AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hubert Delahaye (16)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
De thé et d'amour

A Kyoto, un jeune étudiant français se rend tous les samedis chez Madame Yamamoto pour y apprendre les subtilités de la cérémonie du thé. Le Gaijin et la Sensei ont développé une complicité faite de respect et d’indulgence. Il admire la vieille dame, elle s’amuse de ses maladresses.

Un matin, la leçon est retardée par Shimizu-san qui finit par arriver en s’excusant. La jeune fille est d’une beauté délicate, réhaussée par son magnifique kimono et l’étudiant n’est pas insensible à son charme. Aussi, quand après le cours, elle l’invite pour un thé chez sa sœur Miya, il accepte sans hésiter. Son prénom, Ichie, signifie ‘’une rencontre’’, elle lui parle d’ichigo, un hasard, pour qualifier le moment qu’ils viennent de vivre. Et en effet, au hasard d’une rencontre autour d’un thé, il va vivre avec la mystérieuse jeune fille, une histoire ‘’de thé et d’amour’’…



Une bulle de délicatesse, de sobriété, de pudeur. Hubert Delahaye nous entraîne à sa suite dans ses souvenirs de jeunesse lorsqu’il était étudiant à Kyoto et s’initiait à la cérémonie du thé, cet art séculaire qu’il tente de maîtriser malgré sa gaucherie et son impatience. Il nous raconte le matériel, toujours choisi avec soin en fonction des circonstances, les gestes, précis, codifiés, délicats, et les émotions liées au cérémonial, apaisement, calme et sérénité. Un environnement où ne déteint pas la belle Ichie, sublimée par les kimonos qu’elle choisit avec soin. C’est pourtant dans la plus parfaite nudité qu’elle choisit de lui préparer un thé, chez lui, dans sa petite maison traditionnelle. Leur liaison sera intense mais fugace, un moment hors du temps, à l’image de la cérémonie du thé. Ichie livre ses secrets mais reste mystérieuse, presque inaccessible. Comme le thé, elle restera à jamais l’essence du Japon, que l’on peut effleurer mais jamais posséder entièrement.

De thé et d’amour est une courte nouvelle totalement envoûtante, un éloge à la culture japonaise, une histoire poétique et intemporelle. A lire pour s’isoler de la trépidation du monde le temps d’un voyage à Kyoto.

Je remercie chaudement Pascaline et L’Asiathèque pour cette parenthèse enchantée.

Commenter  J’apprécie          404
La Statue de Chaojue et autres fantaisies à l..

Amour, couple, mariage, art, croyances, gastronomie, travail…En huit nouvelles, Hubert Delahaye s’empare de tous ces thèmes pour raconter la société chinoise contemporaine. Huit nouvelles, parfois tristes, parfois drôles, qui s’inscrivent dans la tradition chuanqi, la transmission de l’ordinaire. Car, oui, l’auteur parle de gens ordinaires qui essaient de s’en sortir dans une société pas toujours tendre. Pour cela, il s’est mis dans la peau d’un écrivain chinois des temps anciens, s’appropriant une culture qui n’est pas la sienne mais à laquelle il a consacré sa vie. Cela donne un recueil qui, pardon pour le cliché, mêle traditions et modernité pour le plus grand bonheur du lecteur qui s’émeut, s’attendrit, sourit et rit de bon cœur. A découvrir.
Commenter  J’apprécie          350
La Statue de Chaojue et autres fantaisies à l..

Voici aujourd'hui pour les amateurs de nouvelles (ou pas), ceux qui aiment l'Orient ou ont tout simplement envie de voyager de leur canapé, huit nouvelles d'un auteur que j'apprécie de plus en plus au fil de mes lectures.



J'ai beaucoup apprécié ces nouvelles toutes différentes, à la chute imprévisible. Elles se passent toutes aujourd'hui à quelques années près et sont très modernes tout en nous montrant une Chine fictive encore bien ancrée dans les traditions.

Les personnages décrits avec beaucoup de réalisme et de sensibilité, sont tous issus de la classe moyenne. Ils travaillent, cherchent à améliorer l'ordinaire de leur vie mais restent prisonniers de croyances ancestrales, de leur soumission au régime et à ses lois, qu'ils ne peuvent enfreindre sous peine de représailles immédiates. Ils sont de plus, souvent dépassés par l'évolution de la société qui change bien trop vite à leur goût.

