« [ ] À trente ans, Amiel rêvait d'être un brillant pédagogue, un philosophe au-dessus de tout soupçon ; il lisait Hegel et s'abonnait à l'optimisme. À cinquante, il s'aperçut que le bonheur est une chimère, la vie un « prêt à échéance limitée fait à l'individu ». [ ] » « [ ] Henri-Frédéric Amiel (1821-1881) [ ] fut au XIXe siècle le plus précis des sismographes en matière de sentiments [ ]. [ ] Au terme de son existence, Amiel affirmait avoir fait le chemin de Pascal à Montaigne et n'être plus obsédé par l'au-delà. Il confessait, « la mort dans l'âme », qu'il n'attendait pas de revanche à sa vie manquée : « Rien, rien, rien ! Nada ! » serait la conclusion. S'il n'y a de paix que dans le non-être, la résurrection est une récompense de dupes. [ ] Lui-même ne nourrissait aucune prétention, poussant la modestie jusqu'à vouloir faire inscrire cette épitaphe sur sa tombe : « Bien doué de la nature, favorisé des circonstances, il travailla toute sa vie à se préparer à vivre, et il allait vivre quand il mourut. Apprenez, mortels, de lui comment il faut faire et faites ce qu'il ne fit pas : marchez et osez ! » [ ] cet homme sans surprise, qui n'avait jamais réussi qu'à décevoir son entourage, préparait un coup de théâtre posthume : la révélation de son Journal intime. [ ] L'estime de soi, Amiel l'avait bradée tout au long de sa confession. Le Journal dévora sa vie ; il se laissa faire, persuadé que la seule infortune est d'être né. L'existence, Amiel l'avait compris, est un roman de la désillusion, tiré à des millions d'exemplaires, distribué en poche et à titre gracieux aux passants de chaque siècle. Certains croient détenir l'édition originale et se démènent pour qu'on reconnaisse leur différence ; d'autres griffonnent dans la marge, en espérant modifier le texte ; la plupart lui trouvent un goût de papier mâché, quelques-uns le font relier et le glissent, en même temps que leur destin, dans un coin préservé de la bibliothèque : ils n'oublient jamais d'enlever la poussière sur les tranches, bien que l'envie ne leur soit jamais venue d'en feuilleter un chapitre. [ ] » (Roland Jaccard, La tentation nihiliste, Éditions PUF, 1989) « [ ] Tout est dans tout. L'entier est dans ce qui commence Et dans ce qui finit. Rien n'est petit. L'immense Sort du néant. Puis dans sa forme à soi chaque métal se coule ; Chaque arbre fait sa feuille. Ainsi donc point de moule Prison du goût ! Grands ou courts, ces fragments sont ce qu'ils sont, qu'importe ? Mauvais, refuse-leur, bons, ouvre-leur ta porte, Et puis c'est tout. 20 décembre 1853 » (Épilogue) 0:04 - le papillon 1:00 - Théodicée 1:34 - Être prêt 3:01 - Tocqueville : de la démocratie en Amérique 4:53 - Tête-à-tête 7:43 - Les marionnettes 8:16 - Générique Référence bibliographique : Henri-Frédéric Amiel, Grains de mil, Joël Cherbuliez, libraire-éditeur, 1854. Image d'illustration : https://blog.bge-geneve.ch/amiel/ Bande sonore originale : Carlos Viola - Memories Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/memories-2 #HenriFrédéricAmiel #GrainsDeMil #LittératureSuisse
Qui a décrit la Renaissance à Florence au XVI° siècle, dans une célèbre trilogie (La passion Lippi / Le rêve Botticelli / L'obsession Vinci ) ?