AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Horace Walpole (43)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Baptême gothique.

Je sors de la visite du château d’Otrante, et comme j’ai lu dans l’avion, le roman d’Horace Walpole qui n’est pas de la première jeunesse (1765), j’ai pu faire le malin lors de la visite guidée. Le gars insupportable qui croit en savoir plus que le guide, c’est moi. Ridicule.

Bon, dans la réalité, la forteresse de Frédéric II de Souabe est aussi gothique qu’un magasin Ikéa mais la visite mérite un détour vers le talon de l’Italie. On prend son pied et on range le guide vert.

Manfred est un prince plus tyrannique que sympathique. Il veut marier son fils un peu simplet à Isabella pour légitimer son titre et ses droits car il a le gène usurpateur. Patatras, un gigantesque heaume à plume écrase l’héritier le jour des noces. Un sacré pet au casque surnaturel qui introduit cette fantaisie chevaleresque, considérée comme « la pierre angulaire du roman gothique ». Ce n’est pas moi qui le dit mais la préface de la Pléiade, presque aussi longue que ce roman d’une centaine de pages.

Il est vrai que les morts mystérieuses, les portes qui grincent, les marches qui craquent et les apparitions fantomatiques se succèdent, que les passages plus très secrets puisque tout les personnages les empruntent mettent l’ambiance, et que les tempéraments sont plutôt passionnés et tourmentés mais le ton fantasque et la construction théâtrale m’ont plutôt fait penser à un film avec Jean Marais (Plus Lagardère que La Belle et la Bête) ! Suranné mais divertissant avec des serviteurs pleutres qui agrémentent le récit d'humour. Les autres personnages sont shakespeariens, les vanités en moins.

Vite remis de la mort de son fils, deuil express, Manfred va vouloir épouser Isabella pour mener à bien son projet, quitte à divorcer de son épouse pieuse, dédaigner sa fille et s’acheter les faveurs du curé local, mais l’au-delà ne sera pas du même avis et un jeune paysan fougueux va venir perturber ses plans. Justice divine au programme.

Le château d’Otrante est l’unique roman d’Horace Walpole, aristocrate cultivé un peu futile qui préférait les échanges épistolaires, et qui fut le fils du premier des Premiers ministres anglais. A défaut d’Erasmus et d’année sabbatique pour s’encanailler, le jeune homme argenté, fit son grand tour qui le mena en Italie.

Si le roman a pris quelques rides, nul besoin de chirurgie esthétique, la lecture de ces pages jaunies éclairent une certaine nostalgie pour les films de cape d'épée.

Papouilles depuis les Pouilles.



Commenter  J’apprécie          906
Romans terrifiants

Romantiques, gothiques et terrifiants! Mais comment peut-on aimer les romans qui font peur?



Jouer avec la peur, on apprend ça au biberon. Le tout petit que son papa lance en l’air a vraiment peur, mais il apprend à se sentir en sécurité et le jeu suscite le rire aux éclats.



On jouera ensuite avec la peur dans les contes de fées. On ne se rend pas toujours bien compte de leur aspect terrifiant. Je me souviens qu’après avoir lu le « Petit Poucet », mon fils inquiet m’a demandé : « Mais nous, Maman, on n’est pas pauvres? » Quoi de plus terrorisant pour un enfant que d'imaginer qu’il pourrait être abandonné dans la forêt par ses parents trop pauvres? Et tous ces autres contes qui cultivent la peur avec ces ogres, dragons et sorcières (sans compter le monstre en dessous du lit…)



Même l’éducation religieuse a contribué à l’horreur, avec ses démons et ses visions d’enfer, sans compter les revenants et autres créatures de l’au-delà.



Le bébé devenu grand retrouvera la peur physique dans les manèges des parcs d’attractions. Le lecteur pourra aussi passer tout naturellement des contes de fées aux romans d’horreur.



Ce volume rassemble des textes fondateurs du genre, des romans du 18e et du début du 19e siècle.

• « Le château d’Otrante » d’Horace Walpole (1764), dont on dit qu’il est le premier roman noir.

• « L'Italien ou le confessionnal des pénitents noirs » de Ann Radcliffe (1797), romancière gothique qui a influencé son époque, de Jane Austen à Balzac.

• « Le Moine » de Matthew Gregory Lewis (1797), qui illustre la lutte contre la perversion.

