Comme le basket-ball – une forme d’art en soi, qui à mon avis relève davantage de la danse que du sport –, l’art-thérapie a ses règles. Il existe des tactiques pour percer une défense efficace, et ces méthodes sont les pierres angulaires des séances. Afficher une attitude calme et sans jugement. Demander au patient de dessiner un arbre ou une famille, ou une personne… L’amener à commenter son dessin, à réfléchir à ce qu’il a couché sur le papier et à ce que cela peut représenter. Armé de ces techniques… et de suffisamment d’éléments de contexte… on peut lentement le guider vers la compréhension. Et la compréhension engendre la vision. La vision engendre la révélation. La révélation engendre des avancées décisives.
L’inspiration était insistante et je l’ai laissée faire, comme toujours, sans réfléchir, remplissant à présent l’espace blanc sous les paupières… oui, encore plus, me chuchotait le picotement… et voilà que le noir jaillissait de ses canaux lacrymaux pour se déverser sur les pommettes, giclant et gargouillant comme du pétrole brut, gris foncé, puis plus sombre, non, noir, encore plus noir, où sont mes pinceaux, où est mon encre de Chine, il faut que ce soit plus noir…
Les thérapeutes doivent être réactifs, capables de s’adapter et d’improviser. L’interaction entre thérapeute et patient – tout comme les productions artistiques de ce dernier – doit être aussi unique que l’individu traité. Malheureusement, l’aveugle qui m’attendait à la cave était tellement « unique » qu’il occupait une région de la psychologie à lui tout seul.
Les gens qui ont l’âge de mon père s’imaginent que je suis une bête en technologie parce que je suis capable d’utiliser un ordinateur et un téléphone portable en ayant l’air de savoir ce que je fais. Mais c’est faux. Je suis un homme de l’analogique, moi. J’apprécie la tangibilité de ce que l’on fait sans passer par une souris : l’odeur poudrée des rognures de crayon, l’éclat de la peinture sur une toile. Je préfère un coup de fil à un message sur Facebook, une carte postale qui a mis une semaine à arriver à un mail instantané.
J'adore l'écouter parler. J'ai toujours pensé que si les fleurs pouvaient parler , leurs voix sonneraient comme le créole haïtien, avec ses inflexions flûtées.
Elle, mon ancre et ma voilure, l’autre moitié de mes battements de cœur. Elle qui me relie à la terre, m’électrise, m’excite, me stupéfie par son intelligence et son talent ; l’aimer est la chose la plus facile que j’aie jamais faite… c’est sans effort, c’est naturel – tellement vrai. Toujours là pour moi, ma pom-pom girl, mon coach, ma coéquipière, ma parfaite compagne.
Je suis bon dans ce que je fais, à savoir : inciter des fous à s’exprimer par le biais de l’art. La paie est nulle et cet endroit est un cul-de-basse-fosse, mais j’aime à croire que ce que je fais n’est pas tout à fait vain et cela me procure un sentiment de paix. Je m’efforce de sauver des gens avec l’art parce que c’est l’art qui m’a sauvé, moi.
L'institut psychiatrique Brinkvale n'avait pas été bâti au-dessus de la carrière, mais dedans. Neuf étages de folie furieuse, à hurler, à s'en faire bouillir la cervelle, empilés dans la roche sur soixante mètres de hauteur. L'hôpital était si vaste, si isolé et si merveilleusement oubliable qu'il ne tarda pas à accueillir bien plus que les dingues hurlant à la lune. Brinkvale devint l'Ellis Island des damnés : une oubliette, pas seulement pour les fous dangereux et les dérangés, mais aussi pour tous les incompris et les indésirables. Homosexuels. Non-chrétiens fauteurs de troubles. Idéologues. Opposants au statu quo. Donnez-moi vos rebelles, vos exaspérés, qui en rangs serrés aspirent à penser libres... Et enterrez ces malheureux-là où personne ne les entendra crier...
C’est ça, la justice. La vérité, la condamnation, le châtiment sont toujours des affaires personnelles.
Il faut dire que c’est quand même cool de rendre une dissert’ sur quelqu’un de célèbre qui s’appelle comme vous. On se sent unique, à part… C’est comme un secret, indiquant peut-être qu’on est soi-même destiné à un grand avenir.