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Critiques de Ivy Compton-Burnett (14)
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L'excellence de nos aînés

Oh, qu'ils sont prétentieux, mesquins, imbus d'eux-mêmes, méchants et fourbes tous les membres de cette grande famille anglaise.

Que ce soit les enfants, les parents, les hommes comme les femmes et même les domestiques, ils se complaisent tous à colporter des ragots, à faire preuve de bassesse, à se juger les uns les autres, à faire semblant d'être humbles, généreux et modestes mais ne sont en réalité que de sombres manipulateurs avides et cupides.

Ce roman est constitué d'une longue suite de dialogues, il se déroule durant un temps relativement limité et met en scène deux familles qui sont apparentées.

L'une des deux familles vient d'emménager dans une maison plus modeste que leur demeure précédente car leur train de vie s'est réduit et on sent bien que l'argent est au coeur de leur préoccupation.

Mais il sera aussi question de mort et d'héritage, de mariages arrangés ou pas, de jalousie, de revanche, de trahison, et tout ça fera faillir des sentiments qui n'ont rien de noble.

Lire ce roman c'est un peu comme tremper dans un gros bouillon de méchanceté à l'état pur, dans lequel flotte des morceaux aigres et des relents de bêtises infâmes.

C'est bien entendu assez drôle car très bien écrit, mais l'ambiance est affreuse, tant la mesquinerie et la jalousie peuvent abîmer les plus belles relations.
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L'excellence de nos aînés

C'est au cœur de la campagne anglaise, à l'époque édouardienne, que se déroule ce huit clos mettant en scène deux familles, voisines et parentes par alliance. Les Donne se sont rapprochés de leurs cousins alors que la santé de leur tante Sukey laissait envisager une fin proche. Lorsque le décès survient, et que les volontés testamentaires de la défunte laissent place au doute quant à une manipulation adroite par la cousine Anna, les langues se dénouent et même si les conventions et le respect scrupuleux d'une étiquette donnent aux conversations un ton convenable, les échanges se font venimeux et la noirceur des sentiments apparaît sous les propos bienséants.



La forme peut surprendre : proche du théâtre, l'essentiel du roman est écrit sous forme de dialogues. Très peu d'action, pas d'interprétation de l'auteur : c'est au lecteur de repérer la progression de l'intrigue et les moments clés qui révèlent derrière les phrases anodines la monstruosité des personnages, la palme revenant à Anna, l'héritière inattendue. C'est une des difficultés de lecture de ce roman, qui requiert une attention soutenue et me semble difficile à lire sans interruption.



La situation des femmes mérite quelques commentaires. Même si l'empreinte de l'époque victorienne reste prégnante, les mœurs évoluent et les femmes jusque-là cantonnées à leur domicile, ignorantes et privées de toute responsabilité sociale, clament leur aspiration à une reconnaissance. Les personnages féminins du roman tirent les ficelles, manipulant les hommes dont l'auteur dresse des portraits peu flatteurs : faibles, handicapés ou oisifs, aucun ne semble suffisamment compétent pour ne pas se laisser manœuvrer par la gente féminine.



L'humour prend ici des allures de cynisme, et repose sur l'absurdité des situations : on peut dans cette famille disserter sur de longues pages sur les conséquences d'être treize à table, même après avoir découvert que l'on est quatorze, ou condamner sans appel une valise pour manque de savoir vivre. Ne nous y trompons pas cependant : ce n'est pas vraiment un roman hilarant. Il faudrait pour qu'il en soit ainsi un parti pris de caricature des personnages qui ne peut se réaliser que par le biais d'une adaptation théâtrale ou cinématographique. Il y a trop à faire déjà pour décrypter les tenants et aboutissants de cette suite ininterrompue d'échanges verbaux pour donner une autre dimension aux personnages.



L'impression globale est donc mitigée : entre la difficulté que représente cette lecture et l'admiration pour ce fin travail d'analyse de ce (dys)fonctionnement familial.
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L'excellence de nos aînés

Roman d’Ivy Compton-Burnett.

