Citations de Henri Duvernois (13)
— J’espère que vous n’êtes pas matérialiste ?
— Oui et non…
— Quelle horreur ! Comment vivre, s’il n’y a que la vie !
Sourcier.- Tu es bon, toi ! Un jour, j'ai failli me tuer.
Passandeau.- Non ?
Sourcier.- Si ! Je n'en pouvais plus...j'ai songé sérieusement au suicide...Seulement, comme c'était Mathilde qui tenait les clefs de la caisse, je me trouvais acculé à un suicide économique : la noyade en Seine, par exemple.
Passandeau.- Ça t'a dégoûté ?
Sourcier.- Et puis il faisait beau. J'ai songé qu'il continuerait à faire beau pour Mathilde et ça m'a retenu. D'ailleurs, j'aime la vie ; je n'attends d'elle que d'humbles petits cadeaux ; mes joies sont pures et modestes : regarder un arbre qui ne pose pas pour moi, me chauffer à un rayon de soleil, m'asseoir dans un bon fauteuil et lire le livre d'un monsieur qui a eu l'obligeance de se fatiguer à voyager ou à aimer à ma place. Je suis né spectateur. Je ne m'ennuie jamais. J'apprécie le silence.
Quelle musique pour quelqu'un qui a eu pendant vingt ans les oreilles torturées par des glapissements sans nom !...Je commençais donc à désespérer, c'est à dire à me résigner ; j'étais condamné à Mathilde à perpétuité quand j'ai eu une idée de génie !...La maison de santé ; me faire enfermer comme fou...
On se croit parfaitement bon, gémit-il, on se croit une petite merveille isolée sur la terre, mais quand sonne l’heure de la vérité, on s’aperçoit que l’on a été un homme comme les autres, meilleur que les pires peut être… tout au plus… et encore…
Ma femme ? Je ne saurais mieux la comparer qu'à une invention française. C'est moi qui l'ai trouvée... et ce sont les autres qui en profitent !
Une boucherie, six heures de l'après-midi, en plein été.
Un morceaux de boeuf. Quatre moutons alignés.
Devant l'étal, Mr Tomenteux, vigoureux et haut en couleur, hache des viandes et en aplatit d'autres.
On entend un piano qui joue, à côté, un air américain fortement rythmé.
Selon ce rythme, Mr Tomenteux hache et aplatit, tour à tour.
Des pots de géranium, des fleurs décorent la boutique.
Dans la caisse, Mr Tomenteux ajoute des additions....
(lever de rideau de la pièce de théâtre "Le professeur" d'Henri Duvernois, extraite de "La Petite Illustration" n°215 parue en octobre 1928)
Tout homme, qu’il se raidisse ou non, qu’il essaie d’évoluer ou qu’il se consume en regrets, appartient à l’époque où il a été jeune.
—Vous êtes de ces privilégiés que l’on voit toujours jeunes.
—Parce qu’ils ont toujours été vieux !
—L’âge n’est qu’un mot.
—L’âge, c’est plusieurs maux, hélas !…
Une chambre à l'ameublement à la fois sordide et prétentieux ; table de travail, feuilles éparses, dictionnaires, livres, modeste bibliothèque-étagère.
Le rideau d'une penderie cache des vêtements.
Au lever du rideau, Eugène et l'ami échangent leurs confidences.
L'ami .- ... Quel beauté ! On n'imagine pas une beauté pareille ...
J'ai beaucoup aimé cette pièce si malicieusement nuancée et si finement écrite.
Je ne puis vous décrire l'éclat d'un dialogue où chaque phrase est riche de pensées.
(A l'occasion de la répétition générale, Pierre Veber écrit dans le "Petit Journal")
La gloire, cher monsieur, la gloire… c’est de l’énervement et des invitations à dîner, rien de plus.
Bien des acrimonies n’ont pas d’autre cause qu’une grande tendresse inemployée.
Salon cabinet de travail. Piano couvert de partitions et de manuscrits. Près du piano, une petite table ; chaise longue à côté. A droite, un canapé. Livres. Beaucoup de fleurs. Deux roses dans un vase de cristal sur le piano.
Une pièce chaude, intime.
Au lever de rideau, le valet de chambre introduit le docteur....
(lever de rideau de "la fugue" pièce parue dans "la petite illustration" en octobre 1929)