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Critiques de Herman Melville (525)
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Oeuvres, tome 3 : Moby Dick - Pierre ou les..

Je suis déçu !

J'ai été un peu déçu par Melville !

Je ne m'y attendais pas, ça !

J'ai d'abord lu Moby Dick, roman pour lequel on achète cette pléiade, évidemment, le livre mythique, le cachalot, le monstre blanc.

Bon, le flan qu'on en fait est tout à fait contre productif, si le roman est tout à fait bien et novateur, l'histoire du combat contre ledit cétacé est tout à fait ridicule: 30 pages sur 600 !

Le reste est plutôt de la digression autour des baleines, des gens qui les chassent et des états d'âmes d'Ismaël et de l'équipage durant la traversée , le tour du monde vers le lieu de la rencontre fatale...

C'est certes passionnant, mais vendre une lutte de l'homme contre la bête, c'est un peu illusoire. Celle de l'homme contre ses démons, c'est déjà mieux, plus vrai et métaphorique, mais pas tout le roman, qui est aussi trivial et bien ancré dans la réalité matérielle des baleiniers américains du moment !

Vient ensuite Pierre et les ambiguïtés... Et on change complètement de registre !

Du roman d'aventure marine, nous voici dans la romance dramatico-gothique, le livre qui devait rapporter gros, puisque dans la mode du moment, à son auteur, tout en lui permettant un peu d'exorciser sa propre histoire familiale... C'est bien écrit, Melville s'étale dans de grandes description d'âmes, de pensée, des analogies et des métaphores qui n'en finissent plus, c'est langoureux et les violons sont bien souvent de sortie. Un livre comme on en fait plus, mais qu'on lit toujours. On voit la fin arriver grosse comme une maison, mais ça marche quand même... pas joyeux joyeux, bien sûr...



Bon, me reste Bartelby le scribe à lire, et quelques autres autour, histoire de voir ce que je pense de l’œuvre du grand Melville...

Une surprise en tout cas cette fois-ci !
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Moby Dick

Ce mardi 27 juillet 2021 matin, je me suis enfin décidée à lire mon premier Melville : Moby Dick.



D’ordinaire, je ne suis pas friande de ce type de récit. Mais lancée dans cette grande aventure qui est la lecture ou la relecture des grands classiques jeunesse - je devais m’y plier.



Comme il fallait s’y attendre, je n’ai pas spécialement accroché au récit mais ai cependant été touchée par sa force et son puissant message. Moby Dick est le nom de la baleine blanche qui a privé de sa jambe le taciturne capitaine Achab. Décidé à se venger de ce monstre marin, Achab embarque à bord du Pequod et entraîne son équipage dans sa folle poursuite de la terrible baleine à travers les océans. Témoin de son obsession, le jeune Ismaël, qui rêvait de mer et d’aventures, sera servi.



Je dois reconnaître qu’il y a une certaine majesté dans le périple d’Achab qui, aveuglé et obsédé par sa quête vengeresse, ignore volontairement tous les présages funestes qui lui sont donnés en cours de route. Le récit est truffé de références bibliques et cette histoire, majoritairement portée par des hommes, est tout de même parsemée de quelques touches féminines symboliques représentées par les navires, épouses des hommes de mer. La cruauté et la beauté de la vie de marin est très bien illustrée et la tragédie annoncée à plusieurs reprises, symboliquement aussi dans le nom - Ismaël - de notre jeune héros.



À trop vouloir se rendre justice par soi-même, à être aveuglément guidé par l’impatience et ses obsessions, on prend beaucoup de risques, assurément. Et à trop vouloir se mesurer à des forces et des êtres qui nous dépassent, on sème souvent le carnage autour de soi, laissant des âmes brisées et orphelines être le témoin d’un orgueil démesuré qui mène le plus souvent à une chute vertigineuse laissant un goût amer en bouche. Une leçon.



