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Critiques de J.H. Williams III (53)
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Batwoman, Tome 0 : Élégie

Difficile de passer à coté de ce bouquin sans en dire un mot : amalgame hétéroclite (**), il mélange les styles et l'équipe graphique - attribuer toute la gloire au seul dessinateur serait un déni de justice tant il y a fusion complète entre le dessin, la couleur et les effets de traitement d'image sur certaines planches que l'on pourrait attribuer à Mucha dans le meilleur de ses affiches ou à Windsor Mac Cay dans ses pages au plus fort de ses tendances "art nouveau" irisé - l'équipe graphique, donc, fait des merveilles ... mais pas tout le temps. Le parti pris de traiter les flashbacks dans un style différent (le genre Bob Kane ancienne manière, trait gras et vignette très schématique) est assez décevant même si, en fin de compte, il fait ressortir nettement la virtuosité du reste. Donc ce n'est pas un pur chef-d’œuvre - un dernier petit coup de griffe au passage - et les personnages qui sont sensés être des "hybrides" donnent lieu à quelques vignettes franchement ridicules.



(**) le terme sonne bizarrement par rapport au contenu de l'histoire... :) mais je garde pour moi le détail des explications que pourrait fournir à ce sujet mon esprit pervers.
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Justice Riders

Ce tome contient une histoire complète de type Et si… ?, c’est-à-dire une variation sur des superhéros de l'éditeur DC Comics, réinterprétés dans un contexte différent. Il s'agit d'un récit de 64 pages, initialement paru en 1997, sans prépublication, écrit par Chuck Dixon, dessiné par J.H. Williams III, Encré par Mick Gray et mis en couleurs par Lee Loughridge. La couverture a été réalisée par John van Fleet. C'est le deuxième Elsworlds consacré à la Ligue de Justice, après League of Justice (1996) écrit et dessiné par Ed Hannigan, et encré par Dick Giordano.



En 1873, Felix Faust est détenu dans l'unique cellule du bureau du shérif de la ville de Paradise. Il est surveillé par Oberon, l'adjoint du shérif Diana Prince, absente pour quelques jours. Faust le prévient qu'il va bientôt être libéré. Il ajoute que ce n'est pas le tonnerre qu'Oberon entend, ni une cavalcade sauvage. Il se met à rire à gorge déployée, alors qu'une lumière troue la nuit et aveugle l'adjoint du shérif. Peu de temps après, Diana Prince est sur le chemin du retour, à cheval, avec deux voleurs de cheval eux aussi en selle, et les mains liées : elle les ramène à Paradise City pour être jugés. Ils parviennent à un surplomb rocheux et constatent que la ville a été détruite, ses ruines étant encore fumantes. La shérif s'arrête devant le panneau de la ville qui gît dans la poussière. Elle libère les deux voleurs de chevaux car elle doit s'occuper d'un problème plus important : ils déguerpissent sans demander leur reste. Ils ont vu la lueur dans ses yeux et savent qu'elle sera sans pitié. Diana s'agenouille auprès d'Oberon qui est à l'article de la mort. Il a le temps de prononcer quelques mots avant de rendre son dernier soupir. Diana lui donne une sépulture digne de son nom, et laisse son chapeau avec son étoile de shérif sur la croix en bois qu'elle a érigée sur la tombe.



À Diablo Wells, Kid Flash (Wally West) prévient trois fauteurs de trouble qu'ils feraient mieux de sortir du saloon. Ils ricanent car ce jeune freluquet masqué ne leur fait pas peur. En un clin d'œil, ils se retrouvent dans la grand rue, désarmés, et le pantalon sur les chevilles. Kid Flash les prévient que s'ils reviennent la prochaine ils se retrouveront avec le caleçon sur les chevilles. Quelqu'un l'appelle : il se retourne et voit Diana Prince qui se moque gentiment de lui devenu videur dans cette petite ville. Ils vont boire un verre au bar et elle lui explique ce qui est arrivé à Paradise. Leur conversation est interrompue par Booster Gold qui les a écoutés et qui leur offre ses services de pistolero. Kid Flash lui démontre par l'exemple qu'il dégaine beaucoup plus vite que lui, et beaucoup plus de fois. Diana ajoute qu'elle choisira elle-même ses compagnons de vengeance. Diana et Kid Flash s'en vont à cheval vers une réserve indienne.