La famille Donne s’installe dans une nouvelle maison, moins onéreuse que la précédente. « J’aime cette façon qu’on avait autrefois de ne jamais parler d’argent ; il valait beaucoup mieux ne pas savoir qu’on en manquait. Les gens ne le savaient réellement pas, et du jour au lendemain, ils se retrouvaient au bord de la ruine. J’y vois une marque de grandeur. » (p. 60) Anna, la fille aînée, gère le déménagement et l’attribution des chambres. Ses frères Bernard, Reuben et Esmond n’ont qu’à se plier à son autorité un brin tyrannique. Quant au père de famille, Benjamin Donne, il laisse à sa fille le soin de conduire le ménage. Les domestiques sont un peu secoués par la perte de quelques bagages et le changement, mais tout le monde est décidé à se satisfaire de la nouveauté. L’animosité entre les membres de la famille est palpable et personne ne fait vraiment d’effort pour la cacher. « Les signes d’antipathie qu’il décelait chez ses fils l’exaspéraient et le poussaient à leur donner d’autres motifs d’en éprouver. » (p. 37)



La famille Donne est cousine avec la famille Calderon. Les retrouvailles s’effectuent entre curiosité et impatience. Benjamin est le frère de Jessica Calderon, mariée à Thomas et mère de Julius, Terence, Tullia et Theodora. Entre Benjamin et ses sœurs Jessica et Sukey, l’entente est telle qu’elle semble exclure tous les autres. « Le frère et les sœurs sont si étroitement liés que même leurs enfants semblent à part. Ils ont dû pouvoir se reproduire, comme ces formes de vie primitives, au moyen de segments qui se briseraient d’eux-mêmes. » (p. 65) Sukey, la tante malade, ne sait que répéter que son heure est proche, à tel point qu’on ne l’écoute plus vraiment et que la surprise est grande quand elle disparaît. L’attribution de sa fortune soulève les rancœurs et les manigances se multiplient. Mariages entre cousins, en dépit des différences d’âge, ou avec des étranges, sans tenir compte des différences de classe pourtant tant décriées, deviennent urgents. Le tout dans une ambiance follement cynique et désabusée. Les protagonistes sont finalement bien loin de l’excellence des aînés qu’ils se glorifiaient d’atteindre. « Je ne me soucie jamais de l’opinion que se font de moi les gens avec qui je suis […]. C’est peut-être que je pense qu’il leur revient de se préoccuper de celle que je me fais d’eux. » (p. 44)



Au sortir de cette lecture, je ne sais pas encore si j’ai adoré ou si j’ai détesté. Mon cœur balance entre le plaisir de ressentir l’ironie acide qui entoure les dialogues et l’ennui devant des discussions interminables et sans sujet. Un chapitre entier sur une superstition, non, vraiment, c’est trop long ! Mais quel délice d’écouter parler ces êtres orgueilleux et bavards ! Ça parle sans cesse, ça critique à mots couverts, ça se moque sous de supposées bonnes paroles et ça se plaint tout en se vantant. Si vous en doutez, oui, ces personnages sont détestables et totalement inadaptés à leur époque ! « Vous êtes des gens plus grands que nature, […], et vos problèmes sont à la même échelle. Certes, de moindres gens sont sans doute mieux adaptés à la vie courante. Ils l’abordent avec moins d’intensité et moins de résistance. » (p. 96) Ceux pour lesquels on pourrait éprouver de l’empathie sont faibles, mous et minables. Les personnages font de nombreuses références à la Bible, mais elle est davantage brandie comme un code d’honneur figé et vieillot que comme une feuille de route à appliquer au quotidien.



La quatrième de couverture compare l’œuvre d’Ivy Compton-Burnett à celle de Jane Austen. Il ne faut jamais croire les quatrièmes de couverture : la première est bien plus acide que la seconde, qui laissait à ses personnages la possibilité de s’amender. Chez Ivy Compton-Burnett, on meurt comme on a vécu, dans l’aigreur et la jalousie. C’est là que j’hésite dans mon appréciation : ai-je adoré ou détesté ce point de vue cynique sur le monde ? Je n’ai pas encore tranché.
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Mère et fils

Cet ouvrage m'a été offert dans le cadre de la dernière masse critique et j'en remercie Babelio et les éditions 10/18.