Lu : texte abrégé paru chez Le livre de Poche Jeunesse
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Bartleby le scribe (BD)

Moins célèbre que son roman « Moby Dick », la nouvelle de Melville : « Bartleby le scribe » publiée en 1853 a pourtant fait couler beaucoup d’encre. Sous-titrée « Histoire de Wall street », elle nous projette au cœur du nouveau quartier d’affaires représentatif du monde industriel en devenir. Un notaire débordé engage un jeune scribe. Il copie des actes pour la plus grande satisfaction de son patron jusqu’au jour où il refuse d’accomplir une tâche en déclarant « je préférerais pas » et cela ira crescendo. Il préfère ne pas relire, puis ne plus écrire, puis ne plus quitter son bureau. Cette phrase et ce comportement ont suscité de multiples interprétations et d’innombrables adaptations au théâtre, au cinéma et même en musique - puisque le groupe de François Bégaudeau « Zabriskie Point » lui avait consacré un morceau - ont été effectuées. Il fallait une bonne dose de courage - voire d’inconscience ! - pour s’attaquer à l’adaptation en bande dessinée de ce court récit. Et au casting, on n’aurait pas forcément vu José Luis Munuera connu pour ses reprises humoristiques des « Tuniques bleues ». On aurait eu tort !

*

L’auteur fait preuve d’un grand sens du découpage et de la mise en scène. Dans la nouvelle, il n’y a pas du tout d’action, il y a seulement quatre personnages et toute la narration est assumée par le biais du narrateur, patron de l’étude lieu principal du récit. Ceci était peu transposable en BD. Munuera a donc choisi de « s’inspirer des séries TV » et d’utiliser le « walk and talk » : quand les acteurs déambulent en parlant. Le récit s’aère donc et on a de nombreuses scènes en extérieur. Ensuite, il a pris le parti d’adjoindre des interlocuteurs au narrateur principal qui permettent d’incarner ses dilemmes et de débattre : l’ami est celui qui prône le conformisme social, la femme de ménage permet de souligner le manque d’autorité du notaire et le sermon du prêtre incite, lui à la compassion.

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Côté graphique, c’est une pure splendeur. Ses personnages sont caricaturés à la Daumier bedonnants, rubiconds, hautains, rehaussés de noir et posés sur de somptueux décors aquarellés très travaillés. Les lavis du coloriste Sedyas tantôt mordorés et tantôt bleutés confèrent une sorte d’irréalité aux scènes de rue noyées dans la brume ou sous la pluie. On notera d’ailleurs un anachronisme certainement voulu par l’auteur : il nous montre au fil des pérégrinations du notaire des gratte-ciels hérissés et menaçants. Or, ceux-ci apparaitront un demi-siècle après la publication de la nouvelle. Munuera fait donc de ses décors un symbole de l’oppression : les gratte ciels de la « rue du Mur » sont un écho au mur qui bouche la vue devant le pupitre de Bartelby.

*

Il distingue le héros en le traitant dans un autre style que le reste de ses personnages : il le dote de grands yeux sombres, d’une peau diaphane et d’une jeunesse qui tranche avec le reste de la distribution. Il en fait presque un romantique Sur la couverture, il est debout et tourne le dos aux lecteurs. Il est face à son pupitre, immobile, et semble regarder devant lui un mur invisible. Le dessinateur a « fondu » cette image sur un arrière-plan de foule affairée qui ne lui prête pas la moindre attention. D’emblée, avec cette image forte, se distinguent alors la masse et l’individu. Ceux qui suivent le flot et celui qui s’oppose.

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Le bédéiste choisit également de modifier le texte original en supprimant la fin du récit : dans la nouvelle, Melville revient sur le passé de Bartelby et propose une amorce d’explication psychologique à son acte. Dans la bande dessinée le mystère reste entier. Munuera fait du héros « une sorte de prolongement de Martin Luther King et Gandhi » qui refuse la violence et prône la résistance passive voire la désobéissance civile. Il dote ainsi la nouvelle d’une grande modernité et nous enjoint à ne pas être « another brick in the wall »…

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Cette adaptation relève haut la main le défi initial et par ses choix narratifs et graphiques redonne tout son lustre à l’œuvre originale en en soulignant la troublante modernité !



Merci à José Luis Munuera, aux éditions Dargaud et à Netgalley France de m'avoir permis cette belle découverte !

#dargaud#NetgalleyFrance#Bartleby



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Moby Dick

Autant le dire tout de suite c'est vraiment un chef d'œuvre de la littérature que ce Moby Dick...et j'ai mis 5 étoiles car il y en a pas tant que ça...

Poétique, surréaliste, onirique, cruel, réaliste, technique, voici tous les critères qui font de ce roman d'aventures, une épopée épique, ou Achab règne en maître despotique mais où on sent parfois une petite once d'humanité envers ses marins fidèles et courageux.

