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Critiques de Irma Pelatan (47)
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Lettres à Clipperton

Le postulat de départ est original : écrire 425 lettres, une par jour du 16 mai au 26 septembre 2017, adressé à « tout résident de l'île de la Passion-Clipperton », possiblement un « cher ami » alors que Clipperton est une îlot inhabité de 1,7km2 ( hormi des fous masqués et des crabes rouges ) en plein Pacifique Nord, inaccessible mais inexplicablement pourvu d'un code postal.



« Pourtant, je le sais, je le sais de cette certitude écrasante et sans faille qui parfois vous assaille au mitan de la nuit, je sais que quelque chose, quelqu'un sur Clipperton attend, a besoin, infiniment besoin, de ces lettres. »



L'autrice dispose de 425 enveloppes par avion au joli liseré bleu-blanc-rouge, d'un bloc de papier Wengzhou et de 23,6 cm d'un crayon, pas plus, pas moins. On la sent exalté par ce projet de bouteille à la mer inversé et son « fol espoir de la destination ».



Un défi d'écriture qui révèle progressivement les états d'âme d'Irma Pelletan ainsi que l'histoire singulière de Clipperton. Conflits de souveraineté entre la France et le Mexique, industrie américaine utilisant le guano pour fabriquer de l'engrais, flibustiers, naufrages, cyclones et tragédies ( un meurtre même en 1917 après des événements rocambolesques lorsque l'île a eu des habitants ) ...



Si j'ai apprécié découvrir Clipperton sous un angle ludique, je me suis malheureusement beaucoup ennuyée. En général, je ne suis pas preneuse des jeux oulipiens et là clairement, c'en est un, assumé, comme l'explique l'auteur dans une postface que j'ai trouvé au final plus intéressante que ce qui a précédé.



On comprend bien que Clipperton est une machine à projection d'une autrice qui se questionne sur son travail d'écriture, qui sait la souffrance d'attendre une lettre de réponse d'un éditeur pour la publication d'un manuscrit qui y a été envoyé. Des lettres que personne ne lira comme un exutoire à une attente déraisonnable ... à moins que certaines trouvent un destinataire imprévu.



Il n'empêche, je suis passée complètement à côté malgré une écriture soignée et d'excellentes lettres digressant sur Shining, l'Overlook hôtel, la folie de Jack Torrance et Wendy qui méritait de mourir pour n'avoir rien compris à la douleur du métier d'écrivain. A part ces quelques lignes, rien n'a résonné. Je n'étais clairement pas la bonne destinataire ...



Lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 Premières fois

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L'odeur de chlore

L’odeur de chlore… celle qui me prend encore à la gorge lorsque j’arrive aux environs d’une piscine, et qui me fait revivre tout ce que l’auteur décrit : le froid, l’humidité, la pudeur mise à mal. Mais j’y ajouterai le sadisme d’un maitre-nageur dont la pédagogie aboutira à me rendre phobique!

C’est dire si j’ai souffert en parcourant les pages de ce récit. Et qu’il m’a été difficile d’apprécier ce qui était dit derrière le paravent des métaphores architecturales.



C’est du corps qu’il s’agit, ce corps en perpétuel devenir, de l’éclosion à l’épanouissement, avant le déclin. » Mignonne allons voir si la rose… ». Ce corps qui ne nous laisse pas le choix, que de cohabiter avec. Parfois maitrisé, au prix des souffrances induites par le contrôle, souffrance encore, dictée par des références éphémères. Ou juste accepté, dans un sorte de guerre froide, en renonçant à comprendre :



« Comment mon corps peut-il être un mystère à moi même ? »





Le récit est sans doute trop court pour qu’apparaisse une unité dans le propos, et j’ai eu du mal à en saisir la cohérence. Mais je dois reconnaître d’indiscutables qualités dans l’écriture. Dommage que les réminiscences parfumées au chlore m’aient créé des difficultés pour vraiment apprécier les intentions derrière les mots.


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Lettres à Clipperton

Originalité, poésie, imagination sont au rendez-vous au cours de cette correspondance à sens unique.

L’autrice a jeté son dévolu sur un îlot perdu dans le Pacifique nord, à mille kilomètres des premières côtes. On apprendra par ailleurs que cette île est une possession française mais qu’elle n’a aucun statut au sein de l’Union européenne. Actuellement inhabitée, elle a a hébergé dans des conditions rudes une population limitée, au gré des intérêts pressentis de différentes nations.