• « Les élixirs du diable » de Ernst Theodor Amadeus Hoffman (1816), un romantique allemand

• « Melmoth ou l’homme errant » (1820) de Charles Robert Maturin, œuvre qui fascina Balzac au point qu’il écrive une suite « Melmoth réconcilié » en 1835.



Une brique de 950 pages, un papier fin et jauni, tout pour créer un ton glauque. Une atmosphère gothique, des drames d’amour et des frayeurs mystiques ou surnaturelles, dans un décor historique. Des œuvres qu’on lira pour leur contribution littéraire et l’une introduction du recueil et ses notices biographiques aident à en situer l’importance.



Sur le plan de l’émotion, c’est un peu plus difficile d’entrer dans ces histoires, de s’identifier à ces héros et d’en ressentir la terreur. Je préfère les romans où il s’agit de jouer avec sa peur… mais en conservant le petit doute : et si c’était vrai?
Commenter  J’apprécie          360
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Tout courant littéraire a, à sa base, un roman source d'où a jailli une tendance, une mode avant de devenir courant. Ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves, dit-on, et bien, par sa taille (moins de 200 pages), "Le château d'Otrante" est un petit roman ; mais au XVIIIème siècle, son succès fit de lui un grand roman, précurseur et père du "roman gothique" qui inspira notablement une foule d'écrivains des deux sexes.



"Le château d'Otrante" posa donc les codes du roman gothique : une Italie médiévale fantasmée, un prince tyrannique, des princesses opprimées et menacées d'hymens peu séduisants, des enfants naturels cachés, des ecclésiastiques dépositaires de lourds secrets, du mystère, de la passion, de la violence, du blasphème, des sentiments contrariés, des complots, des traîtres, des héros, du pathos, de la sensualité et du drame, du drame, du drame. Un roman d'aventures, quoi ? Oui mais à une époque où il n'en existait pas (ou peu).



Le roman gothique, c'est la flambée du romanesque, c'est l'émancipation de l'imagination. Ce sont aussi des codes désormais assez désuets et qui prêtent à sourire par leur outrance ou leur prévisibilité. Tout cela fait du "Château d'Otrante" une lecture plus documentaire que réellement romanesque pour un lecteur d'aujourd'hui.





Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge ABC 2022/2023

Challenge RIQUIQUI 2022
Commenter  J’apprécie          250
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Je suis très partagé concernant ce livre. Il a rencontré un grand succès au moment de sa publication et il est facile de comprendre pourquoi. Il débroussaillait hardiment le chemin de nombreux genres romanesques modernes.



Il est difficile d'accuser de classicisme un précurseur. Et pourtant... L'élément fantastique paraît incongru. La romance est très prévisible et sans grand intérêt. Le côté historique est peu mis en valeur. L'intrigue a lieu dans le sud de l'Italie, mais elle pourrait aussi bien se situer en France ou en Allemagne.



Je crois bien déceler assez clairement une envie de romaniser Corneille. Mais Theodore n'est pas le Cid. Les personnages sont d'ailleurs assez superficiels de manière générale. Et j'ai beau lui chercher des excuses, le fait est qu'une tragédie (ou tragi-comédie) française, pourtant plus courte, est plus épique, plus profonde, plus touchante, et plus dépaysante que ce petit roman.



A-t-il seulement mal vieilli ? Ou était-il déjà assez faible en son temps ? Car si l'histoire rend justice à Chrétien de Troyes ou à Daniel Defoe, pourquoi pas à Horace Walpole ?
Commenter  J’apprécie          221
Romans terrifiants

Dans une première préface, Horace Walpole, l'auteur prétend que le manuscrit du château d'Otrante fut découvert dans la bibliothèque d'une très ancienne famille catholique du nord de l'Angleterre et qu'il avait été imprimé à Naples en caractères gothiques, au cours de l'an 1529.

C'est un drame, à l'atmosphère merveilleuse et tragique, dont rien ne laisse deviner l'époque où il se déroule. C'est le drame de l'amour malheureux, le récit de l'infortuné destin d'une noble demoiselle égarée au milieu des rideaux de sang, des miroirs vides et des ancêtres vomis par l'enfer...

-

En 1764, quelques voyageurs anglais rencontrèrent dans l'église de Santa Maria Del Pianto, accolée à l'ancien couvent de l'ordre des pénitents noirs, un moine singulier qui avait les épaules un peu voûtées, le teint bilieux, les traits durs et le regard farouche. C'était un assassin réfugié dans l'enceinte de l'église où personne n'avait le doit de venir l'arrêter.

