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Citations de Hirokazu Kore-eda (41)


Une autre fois, j'avais été invité au Festival international du film de Catalogne, qui se déroule dans un endroit touristique aux alentours de Barcelone. Dans le cadre du festival, j'ai eu la chance d'assister en ville à la projection de "L'Esprit de la ruche", un film mis en scène par Victor Erice. Juste après, j'ai même pu rencontrer l'actrice principale, Ana Torrent. Elle avait 29 ans, mais conservait les yeux d'encre de la fillette de six ans du film. Dans un anglais approximatif, je lui ai dit que je venais tout juste d'en voir la projection.
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Que dire de Hou Hsiao-hsien ? Il s'est mis à réaliser des chefs-d'oeuvre en un éclair. A ses débuts, il signait des films romantiques. Puis viennent des longs-métrages d'une tout autre teneur, achevés : "Un temps pour vivre, un temps pour mourir", "Poussières dans le vent" et "La cité des douleurs". On le loue à tel point en Asie que les années 1980 ont été surnommées "les années Hou Hsiao-hsien". Après cela, il a su poursuivre sa carrière en renouvelant son style, d'un film à l'autre. Il ne craint pas de changer à chaque fois. Cette qualité est un des motifs les plus forts du respect que je lui voue.
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Il existe une grande et des petites histoires. Nos existences sont englouties dans un grand récit sous l'étendart de la nation et du développement économique. Peu importe d'ailleurs que cette grande histoire soit écrite pour la gauche ou par la droite. Ce que nous ,réalisateurs nous pouvons y opposer ce sont les petites histoires. La multiplication de ces tranches d'existence permet de relativiser a version officielle . Cela finira bien par enrihcir la culture de ce pays.
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Ils étaient allés ensemble à la mer. Ils avaient vu, ou plutôt entendu, un feu d'artifice. Ils avaient fait un bonhomme de neige. Cela suffisait. Il ne pouvait espérer plus, ou alors, le ciel le punirait. C'est ce qu'Osamu se disait. (p123)
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Mais au festival de Busan, une énergie circule. Les cinéastes, les critiques, les distributeurs, tous ont la vivacité de la jeunesse. En Corée, un terme désigne ces personnes nées dans les années 1960, qui ont participé aux mouvements étudiants des années 1980. On les appelle la "génération 386". Elle est aux manettes du cinéma coréen.
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Sur un présentoir placé sur le trottoir à l'entrée du magasin d'articles ménagers, Nobuyo attrapa une paire de baguettes destinées aux enfants. Elle avait l'intention d'en acheter pour Rin.
- Le vol à l'étalage, t'en penses quoi ? demanda Shôta, qui attendait depuis longtemps l'occasion d'être seul avec Nobuyo pour lui poser la question.
- Qu'est-ce que papa en dit ?
Sans savoir d'où elle tirait cela, Nobuyo avait recours à une technique éprouvée, consistant à se reposer sur l'autre parent pour éviter de répondre à une question gênante.
- Il dit que ce qui est sur un étalage n'appartient encore à personne, donc c'est pas du vol...
Elle eut un demi-sourire. Cette profession de foi ressemblait bien à Osamu. Il devait en être persuadé, et tenait sans doute cette idée de ses propres parents.
- Bah, tant qu'on ne cause pas la faillite du magasin, ce n'est pas grave, n'est-ce pas ? répliqua-t-elle d'un air évasif, tout en saisissant une autre paire de baguettes pour enfants, jaune vif celle-ci, avant de disparaître au fond de la boutique.
Shôta n'était pas satisfait de la réponse, mais il comprit que Nobuyo n'avait pas envie de s'attarder là-dessus.
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La policière avait une aversion particulière pour les criminels comme Nobuyo qui n'avaient pas conscience de la gravité de leurs actes. Et Nobuyo détestait les gens comme Miyabe, qui prétendaient détenir le monopole de la justice et avaient des idées toutes faites sur le bien et le mal.
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Quand les êtres sont unis par les liens du sang, à l’inverse, on se rend compte parfois que des sentiments que l’on croyait disparus depuis longtemps ont en fait seulement été enfouis au plus profond de soi.