Inhabitée, donc. Et pourtant, le destinataire des lettres que rédigent la narratrice est censé résider sur l’atoll. Une lettre quotidienne jusqu’à ce que le crayon pour « écrire sur tout » devient si court qu’il ne permet plus une prise en main correcte pour tracer des phrases. Hormis la contrainte de temps, Jacques Jouet, qui avait été le destinataire du premier manuscrit de l’autrice, en bon oulipien, ajoute l’interdiction de corriger le premier jet, l’attribution à un correspondant donné et le postage en bonne et due forme des missives.

Le résultat d’une telle mission est ce recueil de lettres qui donnent une visibilité attendrissante au minuscule atoll, rappelle en mots choisis son histoire et lui insuffle une vitalité que ne détruit pas le retour des lettres.



Une écriture puissante, l’art de donner une existence à ce qui n’est qu’un lieu hostile et infréquentable. Le résultat est clair : une lecture marquante et qui sort de l’ordinaire.



224 pages La Contre-Allée 8 avril 2022
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Lettres à Clipperton

Les courriers du bout du monde



Entre le 16 mai et le 26 septembre 2017, Irma Pelatan a rédigé une lettre quotidienne a «Tout résident de l'île La Passion-Clipperton». Au-delà de l'exercice de style, ce roman nous permet de découvrir l'histoire de ce confetti de France dans le Pacifique nord. Ludique et très documenté.



Ce roman singulier, sans pagination, mérite que l'on s'arrête sur sa genèse. C'est en attendant la réponse des éditeurs auxquels elle avait envoyé son premier manuscrit et qu'elle guettait sa boîte aux lettres désespérément vide que l'idée a jailli d'en remplir une autre, très loin. À Clipperton. «Une île française, un anneau blanc posé comme un nombril au milieu du Pacifique Nord. Une île déserte, inaccessible, et pourtant inexplicablement pourvue d’un code postal».

Après avoir déniché sur leboncoin.fr un stock de 425 enveloppes au liseré tricolore et s'être munie d'un crayon, elle se lance le défi de rédiger tous les jours un courrier qui sera adressé à: Tout résident

98799 La Passion-Clipperton

C'est avec ce type de contraintes que les membres de l'Oulipo adorent jouer. Voire compléter, comme le propose Jacques Jouet, le bien-nommé. «Tout le projet serait résolument une sorte de bouteille à la mer à l'envers, vers l'île déserte. Il reprendrait les quatre contraintes jouetiennes: écrire chaque Jour ; renoncer à corriger le texte une fois le jour écoulé; adresser ledit texte, daté et localisé, à une personne choisie; enfin le confier à l'efficience des services postaux, pour le faire directement parvenir à son destinataire.»

Voici donc cette œuvre singulière, écrite entre le 16 mai et le 26 septembre 2017 et accompagnée d'illustrations qui documentent le projet, comme la pile de lettres revenues à leur destinataire après un voyage assez extraordinaire autour de la planète.

Mais venons-en à cette correspondance. Quand Irma prend la plume, elle s'est déjà beaucoup documentée, a recherché la bibliographie disponible, s'est fait une idée de ce coin perdu du Pacifique nord. Idée qu'elle va pouvoir discuter avec son mystérieux correspondant. Comme tenter de comprendre ce qui se cache derrière la formulation choisie par les autorités, «L’atoll ne comporte aucune population humaine permanente», et qui peut vouloir dire que les habitants sont de passage ou qu'ils ne sont pas humains, ce qui laisse peu de place à un échange épistolaire, vous en conviendrez.

Mais Irma ne renonce pas pour autant à son projet. Elle nous raconte ce qu'elle sait de ce confetti, de sa découverte et de son histoire jusqu'à son statut actuel discuté en commission à l'Assemblée nationale - la retranscription de ces échanges vaut le détour - et qui fixe que «l'île est un domaine de l’État, comme un logement de fonction ou un Camion militaire. Clipperton est placée sous l'autorité directe du Chef du gouvernement.» Qui a bien d'autres préoccupations et confie ce dossier à un fonctionnaire du nom de Gutzwiller, ce dernier n'imaginant pas ses pouvoirs. Car, avec beaucoup de malice, Irma nous propose de réfléchir à quelques questions assez vertigineuses sur la finitude, la propriété, la solitude ou encore la justice. Elle nous parle des Mexicains qui ont posé le pied sur ce territoire, des Américains de l'USS Cleveland qui venaient ravitailler la maigre colonie avant de s'en désintéresser et de l'exploitation du guano qui sera elle aussi vite abandonnée, tout comme les tombes portant les inscriptions Pollo et Perkins, deux noms voués à l'oubli. «Clipperton, au fond, c'est ça: l'expérience si puissante de la finitude, de la solitude sans nom.»