Le titre laisse entendre que l'auteur s'est amusé à écrire "à la chinoise" et que son recueil serait une "tentative d'appropriation culturelle". Il s'amuse à "traduire un recueil original en chinois " qui n'a jamais existé, ou du moins uniquement dans son imagination !

Les personnages, les événements et les lieux décrits sont donc tous fictifs même si en tant que lectrice je n'ai eu aucun mal à m'imaginer en Chine, sans doute parce que je n'y suis jamais allée autrement qu'à travers mes lectures.



Pour en revenir à nos huit nouvelles...

Dans la première, "la Statue de Chaojue", qui a donné son titre au recueil, le lecteur découvre comment une statue peut s'animer au point de rendre heureux un fidèle croyant, tombé fou amoureux d'elle et surtout de ses beaux seins. Un conte fantastique plein d'humour.

Dans la seconde, "Sinocynophagie", l'auteur nous parle cuisine, enfin, une cuisine pas vraiment du goût des occidentaux puisqu'il s'agit d'un mets incroyable pour nous, la "fricassée" de chien. Âmes sensibles s'abstenir ! Un couple d'américains regrettera toute sa vie de ne pas savoir parler la langue du pays, car vous devinez sans doute ce qui va arriver à leur petit teckel. Je l'avais deviné aussi et je vous avoue que malgré le drame, je n'ai pas pu m'empêcher de trouver l'humour de l'auteur...comment dire, délicieux !

Dans la troisième, "Le mariage de Xijie", le lecteur prend en pitié le frère aîné, Quinlang, qui n'a de cesse de lui trouver un mari pour faire plaisir à leur mère, et y passe tous ses dimanches au lieu de se promener avec sa femme. Un jour, au marché des célibataires, il croise un jeune homme bien sous tous rapports qui semble être vraiment intéressé. Le pauvre frère tombera de bien haut !

Dans la quatrième, "Shakespeare à Nankin", un acteur d'opéra qui rêve de gloire commet sans le vouloir un meurtre au cours d'un de ses spectacles...or il se trouve que la victime faisait partie des notables installés au premier rang. Les médias s'emparent de l'affaire mais l'acteur est certain qu'il ne s'agit en rien d'un quelconque hasard.

Dans la cinquième, "Mademoiselle Yu" une jeune employée d'une cellule de surveillance passe ses journées à vérifier que le logiciel dédié à la reconnaissance faciale fonctionne bien...elle est heureuse, amoureuse et bienveillante. Elle a su particulièrement bien réconforter son nouveau collègue de travail qui vient de se séparer de sa compagne. Mais un jour son monde à elle s'écroule en regardant l'écran.

Dans la sixième "Le professeur Deng ne tient pas la bouteille", le lecteur prend en pitié ce pauvre homme qui a une maladie étrange liée au fonctionnement de son pancréas. Dès qu'il boit un verre, il oublie tout. Pour fêter la fin de sa carrière, une petite fête est organisée juste avant sa dernière conférence, comment va-t-il faire pour ne pas y succomber ?

Dans la septième "le cahier de WU Yan", le narrateur trouve dans le parc un cahier sous un banc. Il ne peut s'empêcher de le lire et tombe sous son charme car il contient de magnifiques dessins et des réflexions sur l'art très intéressantes, tout cela annotée par une femme dont il va trouver l'adresse...Bien entendu sa curiosité l'emporte, il veut la connaître.

Enfin dans le huitième, "Un amour au GIH", le lecteur fait connaissance avec Wang Cirwai, travaillant comme cheffe d'étage dans un hôtel. Elle s'occupe en particulier du ménage de la chambre d'un américain dont elle ignore tout car il a su garder sa vie privée secrète, mais auquel peu à peu elle s'attache.

Moi qui lit très peu de nouvelles, je reconnais être tombée sous le charme de celles de Hubert Delahaye. Je suis définitivement conquise par ses écrits et je remercie Pascaline et les Editions l'Asiathèque pour ce service de presse. J'avais commencé à lire le recueil en numérique puis je l'ai reçu en format papier. Quel bonheur alors de tenir entre mes mains ce joli recueil. Le papier, la couverture avec ses rabats, la mise en page, tout est beau chez cet éditeur. C'est pour moi l'occasion de le redire encore aujourd'hui.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          120
Le faux-frère

Voici un court roman, de 150 pages à peine, qui se lit d'une traite tant la tension entre les différents personnages monte en intensité tout au long de la lecture, jusqu'à la chute finale.

