Hersanghem est une ville semblable à tant d'autres. Chaque habitant a son histoire, plus ou moins liée à celle de la cité. Comme tous les ans, à l'occasion de la braderie, les animations battent leur plein. Pourtant, des incidents, plus ou moins importants, viennent troubler l'ordre des choses.
Nus ou habillés, tous les protagonistes se souviendront de cette journée particulière, car il n'y a pas que les vêtements qui servent à dissimuler notre apparence...
Cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps, mais je dois l'avouer, il m'a été très difficile de quitter ce roman. J'aurais aimé pour voir le lire d'une traite, et aussi ne jamais le terminer, tel est le paradoxe dans lequel est pris le lecteur embarqué par l'auteur. La particularité de ce livre est que chaque chapitre porte le nom d'un lieu d'Hersanghem, à part de très rares exceptions. A travers ce lieu, nous découvrons également ceux qui y sont liés, approchons les habitants, leurs petits secrets, ou plus simplement leur vie. Dans le prélude, nous faisons la connaissance de Grégoire Arakelian, tout nouveau dans cette ville, muté et désespéré de ne pas avoir réussi à convaincre sa fiancée de le rejoindre. Insomniaque et photographe amateur, il est l'un des fils rouges de cette histoire.
Hersanghem intrigue, car c'est une ville qui semble hésiter entre passé et présent. Un guetteur veille toujours du haut du beffroi, cependant l'espace Alpha, ou la piscine Charles Warembourg tentent de donner une image plus dynamique. Comme partout, il y a des jeunes et des vieux, des solitaires et des amoureux. Tout pourrait sembler si banal, si normal... Tour de force de l'auteure, nous passons d'un endroit à un autre, d'un personnage à un autre également, sans arrêt, mais même leurs gestes les plus anodins sont décrits avec soin. Comme si tout ce que nous faisons, chaque regard, chaque pensée, tout méritait d'être consigné.
Lire et découvrir Hersanghem, c'est un peu comme avoir le pouvoir d'entrer dans chaque maison que l'on observe, en simple spectateur et de comprendre. En somme, c'est un peu du voyeurisme, mais très bienveillant.
A quasiment chaque fin de chapitre, le même événement vient troubler les protagonistes, laissant le lecteur aussi dérouté qu'eux. On peut tout imaginer à ce sujet, et là encore Isabelle Dangy montre qu'elle a construit son puzzle sans rien laisser au hasard.
Tout le cheminement de ce roman est plus qu'agréable à suivre, cette construction m'a embarquée, c'était un réel plaisir de lecture.
Pourquoi lire Les nus d'Hersanghem ?
Parce que cela fait du bien de suivre une intrigue où tout se construit, petit à petit, comme un peintre qui d'abord esquisse un paysage puis vient appuyer des détails, ajouter des couleurs.
Ce roman ne raconte pas une seule histoire, il en raconte autant qu'il y a d'habitants, de lieux, à Hersanghem. Nous ne faisons qu'en croiser certains, mais parfois, au détour d'une page, nous nous rappelons, comme d'une vieille connaissance, en nous disant "oh, c'était lui !"
En ce début d'année, je suis heureuse de pouvoir dire que ce roman a été un vrai coup de coeur et j'espère qu'il rencontrera son public.
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