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Critiques de Herman Melville (524)
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33 poèmes

Je dois admettre qu'à la lecture de ces 33 poèmes, j'ai ressenti une certaine déception!

Melville évoquait pour moi, bien sûr, la mer, la sauvagerie, l'Amérique du 19ème siècle, continent immense aux paysages extraordinaires et je m'attendais à de la poésie tout aussi sauvage et romantique, un peu à la Whitman. Au lieu de ça, je me suis retrouvée, désappointée, face à des vers tout droit inspirés de la poésie européenne, pleine de références antiques, sur le Parthénon ou des jardins fleuris et des oiseaux gazouillant au Printemps.

Non que les textes ne soient pas bons - C'est Herman Melville, quand même - mais ce n'est pas ce que je cherchais.

Il y a bien, parfois, quelques aperçus de la mer, un lagon d'un bleu pur aux parfums de nostalgie, un vieux veston délavé par le soleil d'Asie. Et puis, une certaine amertume, une tristesse, et j'ai ressenti comme un désir de quitter ce monde étriqué trop bien ordonné, mais peut-être n'est-ce que mon désir à moi, frustré!
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A bord

"A bord", est un recueil de plusieurs textes d'Herman Melville, où celui-ci déploie un style puissant, évocateur, poétique et âpre, pour parler de la mer, et la manière dont il en parle, est un enchantement. Il la raconte, il la poétise, il en fait un mythe. On sent qu'Herman Melville, aime la mer, et la façon dont il en parle, a fait vibrer chaque fibre de mon corps, tant j'étais ému, par cette prose, qui me rappelle celle de Victor Hugo, dans "L'archipel de la Manche".

A chaque page, à chaque ligne de ses textes, Herman Melville dit la mer, si bien que, moi, qui déteste, qui hait, que exècre, la mer, j'ai été sensible à cette beauté.

La beauté du phrasé, qui évoque, qui remue, quelque chose en moi, fait de ces textes d'Herman Melville, de grands moments d'émotion.

"A bord", est, pour moi, un grand moment, de littérature !
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A bord

"à bord" ! C'est par cette invite que les élégantes éditions bordelaises "Finitude" nous proposent de découvrir trois petits textes inédits en français de l'immense auteur de Moby Dick, de Bartleby le scribe ou encore de Billy Budd, le célèbre Herman Melville.



Ce sont donc deux conférences espacées par une critique littéraire que Guy Chain, traducteur de l'ensemble, nous donne à découvrir.



Dans la première conférence, intitulée "les mers du sud", datant des années 1858-60 (ainsi que la seconde), Melville tente un portrait en creux de l'immense océan Pacifique dont il reconnait lui-même qu'il est tellement vaste qu'il lui serait impossible de tout en dire en si peu de temps. Dans un grand soucis d'efficacité, le romancier passe donc de la faune à la flore, de l'histoire des découvertes des principaux archipels, et de leurs découvreurs, à un portrait des indigènes, se référant à ses propres écrits afin de soutenir ses dires, entremêlant force anecdotes et histoires vécues.

Mais derrière l'aimable dissertation, c'est aux légendes et autres lieux communs tenaces que Melville s'en prend. Pas moins, d'ailleurs, souvent sans même avoir l'air d'y songer, qu'à certaines méthodes délétères et parfois mortifères de ceux-là mêmes qui prétendaient apporter la civilisation, la richesse et la bonne parole à des autochtones qui n'en avait pas demandé tant.



Le second texte, datant de 1847 et intitulé "Tableaux d'une chasse à la baleine", est une critique littéraire en règle de deux ouvrages relatant la marine baleinière de l'époque.

Avec un art consommé de la moquerie et d'une certaine forme de duplicité, l'auteur de Moby Dick décrit le premier livre comme étant tellement exact et emprunt de véracité factuelle qu'on subodore combien il l'a trouvé fastidieux et dénué de toute poésie, le comparant à un autre titre de l'époque décrivant, cette fois, le monde de la navigation commerciale. le second, défendant le petit monde de la capitainerie ne semble guère retenir plus les éloges de notre critique.

Sans jamais s'en prendre ouvertement aux deux titres résumés et décortiqués (il leur trouve même certaines qualités), Melville exprime, de manière transversale, sa propre conception de ce que serait un bel ouvrage traitant des choses de la mer : exact et descriptif mais sans appesantissement, poétique, sans le moindre doute, mais sans céder à un de lyrisme excessif et infondé. N'est-ce pas là ce qu'on peut retrouver dans le chef d'oeuvre qui l'a rendu célèbre mondialement ?



