/08/1908
Mort(e) à : Brake , le 27/03/1991
Biographie :

Officier de renseignement puis officier du personnel à l’état-major de la 14e Panzerdivision lors de l’assaut sur Stalingrad en 1942, Heinrich Gerlach est capturé avec les autres 90 000 survivants de la poche début 1943.

Il devient l’un des fondateurs du BDO (Bund Deutscher Offiziere) et du NFD (Nationalkomitee Freies Deutschland), deux organes suscités par les Soviétiques pour organiser l’effort de propagande de certains prisonniers de guerre en direction de leurs anciens camarades.

Prises de position qui lui valent alors logiquement d’être condamné à mort par contumace en Allemagne, en 1944, et de voir sa famille emprisonnée.

Il écrit pendant sa détention "Éclairs lointains", qui retrace l'enfer du "chaudron" de Stalingrad vu à hauteur d'homme - à la hauteur de tous ces soldats, officiers et sous-officiers d'emblée voués à l'anéantissement.

Le roman est confisqué par les services secrets soviétiques en 1949. Mais, incapable de renoncer à le publier, l'auteur, une fois libéré, en 1950, fait appel à un médecin pratiquant l'hypnose pour "retrouver" son texte. Il lui faudra plusieurs années pour le réécrire. Cette publication partielle deviendra néanmoins un énorme best-seller en Allemagne de l’Ouest à partir de sa publication en 1957 sous le titre "Die verratene Armee. Ein Stalingrad-Roman".

C’est en 2012 que le chercheur Carsten Gansel retrouve le manuscrit d’origine dans les archives militaires russes, désormais en grande partie ouvertes au public universitaire, entraînant sa publication en 2016.

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Source : charybde2.wordpress.com
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Le courrier de Noël tant attendu n'était pas venu. On n'avait reçu ni lettres ni paquets. Aucun signe visible de la patrie. Mais l'un après l'autre, les hommes sortirent des petits cadeaux qu'ils avaient préparés en cachette pour leurs camarades. Ce n'était pas grand chose : quelques cigarettes proprement emballées dans du papier, une pipe sculptée, un cadre collé. Fröhlich avait réalisé pour chacun un petit dessin du bunker avec une légende : "En souvenir du Noël 1942 dans le Kessel". Breuer tendit à Geibel, qui fumait volontiers des cigarettes, quelques cigarillos datant des temps meilleurs. Il apparut alors que Geibel avait eu la même idée. Lakosch était sorti. Une fois de retour, il posa quelque chose sur la table. C'était sa ration de survie une boîte de Sho-Ka-Kola et un paquet de biscuits de campagne.
"Heureusement, y en a au moins un qu'a pas bouffé la sienne" grommela-t-il. (...)
Seul le léger crépitement des bougies se fit entendre dans l'écho de ses paroles. Breuer serra la main à chacun, retenant un peu plus longtemps celle de Lakosch. "Courage, Lakosch ! dit-il avec chaleur. La paix reviendra sur terre !"
Deux grosses larmes roulèrent sur les joues du gamin. "Pas toute seule ! hurla une voix en lui. Pas sans nous !" Mais il fut incapable de dire quoi que ce soit. Les bougies se consumèrent lentement. L'une après l'autre, elles lancèrent une dernière flamme claire, puis elles s'éteignirent. Les gouttes de cire lumineuses se figèrent sur les girandoles en stalactites jaunâtres. Mais au-dehors, aucun ange ne fit son apparition, seule la mort traversait les étendues hivernales de son aile noire.