J'avoue avoir été déstabilisée dans ma lecture par le fait que la narration est faite exclusivement sous forme de dialogue, ce qui rend la lecture fastidieuse, car il ne s'agit pas de théâtre où l'intrigue s'imbrique dans un décor qui permet d'appréhender la vie des différents personnages, mais bien d'un roman où les différents intervenants s'agitent au milieu d'un vaste nulle part !



Miss Burke, reçue pour le poste de dame de compagnie par Miranda Hume, une bourgeoise sèche et imbue d'elle-même de la bonne société victorienne, se voit sèchement éconduite par cette dernière. Elle ira donc proposer ses services chez la voisine à quelques encablures de là, où elle sera accueillie à bras ouvert par Emma Greatheart.

L'amie de Emma Greatheart, Hester Wolsey, quant à elle, souhaitant être indépendante financièrement, va répondre à l'annonce de Miranda Hume, devenir sa dame de compagnie et se rendre bientôt indispensable dans cette famille d'apparence normale : père et mère, fils et les trois neveux orphelins.

Voilà pour la trame générale de cet imbroglio de situations où les cartes seront cent fois battues et rebattues car il ne faut surtout pas se fier aux apparences, et tout est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.



Les liens tissés entre tous ces personnages sont faussés par des mensonges véhiculés depuis des lustres afin de se conformer aux convenances : noblesse du coeur, sens du sacrifice, relations mère-fils, but de l'existence, rapports de dépendance homme/femme, contre lesquels s'insurge un des personnages : "le mariage est contre trop de choses que j'approuve", le tout enrobé par le carcan de bienséance imposé par la société victorienne.



Le ton adopté par Ivy Compton-Burnett est volontairement acide, plein d'humour, mais surtout véhiculant rancoeur et détestation de son époque.





Vous accepterez bien une tasse de thé ? ..... mais avec une pointe d'arsenic, bien sûr .
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Une famille et une fortune

Par erreur, j'ai entamé ce livre en pensant qu'il s'agissait d'un témoignage de la bourgeoisie du XIXème siècle. Je pensais à Jane Austen et à Thomas Hardy. Mais le livre de Ivy Compton-Burnett semble bien différent. Il se fonde plutôt sur un égarement de son esprit à la recherche de lui-même et des vérités de sa famille que sur la volonté de raconter une histoire, ou une société, me semble-t-il.

En cela je comprends le qualificatif de fondement du nouveau roman qui lui est attribué : c'est un texte sensible, dans lequel le message passé au lecteur se lit entre les lignes, pas dans le sens brut des mots employés. La lecture m'a fait penser à Duras d'ailleurs, dans sa lenteur et par le côté inarrêtable de son déroulement, comme s'il n'y avait ici que des spectateurs et que l'action était extérieure à ce que peuvent faire les personnages de la pièce.
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Une famille et une fortune

J'ai découvert le nom d'Ivy Compton-Burnett lors du challenge "le mois anglais" et j'ai eu envie de découvrir ses romans. "Une famille et une fortune" (348 pages aux @editionsphebus ) m'a un peu déroutée. Les dix chapitres de ce roman sont presque entièrement composés de dialogues entre les membres de la famille Gaveston. La quatrième de couverture indique que l'équilibre d'une famille "vole en éclats à la suite d'un héritage inattendu". Je m'attendais donc à voir les parents, les enfant, l'oncle, la tante, se déchirer, à lire un roman où tous les coups seraient permis pour récupérer un héritage. Mais au terme de ma lecture, je comprends que les romans d'Ivy Compton-Burnett et leurs "tropismes" aient pu plaire à Nathalie Sarraute... parce que ce que j'ai lu finalement est plus l'histoire d'une famille si repliée sur elle-même, sur les liens d'amour ou les habitudes entre ses membres que même à trente, cinquante ou soixante ans, ils sont tous incapables de s'émanciper, de ne plus s'espionner les uns les autres au point de commenter le moindre événement. Une lecture déstabilisante au rythme très lent, et pourtant pas inintéressante, avec de nombreuses réflexions sur la nature humaine, la famille et la mort, et une certaine cruauté puisque le harcèlement paraît s'inclure à l'intérieur de la cellule familiale, qui pourrit lentement et se nourrit en même temps de ses membres reclus.
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Mère et fils

Une découverte grâce à une Masse critique de Babelio, et grand merci aux éditions 10/18.