Le dernier texte, qui est donc à nouveau une conférence donnée dans les mêmes années que la première, s'intitule "Le voyage" mais aurait tout aussi bien pu s'intituler "portrait du voyageur". En quelques pages bien tournées, Melville dresse le portrait du voyageur idéal et nous expose sans le moindre ambages ce que, selon lui, un voyage bien préparé devrait inévitablement amener dans la formation intérieure, intellectuelle, morale et humaine de tout pérégrin convenablement conformé.



Mais laissons lui la parole en guise de conclusion à ce petit ouvrage charmant et magnifiquement agrémenté de reproductions de gravures anciennes : "La découverte de la nouveauté, la mise en pièce des vieux préjugés, l'ouverture du coeur et de l'esprit, tels sont les véritables fruits d'un voyage correctement entrepris."

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Bartleby

Ah Bartleby ! Triste témoin d'une humanité où le capital prévaut sur la morale !



Il n'est pas aisé de se plonger dans l'oeuvre de Melville, et l'histoire de Bartleby n'y fait pas exception.

Cet être, en apparence nihiliste, incompris de ses collègues de travail et de beaucoup de lecteur, est une figure emblématique et la résistance passive ; et il contient à lui seul beaucoup des questionnements et préoccupations de son auteur.



Bartleby ne sait, ne peut et ne veut se conformer à la recherche de rentabilité et de plaisir immédiat. Plutôt que d'imposer ou lutter pour ses idéaux et valeurs morales, il décide de se retirer de ce 'jeu', qu'importe si cet acte doit lui être fatal.



Une oeuvre pessimiste qui annonce la naissance du nouvel homme et de l'homme américain - incompatible avec la sévère éducation protestante de Melville - avec un personnage aussi énigmatique que marquant.
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Bartleby

Un petit classique – tout petit – qui était cité de nombreuses fois dans la bio de Anémone et qui avait titillé ma curiosité.



Une nouvelle touchante, absurde, drôle et triste, l’histoire d’un homme qui préférerait juste rester là.
Lien : https://www.noid.ch/bartleby..
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Bartleby

L'histoire folle d'un homme étrange qui réussit à jeter le trouble autour de lui et à se couper du monde.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Bartleby

Tout part d'un "je n'aimerais mieux pas".





Melville présente un personnage atypique, Bartleby, dans un style si spécifique qu'il s'éloigne de la biographie traditionnelle.





Plus on en sait sur Bartleby et moins le personnage est cerné.





Bartleby est un court roman qui parvient à maintenir une grande part de mystère, un narrateur anonyme, mais qui prend parti et un personnage éponyme incompris mais toutefois attachant.



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Bartleby

Avec "Bartleby", Herman Melville, auteur de Moby-Dick, entraîne le lecteur, à la suite du malheureux narrateur, dans un tourbillon de scènes plus cocasses les unes que les autres... pour son plus grand ravissement!
Lien : http://lesignet.canalblog.co..
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Bartleby

Bartleby la créature peut bien, au choix, attendrir, exaspérer, faire réfléchir, intriguer, susciter l'admiration ou l'écoeurement, elle ne laisse guère indifférent.

A ce titre, Bartleby l'oeuvre est importante et remarquable; bref, en son genre, un chef d'oeuvre.

Cela n'a rien à voir avec le fait d'en avoir goûté ou pas la lecture.



Cette nouvelle est un recueil de quatre caractères et demi, le terme s'entendant, s'agissant de Bartleby, au sens de nature qui peut engager un destin.

Mis à part celui du narrateur qui, par sa pusillanimité non exempte de bonté, m'a rendu la lecture relativement irritante, le caractère qui compte est évidemment celui de Bartleby.



Il est une négation vivante , formule qui porte le paradoxe létal du personnage. Tant qu'il vit , il non-vit et ce n'est qu'une fois mort que son existence acquiert valeur, sinon d'exemple, du moins de modèle théorique d'humain qui, peut-être, aurait pu vivre quelque part, mais assurément pas ou en tout cas pas bien, aux États-Unis de l'époque.

Il peut aussi apparaître comme précurseur d'une forme particulière de non-violence, en ce qu'elle serait non motivée par une quelconque finalité sauf celle de s'affaisser inéluctablement sur soi-même, échouant, à l'opposé du trou noir, à exercer dans la durée et avec succès l'attraction émotionnelle ou sentimentale qui assurerait l'accrétion. Même le narrateur qui, pourtant, y a mis du sien a fini par craquer!



J'ai l'impression que la qualité de la création de Melville tient à ce qu'elle consiste en l'exact négatif du caractère américain de l'époque, émigrant pleinement tourné vers l'effort, la réussite matérielle, motivé par le désir de vie et de survie (struggle for life) et le sens du progrès .