A sa vue, un des voyageurs anglais fut saisi d'un mouvement d'horreur et s'enfuit vers son auberge où l'attendait le manuscrit de "L'italien ou le confessionnal des pénitents noirs" d'Ann Radcliffe....

-

Ernest-Théodor-Amadéus Hoffmann, l'auteur des "élixirs du diable" put lire l'histoire étrange du père Médard dans les archives que lui laissa consulter le vénérable prieur du couvent des capucins, à B...

Au fond, lui dit ce dernier, ces papiers auraient dû être brulés car ils font entrer leur lecteur, à travers le sombre cloître dans un monde effrayant, extravagant et baroque qui peut-être, pourtant, possède la connaissance du fil secret qui traverse nos vies....

-

En 1816, John Melmoth, élève du collège de la Trinité à Dublin, se rendit dans le comté de Wicklow, afin de visiter, une dernière fois, son oncle mourant et de qui dépendait toutes ses espérances de fortune. Mais, à son arrivée à la Loge, la résidence du vieil homme, il trouva celui-ci, bien portant, sur le point de chasser de son domicile les femmes réunies pour éloigner par leurs prières les démons lors de sa veillée mortuaire. En invoquant ainsi le diable, il deviendra "Melmoth ou l'homme errant" dont Charles Mathurin nous conte l'histoire....

-

Ce recueil réunit, avec "Le moine"de Matthew Gregory Lewis, quatre autres des titres emblématiques du roman gothique, aussi appelé roman terrifiant.

C'est une littérature, très surréaliste, lente, quelque peu poétique et fantastique.

Choquant parfois la morale, s'entourant de ténèbres scandaleuses, ces textes sont, aujourd'hui, datés et il faut pour s'y enfoncer savoir prendre son temps et oublier certains de ses préjugés.

C'est une littérature baroque, très esthétique dont la dernière œuvre serait peut-être le formidable livre d'Angéla Carter "la compagnie des loups".

Même si, au final, je suis satisfait d'avoir découvert les romans terrifiants par l'intermédiaire de ce recueil édité dans l'excellente collection "Bouquins" chez "Robert Laffont", c'est pourtant un genre auquel je ne viendrai sûrement plus jamais me frotter.

Commenter  J’apprécie          140
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Lorsque nous lisons la notice biographique se trouvant après le roman, on se dit que ce pauvre Château d'Otrante n'a rien pour lui : "Une psychologie sommaire", "un décor sommaire" et "(des) personnages artificiels".

Encore d'après cette notice, Le Château d'Otrante a eu la chance de ne pas tomber dans l'oubli parce qu'il est le premier roman terrifiant ou "roman noir".

Il influença des romanciers tels que Radcliffe, Mathurin ou encore Nodier et Théophile Gautier.

(La notice que je cite se trouve dans "Romans terrifiants", ed. Robert Laffont qui regroupe plusieurs livre dont celui-ci)



Certes, les personnages sont des coquilles vides de vie, des personnages-symboles.

Nous avons le héros chevaleresque, la belle jeune fille vertueuse ou encore la femme dévouée. Un peu trop même.

Pour le décor, c'est vrai que nous ne quittons que rarement les murs du château et si nous le faisons, ce n'est pas pour aller très loin.

Pour ma part, cela m'a fait penser à un décor de théâtre.

D'ailleurs, les nombreux quiproquos et les coups de...théâtre qui ont mis mes nerfs à rude épreuve, m'ont aussi donné l'impression de lire une pièce.

Un conte théâtral, je préciserai, car nous ne sommes pas dans des descriptions à rallonge mais plutôt dans la narration d'action.

C'est à peine si nous sachons à quoi ressemble les protagonistes.



Personnellement, tout ceci n'a pas dérangé ma lecture.

Bien au contraire, je me suis laissée prendre par l'histoire et j'étais parfois frustrée de ces malentendus, curieuse de connaître la suite ou touchée des sentiments naissants.

Alors oui, il ne sera pas un de mes livres de référence et encore moins dans la catégorie "roman terrifiant" car, de ce côté, j'ai trouvé cela assez léger mais j'ai passé un bon moment en le découvrant.

Alors, j'espère que le Château d'Otrante ne tombera pas dans l'oubli non seulement pour son influence dans l'histoire de la littérature mais aussi pour ce qu'il m'a semblé être, une histoire qui provoque des émotions.
Commenter  J’apprécie          100
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Considéré comme le premier roman gothique de langue anglaise, on dit souvent qu'il a fondé l'histoire d'horreur en tant que forme littéraire légitime.