Si on en apprend beaucoup sur Clipperton au hasard de ces lettres, on en apprend aussi beaucoup sur la vie de la romancière durant son expérience. Ses rencontres à Corny-sur-Moselle où se sont regroupés quelques passionnés de Clipperton: Georges, Christian, Ludmilla et les autres, ses voyages qui vont la conduire d'Aix-en-Provence, où elle assiste à un mariage, à la Méditerranée sur laquelle elle vogue quelques jours et même sur ses petits ennuis de santé. Des informations que l'on échange effectivement avec un ami.

Irma Pelatan, que l'on avait découverte avec L'odeur de chlore, nous revient avec ce petit bijou joliment ciselé qui donne toutes ses lettres de noblesse à cette littérature qui de Georges Perec à Raymond Queneau, en passant par Hervé Le Tellier ajoute un aspect ludique à l'originalité du propos. On se régale!

S’il y a bien un Prix littéraire «Envoyé par la Poste», suggérons à ce service public de lancer un Prix spécial pour tous les auteurs qui mettent la correspondance épistolaire au premier plan. Irma Pelatan en serait une digne lauréate, elle qui donne toute la noblesse aux lettres !


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Lettres à Clipperton

Série de lettres à une île déserte, inhabitable, intermède entre deux livres où se déploie une méditation sur la solitude, la capacité à s'inventer un lieu, un écart, une île et son histoire. Dans ce récit épistolaire Irma Pelatan s'invente des contraintes, une lettre par jour, comme pour masquer l'absence de destinataire, pour se plonger dans la grande incertitude de toute œuvre en chantier. Lettres à Clipperton parvient à se faire récit pudique, dévoilement détourné des hantises de l'autrice.
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Lettres à Clipperton

L’insulaire olympien

« À tout résident de l’île de la Passion-Clipperton. »

Irma Pelatan est d’ubiquité. L’ île Clipperton interpelle sa conscience. Elle pressent un devoir. Rendre justice à cette possession française dans l’océan Pacifique. Île du bout du bout du monde, abandonnée et dont les vagues frappent cet atoll fragilisé par la désertion et le manque crucial de compassion. Bâtir un projet épistolaire.

Raffiné, solidaire, affectueux, ce dernier devient une passerelle pour Irma Pelatan.

Écrire jour après jour au résident anonyme, à la parabole, à la transmutation.

S’approcher de l’île au plus près à brasses lentes et réfléchies. Pour une autrice fervente de l’eau, de « L’odeur de chlore », des embruns et des quêtes existentielles il s’agit d’une renaissance. Construire une relation bleue (comme la couverture) chaleureuse et apaisante. C’est cela aussi ce beau livre atypique.

La constance d’une écriture qui voguera jusqu’au point fixe d’un idéal atteint.

Engendrer pour rassembler l’épars d’un passé où d’aucuns ont foulé ce lieu sauvage et aride. Irma Pelatan est une perfectionniste. Elle rédige ses lettres au crayon de bois. Toutes de 20g, ornées d’enveloppes internationales (rares) à la si expressive bordure bleue, blanc et rouge.

« Nous verrons, nous avons le temps : il me reste 424 enveloppes. »

La première missive est dédiée « aux postiers autour du monde ».

C’est dire l’engagement, la rectitude et l’attention à l’envergure du dessein lové dans ses pensées, ses gestuelles et son temps le plus précieux : écrire.

« la mort, sur l’île, est aussi présente, aussi vraie qu’un rocher, toujours là, immuable ».

Entendre le crayon crisser et les voix qui s’éveillent dans l’atoll destinataire. Forger en rythme pavlovien, une correspondance au cher ami, qui n’est plus un fantôme, mais celui qui a foulé un jour certain cette île anneau Graal ou perdition.

Les lettres sont arborescence, idiosyncrasie, habitus. L’acte sceau d’une reconnaissance éternelle. Les endurances altières, tout prend place.

« Le monde boiterait sans Clipperton ! ».

« Me voici maintenant face à l’envers de l’île, face à cette forêt d’ombres, cet écho d’une réalité si différente, où Clipperton était habitée. »

« Combien sont morts sur l’île ? A un certain moment une centaine de personnes a peuplé l’anneau de l’île, les 1,7 km² de l’île, 17 m² par habitant…. ».

Irma Pelatan : l’île comme l’Alcazar, les lettres affranchies d’Histoire, de droit public, de géopolitique, d’écologie et de compassion.

