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Vos libraires passionnés,
Gérard Collard & Jean-Edgar Casel
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Pendant trois mois, le warrant est sur sa table, au milieu d’un fatras de papiers. Elle sait très bien que l’ordre d’exécution est à portée de sa main et de ses yeux, n’attendant que sa signature. Elle le repousse, le dissimule, mais ne peut qu’y penser. Enfin, le 8 février 1587, elle signe, ordonnant le régicide d’une autre parente d’Henri VIII. Et c’est en catholique que celle-ci meurt sous la hache du bourreau, dans la prison de Fotheringhay. Elizabeth, pétrifiée par son geste et d’horribles détails de l’exécution, ose prétendre qu’elle a apposé son paraphe au bas d’une lettre au milieu d’autres, sans vraiment la lire, et qu’elle n’a pas été consciente d’envoyer Marie à la mort. On peut pourtant imaginer que pendant ces douze semaines, dans une attente hypocrite aussi pénible pour les deux femmes, la reine d’Angleterre eut à faire face à la hideuse nécessité de faire trancher la tête d’une femme de la même condition qu’elle. On appelle ce choix la raison d’État.
C'était la veille de l'anniversaire d'un jour historique, celui de la fin d'une folie sans précédent, transformée, depuis plus de quatre années, en une guerre mondiale. Une large partie du vieux monde était devenue un cimetière. Quatre ans plus tôt, il était encore jeune, confiant, la fleur au fusil. [...] Sarajevo avait tué le XIXème siècle qui s'était autorisé une rallonge.
C'est au petit palais Alexandre, à Tsarskoïe Selo, près du grand palais, qu'ils choisissent de passer les mois d'hiver. Cette résidence avait été construite sur ordre de Catherine II pour son petit-fils favori, le futur Alexandre Ier. A la fin de 1894, le couple impérial passe des moments merveilleux dans cette résidence célèbre pour sa gigantesque cour d'honneur, entre les promenades à traîneau dans les parcs et la lecture. Très heureux, Nicolas écrit qu'il est "impossible de décrire les plaisirs de vivre à deux dans un site aussi beau". Le tsar se dit agacé d'être dérangé par les affaires de l’État, espérant vite retrouver la quiétude d'une soirée dans son cabinet de travail : "Je lisais à haute voix. Ô combien j'aime les soirées pareilles, douces et calmes, en tête à tête avec ma femme bien-aimée ! Mon cœur, malgré moi adresse à Dieu toutes mes prières de gratitude pour cette félicité terrestre qu'Il m'envoie."
Cependant, au début de l'année 1894, Nicolas, comme toute la famille, est inquiet ; le tsar est malade. On parle d'une grippe, puis les médecins se taisent, leur patient aussi. Cet homme spectaculaire aime la discrétion. Mais le colosse a le teint pâle, le visage boursouflé et, quoiqu'il assiste aux cérémonies ou aux longs offices où doit paraître le souverain, sa fatigue est préoccupante. Il a 49 ans. Il se plaint de douleurs lombaires, si tenaces qu'il est au bord de perdre connaissance. Sa néphrite chronique est confirmée. Devant l’aggravation de son était, le professeur de médecine Zakharine, venu de Moscou, exige un traitement sérieux, un régime alimentaire et surtout un départ pour la Crimée afin que le tsar s'y repose. Il n'obéira pas tout de suite et les ordres des médecins l'exaspèrent. Mais où est-il, le temps où ce géant à la force herculéenne pliait entre ses doigts une pièce de 1 rouble en argent ?
Mais décidément, le sort s'acharne sur la dynastie : le 28 juin, le grand-duc Gueorgui Alexandrovitch, toujours dans sa propriété du Caucase, à Abas-Tuman, où il lutte contre la tuberculose, se sent trop las pour se promener p pied. Il décide e se déplacer à bicyclette. Il part seul. Mais, victime d'une hémorragie, il tombe sur le bas-côté de la route. Des paysans le trouvent inanimé et il succombe quelques heures plus tard. Il n'avait que 28 ans. Même si depuis des années il vivait loin de la Cour en raison de son état de santé, le tsar est bouleversé par la perte d'un frère délicieux, joyeux, courageux, dont il s'était toujours senti très proche. Il aurait tant voulu qu'il pût rester auprès de lui ! La famille impériale est pétrifiée par les épreuves.
En principe, l’avenir a un nom et un visage dès l’intronisation du souverain puisque celui ou celle qui lui succédera est déjà connu. Sauf événements imprévisibles ou une révolution… L’essence de la monarchie est la transmission.
Cet impressionnant défilé, en tête duquel se trouvaient de nombreux popes, démontre l'ampleur de l'hommage populaire rendu par la Russie d'aujourd'hui à celle d'hier.
Hélas ! l'issue fatale est imminente. A 49 ans, Alexandre III s'éteint prématurément et doucement dans l'après-midi du 1er novembre. Son fils, comme d'habitude, rédige ses impressions : "2 novembre. Mon Dieu, quelle journée ! Dieu a pris notre cher papa tant aimé et adoré. La tête me tourne. Je ne veux pas y croire, à tel point que cette réalité atroce me paraît invraisemblable. Nous avons passé toute la matinée en haut près de lui ! Il respirait difficilement et il fallait tout le temps lui donner de l'oxygène à respirer. Vers 2h30, il reçut les saints sacrements ; de légères convulsions commencèrent peu après... et la fin arrivera très vite ! Le pope Jean passa plus d'une heure à son chevet et lui tenait la tête. C"était la mort d'un saint ! Mon Dieu, aide-nous dans ces jours pénibles ! Pauvre chère maman ! Le soir, à 9h30, eut lieu l'office des morts, dans sa propre chambre ! Je me sentais écrasé." Alix se comporte "tel un petit ange de réconfort", mais tout le monde l'ignore car, protocolairement, elle n'existe pas encore. Et les préparatifs des funérailles vont occuper toutes les pensées de la famille.
Et l'impératrice ? Elle est jugé très belle, de haute taille, mais distante, ne cherchant pas à être aimable avec ses interlocuteurs. Un proche, qui sera précepteur de ses enfants, vantera "ses yeux bleu-gris, étonnamment vivant, reflétant toutes les émotions de son âme frémissante". S'ennuie-t-elle ? Elle est sans doute meurtrie de n'avoir pu revenir en France sans être la génitrice d'un fils. Mais au Vieux Théâtre du palais, elle a l'honneur d'entendre, déclamé par la célèbre comédienne Julia Bartet, un texte, dit "à propos", écrit spécialement pour la souveraine, par Edmond Rostand. Cette sociétaire de la Comédie-Française s'était déjà produite devant le couple impérial l'année précédente à Saint-Saint-Pétersbourg. Le texte d'Edmond Rostand s'achève par un hommage aux tsar, "le grand empereur de la paix".
Représentant la reine Victoria, son fils, le futur Édouard VII, dira : "Je n'ai jamais vu des gens aussi amoureux." Même si cette cérémonie est relativement discrète, les mauvaises langues reprocheront toujours à la mariée d' "être arrivée à Saint-Pétersbourg derrière le cercueil de son beau-père". C'est à travers des voiles de deuil que le nouvelle grande-duchesse entre dans la famille Romanov. La veille de son mariage, Alexandra est en toilette noire. Le lendemain, elle porte une robe de mariée. Mal à l'aise de ce changement si brusque, elle écrit à sa sœur : "Le grand contraste ne devait pas être, mais cela a eu lieu, pour nous deux... Ainsi, je suis entrée en Russie. Notre noce avait l'air de la continuation de l'office des morts, seulement moi, j'étais habillée d'une robe blanche."