Walpole combine des motifs littéraires anciens et modernes. Il puise des éléments fantastiques et surnaturels dans les romans médiévaux des XIIe et XIIIe siècles et les mélange à des éléments de fiction réaliste contemporaine du XVIIIe siècle.



En maintenant une prétention de réalité dans Le Château d’Otrante, dans la préface de la première édition, il établit une histoire plausible pour le manuscrit et suggère que « les bases de l’histoire sont fondées sur la vérité ». Il construit un monde réaliste peuplé de personnages réalistes et fondé sur des prémisses réalistes. Mais, en introduisant des éléments surnaturels dans ce monde, Walpole déforme efficacement la réalité. Il réconcilie le naturel et le surnaturel, créant essentiellement un nouveau genre de fantasy : la fantasy ancrée dans la réalité.



De nombreux romans, intrigues et types de personnages, sont devenus typiques de la littérature gothique. Les identités cachées, les passages secrets, les forces surnaturelles et les demoiselles virginales en détresse figurent tous en bonne place dans les romans gothiques ultérieurs.
Commenter  J’apprécie          90
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Voici donc le premier roman gothique, celui qui offre des modèles pour les futures oeuvres du genre (personnages types, ton tragique incluant quelques éléments classiques et thèmes Shakespeariens tels que le château personnage central, secrets, prophéties et malédictions, romance, drame familial, impostures, sprectres et autres interventions surnaturelles)...

La lecture de ce court roman est pour moi sauvée par les préfaces de l'auteur indiquant les conditions de publication, en en faisant d'abord une traduction de manuscrit medieval italien authentique, puis admettant ses intentions en tant qu'auteur veritable, mais surtout par les interventions comiques sans lesquelles l'atmosphère excessivement mélodramatique en aurait fait une tragédie plutôt banale.

Une relecture en parallèle avec le contexte historique et social révélera sans doute d'autres éléments intéressants, mais j'avoue que je préfère laisser le XVIIIème britannique à mes souvenirs universitaires...
Commenter  J’apprécie          90
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Le Château d’Otrante, peu connu en France, est pourtant un grand classique de la littérature anglaise. Il réunit à peu près tous les éléments qui sont aujourd’hui des stéréotypes des romans à sensation : belles jeunes filles vertueuses enfermées dans des châteaux hantés, beaux jeunes hommes courageux, passages secrets, paysages nocturnes terrifiants… On pourrait donc trouver ce roman sans intérêt, mais c’est oublier quelque chose d’assez incroyable quand on y pense : tous ces clichés étaient alors inédits, et Walpole en est l’inventeur !



Alors certes, un lecteur d’aujourd’hui découvre ce livre avec une impression de déjà vu, certes certains éléments (notamment de fantastique, comme de soudaines apparitions de fantômes) nous paraissent désormais artificiels, mais Le Château d’Otranto a toujours son charme – c’est peut-être ce qui en fait un classique ? J’ai été happée par l’histoire, tout va très vite et j’avais toujours envie de connaître la suite.



Bref, j’ai beaucoup aimé cette courte lecture !
Commenter  J’apprécie          60
Paris, escapades littéraires

Vous croyez avoir tout lu sur Paris, et bien non. Cette collection "pavillons poche" nous permet de découvrir Paris vu par les écrivains anglais ou américains. Varié, ce recueil nous permet de lire des lettres du XVIIIe, des chroniques du début du XXe siècle, des extraits de romans ou de nouvelles. Ou comment voir l'après libération de Paris par les yeux d'un soldat américain  dans la nouvelle de Richard Yates "Liars in love" venu chercher du divertissement dans la capitale, lui-même étant écartelé entre l'Amérique, et son père, et l'Angleterre, où vivent sa mère et sa soeur avec lesquelles les liens se sont distendus depuis le divorce des parents.





J'ai trouvé que certains textes étaient vraiment drôles, comme "The man who stole the Eiffel tower" - ou que se passerait-il si quelqu'un enlevait la tour Eiffel, pour lui permettre de prendre quelques jours de vacances, loin des touristes exigeants ? Oui, il faut voir la tour Eiffel, comme il "faut" aller ici ou là si l'on "veut" visiter Paris. Mention spéciale pour les employés, à qui pense réellement le narrateur, puisqu'il prend soin de ramener la tour avant que les employés aient des ennuis et ne puissent toucher leur salaire. Un homme altruiste, un vrai.