Après, Melville sait de quoi il raconte, lui même parti en aventure à bord de nombreux vaisseaux, mais j'avoue avoir été un peu perdu quand il parle de baille, de gaillard avant, de lignes en rabiot ou autres waif...

Et que dire du descriptif animalier hyper précis des différentes baleines et cachalots...

Mais ce qui m'a le plus plu dans ce roman, ce sont les parties poétiques lorsque Herman Melville décrit l'océan, la mer et les cieux...
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Moby Dick

Même si, comme il est dit dans ce roman, « il n’y a que de grandes peines et de petits gains pour ceux qui demandent au monde de leur donner l’explication de tout », je vais tenter d’expliquer ce qu’est Moby Dick…pour moi seulement.

Cette histoire, ce serait Homère qui rencontrerait la Bible, dans un tonnerre qui résonne horriblement et non moins sublimement. C’est aussi l’histoire d’un fou (Achab) occupé par un « projet qui insulte le ciel ».

Tout ça se passe sur les océans, ces infinitudes qui, par leur immensité, signifient mieux que partout ailleurs la finitude humaine. Et pourtant…le capitaine Achab n’en a cure, lui qui croit défier le gardien de cette immensité, la Baleine Blanche, portant sur son corps les stigmates de ses luttes avec l’homme insignifiant qu’elle a toujours terrassé.

Mais Moby Dick est plus encore qu’un titan des mers, elle est d’une blancheur immaculée, ce qui fait dire au témoin-narrateur de ces événements, Ishmaël, que le capitaine Achab n’est rien moins qu’un « vieillard grisonnant et impie chassant, le blasphème à la bouche, une baleine de Job autour du monde […] quelque chose de mystique, voire d’ineffable, qui désespérait l’entendement ».

Et Achab parvient à tenter son équipage comme le ferait le diable. Il l’invite à pénétrer dans « la joie démoniaque des vagues », où l’espoir est à déposer au vestiaire des enfers, comme le préconisait déjà Dante. Achab, qui semble se résumer dans ce propos : « La misère des autres quand elle n’est pas folle m’impatiente. » Folie qu’il entend mener à bien (ou à mal), malgré les signes et les injonctions de l’équipage : « Dieu ! Dieu est contre toi, vieillard ; renonce à ton projet. » Quant au navire le Péquod, il semble « le double de l’âme de son capitaine fou ». Capitaine atteint, au bord de la fin, d’éclairs de lucidité mais qui n’en ira pas moins défier vainement « la grande et suprême majesté [de] la glorieuse Baleine Blanche nageant comme une divinité »…



Moby Dick est donc un chef-d’œuvre, le mot semble même faible quand on y pense. D’abord dans sa structure narrative : oscillant entre l’intrigue, les digressions, les pauses méditatives – dont certaines très shakespeariennes –, comme autant de vagues contraires prises dans un même grand bain.

Chef-d’œuvre des profondeurs, surtout, où l’on se sent tour à tour Jonas, Achille et Dante (encore lui !), comme si Melville avait décidé de noyer tous les mythes dans son roman océanique. Un roman qui ne se baigne pas seulement dans l’aventure périlleuse mais, tel un miroir, révèle l’homme dans sa passion meurtrière, car « il ne pouvait être question de pitié ici », dit le texte en évoquant le martyre d’une vieille baleine.

Mais lire Moby Dick est avant tout une épreuve. Pourquoi ai-je dit épreuve, qu’on pourrait comprendre comme un désaveu ? Parce que certaines œuvres sont précisément des épreuves. C’en fut, par exemple, une pour moi que de contempler les fresques de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine. Et c’est peut-être ça l’acmé de l’art, nous éprouver.

Aller du côté de Moby Dick c’est donc accepter les terreurs qui peuplent le monde des hommes et leur font dire ceci : « Comment le prisonnier pourrait-il s’évader, atteindre l’air libre sans percer la muraille ? Pour moi, cette baleine blanche est cette muraille, tout près de moi. Parfois je crois qu’au-delà il n’y a rien. Mais tant pis. Ça me travaille, ça m’écrase ! Je vois en elle une force outrageante avec une ruse impénétrable. C’est cette chose impénétrable que je hais avant tout, et que la baleine blanche soit l’agent ou que la baleine soit l’essentiel, j’assouvirai cette haine sur elle. »

Enfin, cette fantastique aventure, pour être pleinement appréciée, implique, selon moi, que le lecteur se défasse d’une approche rationnelle tout en convoquant la pleine mystique dont il est capable ; car ce qui se joue ici n’est rien moins que le Jugement dernier.