Chuck Dixon fut un scénariste extrêmement prolifique dans les années 1990, en particulier sur les séries Batman, Robin et Nightwing. Il est connu pour ses récits sans fioritures, allant droit au but avec une remarquable efficacité. Il réalise donc là une histoire complète, proposant une version western de la Justice League, comprenant sept membres dans la dernière partie de l'histoire. Il s'agit d'un exercice de style moins facile qu'il n'y parait car il faut montrer la spécificité de cette version des personnages, éventuellement rappeler leurs origines et montrer en quoi elles diffèrent de celles canoniques, et raconter une histoire, dans un format relativement court, ici 64 pages. Fidèle à sa réputation et à sa manière de faire, le scénariste ne tourne pas autour du pot : pas de récit des origines, l'époque différente suffit à faire comprendre qu'il s'agit d'une version inhabituelle. Pas de pages consacrées à la personnalité de chacun des héros, sauf une pour le détective de l'agence Pinkerton. Chaque séquence est focalisée sur l'intrigue. Celle-ci s'avère simple et linéaire. Diana Prince recrute un certain nombre d'individus aux capacités sortant de l'ordinaire pour assouvir sa vengeance.



De même, Chuck Dixon ne s'attarde pas sur les pouvoirs des uns et des autres. Diana ne dispose ni de son lasso, ni de sa tiare et visiblement même pas d'une force surhumaine. La ville de Paradise n'était pas peuplée d'amazones. Kid Flash a conservé sa super vitesse. Les autres superhéros disposent pour certains d'entre eux de superpouvoirs, et les autres non. Il n'insiste pas non plus sur des costumes de superhéros, chacun étant vêtu d'habits plausibles pour l'époque. Le lecteur éprouve donc la sensation de lire une histoire linéaire et basique avançant vers la confrontation finale contre l'ennemi, sans beaucoup plus que ça. Pour autant, il se rend également compte que si, il y a un peu plus que ça : plusieurs éléments typiquement western (le bar, les voleurs de chevaux, la petite ville isolée, l'indien, le riche propriétaire possédant son train personnel, et bien sûr les chevauchées dans l'ouest sauvage, le duel au pistolet dans la grand rue), la culpabilité de Diana, l'entrain de Wally, la mine renfrognée de Katar, etc.



Cette histoire alternative présente une autre particularité : elle a été dessinée par JH Williams III, alors au début de sa carrière, un peu avant d'illustrer Promethea (1999-2005) d'Alan Moore, des années avant d'illustrer The Sandman: Ouverture (2013-2015) de Neil Gaiman. Le lecteur peut ressentir le degré d'implication de l'artiste dès la première page, avec son pourtour marqué par des motifs indiens, un serpent, des cactus. Plus loin dans le récit, ce cadre évolue pour intégrer un aigle, un éclair, un scarabée, c’est-à-dire les insignes des héros. Cette première page se compose de 3 cases verticales, disposition peu usuelle, car il n'est pas facile de tirer parti d'une telle hauteur ainsi de temps à autre, le dessinateur construit des pages de manière inhabituelle : une case ronde au centre de la page, une case en insert pour montrer la réaction d'un cheval ou la progression d'un train, des cases de biais pour souligner la violence d'un impact, et quelques dessins en pleine page à couper le souffle. Le lecteur se dit que la narration visuelle se situe sur un plan plus élaboré que le scénario, apportant beaucoup d'éléments supplémentaires.



Effectivement JH Williams III met un point d'honneur à représenter les décors dans toutes les pages, à l'exception d'une séquence de nuit autour d'un feu de camp. Dès la première page, le lecteur peut voir chaque planche d'un bâtiment, chaque brique d'un autre. Par la suite, il ne manque pas une brique dans le bureau d'Oberon, la chaleur fait onduler l'image du soleil. Les montagnes au loin sont recouvertes par une végétation, et pas un simple trait avec une mise en couleurs pour remplir la forme. Les bâtiments de la ville de Diablo Wells sont tout aussi consistants que ceux de Paradise, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. Diana Prince et Wally West reprennent leur chevauchée et pénètrent dans une zone boisée où il est possible de reconnaître l'essence des arbres et de sentir la fraîcheur du cours d'eau. La chevauchée des héros dans le désert en suivant les rails rend bien compte de l'immensité de l'espace et de la sécheresse. La découverte d'Helldorado montre les bâtiments, les rails dans un dessin en pleine page qui donne une vision d'ensemble du site. Cette attention portée aux détails et cet investissement pour représenter les environnements apportent une consistance épatante à chaque lieu, à l'opposé de décors génériques sans âme.



Il en va de même pour les personnages. L'artiste prend le temps de peaufiner leur apparence. Le bustier de Diana Prince reste peut-être un peu bas, mais il devient réaliste. La tenue de Kid Flash est plausible avec sa chemise de gros coton, son pantalon solide, ses gants, ses bottes de cowboy. Katar Johnson est magnifique, sombre et bénéficiant du fait que les auteurs n'ont pas à s'attarder sur comment tout ça fonctionne. Félix Faust est parfait avec son visage mangé par les ténèbres et son manteau noir constellé d'étoiles. Le lecteur ressent que la narration visuelle enrichit le scénario, allant parfois l'encontre de la simplicité voulue par le scénariste, donnant une consistance trop sophistiquée à un récit d'aventure sans prétention, un simple exercice de style western. Pourtant, images et intrigue ne donnent pas l'impression de se neutraliser ou de se contredire, c'est juste que le lecteur aurait apprécié une histoire plus profonde.