J'ai découvert ainsi les chroniques d'E.E. Cummings, et sa connaissance intime de Paris, lui qui distingue "Paree", de "Paname", au grand dam de ceux qui croient tout connaître de la capitale française parce qu'ils vivent à "Paree". J'ai moins été sensible au texte de Buzatti et j'ai trouvé qu'il détonnait par rapport aux autres. Peut-être a-t-il été choisi à cause du nombre de peintres qui ont été inspirés par la ville lumière et qui ont été oubliés après leur mort.

Je ne voudrai pas terminer par une note négative et vous parlerai de Travels with my aunt, oeuvre tourbillonnante dans laquelle Augusta entraîne son si conformiste neveu dans un passé toujours très présent - elle prend déjà le thé à la librairie Smith, comme je l'ai moi-même fait.

Un recueil à lire pour redécouvrir Paris autrement.
Commenter  J’apprécie          60
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Au Moyen-Age, dans le château d'Otrante, le Prince Manfred est heureux : son fils Conrad va se marier avec Isabelle. Il espère que le mariage sera suivi d’héritier car il craint que la famille va perdre son territoire. Malheureusement, la tragédie arrive : le fils meurt... écrasé par un casque géant ! Manfred, complètement désespéré, sombre dans la folie et formule un plan sordide : répudier sa femme qui l'aime pour épouser... Isabelle ! Mais elle s'enfuit. Comme si ça ne suffit pas, les spectres vont se réveiller et d'étranges événements vont commencer...

Donc, qu'est-ce que ce roman ? Eh bien, très simple : c'est CE roman qui a inventé le genre gothique. Oui, c'est ce petit livre ne faisant même pas un centaine de pages qui a inventé le genre gothique et ses poncifs fantastiques, genre qui par la suite va engendrer les chefs d’œuvres comme Mystère d'Udolphe où Le Moine (dévorée voilà quelques temps). Ayant eu du succès, ce livre peut se targuer d'être le père du genre mais aussi, si on veut, l'un des pères du fantastique moderne.

Dans cette histoire, on a tout : cadre médiévale et sombre, prophétie inquiétante qui se réalise, fantômes sortant de leurs tombes, fuites, enlèvements, personnages tragiques, sentiment exacerbé et tout le reste. Tout ce qui deviendra par la suite les clichés même du " roman terrifiant" a été inventé dans ce roman qui s'il est très sympathique, n'est hélas pas parfait.

En effet, on a quelques défauts qui gâchent la lecture : déjà, on n'a AUCUNE idée où se passe le lieu, enfin même si grâce à quelques indications temporelles, on sait qu'on est au Moyen-Age. Le problème est que les lieux sont peu décrits, même le château ne bénéficie pas d'un grande description. Du coup, on a aucune image des environs dont baigne l'histoire.

Les personnages : pareil, peu de description physique, (pour Mathilde " femme très belle", merci mais un mot sur ses cheveux, ses yeux voire même sa taille ? Mince, pour Cunégonde de Candide, il y avait déjà quelques adjectif et voilà, je savais déjà comment elle ressemblait !) et surtout le gros défaut : la psychologie sommaire. Eh oui, les personnages, mêmes s'ils peuvent être émouvants, ont peu de psychologie. Les serviteurs en particulier sont assez... vides. Quelques personnages m'ont semblé un peu plus consistant comme Jacques le Paysan où encore le terrible Manfred (on remarque que les femmes ne sont pas assez développées, tiens...).

Le récit est court et c'est aussi un autre problème : on accélère les choses, on rentre vite parfois en omettant des détails et pour justifier des trucs invraisemblables , mettant des explications surréalistes ! Argh !

Et puis la fin qui est brève, abrupte !

Par contre, le roman n'est pas à jeter, ah non. Comme précisé, il est quand même resté dans l'histoire littéraire pour avoir fondé le genre, donc déjà, un peu de compassion. Cela explique tous ces défauts donc.

Ensuite, l'histoire est assez intéressante et prenante tout à fait. Si je reprochais que le récit se déroule trop vite, par contre, il nous fait entrer dans l'histoire de manière géniale.

Le côté fantastique est joliment exploité, il y a qu'avoir le casque géant (où l'auteur se permet de décrire même le cadavre du pauvre petit, eurk), les statues saignantes, les spectres flippants...

Il y aussi les personnages en proie au désespoir et/où à la folie comme le fameux et monstrueux Mandred, qui finit par tout perdre, obstiné à posséder la pauvre Isabelle.