Autant vous dire qu'il n'y a pas un mot de superflu et que le lecteur entre immédiatement dans le vif du sujet en suivant un homme, le narrateur, dont on ne connaitra jamais le nom. C'est une personne psychologiquement perturbée.

Le roman débute alors qu'il est dans le métro. Le lecteur ne sait pas trop où il se rend. Il est un peu perdu, cherche du travail, est mal à l'aise quand il regarde le monde qui l'entoure, en particulier les publicités qui poussent les gens à la consommation. Il est très fragile et ressent une immense inquiétude devant ces sollicitations incessantes et totalement inutiles sauf dit-il, pour décérébrer la population.

Cet homme pourtant jeune souffre d'acouphènes, ce qui le rend par moment totalement inadapté au monde qui l'entoure, car cela l'empêche d'avoir des relations normales avec les autres, la maladie lui occasionnant de terribles migraines. Il semble aussi qu'il abuse un peu de la boisson quand il se rend au "Vauban" où tout le monde le connait et répond à son "bonjour".

Il va remarquer une jeune femme accro à son téléphone portable comme les autres. Elle a l'air d'écrire un roman avec ces deux pouces en action ! Tout de suite il croit la reconnaitre et est persuadé qu'il l'a déjà rencontrée durant ses études. Il ne se souvient plus de son nom et la baptise Eliane. Il décide alors de revenir sur la même rame pour la retrouver et essayer de la suivre pour en savoir plus sur elle, pour tenter aussi de l'aborder afin de vérifier que c'est bien elle et d'elle qu'il était alors tombé amoureux durant sa jeunesse.

Mais rien ne se passera comme prévu...

Cette rencontre va bouleverser sa vie, lui rappeler sa jeunesse, l'obliger à une introspection qu'il semblait fuir depuis longtemps. Il va alors se retourner sur son passé, revivre certains évènements douloureux de son enfance et regarder en face les fantômes qu'il avait tenté d'oublier.

En effet, il a depuis l'enfance un secret bien gardé, son frère Marcel, le héros de la famille, celui à qui tout réussit, le chouchou de sa mère, l'écrivain féru de littérature, celui qui sait tout, l'a toujours profondément méprisé, moqué, humilié en public, voire persécuté. Ce frère, le lecteur le découvre par petites touches. Il devient même par sa présence pesante et étouffante, le personnage principal du roman. Il est faux en cela qu'il s'est bien gardé de parler à son entourage de ce qu'il faisait subir à son cadet, pour ne pas ternir son image. Le lecteur comprend que le plus jeune ait pu souffrir d'autant de brimades et d'injustice.

Maintenant qu'il est arrivé à parler à Eliane, le narrateur n'a peur que d'une seule chose c'est qu'elle se détourne de lui pour s'intéresser davantage à Marcel, qui constitue alors une véritable menace pour leur relation...



Avec son style bien à lui, de l'humour (comme ces clins d'œil à ses propres écrits) et le souci du détail, surtout quand il s'agit de la nature des sentiments humains, l'auteur nous fait croire dès les premières phrases à une histoire toute simple, mais très vite le lecteur comprend que tout ce qu'il croit ou imagine, n'est pas la réalité.

L'auteur dévoile peu à peu la personnalité de ces deux frères que tout oppose. La tension monte et le lecteur comprend qu'ils ne peuvent pas en rester là.

Marcel existe-t-il vraiment ?

Le narrateur est-il victime d'un dédoublement de la personnalité ?

Rêve-t-il le personnage d'Eliane ?

Je me suis posé ces questions tout au long de ma lecture et bien entendu je ne vous dirai rien de ma conclusion, ni de la chute de l'histoire...

C'est la première fois que l'auteur publie un autre de ses titres chez l'Orpailleur qui édite depuis bientôt dix ans (2014 exactement)...

"Des livres qui donnent au lecteur le plaisir de découvrir, au fil des mots, des univers personnels et des histoires originales. Des livres qui ne se livrent pas immédiatement, à l’écriture affirmée, au style personnel, revendiqué et assumé."

