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Citations de Hugo Lindenberg (135)


Hugo Lindenberg
Je ne veux surtout pas qu'on me retrouve, seulement que quelqu'un me cherche.
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La vérité c’est que j’absorbais tout ce que je pouvais jusqu’à devenir l’air autour d’eux, jusqu’à être aspiré dans leurs poumons, puis recraché, puis aspiré encore pour saisir l’essence même de leur bonheur. J’aurais bu leur sang si ça m’avait permis de comprendre ce que c’est que d’avoir une famille comme les autres.
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Et puis la faire rire aussi. C’est incroyable quand je la fais rire, c’est un dépaysement. Comme cette fois où des cousins sont venus nous rendre visite d’Israël et qu’elle a bu et qu’elle a ri. Jamais je n’avais vu ça. Le plateau chinois, les petits verres à brandy, tout ce qui dort habituellement dans les vitrines de la salle à manger ; soudain utile. Et le cou de ma grand-mère se renversant tandis qu’elle riait.
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Alors je ne fais rien d’autre qu’attendre que ma grand-mère se réveille de sa sieste et que reprenne la valse des tâches ménagères qui rythment nos journées. Petit-déjeuner, se laver, s’habiller, déjeuner, dîner, se baigner, se déshabiller, se coucher. Notre vie est une symphonie de robinets qui coulent, de chasses tirées, de bains vidés, de vaisselle lavée, de linge essoré. Et pour se divertir de ce déluge : la mer.
(page 18)
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Qu’elle est belle ma grand-mère dans la rue, ses cheveux courts dans le vent, une natte coincée sous le bras, gilet de laine noir sur blouse bucolique orange, tenant le ballon à deux mains, une dessus, une dessous, comme si elle avait la garde de la Terre. Derrière elle une grosse folle et un enfant.
(page 69)
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Alors j’ai ri, entraînant Baptiste avec moi. Deux petites têtes hilares dépassant de l’eau. Le visage édenté de mon ami disparaissait derrière la dune d’une vague naissante pour réapparaître aussi naïf et franc l’instant d’après, riant de plus belle. Et je l’aimais tant que j’aurais voulu le noyer.
(page 35)
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Ce que mon ami ignore, c’est que depuis le début de l’été, le péril urticant des méduses m’a tenu éloigné de l’eau. Leur présence massive sur les côtes, largement commentée par les vacanciers, m’a servi d’excuse auprès de ma grand-mère pour ne pas aller nager et rester avec elle dans le rectangle rassurant d’une natte en osier. Seul avec mes livres et mes pensées, malgré les remontrances qu’elle m’adresse sans même lever les yeux de son tricot.
(page 21)
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Tantôt Baptiste avance devant et je mets mes pas dans les siens et tantôt c’est lui qui me suit. Mais qu’il soit devant ou derrière, que je l’entende dans mon dos ou que je regarde sa nuque, j’ai l’impression qu’il m’échappe. Alors que nous sommes seuls sur le sentier, Baptiste me manque plus cruellement que lorsqu’il n’est pas là. Je ressens même de l’agacement contre lui. Contre ses foulées conquérantes. Je lui en veux pour toutes les pensées qu’il me cause. Lui qui suit le fil des siennes en m’accordant l’attention d’un maître pour son chien.
(pages 164-165)
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J’imagine son espace mental comme une très grande maison aérée, avec plafonds de trois mètres de hauteur et parquet ciré, un piano à queue et de grandes fenêtres ouvertes sur un jardin luxuriant. Quelque chose de bien plus confortable que le taudis aux persiennes duquel j’observe le monde.
(page 143)
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Mon monde sous-marin ne connaît pas la rage. J’y suis souverain. Comme mon corps, mes idées sont légères et gracieuses. J’étouffe le monde du dehors le temps d’épuiser l’oxygène emprisonné à la hâte dans mes poumons.
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Sur le pas de la porte, je guette un instant le silence pour m’assurer que ma grand-mère dort encore, avant de faire glisser mes chaussettes vers le vaisselier de la salle à manger, derrière les portes duquel s’est imprégnée une odeur âcre de tilleul et de chicorée. Une odeur que je n’ai jamais sentie ailleurs et qui sera désormais et pour l’éternité l’odeur d’ici, de l’ennui et de mes dix ans.
(page 41)
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Mentir à Baptiste, ça aurait été comme mentir à la plage, à la mer. Ça ne se pouvait plus maintenant. J’étais allé trop loin dans la vérité avec lui.
(page 129)
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J'ai du mal à comprendre pourquoi, quand une personne en frappe une autre, ce n'est pas celui qui a donné le coup qui porte la trace.
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J’ai du mal à imaginer des fleurs autre part que sur des assiettes clouées au mur dans la vie de ma grand-mère.
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Toujours choisir le meilleur pour moi et ma grand-mère et pour elle le Grum : le fruit taché de pourriture, la serviette laide qui restée trop longtemps dans le tambour de la machine en a conservé l’odeur de moisi, le verre sur lequel est collée de la pulpe séchée d’orange. Le Grum organise des espaces distincts dans lesquels il fait œuvre de maléfice par la grâce du pourrissement.
(page 64)
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Quand Baptiste se lavait les dents ou laçait ses chaussures, il le faisait avec la grâce de ceux qui se savent observés et qu'on a délivrés de leurs monstres.
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Ma grand mère avait l'habitude de raconter la mort. Elle appartenait à une sororité de femmes qui avaient tout perdu, leurs familles, leurs maris et parfois leurs enfants.
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J'aspire une nouvelle gorgée de jus d'orange. J'aspire tout le jus d'orange jusqu'à faire crisser la paille au fond du verre, histoire de briser le silence. Devant moi s'étalent les rares jouets avec lesquels je tente parfois de faire avancer le temps. Des jouets vieux de tant d'étés que je ne me souviens pas de les avoir jamais désirés.
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J’imagine sous la blouse les seins exsangues aperçus dans le miroir, les seins séchés, aspirés du dedans par la gloutonnerie braillarde des enfants de la guerre, les seins vidés par la fatigue. Est-ce que ses fesses aussi sont vides ? Est-ce que moi aussi, un jour, je serai vide ?
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je regarde le corps de ma tante. Ce corps toujours drapé d’amples chemises débraillées à motifs graphiques. Qui n’est pas un corps de femme, mais un corps de fou. Déformé. Un corps sans soin, sans amour, couvert de poils et de honte, gros, abandonné à sa tristesse. Je regarde son cou brûlé, la peau fondue du menton aux seins, les aisselles velues, comme les jambes, les plaques, les plaies du quotidien, les grains de beauté dont personne ne s’inquiète, les ongles de pieds immenses et jaunes, la peau craquelée par la sécheresse, marbrée par endroits, les poils frisés qui dépassent à l’entrejambe, infects. J’imagine mille puanteurs qui me soulèvent le cœur.
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