Melville sait ménager le suspense, et les nombreuses digressions – apparentes puisqu’en réalité elles servent un final apocalyptique – sont là pour freiner nos ardeurs romanesques. Puis il y a ces phrases qui s’élèvent au-dessus des contingences et font qu’une œuvre littéraire en est une : « Tout le monde doute et beaucoup nient. Mais, en contrepartie du doute et de la négation, il y a l’intuition. On peut douter de toutes les choses terrestres et avoir des intuitions de certaines choses célestes. La combinaison des deux ne fait ni un croyant ni un sceptique, mais un homme qui regarde les deux d’un œil égal. »

Ailleurs, le narrateur dissèque la baleine de bout en bout pour nous faire toucher du doigt ce gigantesque Léviathan, jusqu’à le « déboutonner ». Rien n’y fera cependant puisque la plus mystérieuse d’entre toutes, passé ses démonstrations de terreur, repartira avec ses secrets.

Les océans ne sont-ils pas l’infini sur Terre ? Qu’il est vain de défier l’infini…

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Bartleby

Tout semble avoir été dit à propos de ce texte étrange. Je n ai pas vraiment perçu l humour mais plutôt une ambiance surréaliste et métaphysique.

L interprétation paraît ouverte, a lire les critiques laissées, alors J y vais de la mienne, une métaphore à la Beckett de la tristesse d être en vie, le refus du monde, l enfermement psychologique et l incapacité d accepter une aide, même honnête, provenant de ce monde là.

Ce n est que mon ressenti. En tous les cas,ce livre continue de faire son chemin malgré son rangement dans la bibliothèque.

J en profite pour remercier ceux qui créent des listes sur le site. la découverte de Bartleby en est un des multiples aspects positifs.
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Bartleby

Bartleby a été embauché par le narrateur, patron d’un bureau de copistes déjà au nombre de trois employés : Dindon, Lagrinche et Gingembre. Il a l’ait de quelqu’un de très compétent mais le narrateur se rend compte qu’il refuse de collationner. C’est très embêtant pour le narrateur mais il essaye d’être tour à tour compatissant, ferme ou compréhensif. Mais rien ne fait, Bartleby ne cesse de répondre : « Je ne préfère pas. » Tous les moyens employés échouent.

J’ai aimé cette courte histoire d’Herman Melville, les personnages sont magnifiquement brossés et bien campés dans leur rôle. Mais j’en ai voulu au narrateur ne pas plus essayer de connaitre les raisons de son mutisme et de son entêtement. Je découvre Herman Melville avec cette nouvelle, j’apprécie son style même si je suis un peu frustrée par cette fin…

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Moby Dick

Lors de ma lecture de Moby Dick, j'ai souvent eu l'impression de lire du Zola. C'est une histoire avec beaucoup de description et peu d'action. Melville décrit la vie des pêcheurs de baleine au début des années 1830. Dès cette époque, des gens se demandaient si les chasseurs allaient exterminer complètement la ressource. On apprend donc ici comment était la vie sur les bateaux et comment se faisait la chasse à la baleine.



Plus le livre avance, plus on sent l'impatience du Capitaine Achab grimper. Celui-ci veut se venger du cachalot albinos que la légende nomme Moby Dick. Le problème c'est que cela le rend de plus en plus fou.



Il y a quelques longueurs dans ce roman qui m’empêchent de lui donner une meilleure note. Ce roman reste intéressant par le fait qu'il m'a permis de mieux connaitre un difficile métier du XIXe siècle.
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Moby Dick

730 pages d'ennui... Il y a beaucoup de descriptions mais il ne se passe pas grand chose. Le récit aurait pu être 3 fois moins long, on n'aurait rien perdu.

La lecture était pénible, beaucoup de descriptions inutiles, des personnages vides et pas attachants, l'histoire est tout le temps coupées par d'interminable digressions inintéressantes sur la vie et la mort des cachalots. Lecture longue en ce qui me concerne!
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Moby Dick

De la poésie en prose 100% huile de baleine première pression à froid.



Un "classique" qui (comme les 3 Mousquetaires) gagne à être connu en passant outre les nullités cinématographiques ou télévisuelles qui ont pu l'adapter. Ces dernières ne s'attachèrent qu’à l'histoire de cette traque acharnée qu'on connaît déjà, autrement dit les 30 dernières pages d'un livre qui en compte plus de 700.