« Je pense tant à vous, ami ».

Rien n’est laissé dans le hasard des flots ressacs et latitudes. L’introspection n’est plus une bouteille à la mer. Chacune des missives est un fronton à flanc de Clipperton, fête éternelle dans les entrailles de l’île.

Ce livre est une ancre. Il est du côté où la mer œuvre au spéculatif. 6 femmes sur l’île , Irma Pelatan relève leurs cheveux, voiles sur les yeux. L’heure belle des mots arrachés au vent, aux craintes, île qui ne dort pas. Irma veille.

La plume mémorielle jusqu’à la consécration. Recevoir un jour certain un peu de l’île, colis Éden, dents de requin, galet, filigrane pour un lendemain : Projet poétique planétaire.

La création de ce livre est une aventure unique. La chance infinie des retours à l’expéditeur, rideau rouge des Correspondances de Manosque. L’épistolaire gagnant.

Apprendre par cœur : Ma lettre de ce soir se résumera à une devinette : que se passe-t-il sur une île sans maître, lorsqu’il ne reste que six femmes, quelques enfants et un gardien de phare ?

98799 Le code postal Passion-Clipperton.

La souveraineté d’un projet, la sauvegarde d’une littérature d’amplitude. 

«  C’est que l’île est tellement d’îles ».

Prodigieux, d’une humanité exemplaire et inoubliable. Un exaltant voyage entre terre et mer. Publié par les majeures Éditions La Contre Allée.













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L'odeur de chlore

Architecte de son corps

Avec «L’odeur du chlore», Irma Pelatan fait resurgir ses souvenirs au rythme des longueurs de piscine et, au fur et à mesure que son corps se transforme, nous raconte l’ambition architecturale du Corbusier.



Lors de la réunion du jury du Prix Orange du Livre 2019, nous avons eu un intéressant débat – notamment avec le sauteurs présents – sur les livres entrant dans la sélection et sur le définition d’un roman. Si je vous en parle aujourd’hui, c’est que le débat pourrait aussi mettre en cause L’odeur de chlore. Pour résumer le choix fait par le jury, il n’y a pas de distinction à faire entre un récit, un récit de voyage, une chronique ou une expérience vécue à condition qu’il s’agisse d’une œuvre littéraire, ce en quoi ce court récit répond indubitablement, car il est construit sur la recherche stylistique, sur le rythme imposé par la natation. On pourrait même le rapprocher de À la ligne de Joseph Ponthus, cet autre exercice de style qui par son écriture rend déjà compte de l’ambiance, du milieu décrit.

Nous voilà cette fois à Firminy, petite ville du Massif central dont la notoriété, après la fermeture des aciéries, tient au prix national d'urbanisme décerné à la ville en 1962 pour un ensemble architectural dessiné par Le Corbusier et comprenant notamment, outre des immeubles d’habitation, des équipements collectifs et une église – qui ne sera terminée que bien longtemps après la mort de son concepteur.

Parmi les équipements collectifs figure la piscine dont il est question dans ce récit.

Pour la narratrice et pour sa famille, la piscine devient très vite un cocon protecteur: «Quand j’étais de l’autre côté de la vitre, je sentais (…) qu’il y avait une grande force à se montrer presque nue face aux habillés. La vitre était une protection, me rendait inatteignable.»

Membre du Club des Dauphins, c’est là qu’elle va voir son corps se développer, prendre conscience de sa féminité grandissante. «Mon corps est devenu celui d’une femme. Cette piscine a vu mon corps se faire femme, semaine après semaine, elle a vu mes seins pousser, mes hanches naître, elle a su mes règles. Et, de tout aussi loin, elle a vu mon corps grandir et grossir, échapper à la courbe, devenir trop, devenir autre, quitter la norme.»

Au fur et à mesure des longueurs effectuées, des progrès réalisés, des confrontations victorieuses, on se prend à rêver, à faire de cet endroit le point de départ vers d’autres voyages. «On soufflait de l’eau chlorée par les narines, mais ça voulait dire la mer. Ça voulait dire la puissance de la mer, le sel de la mer, la majesté de la mer. L’espace sans limite.» La mer où Le Corbusier finira par mourir, laissant à André Wogenscky le soin de conclure son œuvre et à Irma Pelatan de comprendre que les apparences sont quelquefois trompeuses, y compris lorsque le veut être l’architecte de sa vie.




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L'odeur de chlore

**



Enfant, adolescente puis jeune femme, Irma Pelatan, l’auteur de ce texte étrange, a nagé plusieurs fois par semaine dans la grande piscine de Firminy.



