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Citations de Ignacio Del Valle (63)


Ils jetèrent un dernier regard à la silhouette cuirassée du Tigre et en tirèrent apparemment la même conclusion : sa force, comme celle de la Wehrmacht, s’affirmait dans le mouvement, l’immobilité signifiait la défaite.
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"Prends garde, Dieu te regarde." Cette phrase vous évoque-t-elle quelque chose ?
[...]
-- "Prends garde, Dieu te regarde, prends garde, il te regarde, prends garde, tu vas mourir, quand, tu ne saurais dire", récita-t-il. C'est une comptine.
-- [...] Mais vous, mon père, savez-vous pourquoi nous vous avons demandé ça ? questionna-t-il.
-- Non, vraiment pas.
-- "Prends garde, Dieu te regarde"... C'est ce qui était inscrit au couteau sur le cou du mort.
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Au début, nous nous sommes servis du besoin et de la terreur, mais seulement au début. Après, nous avons utilisé l'amour, la camaraderie, la confiance, la loyauté, le soutien, toute la joie que procure l'appartenance au groupe et qui, utilisée d'une façon appropriée, est l'instrument de déshumanisation le plus terrible. Armée, SS, SA, Lebensborn, KdF, le Front du travail, BDM, Jeunesses Hitlériennes, NSDAP, des colonies, des fédérations, des associations... des groupes, des groupes et encore des groupes qui empêchent de réfléchir ou d'être "je", seulement "nous", des groupes pour lesquels se sacrifier, des groupes qui donnent du plaisir, étourdissent et annulent toute responsabilité individuelle, rachètent le péché, permettent d'être absolu et de ne pas affronter la mort seul, mein Herr. Une masse qui ne réfléchit pas, désinhibée, dissoute en Adolf Hitler, le nom d'un dieu qui recouvre ce que recouvrent tous les dieux : le besoin de sens, car tous étaient lui et il était tous les autres.
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[…] Le Reich offrait son visage le plus terrible dans le chaos des routes, bloquées par un flot gris de véhicules et de réfugiés faméliques, exténués et terrorisés par les cris de Der Iwan kommt !
[…] – Et où se trouve la ligne de front ? Gracq partit d’un rire de dément, ouvrant ses énormes bras pour englober toute cette scène sanglante. Ses yeux brillaient comme s’il était sous l’emprise de drogues.
– Partout, torerito, partout. On ne peut plus sortir de Berlin. Les Popofs ont complètement encerclé la ville. Berlin, c’est déjà Stalingrad, un Kessel, un chaudron gigantesque, ha, ha, ha…
[…] Tel que l’avait envisagé un général allemand, on pouvait se rendre désormais du front de l’Est à celui de l’Ouest en S-Bahn.
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Il lui remit une capsule de cyanure. – C’est une mort certaine, ajouta-t-il. – Toute mort est certaine, mein Hauptsturmführer, fit remarquer Arturo. Toute mort…
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Ici ou là, des signes que les Furies étaient les sœurs d'Aphrodite, ire et beauté jaillissant d'une même source, preuve que les situations extrêmes sont toujours réversibles et qu'avec le temps chacun recommencerait à parler, à manger, à faire l'amour... suivant cette loi immuable et éternelle de l'oubli qui veut que les hommes n'apprennent jamais rien du passé, leur faculté d'adaptation et de changement les faisant toujours revenir au même point de départ.
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Vous n'ignorez pas que le roi exécute toujours ceux qui l'ont vu pleurer quand il était prince.
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Tant de morts en si peu de temps … cela restait toujours aussi incompréhensible, sans pour autant exclure une fascination maladive.
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Il termina son café et rit béatement; parfois, pas toujours, les souvenirs n'aggravaient pas la solitude.
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Arturo était hors de lui, ce n'était plus du courage qu'il affichait, mais une lassitude de vivre qui le rendait beaucoup plus dangereux parce qu'il lui était égal de se faire tuer. Il était clair pour lui qu'ils allaient tous mourir, qu'il n'y avait pas d'issue. Il vit Alexandre qui le regardait, l'air terrorisé, avec le 7.92 contre sa poitrine.
- Ferme les yeux, lui dit Arturo, ferme-les, puis il se mit à réciter à l'oreille de l'allemand : "Nous portons un enfant en nous, car tant que nous porterons un enfant, nous pourrons échapper au mal sous le manteau de l'innocence, ferme les yeux, petit russe, nous franchirons les rivières, nous essuierons les tempêtes, ferme les yeux, petit, nous pourrons même traverser les flammes de l'enfer." p.300
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Une conviction essentielle, la dernière : il fallait protéger les enfants. Il se rappela le petit russe Alexandre et murmura des phrases apprises par coeur : "Vous portez en vous un enfant, souvenez-vous que tant qu'il en sera ainsi, vous pourrez échapper au mal en vous réfugiant sous le manteau de l'innocence, vous franchirez des rivières, vous essuierez des tempêtes, vous pourrez même traverser les flammes de l'enfer" p.87
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Avec une arme à feu, on pouvait tuer un homme, mais avec un couteau, on en tuait un et on en terrorisait mille.
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Arturo esquissa un sourire. Il écarta sa main, toujours appuyée contre la porte.
- C'est dur, ces choses-là, tu sais ? avoua-t-il.
- Je sais, señor Andrade, mais il faut apprendre à abandonner.
- Abandonner, recommencer, sinon on ne pourrait pas grandir. Souffrir pour grandir, pour perdre l'innocence et devenir des êtres raisonnablement pervers, des hommes. Ca vaut la peine, toute cette douleur ?
- Je ne sais pas, mais il faut le faire.
- Tu as raison, il faut le faire.
- De toute façon, señor
Il hésita une seconde, mais se décida à parler :
-... l'amour, même quand on est seul à le ressentir, doit bien servir à quelque chose...
Arturo ne sut que répondre. Ils restèrent ainsi un moment.
Le corps ressentant le passage du temps.
Filtrant, tel du sable, à travers toute chose.
Se ruant sur l'aube.