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Elle restait avec lui, parce qu’elle savait que sans elle il tomberait plus bas encore. C’était son fardeau, et sans doute aussi une forme d’amour, mais un amour bien éloigné de ce qu’on appelle communément le bonheur.
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Aki et Rin étaient maintenant à côté de Shôta et Osamu, et tous les quatre, main dans la main, s'amusaient à sauter par-dessus les vagues.
- J'avais raison, non ? déclara Nobuyo sans regarder Hatsue.
Les liens choisis étaient les plus forts. Elle en était vraiment persuadée.
Hatsue comprit tout de suite qu'elle parlait là de sa décision de garder Rin avec eux et de l'élever comme sa propre fille.
- ça ne durera pas, dit la vieille dame.
Hatsue se disait que les moments de bonheur ne pouvait durer éternellement.
- Oui, peut-être...Mais quand même...C'est pas mieux quand il n'y a pas de lien de sang ?
Nobuyo s'accrochait à cette idée. "Elle n'a plus de lien de sang avec personne, de toute façon, se dit Hatsue, alors elle préfère croire ça."
La vieille dame s'abstint de dénigrer davantage l'espoir ténu auquel Nobuyo se rattachait.
- Il ne faut pas avoir d'attente trop démesurée...
Quand les êtres sont unis par les liens du sang, à l'inverse, on se rend compte parfois que des sentiments que l'on croyait disparus depuis longtemps ont en fait seulement été enfouis au plus profond de soi. Hatsue le savait bien : la jalousie qu'elle ressentait envers la famille de son ex-mari le lui avait appris. "Oui, les liens du sang, c'est compliqué", se disait Hatsue.
Après l'avoir écoutée, Nobuyo eut un petit rire triste.
"Moi, j'aimerais bien que Rin, en tant que fille, attende quelque chose de moi", songeait-elle au fond d'elle-même.
Hatsue fixa le visage souriant de Nobuyo.
- T'es jolie, quand on te regarde bien.
Surprise, Nobuyo la regarda à son tour.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je parle de ton visage.
La vieille dame souriait en plissant les paupières. Quand Nobuyo parlait de cette famille, son visage ressemblait à celui d'un bodhisattva.
- Allez, j'y vais aussi.
Peut-être par pudeur, Nobuyo détourna les yeux avant de rejoindre les autres au bord de l'eau.
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Tous mangèrent ensemble ces nouilles nature, que n’agrémentaient ni ciboule, ni œufs, ni tofu frit. Dans cette famille, le repas n’était pas destiné à réjouir le palais, mais uniquement à se remplir l’estomac et à lutter contre le froid. Dans la pièce où résonnaient maintenant les bruits d’aspiration, la petite fille, assise devant la télévision posée dans un coin, mangeait en silence la croquette qu’Osamu lui avait donnée.
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« C’est peut-être parce qu’elle a tué le grand-père et l’a enterré sous le plancher qu’elle s’est obstinée à rester ici ? » plaisantait Osamu chaque fois que la question venait sur le tapis.
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À l’époque de la bulle financière, dans les années quatre-vingt, les maisons des alentours avaient toutes fini par être remplacées par de hauts immeubles. Seule celle-ci était restée en l’état, au milieu des autres édifices comme au creux d’un nombril, sans que les habitants en soient délogés et sans être détruite, si bien que tout le monde avait fini par oublier son existence.
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Ils vivaient dans une maison de plain-pied, entourée de hauts immeubles. Dans la ruelle à l’arrière, jouxtant un bar nommé Hobby, s’élevait aussi un immeuble d’habitation à un étage. 19À l’origine, il y avait là deux maisons de plain-pied, mais le propriétaire de l’époque avait fait construire un petit immeuble de location à la place de celle qui était face à la rue, en laissant telle quelle l’autre, cachée à l’arrière : c’était cette maison qu’habitaient Shôta et sa famille. Des promoteurs immobiliers s’étaient présentés un certain nombre de fois, mais Hatsue, la propriétaire des lieux, qui vivait là depuis cinquante ans, n’avait jamais cédé.
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Je participe depuis près de deux décennies à des festivals. Ma perception de l'histoire du cinéma a évolué. Le cinéma est un fleuve plus que centenaire. On pourrait le croire en voie de tarissemment, mais son histoire est loin d'être terminée. Il va continuer à s'écouler même si ses formes sont appelées à changer.