Elle raconte tout au long de ces 98 pages, avec une écriture légère et aérienne, ses souvenirs de nageuse.



On se rappelle alors nous aussi l’odeur particulière qu’il règne dans ces établissements, les grands vestiaires, les bracelets de plastique attribuant un casier et les heures passées dans l’eau, nos doigts fripés et nos cheveux mouillés à la sortie...



Mais j’ai malheureusement peu accroché à ce court texte et je pense être passée à côté de ce que l’auteur voulait nous dire...



Merci aux 68 premières fois pour cette découverte...
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L'odeur de chlore

Sublime, intime, étonnamment aérien, ce récit d’Irma Pelatan est un plongeon gracieux dans une piscine des plus mythiques. « N’accablez donc pas celui qui veut prendre sa part des risques de la vie. » « Le Corbusier » « Poème de l’angle droit » Bâtisseur de cet antre emblématique dont les plans, enluminures de renom encensent ce bijou littéraire. L’écriture est ciselée, claire, une brasse vénitienne souple et légère. Le ton féminin à peine éclos, en mutation gracile vers cet âge adulte est cette voix qui résonne en écho dans cette piscine parabolique. Il y a dans ce style mature la sagacité et l’envergure d’Annie Ernaux. On sent une jeune sportive en quête d’elle-même dans une initiation allouée au courage et à la transformation symbolique de son corps, Naïade en manichéenne envergure, fragile et courageuse à la fois. L’eau devient le reflet d’une introspection, bataille et reconnaissance. Symbiose de la vie, le corps plongé en elle, l’enfant devient Néréide, femme en puissance. « Je nageais seule, lumières éteintes, dans l’eau sans hiérarchie, l’eau sans limites. J’aurai sans doute pu suivre ce chemin-là. La belle profession. » Le Corbusier en filigrane dans « L’odeur de chlore » est l’hommage rendu à la nage exutoire. Ce récit est une échappée dans les profondeurs où l’Ondine défie la nageuse où la nageuse défie l’enfance qui s’échappe en brasses des plus voluptueuses. »Maintenant je le sais et reste la liberté. Si tu savais comme je suis bien. » Le lecteur est ému, troublé, grandissant, serein aussi à contrario. Il pressent détenir dans l’accord du point final, cette formidable conviction que le sport est une porte qui s’ouvre sur le monde. Que l’effort est une bataille contre ses propres angoisses. Le refoulement d’une enfance qui s ‘en va en laissant des messages sur l’eau générationnelle. Ce récit d’apprentissage est une valeur sûre, des confidences allouées en Odeur de chlore. A lire près d’une piscine et vous verrez comme tout change ! Lu dans le cadre des 68 premières fois. Les Editions La Contre Allée prouvent une nouvelle fois leur qualité éditoriale hors norme.
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L'odeur de chlore

Livre éclairé et sagace, l’auteure va nous décrire la vie de cette piscine où elle est « chez elle ». On trouve les habillés et les déshabillés, les baigneurs et les nageurs, dont elle fait partie, qui ne portent pas de bracelet en plastique qui font partie des piliers du centre de natation.



Un texte épatant sur le corps des femmes, sur ce qui enferme et ce qui libère. L’odeur du chlore envahit le lecteur. Les lignes de la piscine de Firminy se mêlent aux sillons qui tracent les vies des nageuses et des nageurs, de leurs évolutions. Le Corbusier était fort en avance sur son temps et a conçu des bâtiments et lieux de vie qui prenaient en compte tant les habitants ou les usagers que l’environnement. Le bassin de Firminy était prévu par Le Corbusier en 1958 dans le plan globale avec l’unité d’habitation, la maison de la culture, le stade et l’église mais, suite au décès de l’architecte, elle est construite par André Wogesncky.



La piscine en béton est là, statique et proportionnée, bâtie selon les règles du Modulor, mais la morphologie change, l’anatomie de la narratrice se modifie, n’est pas, n’est plus aux normes.



J’aime beaucoup la façon dont ce texte est façonné, sculpté.



« Ce récit enfin cette chronique » pour citer l’auteure est un bel exercice d’écriture avec des chapitres courts, rythmés et ciselés.



Un conte sur les courbes et sur les lignes dans tous les sens ! une histoire plaisante et délicate.



Un livre à conseiller.



Merci à Babelio pour la belle découverte d’une maison d’édition que je ne connaissais pas : La Contre Allée
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L'odeur de chlore

En 1945, Le Corbusier invente une notion architecturale : Le Modulor (travaille sur un système de mesures en accord avec la stature humaine harmonique et idéale)

C'est dans une piscine de La Loire pensée par Le Corbusier que le récit se déroule .