Un roman écrit comme du théâtre: tout est dialogue, ce qui donne vigueur et vélocité à l'intrigue. Une famille de prime abord bien classique d'une part, une maison où vivent deux amies d'autre part, et une jeune femme qui cherche une place de gouvernante. Une amie qui refuse l'hospitalité offerte et partagée depuis longtemps, un chat nommé Plaute, éponyme de l'observateur des relations familiales (ou supposées telles), et les personnages qui se révèlent retors. Il y a les inévitables secrets révélés en cascade, les trahisons et les bassesses, un vrai roman anglais. Et mon personnage préféré, Plaute, et les souvenirs de l'esclave astucieux ou du vieillard amoureux: un rien d'acidité dans ce roman.

A découvrir, sans hésiter.
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Mère et fils

La peu commode Miranda Hume reçoit Miss Burke devant le public familial pour juger de ses capacités à devenir sa nouvelle dame de compagnie. Toutes deux comprennent bien que l'accord est impossible. Miss Burke trouve finalement un emploi chez Emma Greatheart, la voisine de la famille Hume. Hester, femme sans le sou logée par amitié par Emma, doit quant à elle trouver un emploi de dame de compagnie. Elle postule chez les Hume et parvient à conquérir le cœur de l'acariâtre Miranda.



Il n'en faut pas plus à Ivy Compton-Burnett pour planter les décors et l'intrigue de Mère et fils : deux maisons bourgeoises, une famille, une célibataire et deux dames de compagnies suffisent. Ce décor et la panoplie de personnages qui semblent réduits mais qui contiennent pourtant mille et une possibilités ne sont pas sans rappeler les intrigues de Jane Austen. Mais la ressemblance s'arrête là.



Une comparaison d'Ivy Compton-Burnett avec Mauriac et les éditions 10/18, une valeur sûre selon moi, ont suffi à me donner envie de découvrir ce roman dont je n'avais jamais entendu parler. J'ai été tout d'abord décontenancée par ce roman écrit comme une longue pièce de théâtre : les dialogues composent l'ensemble de l'œuvre. La rapidité du rythme instaure une joute verbale incessante et acide entre les personnages mais donne parfois au lecteur l'impression de ne pas avoir accès à leur personnalité. La romancière anglaise décortique les nœuds familiaux et révèle les petites sournoiseries et malhonnêtetés de chacun. Les portes entrouvertes laissent s'échapper des secrets inavouables et de vieilles rancœurs qui transforment peu à peu la comédie en drame. Ce roman est une sucrerie empoisonnée : les piques lancées par l'autrice sont cruelles et le rire du lecteur s'apparente davantage à un ricanement.



Je remercie vivement les Editions 10/18 et Babelio pour cette découverte !
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Des hommes et des femmes

Un livre qui par les dialogues, et par les contradictions entre les paroles de ses personnages et leurs actes, mène une charge contre la bonne société d’une petite ville perdue dans les vertes campagnes anglaises, si terriblement étriquée et d’une hypocrisie abyssale. Et l’on ne peut qu’être admiratif, vraiment devant la qualité de ces dialogues, leur mécanique impeccablement réglée, leur mordant et leur brio.
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Frères et Soeurs

C’est la première fois que je lis Ivy Compton-Burnett et j’ai adoré (j’avoue, je suis en train d’en lire un deuxième). Je crois que c’est parce qu’elle est encore plus langue de vipère que moi et aussi qu’elle flatte mon côte commère avec tous ces secrets de familles. L’écriture est très très particulière parce que tout se passe en dialogue. Parfois, je lisais une phrase et je me disais c’est quand même bizarre de dire cela devant elle mais en réalité, il y avait un mot avant qui disait qu’elle était partie. L’idée c’est que finalement tout s’enchaîne très vite et il faut être très attentif car elle donne des détails importants dans des touts petits bouts de phrases.