Ce pourrait être ce que Melville a voulu controverser...

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Bartleby

Surprenant ! Fascinant ! Les personnages sont attachants et la nouvelle trop courte, mais n'est ce pas cette courte lecture qui met tant d'intérêt dans ce récit ? A découvrir si ce n'est déjà fait !
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Bartleby

Un livre très court, grinçant. Dans un bureau, au dix neuvième siècle, le patron décrit ses employés d'une façon assez sarcastique, il embauche ensuite Bartleby qui s'il commence par faire son travail de façon irréprochable se met à refuser certaines taches puis tout travail.

Melville décrit la stupéfaction puis l'embarras du patron devant cette situation, voguant entre colère et pitié, en particulier quand il s'aperçoit que Bartleby vit dans le bureau. On suit l'embarras du patron et la tension qui monte peu à peu jusqu'à la triste chute finale.

C'est un texte superbement bien écrit avec un humour grinçant et qui, cela ne gâte rien, donne à réfléchir. Melville arrive à nous mettre à la place du patron, On fini par ressentir les humeurs qu'il décrit . De la grande littérature dans un format très court.


Lien : http://allectures.blogspot.f..
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Bartleby

Il me scrutait, il m'attendait et ce jour de braderie (Lille) je l'ai aperçu, lu et maintenant, je me pose la question qui est-il?..

J'ai pensé à un autiste asperger, un original, un fou, un homme avec une pathologie mentale (genre comme celle du livre "l'homme qui prenait sa femme pour un chapeau" de Olivier Sacks)..

Un livre étrange, qui m'a plu par son originalité

Je ne préfère pas vous raconter son histoire.

Livre court, mais prenant, je ne l'oublierai pas de sitôt.

Lisez-le et même si vous ne le souhaitez pas, un jour vous l'apercevrez, vous tentera..

Je ne préfère pas écrire plus que cela, je vous laisse découvrir les autres critiques ci-dessus ou ci-dessous.
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Bartleby

Célèbre et magnifique nouvelle d'Herman Melville. Le lecteur passe de la drôlerie, à la bizarrerie, et pour finir...

il vaut mieux la lire si ce n'est déjà fait.

Il y a beaucoup d'humanité et de bienveillance dans ce texte, qui fait le constat des limites des uns et des autres. La description des personnages est remarquable, avec ce qu'il faut de caricature. Mais il manifeste aussi la part irréductible de mystère chez les humains. Chacun porte en soi une part d'inexplicable.
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Bartleby

En 1846, New York est en plein essor. Principale place financière du Nouveau Monde, c'est dans Wall Street que son coeur de futur mastodonte du capitalisme bat le plus fort.

Au beau milieu de cette ruche, le narrateur, directeur d'une étude juridique, engage un nouveau commis aux écritures, un jeune homme dénommé Bartleby. Conquis par son allure paisible "qui pourrait avoir un effet bénéfique sur l'humeur inconstante de Ladinde et le tempérament colérique de Lapince", les deux autres scribes de l'étude, le directeur va pourtant bientôt déchanter. Bartleby est certes paisible, il fait son travail en toute discrétion dans son coin de bureau et donne toute satisfaction. Mais un jour, le rouage se grippe, Bartleby refusant d'effectuer la tâche demandée. "J'aimerais autant pas", dit-il, la première d'une longue série de négations conditionnelles, dont il n'explique jamais les motifs, au grand désespoir de son patron qui le menace évidemment de licenciement. En vain. Bartleby ne travaille pas, ne bouge pas, ne s'exprime pas sauf pour refuser, il reste simplement là, comme un ancêtre humain de photocopieuse en panne qu'on aurait oublié d'emmener à la casse. Sauf qu'on ne peut oublier Bartleby tant sa présence est obsédante et pesante, au point de pousser son employeur à déménager son étude dans un autre immeuble – sans Bartleby, "cette silhouette – cadavériquement soignée, pathétiquement respectable, incurablement abandonnée", qui reste sur place, accroché à ce qui était son bureau.