p.327-328
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L'espace d'un instant, [Hitler] soutint son regard ; sur ce visage grossier, les fascinants yeux gris-bleu qui avaient ensorcelé et asservi les foules n'avaient rien perdu de leur pouvoir hypnotique, et Arturo chercha à démasquer le monstre, à avoir une révélation sur l'essence du mal, un pourquoi transcendantal qui viendrait expliquer ses actes horripilants, mais, à sa grande confusion, il put seulement vérifier que c'était un homme comme les autres, en tout point semblable à lui, un être humain renfermant ce néant, ce désespoir que chacun abrite et contre lequel n'existe qu'une seule parade : l'illusion.
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[...] ... Octavio posa son pied sur le sol, lissa un de ses sourcils, puis croisa les bras. Il hésita, mais pas comme s'il ne savait que dire, plutôt comme s'il avait l'embarras du choix.

- "Il est probable que cet individu ait un grade élevé en franc-maçonnerie, affirma-t-il, pas moins du deuxième, c'est évident. Et qu'il accomplisse une espèce de vengeance." Il fixa le sol puis regarda Arturo dans les yeux : "Sait-on si les morts appartenaient à une loge ?

- Pour le moment, rien ne le prouve.

- D'ailleurs, ce n'est pas nécessaire, le serment concerne les torts à l'encontre d'un frère, il peut aussi s'agir d'un règlement de comptes avec quelqu'un d'étranger à la franc-maçonnerie. Ils ont des rituels prévus pour cela. Ce que je trouve insolite, c'est que, si leur appartenance n'est pas prouvée, l'assassin les exécute pourtant en appliquant les sentences des divers grades réservées aux membres ..." - il agita les doigts comme s'il pianotait dans le vide. "On dirait ... on dirait une menace adressée à quelqu'un qui, lui, serait un frère, mais dont il ignorerait le grade, comme s'il tâtonnait et qu'il l'avertissait avec cette phrase ..."

Sa main fit un moulinet pour inciter Arturo à continuer. ... [...]
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[C]e qui réveilla sa colère, ce ne fut pas leur misère, ni la malchance qui rampait autour de leurs personnes, pas plus que la faim qui les avait poussées à prendre des risques et à multiplier les larcins, ou ce long moment où elles étaient restées enterrées vivantes pour ne pas être emmenées dans un lieu plus terrible encore que la mort, mais l’absence, chez cette petite fille, de cette estime de soi infinie que possèdent les enfants, cette croyance primitive que le monde leur appartient, et avec lui, tout l’amour qu’il contient : cette conviction qu’ils ont le droit d’être aimés sans contrepartie. Parce que c’était bien cela, le plus grand crime de cette guerre infiniment criminelle : l’extirpation de l’innocence et, pis encore, la découverte de la mort autrement que par les rêves et les intuitions.
(p. 99)
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Lorsque quelqu’un vous propose de partager les miettes qu’on lui a données, c’est qu’il y a une baguette de pain cachée quelque part. (p. 85)
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- Tu disais qu’Octavio est un cerveau ? lui rappela Arturo.
- Oui, il était dans la délégation nationale de la Presse et de la Propagande. Il paraît que juste avant de venir ici, il a même reçu un prix.
- Un prix de quoi ?
- Littéraire.
- Comment ça, littéraire ?
- Il écrit. Enfin, il travaille pas, quoi…
- Tiens. Arturo ne releva pas la bêtise et continua à le faire parler : Et qu’est-ce qu’il écrit ?
- Des livres.
- Naturellement, mais quel genre ?
- Bizarre.
- Et c’est comment des livres bizarres ?
- Avec beaucoup de lettres. Un jour, j’ai essayé d’en lire un, mais j’ai rien compris ; c’étaient des choses vraiment bizarres, curieuses. Si au moins il écrivait des romans d’amour, là ça me plairait. Ou ceux qu’on lit d’une main – il ébaucha un sourire de satyre : Tu me comprends !
- Oui, je vois parfaitement, répondit Arturo avec un sourire lapidaire.
- Crois-moi, des fois il reste des heures devant une machine à écrire avec un air absent.
Malgré son incompréhension, Aparicio prononça la dernière phrase avec ce mélange d’admiration et de respect qu’inspirent les intellectuels à ceux qui circulent sur des voies distinctes et lointaines.
- Et tu sais quel prix il a reçu ?
- Oui, un fameux… Il hésita : Celui du Caudillo, parvint-il à indiquer.
La surprise d’Arturo dépassa alors son pouvoir de dissimulation.
- Le prix national de littérature Francisco Franco, précisa-t-il de façon lapidaire.
- Oui, oui, c’est ça, dit Aparicio avec une joie puérile
(p. 125)
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Il but une gorgée stimulante, et retint le liquide sur sa langue ; la chaleur du café mélangé à l’alcool le conforta dans son opinion que n’importe quel coin de l’univers était un peu plus fréquentable avec une tasse à la main.
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La hâte, c’est bon pour les voleurs et les mauvais toreros.
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