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Shôta avait vu la petite fille pour la première fois l’été précédent.
Elle regardait passer les gens, assise là comme si elle était punie, sous la rangée de boîtes aux lettres métallisées à côté de l’entrée d’un immeuble vétuste de quatre étages, entre un vélo d’enfant abandonné et un carton oublié.
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La semaine précédente, Osamu et Nobuyo avaient quitté la maison où Hatsue et Shôta dormaient paisiblement, pour boire un verre seuls tous les deux. C'est Nobuyo qui lui avait proposé d'y aller. "Il a dû y avoir un incident désagréable au travail", avait-il pensé.
Quand elle proposait d'aller boire un verre, Nobuyo paraissait souvent soucieuse. Mais ensuite elle avait toujours l'air de bien s'amuser.
- Dis, dis, si on faisait démolir la maison pour construire un immeuble de location à la place ? avait-elle suggéré ce soir-là.
- Idiote, la vieille n'acceptera jamais, répondit Osamu après avoir demandé à la patronne un deuxième verre d'alcool de patate à la liqueur de prune.
- Si on lui disait que si elle refuse, on s'en va ?
- Elle serait capable de nous prendre au mot. Vaut mieux faire attention.
Loin de chercher à s'élever, Nobuyo veillait surtout à ce qu'Osamu ne tombe pas plus bas.
- Si c'était un immeuble, on pourrait occuper le dernier étage, et vivre des loyers des appartements en dessous. Qu'est-ce que t'en dis ?
- Ce serait pas mal...
Un panneau entier de mur était décoré de photos du feu d'artifice d'été sur la rivière Sumida, que l'on pouvait autrefois regarder depuis le toit terrasse. Les photos avaient jauni au soleil, et on ne distinguait même plus de quelles couleurs elles avaient été à l'origine. Maintenant, depuis le toit, on ne voyait plus rien à part les murs de l'immeuble voisin.
- On construirait l'immeuble le plus haut du pâté de maisons...Comme ça, on aurait une vue dégagée sur tous les autres en contre-bas...On pourrait regarder le feu d'artifice sur la Sumida depuis la galerie extérieure. Des places de première classe !
Osamu fermait à demi les yeux, faisant éclater des feux d'artifice en imagination.
- Ce serait le rêve, dit Nobuyo.
- Oui, le rêve.
Un rêve qui ne se réaliserait jamais, ils le savaient tous deux.
Mais personne ne pouvait leur enlever le droit de formuler ce rêve bon marché, qu'ils pouvaient s'offrir pour le prix de deux verres d'alcool de patate.
Ce soir-là, ils avaient bu ensemble jusqu'à la fermeture du bar, et étaient rentrés chez eux en chancelant, sous le regard de la patronne et de son assistante, debout sur le pas de la porte.
Osamu avait posé une main sur l'épaule de sa femme et s'appuyait dessus de tout son poids.
- Dis donc, marche un peu tout seul.
- Idiote. Tu es mon bâton de vieillesse, non ?
- Mais je pousserai pas ta chaise roulante.
- Je sais bien.
"C'est donc ça, être un couple, s'était dit Osamu en passant le bras autour de la taille de Nobuyo. C'est bien, alors, le mariage", songeait-il avec attendrissement.
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Assise seule au comptoir de la cuisine, Nobuyo qui, sans doute pour éviter de faire la vaisselle, mangeait à même la marmite avec les baguettes servant à cuisiner, déclara soudain, les yeux fixés sur le dos de la petite :

— Quitte à ramener un enfant ici, tu aurais dû en prendre un susceptible de nous rapporter une rançon.
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À la sortie de la rue commerçante, l’avenue devenait brusquement déserte. Il n’était pas encore six heures du soir, mais ce quartier aux rares réverbères était déjà aussi calme qu’en pleine nuit. Sans doute tous ceux qui avaient ajouté foi aux prévisions météo étaient-ils déjà rentrés chez eux. C’est en tout cas ce que pensait Shôta. Et il est vrai que, depuis que le soleil s’était couché, le froid s’était intensifié. Leur haleine à tous deux était blanche.
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Ce délit que les gens nomment ordinairement « vol à l’étalage », c’était leur travail à tous deux.
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