"Pas de thème imposé, pas de genre imposé mais la nécessité que les textes racontent quelque chose, qu’ils proposent une vision, une perception, des émotions, qu’ils puissent susciter la réflexion, qu’ils emportent leurs lecteurs dans un monde où les mots ont tout leur sens."

Ces citations sont extraites du site de l'éditeur.



Merci à lui de m'avoir sollicité pour lire ce roman d'Hubert Delahaye.

Une belle découverte et un très bon moment de lecture.


Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          100
Histoires de mers

Dans ce recueil qui comprend seulement sept nouvelles, l'auteur nous parle de la mer ou plutôt des mers et des océans, proches ou lointains et surtout des personnes qui y vivent, qu'ils soient capitaines, pêcheurs, simples navigateurs ou qu'ils rêvent de la traverser pour découvrir un monde meilleur, commencer une nouvelle vie, oublier le passé...



L'auteur dans chacun de ces récits, prend le temps d'installer le décor, de présenter les personnages. Les nouvelles n'ont pas toutes une chute mais la fin arrive toujours à nous surprendre.

Le lecteur retrouve dans ces nouvelles, les traditions des pays explorés, les peurs ancestrales que la mer véhicule, les joies des navigateurs partis explorer d'autres contrées...

La mer connaît la nature humaine mieux que personne, l'honneur bafoué, les amours déçus, les imprudences ; elle souffre elle-aussi des drames, des disparitions, des naufrages ; elle sait tout des hommes, de leurs espoirs, de leurs désirs et de leurs rêves.

Les récits sont fluides, plaisants à lire mais poignants, réalistes et parfois teintés d'humour. L'auteur mêle la réalité à ses lectures et le lecteur retrouve dans ces écrits, avec étonnement mais grand plaisir, de grands auteurs qui ont su éveiller la curiosité de l'auteur encore enfant, lui donner envie de voyager et d'explorer le monde pour découvrir la diversité de l'humanité...



Ainsi lors de votre lecture, vous vous retrouverez à bord du "Narcisse" avec Joseph Conrad, vous suivrez le fier Auguste à bord de sa barque, vaincu lui-aussi par un énorme espadon comme le héros du roman d'Ernest Hemingway, vous croiserez George Orwell, et peut-être même Robert Louis Stevenson à Apia...et bien d'autres, comme Somerset Maugham, en Birmanie. Je ne les ai pas tous reconnu mais qu'importe !

Vous l'aurez compris, ces nouvelles sont toutes de style différent !

Certaines sont plutôt inquiétantes ou carrément angoissantes. D'autres teintées d'humour. Mais toutes montrent à quel point la mer a une emprise sur ceux qui en vivent ou se sont installés à proximité.



L'auteur, Hubert Delahaye, a été chercheur au Collège de France dans le domaine de la Sinologie. Il s'est spécialisé dans l'iconographie chinoise. Il a tenu la chaire d'Histoire sociale de la Chine et a été Maître de Conférences aux Instituts d'Extrême Orient.

Son amour des voyages, sa grande tolérance et sa curiosité sans borne, le regard particulier qu'il porte sur les gens, qu'il observe toujours avec beaucoup d'humanité, une grande finesse psychologique et beaucoup de respect, font de ses écrits des témoignages vivants des pays qu'il traverse. Les gens nous apparaissent ainsi comme parfaitement intégrés à leur milieu de vie, et le décor devient un personnage à part entière qui prend toute la place qui lui revient.



Voilà donc un recueil captivant à offrir ou à s'offrir pour un voyage dont vous ne reviendrez pas forcément vivant... mais qui aura eu le mérite de vous emporter très loin sans hésitation !
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          60
Lettres d'Ogura

Le lecteur est immédiatement transporté dans une vallée, en pleine nature, non loin de Kyoto. Là, il existe un village perdu, un peu hors du temps, où les habitants vieillissent dans la solitude : c'est Ogura. Subsistent les membres de quelques familles, quatre exactement, autrefois nombreuses.

Les vieilles femmes sont courbées à force d'avoir travaillé inlassablement, au fil des saisons, dans les rizières. La nature resplendit et prend une place considérable dans la vie des anciens qui remplissent leur quotidien de tâches humbles, mais nécessaires, tout en respectant les traditions d'autrefois, des traditions dont les jeunes, partis vivre en ville, n'ont plus le temps de s'encombrer : vénérer les ancêtres en priant devant l'autel tous les jours, laisser sa porte close une fois la nuit tombée, mais non fermée à clé, parler du temps qu'il fait et de la mousson avec ses voisins, n'entrer chez les autres que si la personne visitée le demande, veiller les uns sur les autres sans en avoir l'air.