Par contre, il faut voir les dialogues entre les personnages, c’est échanges de bons mots et de propos acerbes, cela fait mal (il y en a même que je n’ai pas compris mais je crois que c’est du à la traduction car dans celui que je lis en ce moment et qui est sorti en ce moment, il n’y a pas ce problème).



Là où je mets un bémol, c’est que finalement on n’arrive pas à comprendre réellement la relation qu’il y a entre Sophia et ses trois enfants. C’est du à la mise à distance qui se produit à cause justement du style de la romancière. C’est très froid (même avec Patty qui est soit-disant leur seconde maman) et finalement on se concentre sur le propos et pas vraiment sur ce qu’il y a derrière (vous allez me dire c’est langue de vipère ou cela ne l’est pas !)



Mais, j’ai aimé, voilà !
Lien : http://cecile.ch-baudry.com/..
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Une famille et son chef

Si vous grincez un peu des dents en ce moment avec envie d'insulter/griffer/battre/étouffer sous un oreiller l'un ou l'autre des membres de votre famille, une belle-mère aux propos sibyllins, un conjoint autoritaire ou méprisant, des enfants pervers ou dénués de gratitude, voici qui devrait vous parler. L'objectif n'est pas de relativiser, d'atteindre la zénitude... non. Plutôt de passer à l'acte.

______________________________

Alors? J'ai gagné? Qui connaît Ivy Compton-Burnett, sérieusement, hein?

Des personnes... quoi? Cultivées? Oh, comme c'est méchant de pointer mes lacunes! Voyez comme je travaille, pour une fois, à les combler!



En attendant, je vous signale que pendant que vous lisez mon article, vous ne lisez pas une 200e chronique sur la Délicatesse de Foenkinos et ça, déjà, en soi, ça devrait me valoir votre reconnaissance éternelle.



Décontenancée par cette lecture - prêt d'une amie aux étagères monomaniaques, fournies et érudites - incapable de dire que j'ai vraiment aimé, mais très enthousiaste à l'idée d'en rendre compte, je me suis renseignée un peu sur l'auteure: britannique, début du XXe, lesbienne (renseignement sans aucun intérêt pour ce roman, mais on ne me refera pas, j'aime les potins d'ordre privé).



Par où commencer? Le titre? Mon amie m'avait signalé qu'ils étaient pour la plupart construits sur ce modèle: un truc ET un machin, souvent autour du thème de la famille. (Frères et soeurs, Une famille et une fortune). Curieux, non?



Après lecture, je suis bien embêtée par ce "Et" qui n'unit pas la famille et son chef, mais au contraire aurait tendance à les opposer... Bon. Assez glosé sur des machins sans intérêt. Le résumé.

La 4e de couv' de l'édition que j'ai eue entre les mains, sans complexe, racontait TOUTE l'histoire, du début aux toutes dernières lignes!!! Révélations, rebondissements et dénouement compris. Heureusement que fidèle à mes habitudes, je ne l'ai lu qu'à la fin.

J'en reste coite (p'tit clin d'oeil. Puisqu'il paraît que j'aime ce mot...) Je vais faire plus évasif pour compenser: Une famille. Et son chef.



Le style vaut le détour. N'ai-je pas écrit à quelqu'un il y a peu qu'il faudrait brûler toute la littérature tordue du début du XXe siècle?

Les dialogues prédominent. Enfin, des dialogues... La conversation commence au sein d'un groupe devant une église et trois répliques plus loin, sans avertissement nous sommes attablés dans une salle à manger, les interlocuteurs ne sont plus les mêmes, un qui n'était même pas là prend la parole, les autres sont partis...



Je me suis longtemps appliquée à relire l'ensemble de la conversation, à vérifier que des pages n'étaient pas collées entre elles, avant de me résigner, désespérée.

L'effet est assez curieux, une déambulation libre et décousue, sans jamais entrer véritablement dans la psychologie des personnages.



Une masse de dialogues, mais dans la bouche de ces êtres malsains, menteurs, hypocrites, il est presque impossible de savoir comment interpréter ces paroles. Les conventions sociales jouent à plein. On devine, sans comprendre, que tout est à double sens. Et que sous la courtoisie coule le venin.



Allez, je plaisantais tout à l'heure. Je vais quand même en dire un peu plus sur l'histoire: Le chef de famille, après le décès de sa femme, se remarie et ... Pffff!