Alors que dire des autres pages ? C'est de la poésie en prose, envoûtante, sensuelle, parfumée et huileuse. Étonnant que l'on puisse faire passer autant de lyrisme dans la description en long, en large et en travers de la vie quotidienne sur un baleinier, mais c’est ainsi. Cependant, si vous n'êtes pas sensible à la poésie et cherchez un livre à rebondissements, mieux vaut éviter.
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Moby Dick

Ismaël, le narrateur, monte à bord du "Pequod" commandé par le capitaine Achab. Il s'enrôle avec Queequeg, un indien qui a son cercueil à bord.

L'extrême variété du roman peut se lire à différents niveaux. Après s'être présenté sans le sou, Ismaël écoute un sermon dans une église où il est question de Jonas et de sa baleine. Une fois sur le Pequod, il détaille avec minutie tout ce qu'il voit, objets et personnes. En ce sens, le roman renferme un large éventail lexical sur la mer et le bateaux. Le personnage principal, le Capitaine Achab, nom pris de la Bible (tout comme Ismaël) recherche avec acharnement la Baleine Blanche connue sous le nom de "Moby Dick" car c'est elle qui l'a blessé, le forçant à marcher avec une jambe en ivoire.

La vie à bord est rythmée par la quête obsessionnelle d'Achab et, chaque fois que le Pequod croise la route d'un autre navire, la question récurrente est : " Avez-vous vu la Baleine Blanche?", comme la clé d'un conte où l'on prononce une phrase magique.

Certains passages concernent la technique d'approche des baleines et les différences physiologiques entre baleine et cachalot ainsi que leurs utilisations commerciales.

La fin ressemble plus à des aventures en mer avec des accents shakespeariens surtout dans les monologues d'Achab:

"Will I have eyes at the bottom of the sea, supposing I descend those endless stairs? and all night I've been sailing from him, wherever he did sink to."(Aurai-je des yeux au fond de la mer en supposant que je descende ces escaliers sans fin? Et toute la nuit j'ai navigué de son point de départ, quel que soit l'endroit où il a sombré.)

"Some men die at ebb tide; some at low water; some at the full of the flood - I feel now like a billow that's all one crested comb ..."(Des hommes meurent au moment de la marée; d'autres dans les eaux basses; et d'autres au milieu du déluge – je me sens à présent comme un tourbillon qui est pareil à une crête d'écume…)

pour répondre aux questions de Starbuck sur un mode à la Whitman :

" Oh, my captain! my captain! noble soul! grand old heart after all! why should anyone give chase to that hated fish! Away with me! let us fly these sea deadly waters!"(Oh, mon capitaine! mon capitaine! Âme noble! Vieux cœur grandiose après tout! Pourquoi devrait-on chasser ce poisson maudit! Que je parte! Fuyons ces eaux mortelles de la mer!)

L'éventail du style est aussi large que les interprétations. Parfois ténu, parfois scientifique avec des mots latins, souvent biblique -on cite divers passages (Jonas, Ezéchiel, les Macchabées..) – surtout poétique. Certains chapitres imite le théâtre pour être rendus plus vivants. C'est Ismaël qui raconte l'histoire mais cite souvent d'autres livres, par exemple des livres traitant de cétologie.

Depuis le début, la quête d'Achab est totalement vouée à l'échec car la folie du personnage réside dans le fait qu'il croit remplacer Dieu combattant le Diable (le célèbre Léviathan de la Bible). Mais Achab fait néanmoins partie du Mal car la blancheur de sa jambe en ivoire trouve écho dans la Baleine Blanche et la blancheur laiteuse de l'écume de ses mouvements. Le blanc est la couleur principale du roman car il est apparaît aussi dans les passages concernant le spermaceti du cachalot. Un chapitre entier (42) évoque la "Blancheur de la Baleine" et le narrateur donne un arrière-plan historique de la blancheur inspirant à la fois respect et la crainte : ours polaires, requins blancs, montagnes…car elle évoque l'apparence du spectre.

La fin ressemble à une descente aux enfers dans un vortex d'où Ismaël réchappe grâce au cercueil de Queequeg. Dès le début, il avoue:

" Whenever I find myself growing grim about the mouth; whenever it is damp, drizzly November in my soul; whenever I find myself involuntarily passing before coffin warehouses and bringing up the rear of every funeral I meet." (À chaque fois je me retrouve avec la bouche assombrie; à chaque fois c'est novembre humide et bruineux dans mon âme; à chaque fois il m'arrive involontairement de passer devant des entrepôts de cercueils et de me retrouver derrière chaque enterrement qui passe.)