Pas besoin d'horloge, la vie est rythmée par les annonces du haut-parleur qui informe la population, des risques à venir...

Le lecteur découvre cette vie quotidienne paisible, à travers le regard et les ressentis d'une vieille femme d'une grande sagesse. L'auteur nous parle de son quotidien avec beaucoup de tendresse et d'humour. Son mari a fait la guerre et ses filles sont parties à la ville. Elle profite avec sérénité des derniers jours de sa vie, chez elle, sans angoisse, sans se plaindre, sans reprocher à ses proches sa solitude. C'est elle qui en vient à rassurer ses filles, inquiètes et culpabilisées de s'être autant éloignées d'elle, lorsque une d'entre elle l'appelle au téléphone, ou vient lui rendre visite.



J'ai aimé la douceur qui se dégage de ces pages poétiques. Il ne s'agit pas de "lettres" à proprement parlé mais de tableaux successifs, dépaysants pour nous occidentaux, mais qui décrivent à merveille, la vie dans les campagnes, au Japon.

L'écriture, tout en finesse est épurée. L'essentiel est dit en peu de mots qui suffisent à créer une ambiance particulièrement agréable et légère. La traduction de certains mots, le rappel de certaines traditions, comparées à celles du monde occidental, la découverte des petits secrets du village, l'humour qui transparait à travers certains passages, font de ce court roman, un magnifique instant de lecture, zen et passionnant.


Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          50
De thé et d'amour

Quelle délicatesse dans ce court roman. L'art du thé : "Le thé n'est pas vraiment une cérémonie. Il n'en a pas la pompeuse solennité. Ce n'est pas la messe ou le rituel d'une quelconque religion. [...] "Cérémonie" est un mot trop rigide pour désigner un exercice aussi multiforme, fait de gestes simples et précis qui n'ont d'autre finalité qu'eux-mêmes, pensés et codifiés pour être strictement efficaces, nécessaires et suffisants et qu'on doit idéalement réaliser sans y penser et d'un cœur léger." (p.29)



Toute l'histoire tourne autour de ces moments chez madame Yamamoto. Tout y est lenteur, calme. Tout s'y déroule dans le silence, les regards se croisent, les gestes sont là pour offrir le thé, pour le savourer, et il s'y joue bien autre chose, l'amour naissant des deux jeunes gens. Ils se retrouvent parfois à l'extérieur, à la fin de la séance, marchent côte-à-côte en devisant. L'art du thé se rapproche de l'art de la séduction surtout lorsque ce dernier se fait en japonais : "La langue japonaise n'a rien de facile, sans parler de son écriture. Une conversation peut se révéler malaisée à suivre quand on n'y trouve pas de sujet ou de verbe. On a tendance à exposer les faits selon un ordre impressionniste où il faut savoir entendre au-delà des mots à travers un discours qui paraît éparpillé et qui favorise les apartés et les digressions." (p.58)



C'est beau, délicat, fin et reposant. Lire ce petit livre de Hubert Delahaye -comme son très beau Lettres d'Ogura- promet un moment à part, loin de la rapidité et de la performance, l'un de ceux que l'on savoure en prenant son temps et un thé.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          20
Lettres d'Ogura

Si vous êtes des fidèles de ce blog, vous savez que j'aime les textes asiatiques minimalistes, qui ne racontent pas grand chose, mais le font très bien, dans une langue épurée et ciselée.



Les lettres d'Ogura n'ont pas été écrites par un Japonais, mais par un fin connaisseur du pays. Comme le précise l'éditeur "Chaque fois les textes se fondent sur une expérience directe et authentique et incitent le lecteur à l'ouverture d'esprit et à la réflexion".



Ogura est un petit village japonais, dans la région de Kyoto, loin des grandes métropoles. Il est en voie d'abandon, les jeunes partent, seuls restent les vieux, gardiens des traditions et des histoires. On y a gardé un mode de vie respectueux des traditions et des valeurs des anciens. Le récit se déroule autour d'une vieille dame de quatre-vingt-six ans et de son quotidien.