Il y a aussi les réflexions qu'on peut en tirer : peut-on se battre contre le destin ? Comment concilier la religion et le devoir à un puissant lorsqu'on veut s'opposer au second alors qu'on ne veut pas s'opposer au premier (vous comprendrez en lisant le livre) ? Quel est le sens des ensembles de nos vies ?

Et l'écriture qui est vraiment pas mal, même si elle n'est pas proche du fabuleux style du Moine.

A lire par intérêt tout de même.
Commenter  J’apprécie          60
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Officiellement le premier roman gothique dans l'histoire de la littérature, "Le château d'Otrante" en pose toutes les bases désormais connues: l'obscurité, les apparitions, des couloirs sans fin, de vieilles bâtisses, des ruines historiques, et un secret.

Paru en 1764, j'avais un peu peur que l'écriture ait beaucoup vieilli, d'autant plus que je l'ai écouté en anglais. Si l'on ne doit pas oublier la date pour comprendre certains aspects de la société qui nous agaceraient aujourd'hui, il se lit finalement très bien. La plupart des personnages sont intéressant et le mystère suffisamment bien gardé pour préserver notre curiosité. Il est également très court, environ 150 pages, ce qui en fait une oeuvre classique qui a marqué son époque et un tournant dans la littérature qu'il serait dommage d'éviter, ne serait-ce que pour sa propre culture générale. Pour moi un bon moment et une meilleure compréhension des origines de la littérature horrifique, même s'il ne fait pas bien peur.
Commenter  J’apprécie          50
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Premier roman gothique (1764), le château d’Otrante est quand même un peu… pompeux, amphigourique et grandiloquant en usant tout au long de superlatifs à n’en plus finir…



Bon, c’est rigolo et plutôt intéressant pour qui souhaite découvrir le début de ce style qui donnera quand même quelques chef d’oeuvres tels que le Moine ou Frankenstein, pour ne citer qu’eux.



Horreur, foi, fantastique, chevalerie, intrigues, passion et malédictions au rendez-vous dans une édition plutôt mal fichue illustrée de quelques reproductions de Salvador Dalì
Lien : https://www.noid.ch/le-chate..
Commenter  J’apprécie          50
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Dans ce texte, publié en 1764 et considéré par Paul Eluard himself comme le premier roman noir ou gothique de l'histoire du monde, l'auteur se propose de remettre au goût du jour le récit chevaleresque. Et pour le lecteur d'aujourd'hui le présupposé interroge... C'est d'ailleurs un extrait de la préface qui a intrigué et alpagué la bibliothécaire jeunesse démoniaque que je suis : tout commence par un enfant écrasé par un objet improbable et démesuré tombé du ciel. Cet enfant n'étant autre que l'unique héritier du royaume son décès va engendrer toutes sortes de stratégies et de manigances. Personnages exilés, secret de naissance, prophéties alambiquées, fantômes intrusifs, guerre du trône, usurpation et trahisons seront au programme de ce roman intemporel.
Commenter  J’apprécie          30
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Publié pour la première fois en 1764, il s'agit ni plus ni moins du tout premier "roman noir", "roman terrifiant" ou "roman gothique", genre littéraire ayant perduré jusqu'en 1820 avant de s'effacer devant les mouvements nouveaux qui prirent sa suite, à savoir le courant romantique, puis le fantastique. Faisant ainsi figure de précurseur du courant gothique, le Château d'Otrante, bref roman très original pour son époque et qui connut en son temps un franc succès, se présente comme un curieux hybride de récit d'aventure chevaleresque (l'action se déroule au Moyen-Âge dans le sud de l'Italie) et de drame shakespearien, sur lequel viennent se greffer quelques éléments surnaturels... Bien sûr, l'oeuvre, bien qu'étant dans son ensemble rédigée dans un style vivant et étonnamment "moderne", faisant la part belle à l'action, semble aujourd'hui datée. De surcroit, elle pèche quelque peu par un manque de descriptions qui nuit à la création d'atmosphères immersives, tout comme il empêche de s'attacher ou de s'identifier vraiment aux personnages de l'intrigue. Reste qu'au-delà de ce regrettable défaut, l'ensemble se lit plutôt bien, de nos jours encore. Au-delà de ses inévitables archaïsmes et de ses défauts, il faut donc surtout prendre cette oeuvre pour ce qu'elle est restée, à savoir une pièce d'archéologie littéraire, vénérable ancêtre et pierre fondatrice de tout un courant dont descend en droite ligne le fantastique moderne.