Plus loin, on apprend que l'aubergiste chez il loge s'appelle "Cercueil"(Coffin).

Le sermon du prêtre préfigure le dernier combat d'Achab avec Moby Dick.

C'est l'histoire de la vengeance de l'homme contre la nature et les éléments contrairement au Prospero dans "la Tempête" de Shakespeare. Achab préfère tout détruire y compris lui-même que de maîtriser autre chose que ses hommes d'équipage.

On peut voir le roman comme une vie dans la tourmente, l'accomplissement d'une œuvre d'art dans sa réalisation et sa destruction. La complexité et la richesse du lexique ajoutent au plaisir du lecteur.

C'est aussi une enquête poussée sur la position d'un pays comme les Etats-Unis, comment on intègre les différences ethniques (Queequeg), comment on utilise la mer en mettant en danger la vie des marins sur les baleiniers à des fins de commerce. Les passages en ce sens cachent une critique déguisée du capitalisme





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Bartleby

Tragi-comédie en impact.

De Socrate buvant la ciguë aux gilets jaunes avalant des couleuvres, en passant par Thoreau qui ne manquait pas d'air ni d'allure, la liste des insoumis volontaires, célèbres ou anonymes, est longue comme un jour sans pain. Quand Henry David Thoreau publie en 1849 son essai intitulé « La Désobéissance civile », Herman Melville ne peut que s'accaparer l'idée maîtresse du philosophe naturaliste américain et l'injecter admirablement dans sa nouvelle Bartleby qui paraît en 1853. Les multiples traductions, les commentaires sans fin montrent la fascination face à une oeuvre atemporelle, énigmatique et résistante. Bartleby, sans passé ni avenir, gratte mécaniquement de la copie, autiste insondable, poli et inflexible. Tel un maître d'aïkido utilisant l'énergie de l'adversaire pour annihiler son attaque, Bartleby répond à son employeur qu'il n'aimerait autant pas travailler davantage et sa force d'inertie sans autre explication que sa formule laconique répétée à l'envi provoque un effet déflagrant. Parfaitement ancrée dans l'épicentre du capitalisme planétaire à Wall Street au XIXe siècle, la nouvelle est une critique de la marchandisation du monde où les vies s'engluent en pure perte. Bartleby est le prototype de l'homme moderne perdu en mer, ni vivant ni mort : « cadavériquement soigné, pathétiquement respectable, incurablement abandonné ».

La nouvelle traduction et l'édition de qualité parue chez Libertalia en 2020 sont impeccables. La préface et les notes dues aux traducteurs sont concises, avisées, éclairantes. Il est difficile de ne pas rire jaune à la lecture de Bartleby, avec ou sans gilet de sauvetage.
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Bartleby

Un très beau petit livre qui se lit comme un conte. "Je préfèrerai pas", ou le refus de se plier au système. J'avais acheté ce livre après avoir vu le très bon film "Alice et le maire" avec F. Lucchini et A.Demoustier. Seulement j'avais laissé le livre en stand by. C'est la lecture de "Mon frère" de Daniel Pennac qui m'a finalement décidée à le lire. Je n'ai pas été déçue, il fait partie de mes livres coups de coeur. C'est intriguant, et c'est un de ces livres qui fait réfléchir. Pas très facile d'en parler, cela parle d'humanité, de dignité et de compassion.
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Moby Dick

La baleine dans tous ses états : du détail quasi scientifique à sa chasse métaphysique. Immense classique d'une grande modernité dans son amalgame de discours et de récits (le roman est à la fois recherche bibliographique et récits choral de la vie à bord d'un baleinier), Moby Dick rejoue la fatalité, la quête d'un absolu destructeur. Dans son roman le plus connu Herman Melville fascine par son point de vue, insituable et ironique, comme en connaissance de cause sur cette chasse, épique et prosaïque, à la baleine.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Moby Dick