Elle a une grande connaissance du village, de ses us et coutumes et bien sûr des habitants. Sa vie est faite de petits gestes, elle maintient ce qu'elle peut, pense à ses enfants au loin, à ses voisins, décrit ses habitudes, l'environnement, en bref tout ce qui a constitué sa vie depuis longtemps.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
Commenter  J’apprécie          20
Le faux-frère

Hubert Delahaye est un passionné de l’Extrême-Orient et notamment du Japon, il a publié plusieurs livres dont trois que j'ai lus et beaucoup aimés : Lettres d'Ogura, Histoires de mers et De thé et d'amour. Changement d'éditeur et de registre pour Le faux frère, mais pas de changement quant au plaisir de lire Hubert Delahaye. Son écriture est fine, délicate et elle va au plus profond de ses personnages, au plus intime, sans artifices, sans effets. Tout paraît si simple, comme cette phrase pour parler de Marcel, de son décalage dans la société actuelle, qui m'a sauté aux yeux, en apparence anodine : "Il est dépassé, il est du passé, il le sait et il le plaide" (p.123) L'on pourrait croire en débutant le livre que cet homme qui va raconter sa vie est un type ordinaire qui n'a pas grand chose à dire. Mais que nenni ! Hubert Delahaye, tranquillement et sûrement fait naître une tension entre les deux frères, tension qui s'entend dans quasiment tous les mots du narrateur. Et son roman de se noircir, de s'alourdir, tout en restant très policé, car lorsque l'homme qui parle s'énerve, il le fait poliment et sans cri. Même ses emportements envers la société actuelle sont élégants : "Les marchands sont des malins. Ils maîtrisent l'art de rendre obsolète ce qui passait hier encore pour une audace. Ils ont du flair pour inventer de nouvelles superfluités, de nouvelles nouveautés. Ils sont là pour m'aider, pour me fournir une raison de vivre. Acheter devient un acte existentiel." (p.10/11) Sa relation avec son frère pèse sur chacun des actes de sa vie. Lui, victime d'un pervers narcissique parviendra-t-il à surmonter ses traumatismes ? Ou alors n'est-il pas schizophrène et son frère Marcel une invention ? Je dois dire que cette question m'a hanté une grande partie du livre. Et alors, craindre une rencontre avec Éliane et redouter qu'elle ne finisse mal... L'écriture d'Hubert Delahaye laisse imaginer une histoire tranquille, linéaire, et c'est tout le contraire qui arrive. En loucedé, écris-je pour prendre le contre-pied de l'auteur qui n'use que de beaux mots et de belles phrases, ce qui ajoute à la tension, car quoi de plus imprévisible et effrayant -toute proportion gardée- qu'un homme à la colère intérieure, qu'une catastrophe décrite calmement ?



En digressions, certains passages pourraient être lus et médités en haut lieu, notamment sur le travail : "Pourtant, l'idée de travailler comme un forcené pour un progrès discutable, vu l'usage qu'on en fait, gagnerait à être explorée davantage. On remarquerait en passant que plus le progrès apporte d'outils et plus il faut travailler longtemps et durement quand, en bonne logique, on attendrait le contraire." (p.65) ou dans le métier du livre : "...j'ai toujours été angoissé à la vue des pavés de cinq cents ou mille pages qu'on trouve en abondance dans les kiosques des gares. C'est un genre de littérature au kilo qui fait du tort aux forêts." (p.72)



Cent cinquante pages qui se dégustent, qui se lisent lentement, histoire de n'en rien rater, auxquelles on en ajouterait bien un peu, tant pis pour les forêts, juste pour le plaisir, parce qu'aucun mot en trop ni aucun ne manque. Parfait !
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          10
De thé et d'amour

Ce livre d'à peine plus de 100 pages, est une petite pépite emplie de poésie et de délicatesse, un régal de lecture, que vous aimiez le thé ou non, le Japon ou non.



Dans les années 70, un jeune français étudiant à Kyôto, vient s'initier tous les samedis matin, à la cérémonie du thé chez Madame Yamamoto. Il désire en connaître tous les détails et éprouve beaucoup de sympathie pour la vieille dame.

Tous les participants, après avoir vu Madame Yamamoto exécuter les gestes ancestraux devant eux, doivent préparer le thé chacun leur tour. La sensei rit souvent de leurs maladresses et recommence avec patience ses explications.