Quel est le sens de cette nouvelle de Melville ? Qui est Bartleby, pourquoi s'entête-t-il à refuser de faire ce pour quoi il est pourtant payé ? Se trouverait-on face à un cas de résistance passive à l'autorité et à un travail abrutissant où l'employé n'est qu'un pion dans le grand jeu capitaliste ? C'est ce que pensent les traducteurs de l'édition Libertalia (2020) de Bartleby. Pour eux, ce texte serait "la critique subtile mais radicale d'un système économique, social, politique, moral, né aux alentours des années 1840, à Wall Street, et de son esprit". Melville aurait ainsi décrit "le monde de la start up nation ; des travailleurs surnuméraires, atomisés, surveillés, uberisés ; des managers non plus paternalistes mais amis ; le monde des bullshit jobs, ces travaux inutiles décrits par David Graeber, de l'open space et de la transparence ; un monde à la fois impersonnel et vide, dématérialisé et pétrifié, dans lequel toute issue ne débouche que sur des impasses et où toute forme de résistance est criminalisée". Pas étonnant, selon eux, que "I would prefer not to ait pu servir de slogan, en 2011, aux manifestants du mouvement Occupy Wall Street".

Peut-être. Mais pour moi le mystère demeure, ne serait-ce que parce que le point de vue de Bartleby ne nous est jamais donné. Je me contenterai d'y voir une fable absurde et kafkaïenne à propos d'un homme entêté, malade peut-être, qui s'isole, sans raison... rationnelle, d'un monde auquel il n'est sans doute pas adapté. Entre agacement et compassion face à ce personnage inaccessible, un texte drôle et intrigant qui laisse au bord d'un sentiment de malaise et au seuil de multiples interprétations.
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Bartleby

Incroyable vie que celle de Herman Melvil - la ruine et la mort de son père, la faillite de son frère qui vont le propulser sur les mers - qui devint plus tard le Melville (avec deux L E) du très très célèbre Moby Dick pourtant assassiné par la critique et ignoré par le public à sa parution en 1851. Herman à alors 32 ans. Il mourra 40 plus tard quasiment oublié…

Bartleby ou la résistance passive par excellence, armée de la plus redoutable - mais pacifique - formule: I would prefer not to… J’aimerai mieux pas, je préfère ne pas… La culpabilité l’impatience ou la colère glissent misérablement sans aucune prise sur la détermination folle et définitive de l’étrange Bartleby.
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Bartleby

Cette nouvelle est déroutante car, si un ton comique marque bien la première moitié de ce texte, plus on avance, plus on se rend compte de la gravité de la situation et que sa fin est immuable et ne peut être que tragique. Je vous avouerai que je ne me serais jamais dirigée vers ce genre de lecture si je n’avais pas trouvé ce livre sur un banc… Cependant, je remercie la personne qui l’a oublié ce jour-là. J’ai aimé découvrir la plume d’Herman Melville, totalement inconnue jusque-là. Et, je dois avouer, que je ne suis pas sortie indemne de ma lecture. Beaucoup de questions se sont bousculées à la fin de ce récit : Qui est ce Bartleby? D'où vient-il? Qu’a-t-il vécu avant de débarquer dans cette étude? Comment peut-on en arriver à ce point de marre de vivre avec une passivité telle? L'hypothèse suggérée par le narrateur, n'est que l'écho d'une rumeur et nous n'en saurons jamais plus sur Bartleby le scribe.... C'est vraiment une lecture que je conseille.
Lien : http://un--monde--livresque...
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Bartleby

"Je préfèrerais pas "... avoir à faire une critique sur ce livre !

Moi qui disait souvent, étant jeune, "je n'ai pas envie", j'ai trouvé drôle cette façon de parler de Bartleby. Cette histoire est particulière, j'aime la façon dont elle est racontée, mais c'est tout de même surprenant, avec quelques longueurs malgré ce peu de pages.

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Bartleby

Bartleby donne une non réponse. I would prefer not to.Il ne répond pas. Il ne répond tout simplement pas à l'attente de l'autre. Le sujet porterait il alors sur le fait que nous ne pouvons exister, prendre place en l'autre, qu'à la seule condition que nous répondions à son attente. Melville ne complique pas la situation. L'histoire est banale par la simplicité des actes, des hommes, des faits. Le copiste répond,mais il ne veut pas correspondre. Il ne sera pas ce que l'autre veut faire de lui. Il n'est pas dans l'attente de l'autre, il est dans sa seule et propre attente. Il répond, mais fixe un mur, il répond mais ne bouge pas. Ce qui le conduit à son effacement, à sa disparition, à sa mort. I would prefer no to. C'est un autisme conscient. Il est avec les autres, mais pas en les autres. Ces autres ne percevant pas en lui l'écho de leurs voix ne peuvent ni le comprendre, ni l'aider. Il ne s'agit pas chez Melville de traiter de la résistance, de la désobéissance . Cette nouvelle n'est pas absurde, elle est inouïe, c'est à dure "inaudite". Il n'échange rien, totalement dans son intégrité, il ne nourrit pas des autres, et ce n'est pas un hasard si il en vient tout simplement à en mourir de faim. Melville traite ici de notre propre définition. Avons nous, en nous mêmes, notre réponse personnelle à notre propre question? Et si cet acte nous était fatal?