Que dire de plus de Moby Dick ? Quasi tout le monde connait cette histoire ? Sans doute plus l'excellent film avec Gregory Peck que le livre de Melville (arrière-arrière-arrière-grand-oncle justement de Moby) ... et pourtant, quel livre ! Melville, oublié après sa mort, est considéré actuellement comme un grand écrivain ... quel malheur qu'il fut oublié ! Un homme aussi important, certes mangé par son roman devenu plus célèbre que lui, doit garder une place de choix parmi la littérature de qualité ! Plus qu'un roman racontant une lutte sans merci entre l'homme et l'animal, il s'agit d'un livre relatant une aventure humaine : celle de la chasse à la baleine, celle de marins partant au large pour des mois complets dans l'espoir de ramener suffisamment de matière première dans les calles. Et tout est si bien expliqué, sans lourdeur, avec une vague poésie terre à terre et une vision si humaine des choses. Ses personnages sont si impressionnants, si puissamment écrits que je ne comprends toujours pas le silence critique et littéraire supporté par l'homme durant un laps de temps trop long ... même s'il n'avait écrit QUE Moby Dick (et on en est loin, je songe à Billy Bud, une perle rare), même à ce moment-là, il aurait été juste et honnête de reconnaître son immense talent de conteur. Pour en revenir à l'aventure du Pequod, cette longue odyssée maritime est sans aucun doute l'un des plus grands romans créés et l'une des plus fortes histoires jamais écrites.
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Moby Dick

Je reste frappé par la vision avant-gardiste des propos tenus dans ce roman, le plus connu d'Herman Melville, où, au delà de l’aventure, qui se situe à période où la baleine n'était qu'une ressource et qui plus est, dangereuse, pointe déjà le rapport sans vergogne de l'homme avec les océans et les créatures qui y vivent.

Les scènes de chasse sont des plus réalistes et témoignent déjà de l'effroi que les baleiniers inspiraient à ses animaux lorsqu'ils arrivaient dans des zones de rassemblement de cachalots.

A l'époque, les villes étaient encore éclairées à l'huile de baleine, avant que n'arrive le pétrole et enfin l'électricité. Et tout dans la baleine trouvait un usage.

L'homme pensait encore que l'océan était inépuisable.

Dans ce roman, un cachalot blanc se défend et n'accepte plus le tragique destin des membres de sa communauté et le capitaine Achab, commandant le Péquod, en fait une affaire personnelle de vengeance et d'affirmation de la supériorité de l'homme sur tous les océans et les êtres de "la création".

Mais Ismaël n'est pas dupe et décrypte pleinement la folie humaine et son aveuglement face à l’émerveillement que devraient plutôt inciter ces océans et leurs habitants, jusqu'à s'interroger sur le sens de la chasse à la baleine.
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Moby Dick

Quelle oeuvre !

Je suis presque sûr que ma critique aura au moins une mise à jour, c'est plus qu'une histoire de baleine et de marins, c'est de la philosophie.

C'est le plus que j'ai le plus aimé dans ce roman, il reste assez vague (sans mauvais jeu de mot) sur le but à atteindre et la peine qu'on y met pour y parvenir, c'est ce qui fait que chaque lecteurs peut s'y retrouver.



Personnellement je m'y suis retrouvé dès la première page, ce personnage d'Ismaël au nom bien symbolique narrant les aventures du capitaine Achab. Bien que le récit ne tourne pas autour de lui, c'est ce personnage qui est, à mon sens, la clé de l'intrigue. Il a le recul nécessaire pour faire apprécier l'oeuvre et ce n'est pas un hasard si le livre commence par lui.



Certes il y a des longueurs mais j'ai terminé ma lecture avec un sentiment d'en avoir appris beaucoup sur moi et c'est ce que je retiens le plus.



C'est très certainement un livre qui mérite d'être lu à différente période de la vie et c'est ce que je ferais.
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Moby Dick

L'histoire :



Ismaël raconte l'aventure qu'il a vécue sur le Péquod, un baleinier dirigé par l'obscur Achab, à la jambe d'ivoire taillée dans une mâchoire de cachalot.

C'est une fois à bord qu'il comprend le projet fou du capitaine : retrouver coûte que coûte Moby Dick, un cachalot blanc gigantesque à l'origine de sa mutilation.



Pour motiver ses marins, ce dernier promet un doublon d'or à celui qui signalera l'animal.



Les personnalités se révèlent alors.



Après des mésaventures successives à travers les mers du globe, le monstre « pareil à une colline de neige dans le ciel » est enfin repéré !



le duel peut s'engager…



Le style :



Ce roman, publié en 1851, est considéré comme un chef-d'oeuvre absolu de la littérature américaine.