Un samedi, la cérémonie commence en retard à cause d'une jeune femme qui n'est pas encore arrivée. C'est Ichie...

Dès le départ le narrateur la trouve ravissante et particulièrement attirante. Les deux jeunes gens sympathisent d'autant plus rapidement que Miya, la jeune sœur d'Ichie, habite le même quartier que lui. Miya, dont Ichie s'occupe depuis la disparition de leurs parents, est une personne surprenante pour le jeune homme. Elle est l'opposée de sa sœur. Un jour, alors qu'Ichie s'est absentée de la cérémonie du thé, le jeune homme, inquiet, se présente chez Miya pour avoir des nouvelles de son amie. Quelques jours après, Ichie, fâchée qu'il se soit présenté seul chez sa jeune sœur, lui explique pourquoi elle la surveille de près, car considérée comme "dérangée".

Les clichés ont la vie dure, le narrateur n'imagine pas un instant que cette jeune femme en Kimono puisse être une femme moderne, ni elle, que ce jeune homme, maladroit et étranger, puisse se montrer prévenant et sensible. Ichie va être obligée de s'expliquer...à sa façon !



Voilà un récit rédigé à la première personne, ce qui nous donne l'impression d'écouter une confession. L'auteur nous livre ses propres souvenirs d'étudiant et ses réflexions sur cette culture qu'il découvre avec ses traditions et ses codes.

Ne vous attendez pas à de grands rebondissements. Tout est dit par petites touches pudiques, au fur et à mesure que les deux jeunes gens se font confiance. On est dans une ambiance particulière qui est celle des romans japonais, avec des moments étranges, emplis de mystère, d'autres moments plus réalistes et toujours beaucoup de sérénité.

Le pavillon de thé est une merveille. Le lecteur s'y installe avec grand bonheur. La cérémonie du thé est décrite en détails avec les gestes précis, les objets indispensables d'une grande beauté, qui je ne le savais pas, varient selon les saisons et le thé utilisé, les formules convenues, mais aussi les émotions, et l'état d'esprit dans lequel on doit être pour que cette cérémonie ancestrale soit une réussite.

Le lecteur a tout de suite envie d'en apprendre davantage sur les personnages, auxquels en peu de pages, il s'attache mais qui resteront auréolés de mystère. La fin nous offre de belles pages sensuelles et d'une grande douceur.

J'ai plongé avec délice dans cette autre culture si éloignée de la notre et cette lecture a été pour moi une belle découverte.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          10
De thé et d'amour

Un moment à part avec ce petit texte "De thé et d'amour", extrait des carnets de thé de l'auteur. Alors qu'il était étudiant à Kyoto, il se rendait chaque samedi chez Yamamoto Sensei pour apprendre et effectué la cérémonie de thé. Il y rencontre la jeune Ichie, délicate, élégante dans ses kimonos et bien mystérieuse.

Une jolie nouvelle, on sent bien le Japon autour de nous, sa retenue, ses manières à travers l'écriture de Hubert Delaye.
Commenter  J’apprécie          10
Lettres d'Ogura

"Il n'y a pas de rue à Ogura, il n'y a que l'unique petite route qui se termine au fond de la vallée", et peu d'habitants pourrait-on ajouter. Une vingtaine de maisons et quelques personnes âgées qui ont choisi de rester là. Rester ? non. Ils habitent là. Ils reçoivent la visite de leurs familles, et vivent simplement, attentifs à la nature qui les entoure.

En quelques textes, et beaucoup de sensibilités, d'attachements, Hubert Delahaye nous parle notamment de la vieille dame : "le Japon doit beaucoup aux vieilles Japonaises au dos cassé"...

Elle habite Ogura : elle y vit en relation avec son environnement (nature, croyances), ses voisins. L'auteur nous décrit ainsi un Japon, "autre", qui n'est pas celui d'avant, mais un lieu de vie et de rapport au monde.
Commenter  J’apprécie          10
Histoires de mers

Un recueil agréable à lire. Des nouvelles fortes et percutantes. La mer comme personnage principale. L'impact de celle-ci sur l'homme, l'amour que porte l'homme. Ce qu'elle engendre comme rêve, comme peur et comme tragédie. C'est une éloge à prendre la fuite, une éloge à s'y confronter.
Commenter  J’apprécie          10
Lettres d'Ogura