A la fois il ne se passe strictement rien et beaucoup d'évènements ont lieu. Je me suis ennuyée, oui, pourtant, j'étais envoûtée par cette écriture étrange.



C'est un vase clos, malsain, glauque. Rien ne semble exister en dehors de cette cellule familiale sur laquelle règne ce père, froid, distant, tyrannique, monstrueux, moqué par ses enfants, défié, mais dont l'influence rampante ne cesse de s'étendre et au final... remporte la manche?



Le cercle des notables, autour, ne sert que de décor, indéchiffrable, de la politesse guindée des bien-pensants au burlesque, avec cette femme qui sans cesse frappe aux portes pour apporter la "bonne parole" à ses amis, pour finalement n'en dire guère que trois mots et se plaindre ensuite longuement de sa difficile tâche.



Des choses affreuses se passent, crescendo. Des secrets sont dévoilés.

Nous, on attend... La Justice. La Morale. La Raison. La Société. La compréhension de ce qui motive ces personnages.

Mais rien ne vient. Illustration parfaite de cette célèbre expression "Laver son linge sale en famille".

Cette cellule s'auto-gère, s'auto-sanctionne et jouit de la souffrance de ses membres, elle ne connaît aucun frein puisque rien de l'extérieur ne vient la toucher, la contraindre.



"Violent" est l'adjectif utilisé par celle qui me l'a prêté.

Je choisis "dérangeant", pour compléter. Et je ne suis pas satisfaite de ma présentation, mais la tâche est vraiment trop difficile, je me consolerai avec ça.



Un roman étrange, sans rythme, sans fluidité. Une pièce de littérature déconcertante, étouffante, tant dans la forme que le fond. Exerce une forme indéniable de fascination... Pour les amateurs.
Lien : http://talememore.hautetfort..
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La chute des puissants

Ivy Compton-Burnett retrace une galerie de portraits, tous situés au sein d'un même clan : celui des Middleton, toutes générations confondues.



Il en ressort une série de dialogues parfois cocasses, parfois édifiant devant le comportement invraisemblable des membres de ladite famille. Les descriptions de chaque membre Middleton, et, surtout les dialogues mettent évidence certains traits de caractères, tel l'avarice, la malhonnêteté de chaque individu de la maisonnée.



Les personnages sont sûrs d'eux, imbus d'eux mêmes, y compris les enfants. En gros, de véritable têtes à claques, tous les points de vue. L'auteur propose une féroce étude de mœurs sur une société en perdition, celle de la bourgeoisie, qui par son labeur participe à l'économie, tout en se sentant à l'aise au point de vue financier, mais, qui le fait sentir, par un comportement hautain, et, supérieur à ses congénères. Conclusion, ils sont méprisés par leur entourage et leur domesticité.



Ivy Compton-Burnette (1884 - 1969) est une romancière discrète. Il y a énormément de descriptions sous formes de dialogues, dans ses romans. Elle traite également certains thèmes, comme par exemple l'adultère, des meurtres ayant pour origine l'orgueil et la cupidité, l'homosexualité, l'inceste ainsi que l'avarice et la malhonnêteté comme dans le présent roman.



Sinon, Ivy Compton Burnett campe à la perfection les travers de notre société, mais, surtout à l'aide de la représentation exacte de ses concitoyens au travers leurs comportements, leurs façon de parler, de vivre, etc. Par certains côté, elle fait penser à la romancière Jane Austen.



En clair, Ivy Compton Burnette est un écrivain à découvrir et/ou redécouvrir.
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Mère et fils

Miranda Hume, une femme plutôt froide et rigide, vit avec son mari Julius, son fils unique Rosebery et ses neveux et nièce (trois orphelins) : Francis (15 ans), Alice (13 ans 1/2) et Adrian (12 ans)



Miranda Hume n’aime que son fils, au grand désagrément de son époux qui reporte en compensation toute son affection sur les enfants. De son côté, Rosebery est devenu un vieux garçon qui n’a pas coupé le cordon maternel et a renoncé à se marier depuis des années, afin de ne jamais quitter celle-ci …