Commenter  J’apprécie          30
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Voilà un roman qui m'a donné beaucoup de mal.

Ce n'est pas tant la langue qui m'a posé problème, bien que certains mots soient en vieil anglais (ce roman datant du XVIIIe siècle, mais il est accessible si vous êtes bilingue), mais la mise en page.

En fait, chaque chapitre n'est constitué que de quelques énormes paragraphes. Même les dialogues se suivent, ce qui donne un truc du genre "As-tu tué mon fils ? Non, messire, je n'aurais pas osé. Alors qui l'a fait ? Je n'en sais rien." Et je vous assure que 150 pages à lire de la sorte, c'est loin d'être agréable.

Plusieurs fois, je me suis perdue dans les dialogues (car il n'est que rarement fait mention de celui/celle qui parle, histoire de simplifier les choses), ne sachant plus qui parlait à qui : j'étais alors condamnée à revenir cinq pages en arrière (horreur) pour reprendre le dialogue dès le début (horreur bis) afin de comprendre qui jase à qui et sans être certaine d'y parvenir (horreur ter).

Je suppose que je n'ai donc pas besoin de vous expliquer plus en détail pourquoi je suis un peu passée à côté de ce classique. A la fin et malgré une histoire intéressante, je n'avais même plus envie de lire ce roman, parce que je savais déjà que j'allais retomber sur des paragraphes qui feraient pâlir de jalousie Marcel Proust.

Je me dis que c'est aussi peut-être un problème d'édition, mon roman étant assez "vieux". Du coup, comme c'est un roman libre de droit, j'essaierai de le trouver sous format numérique : peut-être a-t-il été remis en page et est-il plus lisible de cette façon.
Commenter  J’apprécie          30
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Mais que se passe-t-il au niveau de mes lectures du moment ? Suis-je entrée dans une série noire ? Même la littérature classique anglaise m'a trahi ! Je suis tellement déçue de cet ouvrage qu'il s'en est fallu de peu que j'abandonne la lecture en cours de route.

Il s'agit d'un des premiers romans gothiques mais je ne le trouve AUCUN charme. L'auteur ancre l'histoire dans un décor très sommaire : on devine que l'histoire se passe dans un château quelque part en Italie, peut-être après les croisades, mais voilà tous les éléments factuels que nous aurons.

Le schéma narratif est très simple et ressemble presque à une pièce de théâtre : le prince Manfred assoiffé de pouvoir et qui souhaite avoir des descendants pour son trône ; sa femme Hippolite, une créature vertueuse et pieuse ; Mathilde et Conrad ses deux enfants ; Isabelle la future fiancée. Trois autres personnages interviennent également : Frédéric un mystérieux chevalier, le père Jérôme et un paysan nommé Théodore. Entre eux gravitent quelques évènements surnaturels mais qui ne jouent pas un rôle important si ce n'est tenter de créer un peu de mystère. L'effet n'est pas très réussi.

On oscille entre la tragédie et la comédie : les dialogues sont grandiloquents et pompeux. Les personnages sont creux et sans grande consistance. le récit est court et l'auteur n'a pas le temps de développer plus leur personnalité. On a donc des pantins, des esquisses de personnages qui ressemblent plus à des caricatures qu'autres choses (damoiselles en détresse, preux chevaliers etc.....)

J'ai ressenti un profond ennui en lisant ce roman, parce que les ingrédients qui le composaient étaient trop brutes, pas assez travaillées: les retournements de situation et les personnages inopinées sont une farce pour un lecteur aguerri.

Je n'ai pas apprécié cette lecture, qui manquait de saveur, de finesse et de profondeur. A éviter !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
Commenter  J’apprécie          30
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Commençons par le commencement, à savoir l'histoire. En tant que grande fan d'histoires de fantômes, de malédiction, de mystérieuses identités, j'ai tout simplement adoré celle que nous propose Horace Walpole. Nous sommes plongés dès la première phrase dans l'intrigue, il ne perd pas de temps en bavardages et nous entraîne tout de suite dans l'histoire de Manfred et de sa famille. J'ai aimé cette entrée directe dans l'univers du château, un peu abrupte néanmoins. Le reste de l'intrigue offre plusieurs rebondissements, je crois qu'on apprend des choses à presque toutes les pages. Cependant, Horace Walpole reste centré sur son histoire, tout ce que l'on nous dit est lié avec l'intrigue principale. Un peu comme dans Carmilla: le livre est au final assez court et donc rapide à lire, mais très complet! Un bon point donc pour l'intrigue.