L'Asiathèque est, comme son nom l'indique, un éditeur spécialisé dans les ouvrages d'apprentissages des langues d'Asie. Mais la maison publie également des romans et des nouvelles d'auteurs locaux et des petits textes d'auteurs français connaisseurs des pays d'Asie dans la jolie collection Liminaires. Ce fut le cas avec le très beau Halabeoji, de Martine Prost ; c'est de nouveau réussi avec Lettres d'Ogura. Cette fois-ci, le Japon. Mais pas celui qu'on nous montre partout, ultra-connecté, moderne, à la pointe du progrès. Hubert Delahaye s'intéresse à un petit village et plus particulièrement à une vieille dame qui y habite. Comme chez nous, ce village éloigné est déserté par les jeunes, des maisons sont abandonnées et ne restent quasiment plus que des vieux voire des très vieux qui s'aident, se parlent.



Le texte est beau, lent, très lent, contemplatif, décrivant admirablement la nature, la faune et la flore. Il colle parfaitement au rythme de vie du village. Dès le début je suis sorti des mes lectures habituelles et me suis retrouvé plongé dans un monde qui n'a pas mes codes. C'est troublant parce le texte n'est pas écrit par un Japonais et que pourtant tout pourrait le faire croire. Cent-vingt pages de zen, de calme, de beauté, de fréquentation de cette vieille dame charmante qui ne se plaint pas. Cent-vingt pages positives teintées d'un léger humour qui font sortir du quotidien.



Belle collection à la couverture et la mise en pages soignées qui a les bonnes idées d'abord d'insérer dans le texte français des mots écrits en japonais, non pas que je les comprenne, mais ça permet d'entrer encore plus dans le monde décrit par Hubert Delahaye et ensuite de n'être pas chère. Si vous ne connaissez pas encore L'Asiathèque -ce n'est pas bien parce que j'en ai parlé, toujours conquis (Le phare, Histoire de dame Pak, L'art de la controverse, Halabeoji, Le magicien sur la passerelle)-, passez le cap, regardez attentivement le catalogue et n'hésitez pas à en parler à votre libraire préféré(e). Je me permets ce conseil, car j'ai toujours eu un peu de mal avec la littérature asiatique -et particulièrement la japonaise- et grâce à L'Asiathèque entre autres -mais aussi Intervalles-, j'apprends à la connaître et à l'apprécier.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          10
La Statue de Chaojue et autres fantaisies à l..

Prenant pour cadre la Chine qu’il connaît si bien, Hubert Delahaye nous présente des nouvelles étonnantes à l’humour corrosif.



Aucun point commun entre une statue de la fertilité séduisant un homme et aspirant ses forces vitales afin d’enfanter; un homme élevant des chiens pour leur viande s’inquiétant de la réputation et de l’avenir de son métier; un frère à la recherche désespérée d’un mari pour sa sœur; une pièce de théâtre qui tourne mal; une femme faisant une triste découverte au cours de son travail consistant à scruter les images des vidéos surveillances des rues de la ville; un professeur humilié dans son discours de départ à la retraite; un cahier d’art abandonné et aidant finalement sa propriétaire; ou encore la gouvernante d’un hôtel amoureuse d’un mystérieux client…



Aucun point commun, disais-je, si ce n’est l’atmosphère si particulière qu’installe l’auteur dans ces histoires. Qu’ils soient fantasques ou dérangeants, souvent les deux à la fois, ces courts récits amusent autant qu’ils surprennent. Hubert Delahaye bouscule un peu les idées reçues ou réalités prêtant à sourire sur certaines traditions de la culture chinoise. Subversif, il capte l’intérêt à tel point qu’une fois les premières pages tournées, impossible de lâcher ce recueil avant de l’avoir terminé.

Cette lecture nous permet de passer un bon moment.
Lien : https://bessiesbazaar.wordpr..
Commenter  J’apprécie          00
Lettres d'Ogura

Hubert Delahaye ne théorise jamais, il écoute et regarde comment la «bonne marche des choses» est faite à la fois de respect, de modération, de retenue.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hubert Delahaye (29)Voir plus

Quiz Voir plus

Un couple : un tableau et son musée (n°1/2)

"La Joconde" de Léonard de Vinci :

Musée du Louvre à Paris
Galerie des Offices à Florence

10 questions
170 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , art , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}