Lorsque Miss Burke se présentera au poste de dame de compagnie, le courant ne passera pas entre les deux femmes au caractère bien trempé ! Miss Burke se verra alors offrir un poste similaire chez les voisines, Emma Greatheart et son amie d’enfance Hester Wolsey. Pour sa part, Hester ne veut plus être entretenue par Emma et proposera donc à son tour ses services à la peu avenante Miranda Hume …



Un roman construit tout en dialogues (un peu comme une pièce de théâtre) légèrement désuet mais néanmoins agréable à lire. Peu d’amour dans cette famille Hume … Beaucoup de regrets, d’amertume et de non-dits dans cette terrible intrigue … Un texte sévère qui reflète le peu d’empathie éprouvé par l’auteure pour ses semblables … Et qui me donne à présent envie de me pencher sur un autre de ses ouvrages, actuellement dans ma PAL (« Frères et soeurs »)
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Deux mondes et leurs usages

Two worlds & their ways


Traduction : Gérard Joulié





Lord Rodrick Shelley, qui avait épousé en premières noces Mary Firebrace, est resté veuf avec un fils, Oliver et, en prime, la charge de son beau-père, Mr Firebrace, que le remariage de Sir Rodrick avec Maria et la naissance de leurs deux enfants, Clemence et Sefton, n'a pas incité à se chercher une nouvelle demeure.


Les Shelley aiment tendrement leurs deux enfants mais la réalité se rappelle à eux par le biais des ex-belles-soeurs de sir Rodrick, Lesbia et Juliet, qui tiennent toutes deux, la première une institution pour jeunes filles de bonne famille et la seconde, avec l'aide de son mari, Lucius Cassidy, un collège pour jeunes garçons également de bonne famille.


Bien que, en théorie, ni Lesbia, ni Juliet n'aient pas leur mot à dire dans l'éducation des enfants issus du remariage de leur ancien beau-frère, lord et lady Shelley se laissent convaincre de tenter l'expérience d'un séjour scolaire, pour Clemence comme pour Sefton


Cette essai, qui ne durera que le temps d'un trimestre, va amener les uns comme les autres, jeunes et moins jeunes, à reconsidérer leur situation les uns par rapport aux autres. Une foule de questions vont se donner libre cours et quelques découvertes vont être faites ...


Difficile, très difficile de résumer ce roman où l'auteur dit tout sans avoir l'air d'y toucher. Si l'on s'étonne devant ces personnages qui nous paraissent surannés, on s'étonne encore plus quand on s'aperçoit que, finalement, en dépit des codes qui leur sont propres, à eux et à la société dans laquelle ils évoluent, ils éveillent en nous un certain nombre d'échos qui demeurent d'actualité.


En fait, mieux vaudrait ici évoquer ces tableaux en trompe-l'oeil où, au premier regard, on croit voir telle chose bien précise et surperbement détaillée. Cela, c'est pour la première lecture. Puis, à tête reposée, on commence à se dire que, finalement, on n'a pas vu ce que l'on était pourtant bien certain d'avoir vu. Et c'est là qu'une relecture s'impose.


La construction déstabilise non parce qu'elle est illogique ou fragmentaire - bien au contraire - mais parce qu'elle repose presque uniquement sur des dialogues, une profusion de dialogues où ce qui est dit sous-entend une foule de choses souvent en parfaite contradiction. Avec cela, un vocabulaire précis où les mots ne sont pas choisis par hasard. Soutenir que Compton-Burnett calculait ses virgules serait à peine exagérer.


Tout ici est feutré mais peut-on parler d'hypocrisie ? Car tout - tout - est dit. Avec parfois une méchanceté et un mépris rares, même. Les héros de Compton-Burnett étouffent dans divers carcans mais, sans faire exploser ceux-ci, ils parviennent cependant à faire comprendre qu'ils ne sont pas dupes des convenances qu'ils respectent.


Bref, un roman, un style et un auteur vraiment curieux - et à découvrir. A rapprocher aussi, dit-on, pour les initiés de Barbara Pym. Un conseil cependant : ne vous laissez pas prendre à une première lecture qui risque de vous décevoir. Au-delà des apparences, Compton-Burnett va très loin. ;o)
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