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Il sent ses membres se vider de leur force. Mais derrière cette défaillance soudaine se cache le pressentiment encore vague que "Stalingrad" s'est déjà déployé au-delà du temps et de l'espace, qu'on ne peut plus lui échapper, même en fuyant jusqu'aux confins de la terre; que les centaines de milliers d'hommes qui sont là -les vivants, les souffrants, les abusés et les trahis-, et aussi les morts, que tous sont retenus par des liens qui ne seront plus jamais rompus. Ceux qui ont survécu aux atrocités qui se sont déroulées sur les champs de neige au bord de la Volga ne se débarrasseront plus jamais de Stalingrad.
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Pour lui, une mitrailleuse était une énigme. "Qu'est-ce qui se passera quand les chars arriveront? demanda-t-il, très inquiet. Est-ce qu'on peut faire quelque chose contre eux avec ce truc?
-Bien sûr! assura Lakosh. Il faut juste tirer sur la fente de visée."
Geibel n'avait qu'une idée approximative de ce qu'était une fente de visée. "Et la nuit, on la voit? s'enquit-il d'un ton de doute.
-Si tu la vois pas, expliqua Lakosh avec la condescendance de l'expert, tu ouvres la trappe et tu balances une grenade à l'intérieur.
-Mais on n'en a pas, des grenades! répliqua Geibel, de plus en plus soucieux.
-Dans ce cas, tu flanques autre chose dedans, une brique ou un truc du même genre!"
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Le mitraillage s'accentue. À la multitude d'orgues de Staline se joignent des pièces d'artillerie de tous calibres. Une muraille de fontaines de terre de la hauteur d'un immeuble jaillit, passe sur les barrages de champs de mines qui explosent, déchiquette les obstacles de barbelés, fond sur les tranchées et les nids de mitrailleuses, soulevant dans un tourbillon des bouts de bois, des armes et des corps humains, et roule en direction des positions d'artillerie. Ça bouillonne, mugit, hurle et craque... La terre elle-même, lacérée, mise en pièces, se recroqueville sous l'éruption infernale de la matière.
Qu'est-ce que l'homme...?
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Herbert pris la mouche. "Tu ne vas pas me dire que c'est par conviction que tu t'emmerdes à bosser pour la SA tous les dimanches !"
Lakosch rangea ses papiers et leva les yeux d'un air indigné.
"Bien sûr que si ! T'arrives pas à croire qu'on puisse avoir envie que les ouvriers eux aussi, ils vivent mieux ?
-De quoi tu te plains ? Tu devais plutôt bien gagner ta vie à faire le chauffeur !
-C'est pas de moi que je parle. Mais regarde un peu les mineurs de Haute-Silésie ! Mon père, c'était une gueule noire, hein... Y a pas de quoi rire !
-Ah ! Et depuis 33 il va mieux, c'est ça ?
-Non, répondit Lakosch, déconcerté. Lui non... Il est mort... Mais les autres..., poursuivit-il, retrouvant sa vivacité. Il y a plein de trucs qui ont changé, ça je peux te le dire ! Et s'ils nous avaient pas déjà fourgué la guerre, on aurait déjà le socialisme !
-Si...Si...! Railla Herbert. Et si t'avais pas apporté cette boîte de conserve, on n'aurait rien à manger ! Allez, le socialo, prends-toi de la saucisse !"
[...]
"C'est ça le problème avec cette guerre, reprit-il en mastiquant énergiquement. Pourquoi est-ce qu'ils ont commencé, les autres ? Parce qu'ils nous enviaient notre socialisme, mon vieux ! Y a pas d'autre raison ! Mais attends un peu, quand on aura gagné, tu vas voir ce que tu vas voir ! Adolf, y larguera les banques, les trusts, tout le grand capital ! Et tout sera socialisé.
-Tout ? demanda Geibel, effrayé. Même les commerces et ce genre de trucs ?
-Mais non andouille, pas les petites entreprises, rétorqua Lakosch avec dédain. On est pas des communistes, quand même !
-Et les grandes entreprises non plus ! intervint Herbert. Tu veux dire qu'Hitler, il les laisse s'enrichir avec la guerre pour pouvoir tout reprendre ensuite ?
-Mais qu'est-ce que vous en savez ? s'emporta Lakosch. Vous croyez peut-être que "national-socialisme" et "parti ouvrier", c'est que des mots ? Adolf aussi, il a été ouvrier. Moi, je vous dis qu'il laissera pas les ouvriers dans la merde !"
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Et l'on aurait dit que le jeu cruel de la nature encourageait l'illusion, la croyance mystique au miracle auxquelles ils s'abandonnaient avec de moins en moins de retenue à mesure que leur situation s'aggravait jusqu'à devenir désespérée. Le commandement, valet servile de l'optimisme prôné par la hiérarchie, alimentait cette croyance jusqu'à se prendre insensiblement au jeu. On ne voulait plus voir la réalité -et on ne la voyait plus.
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D'un pas mécanique, tels des spectres, ils frôlent la frontière de la mort glacée. Ça et là, l'un d'eux la franchit d'un pas chancelant et tombe sans un bruit. Une dernière fois, le torse essaie de se redresser puis s'affaisse , la main qui soutient mollement la tête pesante glisse. Le corps ne bouge plus. Les autres l'enjambent en trébuchant.
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Il parla de tout ce qu'il avait vécu -au téléphone- au cours de ses trois semaines de séjour sur place: de la faim, du vain combat mené sans armes lourdes, sans munitions, sans installations défensives, sans équipements d'hiver; du pitoyable échec de la Luftwaffe qui, pour l'heure, ne convoyait plus qu'une quarantaine de tonnes par jour (tout juste un septième des besoins); des phénomènes de déliquescence, du nombre croissant de blessés et de malades qu'on ne pouvait plus soigner. Il parla habilement, trop habilement peut-être.
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"L'OKH a fait les comptes, poursuivit tranquillement le général Schmidt. Nous avons plus de 300 000 hommes, il en faut 270 000 en première ligne. D'après mes calculs, il y a encore au moins 50 000 hommes qui sont là à se tourner les pouces dans le Kessel. Ça fait 50 000 soldats d'infanterie!"
Des fantassins? Ces chauffeurs, ces convoyeurs de munitions, ces boulangers et ces pelleteurs malades et à moitié morts de faim, tous tant qu'ils étaient -des fantassins? C'était à mourir de rire! Le commandement de l'armée était-il vraiment stupide ou faisait t-il juste semblant?
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S’était-il donc produit quelque chose qui justifiait le pessimisme des spécialistes ? Ainsi s’interrogeait Unold, et son regard retrouva de l’éclat et de la couleur. Non, absolument pas ! Brauchitsch et Rundstedt ne sont plus là, disparus de la circulation, des sceptiques dépourvus de foi. D’autres, à la foi plus affirmée, les ont remplacés. Hitler en personne a pris le haut commandement de l’Armée. Un an a passé, et nous voici aujourd’hui à Stalingrad. Un génie, incompréhensible dans sa singularité, a balayé toute la théorie et tout le savoir livresque. Un génie qui puise sa force et sa capacité d’accomplir des miracles dans la foi de millions de gens, cette foi qui déplace des montagnes. Qui aurait pu croire qu’une seule division pouvait tenir un secteur de cinquante kilomètres de large ? Si un élève officier avait osé dire une chose pareille dans une école militaire, il se serait fait renvoyer pour incompétence irrémédiable. Or voici qu’à l’Est, c’était devenu une réalité quotidienne, rendue possible par la foi inébranlable de tous, tel était le garant de la victoire. Douter, c’était déserter.
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