La narratrice y passe beaucoup de temps depuis l'enfance .

Au fur et à mesures de ses longueurs , elle voit son corps se transformer passant de la petite fille à la femme.

Elle évoque le parcours de ce corps qui se transforme ,se performe et même se déforme échappant ainsi à la norme souvent imposée par la société.

Son corps "fait corps" avec le corps architectural de Le Corbusier.

Ce récit intime ,pudique ,troublant est sublime .
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L'odeur de chlore

L'odeur du chlore, c'est d'abord le récit d'une piscine. La piscine André Wogenscky à Firminy, dans la métropole stéphanoise. La piscine dite Le Corbu car inspirée du concept d'après-guerre de Le Corbusier : le Modulor. Le Modulor, c'est construire les lieux de vie selon la silhouette standard humaine, celle d'un homme d'1,83 mètres. « Un étalonnage né du corps idéal comme lieu de la proportion, le corps qui tend au nombre d'or » dit Irma Pelatan.



L'odeur du chlore, c'est surtout le récit d'une petite fille qui devient progressivement une femme dans ce lieu de l'homme parfait. Des années de natation dans un espace limité où le corps change mais à aucun moment ne peut atteindre cette perfection-étalon de Le Corbusier. Une petite fille autrefois trop petite pour le mobilier, une femme aujourd'hui trop volumineuse pour entrer dans les standards. Pourtant, sans cesse, les longueurs de bassin se multiplient, les sauts au grand plongeoir travaillent. La piscine devient aussi le lieu où l'on repousse les limites du corps. Le goût de l'effort, de la performance, du geste parfait, ce que l'auteure appelle « l'idéologie du dépassement de soi ». La piscine, c'est le corps soumis, c'est le corps dévêtu, c'est l'acceptation d'un ordre du monde, c'est rêver de l'immensité de l'océan dans un bassin restreint. C'est prendre conscience aussi d'une liberté qui existe et que l'auteure va trouver, à sa façon, dans ce contexte particulier.



En peu de pages, Irma Pelatan a su livrer un monde, son monde de l'enfance, son idée du corps, de la liberté. Irma fait dialoguer les normes, les siennes, celles de la piscine pour interroger notre propre rapport au monde et notre rapport à soi. Personnellement, ce livre m'a beaucoup touchée. Une bien belle réussite.
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L'odeur de chlore

L'auteure nous relate dans ce court récit l'évolution de son corps de sa petite enfance jusqu'à ce qu'elle devienne une femme. Ces longueurs de bassin effectuées trois fois par semaine dans la belle piscine de Firminy imaginée par Le Corbusier.

Sa transformation du début d'enfance où très fière, elle nageait dans les lignes pendant que d'autres restaient dans l’autre partie du bassin pour s'amuser.

Rester avec ses amis, elle est très proche des garçons , et plonger à se faire peur, l'adolescence passe et le corps change. On se sent mieux dans l'eau et terminer avec un corps que l'on a envie de dissimuler. La piscine est toujours présente et bienveillante.

Ce récit est précis, net et concis, agréable à lire.

Un livre véritable OVNI parmi les 68 premières fois, et c'est ce qui est intéressant.

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Lettres à Clipperton

Une petite île, perdue dans le Pacifique… Peuplée de crabes, de rats et de fous masqués… Un petit bout de terre dont l’appel arrive jusqu’aux oreilles d’Irma. Et pour y répondre, Irma décide de prendre la plume et d’écrire des lettres à cette ombre isolée…



Découvert dans le cadre de la sélection 2023 des 68 premières fois, ce court roman, écrit sous forme de missives, est à la fois original et poétique.



Écrire à une île, ce n’est pas banal. Faire de ces terres coupées du monde un être à part entière, une présence, avec sa vie, ses envies et ses rêves, donne une dimension comme suspendue à sa lecture.



La forme du récit rend un vibrant hommage à ces petits coins du monde encore épargnés par les hommes, leur volonté de régner sur la nature, d’effacer toute trace de liberté pure…



Et si Clipperton n’est pas véritablement un paradis, c’est un espace vierge de la folie humaine… Espérons qu’il le restera…
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L'odeur de chlore

Dans cet espace aquatique, une petite fille devient femme. À force de longueurs, elle voit ce corps qui change, se modifie, évolue et se forge. Peut-être frôle-t-elle la perfection dans ce lieu si normalisé.