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Bartleby

Bartelby tout puissant



Bartelby est blafard, taiseux, désespérant, aquoiboniste, scribe, fantomatique, dérangeant, livide, austère, Bartelby est un trou noir.



Son histoire nous est rapportée par son employeur, avoué dans le Wall Street du milieu du XIXe siècle. Dans un premier temps copiste efficace, il refuse bientôt d'exécuter toutes les tâches qu'on lui demande, opposant le désormais célèbre "I would prefer not to" traduit ici par "Je préférerais ne pas". La première fois qu'il profère son arrêt, c'est "d'une voix singulièrement douce et ferme." Bartelby est dénué de toute violence. Il l'appellerait plutôt si la posture qu'il adopte n'était pas totalement désarmante. Face à lui, son patron perd tous ses moyens, et Melville ne se prive pas de nous décrire ce dernier avec ce qu'il faut d'ironie et de pince-sans-rire.



En réalité ce qui, dans la personnalité de Bartelby, constitue un énorme scandale social, c'est sa toute puissance. Si Bartelby ne fait rien, c'est donc qu'il peut tout, ou plutôt qu'il pourrait tout. Il ne se réalise en rien parce qu'il n'est qu'en puissance. Il absorbe toutes les énergies qu'il thésaurise pour n'en rien faire, épargne vertigineuse et dérisoire. Il est une question vivante sur ce qui nous meut, nous qui courrons sans fin. Il est un terrible miroir qui nous renvoie l'image effrayante d'un monde qui tourne selon une mécanique jamais éprouvée. Il est le caillou dans la chaussure, le scrupule. Il est le conditionnel infini. Bartelby est intolérable.



(Je ne note pas les livres qui ne sont pas des élèves, bons ou mauvais.)
Lien : https://lesheuresbreves.com/
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Bartleby

Bartleby le scribouillard, le gratte-papier, dont le mérite professionnel n’est pas d’avoir un talent mais simplement une écriture correcte pour retranscrire les actes des autres. Il n’a aucune personnalité, aucune identité. C’est une machine qui accomplit des tâches, un tâcheron comme on dit. Et si l’on me demandait d’effectuer les mêmes tâches que lui, je répondrais sans hésiter : « Je préfèrerais pas ! »



Nous sommes à New York au XIXe siècle. Wall Street bourdonne déjà de toutes les affaires que l’on y conclut. On a besoin de scribes pour réaliser des copies d’actes officiels. Ces gens-là sont des photocopieuses humaines.



C’est un homme pâle et malingre qui se présente au cabinet du narrateur en réponse à une annonce d’offre d’emploi. Il est mis à l’essai ; il convient ; il est embauché. Il ne parle pas mais travaille vite et bien.



Le directeur lui demande un jour de l’assister pour une vérification de la fidélité d’une copie au document original. Il déclenche ainsi la fameuse et grinçante réplique, qui reste en travers de la gorge et s’insinue comme un grain de sable dans une mécanique bien huilée : « Je préfèrerais pas. »



Le directeur lui passe ce qu’il considère comme une vétille, une lubie. Après tout, il n’a pas à se plaindre de son travail. Cependant, à chaque nouvelle sollicitation, Bartleby récidivera par ces trois mots qui résonnent de manière cinglante dans l’esprit du directeur et finiront par le torturer.



Se nourrissant des sempiternels biscuits au gingembre, Bartleby prend ses aises dans le cabinet et finit par l’habiter, tout en continuant à refuser d’effectuer d’autres tâches que la copie. Pour sa propre sanité et celle de ses autres employés, le directeur décide de se séparer de lui.



Ce n’est qu’à la toute fin de cette nouvelle que nous est suggérée la raison des agissements et de l’attitude déshumanisée de ce personnage effrayant et fantomatique dont le regard et la présence glacent et mortifient. La révéler ici, ce serait gâcher l’intérêt de cette histoire.



Ce premier contact avec Melville est un peu comme un coup de poing dans le ventre que j’ai pris au ralenti : je l’ai lentement senti s’enfoncer en moi et j’en garde encore l’empreinte.



Je mets en lien la vidéo en anglais (non sous-titré) de l’adaptation de cette nouvelle. Tout y tient en vingt-sept minutes, accompagné d’une musique qui plonge avec une efficacité mordante dans l’atmosphère de cette histoire.



https://www.youtube.com/watch?v=yUBA_KR-VNU

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