Ensuite, autre point que j'ai énormément aimé, les thèmes! L'auteur s'intéresse à la famille, à l'importance de garder au maximum la lignée en vie, et ce en lui imposant le lourd point d'une malédiction. La famille de Manfred est fragile: ils n'ont que deux ans, et il est dit que Manfred ne cesse de reprocher à sa femme son infertilité (qui serait causé par le fait qu'ils sont de la même famille à la base). J'ai beaucoup aimé voir jusqu'à quel point Manfred était prêt à aller pour prolonger sa lignée, sans se rendre compte qu'il est en train d'aller dans la direction opposée. Si vous aimez tout ce qui tourne autour de la malédiction, de la famille, mais aussi de la quête d'identité (avec le jeune paysan), vous aimerez ce roman!



Parlons à présent des personnages: il y en a quand même un bon nombre, sans en avoir trop ou pas assez. Ils sont assez bien développés et variés: Manfred, la "tête d'affiche" qu'on déteste mais dont la folie est quelque part compréhensible; Matilda la fille mal-aimée; Hippolita la pieuse mère prête à tout pour contenter son mari... On réagit face à leur aventure, on se demande ce qu'il va leur arriver. Personnellement j'ai beaucoup aimé le duo Isabella/Matilda, et de façon plus générale les personnages féminins du roman.



Terminons par THE point, important, celui de l'ambiance. Lorsque j'ai lu Carmilla, j'avais déjà souligné l'ambiance un peu macabre très réussie. Dans le Château d'Otrante, là aussi, c'est très réussi! Je me suis régalée avec l'image du soldat fantôme (le casque géant), les bruits dans le château, l'impression de folie.... Un plaisir!



En bref, vous l'aurez compris, j'ai passé un excellent moment avec ce roman qui, je pense, mériterait d'être un peu plus connu! On peut lui reprocher un petit côté vieillot qui selon moi ne manque pas de charme. Donc si vous cherchez un bon livre pour Halloween, avec une ambiance macabre, et une histoire tragique, jetez-vous sur The Castle of Otranto!
Lien : http://livroscope.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          30
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Le Château d'Otrante, publié en 1764 est le premier en date du roman noir ou roman gothique. Le décor et l'intrigue sont sommaires, les personnages n'ont peu ou pas de personnalité, ni de profondeur psychologique. Le principal (et le seul?) intérêt de ce roman est d'avoir lancé un courant littéraire d'importance qui dura un demi siècle et qui influença d'autre écoles littéraires tel le romantisme, le surréalisme et le roman policier. A lire en guise d'approche historique et documentaire du roman gothique
Commenter  J’apprécie          30
Le Château d'Otrante : Histoire gothique

Considéré comme le premier roman gothique, l'histoire, comme son nom l'indique, se déroule dans un château italien du moyen-âge. Manfred, usurpateur de la lignée d'Otrante cherche à avoir un héritier en mariant d'abord son fils à la belle Isabella mais celui-ci est écrasé par un casque géant le jour de ses noces. Mauvais présage. Manfred ne se démonte pas et se rabat lui-même sur la jeune Isabella afin de lui faire ce fameux héritier. Celle-ci, choquée, se sauve par les bas-fonds du château, aidée dans sa fuite par Théodore fils caché et véritable héritier d'Otrante et du père Jérôme, le prêtre du château.

Sur ces entrefaites, arrive Frédéric, le père d'Isabella que Théodore blesse malencontreusement en voulant protéger Isabella à qui il a confié son amour pour Matilda, fille de Manfred et d'Hippolita. D'intrigues en intrigues, Manfred (quel maladroit!) fera encore une bourde en tuant sa fille dans la confusion, et Théodore récupérera son château après que le fantôme du Duc d'Otrante se fut manifesté contre les agissements de Manfred.

On pourrait lire ça comme un polar ou un bon roman d'aventures si les coïncidences n'étaient pas si grotesques et attendues.

Ce récit ouvre les portes du genre avec tous les ingrédients gothiques : nuits sombres et châteaux hantés qu'on retrouve avec plus de subtilité un siècle plus tard dans certaines histoires de Poe.

Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Horace Walpole (430)Voir plus

Quiz Voir plus

le medecin malgré lui

qui sont les personnages principaux?

geronte et lucas
martine et jacqueline
martine et sganarelle

10 questions
368 lecteurs ont répondu
Thème : Le médecin malgré lui de MolièreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}