« Comment mon corps peut-il être un mystère à moi-même ? »



En un court récit, Irma Pelatan, dessine le parcours du corps. Captivée par son rôle et son devenir au fil de sa vie. Comment il se comporte face à la nature des choses et la place qu’il a parmi les autres. C’est bref et il n’en fallait pas plus pour ce texte tout en pudeur. Le rapport du corps à soi et aux autres n’a plus le même goût après cette lecture.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/03/26/37208191.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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L'odeur de chlore

"...ce récit, enfin cette chronique, ce machin tant de fois suspendu", la narratrice le construit chapitre après chapitre , évoquant tout à la fois ses souvenirs de la piscine où elle allait trois fois par semaine étant plus jeune, créant sa propre poétique de l'eau, envisageant son corps changeant, toujours hors normes selon elle, ce corps soumis à la discipline de la compétition.

Mais sans doute les dés étaient-il pipés d'avance car cette piscine possédait des proportions particulières, voulues par l'architecte Le Corbusier selon le modèle idéal du Modulor, un homme adulte d'un mètre quatre-vingt trois.Sans compter que, quasi en catimini, glissées en douce dans le chapitre 20, quelques pages évoquent à demi mots un épisode traumatisant dont "L'injonction demeure brûlante comme fer rougi."

L'odeur du chlore, les doigts fripés, la distinction entre les baigneurs et les nageurs , l'ambiance particulière à la fois bienveillante et parfois malaisante de la piscine, disent de manière précise un univers dont la narratrice ne parviendra à identifier le trouble créé en elle que dans le dernier chapitre, ce qui permettra enfin une affirmation victorieuse.

Un texte en apparence léger mais qui sait troubler efficacement son lecteur. l'univers d'Irma Pelatan a su me séduire et pourtant ce n'était pas gagné car je déteste les piscines.
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Lettres à Clipperton

Chère Irma,

Je me souviens très bien du jour où nous nous sommes croisées entre deux places aux Correspondances de Manosque. Vous veniez de commencer à ouvrir puis lire devant les festivaliers rassemblés à l'auditorium les lettres encore cachetées que vous aviez envoyées à Clipperton. Lettres revenues après quelques détours improbables et magiques autour d'une bonne partie de notre planète.



Nous avions évoqué l'odeur de chlore, votre précédent roman et vous m'aviez parlé de cette folle entreprise. Envoyer des courriers à qui serait éventuellement là pour les recevoir, sur une île qui possédait un code postal, mais dont on savait pertinemment qu'elle n'abritait aucun habitant.



Si j'ai bien compris, c'est peut-être l'achat du paquet suranné et improbable de ces enveloppes "par avion" au papier si léger qui aura déclenché cette correspondance. Et un joli paquet de timbres beaux et aussi dépareillés que possible, permettant moyennant un coût minime d'envoyer ces plus de cent lettres au prix modique d'un courrier à la ville voisine, à condition de ne pas dépasser les 20 grammes de papier, qui aura également impulsé toute l'affaire.



C'est donc le 16 mai 2017 que vous avez décidé d'envoyer votre première missive, et cette correspondance s'est prolongée jusqu'au 26 septembre de cette même année.

Lettres dont une copie est envoyée en parallèle au gardien du trésor, histoire de ne pas en perdre la trace si celles-ci s'avéraient perdues à jamais, quelle excellente idée.



Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et j'avoue avoir été conquise par ces digressions épistolaires. C'est drôle, surprenant, humble et humain, étonnant et gai, déprimant et sincère. Il y a un peu de tout dans cet échange à sens unique. L'attente d'une réponse malgré l'assurance qu'il n'y en aura pas, la connaissance toujours plus complète et complexe de l'histoire de Clipperton.



Cette île tantôt mexicaine, américaine ou française, convoitée puis oubliée, séduite puis abandonnée, exploitée puis dégradée par les différents pays qui s'y sont intéressés au fil du temps, mais qui confère à la France une place majeure sur le podium des décideurs internationaux possesseurs d'eaux territoriales.

Mais aussi une façon chaque fois différente de vous dévoiler à travers les écrits, de parler de ce qui vous entoure, pas seulement de cette île d'1,7 km², de ses crabes ou de ses rats, de son atoll envahi de plastique. De vous dévoiler et de parler de votre vie, comme à un ami à qui on enverrai une carte postale.

J'ai aimé lire et découvrir la progression dans l'échange, l'envie de partager une connaissance, de faire entendre une voix, de tenter de comprendre l'échec de la sédentarisation de population sur ce récif beaucoup trop petit pour faire vivre une communauté.