Riche de 135 chapitres, il détaille la vie des marins en général, et la pêche à la baleine en particulier.



Les descriptions fourmillent. Mais il est bien plus qu'un livre d'aventures romanesques.



L'auteur use à l'envi de métaphores, en même temps qu'il livre une leçon d'écologie. C'est le récit d'une quête, du drame de la démesure et d'une lutte entre ce que l'on pense être – un peu trop rapidement – le Bien et le Mal.





La phrase qui fait mouche



« C'est toujours le plus idiot des deux qui s'en prend à l'autre ».
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Bartleby

Il me scrutait, il m'attendait et ce jour de braderie (Lille) je l'ai aperçu, lu et maintenant, je me pose la question qui est-il?..

J'ai pensé à un autiste asperger, un original, un fou, un homme avec une pathologie mentale (genre comme celle du livre "l'homme qui prenait sa femme pour un chapeau" de Olivier Sacks)..

Un livre étrange, qui m'a plu par son originalité

Je ne préfère pas vous raconter son histoire.

Livre court, mais prenant, je ne l'oublierai pas de sitôt.

Lisez-le et même si vous ne le souhaitez pas, un jour vous l'apercevrez, vous tentera..

Je ne préfère pas écrire plus que cela, je vous laisse découvrir les autres critiques ci-dessus ou ci-dessous.
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Moby Dick

Se confronter au texte de « Moby Dick », paru en son intégralité dans l’édition Phébus ici présente, c’est vouloir affronter un véritable mythe de la littérature américaine et, disons le tout de go, mondiale écrit par l’aventureux Herman Melville dont la vie est non moins passionnante que ses romans. Sorti en 1851, cet ouvrage aujourd’hui reconnu comme étant un des sommets créatifs de son auteur (qui lui-même le considérait comme son chef d’oeuvre !) ne fût point reçu avec les mêmes éloges au moment de sa sortie et ce quasiment jusqu’au centenaire de sa parution. Melville devait souffrir toute sa vie de cet échec lui qui finit par mourir dans un anonymat presque complet en septembre 1891 à New York (ville de sa naissance en 1819). Un seul journal lui consacra une notice nécrologique de trois ou quatre lignes ! « Moby Dick » est un ouvrage d’une rare puissance d’évocation, un hymne à l’océan, aux cachalots pourchassés tout au long de ce récit, d’une précision infinie quant aux usages de la pêche aux cachalots et autres baleines franches dans tous les océans du monde. Un drôle de livre, une somme qui de digression en digression tout au long de l’histoire, nous plongent dans les méandres de cette pêche, de cette lutte dantesque entre l’homme et la nature indomptable symbolisée par la personne de ce cachalot blanc, Moby Dick. Le savoir encyclopédique de l’auteur qui tel Gargantua accumule pour notre connaissance des quantités astronomiques de détails sur cette expérience de la pêche (qu’il a très bien connu puisqu’il fût lui-même marin durant bien des années avant de se mettre à écrire) nous donne le sentiment d’être en face d’une oeuvre prodigieuse et totale. Ce n’est pas un livre évident à aborder car il est effectivement chargé d’une telle symbolique, qui dépasse même le mythe propre de Moby Dick, qu’il est parfois difficile de retenir cette foule de détails tout sauf insignifiants. La quête du capitaine Achab est aussi une réflexion sur l’obsession, sur le thème du bien et du mal, sur la folie enfin d’un homme qui entraîne tout son équipage et son vaisseau à sa perte. L’écriture est sublime, élégante mais aussi endiablée lorsqu’il s’agit de conter les délires et autres élucubrations de ce capitaine fou d’Achab, mais également tour à tour poétique, drôle, bliblique, dantesque ! La fin est absolument prodigieuse même si connu de tous, l’apocalypse Achabien est à la hauteur d’un ouvrage qui distille tout au long de son récit, érudition, humour, réflexions philosophiques et autres équations naturalistes à faire pâlir les tenants de la nouvelle rentrée littéraire française ! Un livre populaire et énigmatique, conciliant les deux publics dans son élégante majesté, un vaisseau fantôme qui poursuit son sillage et continue d’embarquer port après port les lecteurs qui ont, juste récompense, établi le mythe de « Moby Dick » permettant à Melville de célébrer d’outre tombe le statut aujourd’hui légendaire de son chef d’oeuvre !
Lien : https://thedude524.com/2015/..
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