En fait, je me suis régalée à vous lire, j'avais l'impression de vous entendre découvrir ces lettres dans l'auditorium de Manosque, ce que hélas je n'avais pas pu faire. L'impression tout simplement d'avoir été moi aussi destinataire de ces lettres à Clipperton.



https://domiclire.wordpress.com/2023/10/15/lettres-a-clipperton-irma-pelatan/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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L'odeur de chlore

Une énorme claque ce livre, comme lorsque l'on fait un plat après un plongeon.



Poésie aquatique de l'enfance, souvenirs qui remontent à la surface de cette piscine incroyable dessinée par le Corbusier et réalisée par André Wogenscky.



Premier livre d'Irma Pelatan aux Éditions La Contre Allée.
Lien : http://www.samantha-barendso..
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L'odeur de chlore

Ma cinquième lecture de cette sélection des 68 premières Fois : L’Odeur de chlore d’Irma Pelatan…



Drôle de petit livre à la couverture imitant le liner d’une piscine…

Drôle de texte, « ce récit, enfin cette chronique, ce machin tant de fois suspendu » pour reprendre les mots de l’auteure, à peine 98 pages…

Quand je dis « drôle », je veux dire bizarre ou singulier…



Personnellement, je n’aime pas l’odeur du chlore que j’associe à l’eau javellisée des piscines ; c’est une odeur irritante, désagréable qui reste sur la peau.

Je n’aime pas non plus les piscines, encore moins leurs vestiaires collectifs : souvenirs traumatiques car j’ai peur de l’eau et de plus, adolescente, je ressemblais plus à une grande sauterelle qu’à une fille bien dans son maillot.

Tel quel, voilà un texte dont la lecture s’annonce mal…



Je ne suis pas non plus spécialiste de l’utopie architecturale de Le Corbusier… J’ai donc fait quelques recherches sur Firminy, dont on parle surtout de l’église (encore en construction dans le livre) et des unités d’habitation… Naturellement, c’est à la piscine que je m’intéressais, dont l’emplacement a été défini par Le Corbusier en 1958, mais qui a finalement été conçue par André Wogenscky et construite entre 1969 et 1971 ; guères plus avancée, je sais juste qu’elle a été rénovée en 2006 et qu’elle fait toujours office de piscine municipale. C’est pourtant à elle seule toute la thématique du lieu de ce livre…



En fait, je cherchais surtout à trouver quelque chose à dire sur ce récit que je n’ai sans doute pas compris, en tous les cas, pas aimé car il a surtout réveillé en moi des mauvais souvenirs, quand le cours de gymnastique était une sortie piscine. Normalement, je dépasse assez bien mes à priori, j’accepte de sortir de ma zone de confort, j’aime être surprise… Et toujours, je cherche des clés de lecture.

L’écriture est à la première personne ; la narratrice s’adresse à quelqu’un qu’elle tutoie ; peut-être se parle-t-elle à elle-même, qui sait ? C’est bien écrit, plutôt épuré. Il y a une prise de distance autour du corps vu au travers du prisme de la natation et de son environnement immédiat, mais je ne saisis pas de fil auquel m’accrocher. Là, je reste sans voix et sans réaction ; il y a bien un passage, plein de retenue et de choses dites à mots couverts… mais c’est peut-être moi qui interprète…

Je n’ai pas envie d’aller plus avant. Pour tout dire, je ne me sens pas très bien, sans doute la moiteur des lieux et l’odeur de chlore m’incommodent-t-elles en peu.



Allez, on se rhabille, on sort de là et on passe à autre chose… Vite !

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L'odeur de chlore

Un texte qui se lit rapidement, riche en images et symboles tant l'évolution physique de la narratrice comme son état d'esprit y développent un sens du symbolisme et de la métaphore.



Pour qui que ce soit qui a connu aussi ces cours ou ses sorties à la piscine, enfant puis adolescent, les rapides chapîtres de ce livre reflêtent parfaitement nos propres sentiments. Cette piscine, en plus d'un architecte prestigieux dans sa conception, est bien un monde à la fois magique, mystérieux et le cadre des évolutions corporelles de la narratrice. Une sorte de prolongation naturelle du liquide amniotique maternelle, c'est par l'effort que la narratrice, sa soeur, ses premiers petits amis mettent à parcourir, sans fin, ses longueurs de bassin que cette communauté, ses rites, ses challenges existe et se différencie du reste du monde qui les entoure.



Jamais je n'ai eu l'occasion de lire un tel ouvrage sur le milieu d'une piscine municipale...



Je vais me remettre à la natation.....
Lien : http://passiondelecteur.over..
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