Dans les années 1990, l'éditeur DC Comics sort des récits de type Et si… à tour de bras, certains réalisés à la va-vite, d'autres beaucoup plus originaux. Cette histoire est à ranger dans la deuxième catégorie. Une fois encore, le lecteur reste épaté par la fluidité de la narration de Chuck Dixon, sa capacité à raconter simplement et efficacement. Il ne s'attend pas forcément à une narration visuelle aussi riche et il a vite fait de se prendre au jeu de ces personnages consistants, et de ces environnements bien développés. Par moment, il se dit que JH Williams III en fait presque de trop par rapport à l'intrigue.
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Batwoman, Tome 1 : Hydrologie

Qui se cache derrière le masque et la tignasse rouge de Batwoman ? Batman soupçonne à raison Kate Kane. une jeune femme d'apparence ordinaire mais dont les habitudes de vie trahissent des nuits anormalement mouvementées. Et pour cause : dès qu'elle le peut, elle ratisse Gotham pour nettoyer la ville de ses malfaiteurs.



Au moment où commence Hydrologie, elle a fort à faire, puisqu'elle enquête sur les meurtres de six enfants et la disparition de douze autres qui ont, semble-t-il, été "capturés" par la Llorona, un esprit vengeur dont la spécialité est de noyer des gosses. Elle n'est pas la seule sur le coup : la détective Sawyer basée à Gotham, et l'agent Cameron Chase venue de New-York entendent bien prendre l'affaire à leur compte, chacune dans son coin. Trois enquêtrices sur une même affaire, c'est un coup à se marcher dessus ! A moins que Chase ne se soit pas déplacée (que) pour ça...



En parallèle, Kate vit en coloc avec sa cousine Bette alias Flamegirl, et s'apprête à la former au combat. Mais la jeune recrue estime avoir déjà un bon palmarès et n'a pas envie de repartir de zéro. L'autorité de Batwoman est mise à mal par cette cousine un peu insouciante et prompte à mettre les pieds dans le plat _en demandant, par exemple, pourquoi Kate refuse de parler à son père _sujet sensible s'il en est.



Heureusement, la justicière masquée sait se ménager des moments de détente en entretenant une idylle mal barrée mais marrante avec la détective Sawyer. Cette dernière compte identifier Batwoman afin de la balancer à l'Agent Chase, convaincue qu'elle va la gêner dans son boulot.
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Promethea - Livre 1

" Vous pensez qu'on dirait de la magie ? C'est parce que ça l'est ! "



Ce tome 1 de Prométhéa nous emmène dans son univers mystique de la magie. Mêlant le monde de super-héros et celui du réel, dans un futur très technologique et magique, ce livre m'a agréablement surprise.

Prométhéa, déesse qui prend possession d'une personne, pour lui donner sa force et ses pouvoirs magiques, afin que cette personne devienne une "histoire vivante", une super héroïne, qui combat les forces du mal, bien évidemment.

On va découvrir les débuts de Sophie, qui se passionne et fait des recherches sur cette déesse, jusqu'à devenir Prométhéa elle-même.



J'ai aimé la loufoquerie de cet univers, après, il a quelques passages de la BD où l'auteur se perd complétement dans l'imaginaire, où il m'a perdu, mais fort heureusement, mis a part ce détail, le reste de l'ouvrage est bien écrit, l'histoire est ingénieuse et pleine d'humour aussi, j'adore !

Les dessins sont très beaux, et j'ai aimé le chapitre à lire en mode "paysage".

Une vraie belle découverte avec Prométhéa !

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Batwoman, Tome 0 : Élégie

(...)

Voilà un comics que je pensais trouver distrayant, mais oubliable, comme un certain nombre de titres consacrés aux seconds couteaux de l’univers Batman… Je suis ravie de pouvoir dire que je me trompais du tout au tout! 🙂 Car si Batwoman Elégie ne tient pas toutes ses promesses, ce fut une super découverte!



Contrairement à un Dick Grayson ou une Selina Kyle, Kate Kane est un personnage charismatique et attachant, qui parvient immédiatement à faire oublier qu’un Batman règne sur Gotham. Outre la très forte personnalité de l’héroïne, le lecteur se trouve immergé dans une histoire captivante fortement imprégnée de l’univers d’Alice au Pays des Merveilles. Une vraie réussite! Mon seul bémol: l’introduction d’un aspect fantastique qui n’apporte pas grand chose selon moi, surtout que c’est au travers de personnages qui ont probablement été présentés dans un autre comics et qu’il m’a manqué des informations cruciales.



Niveau dessin, c’est une pure merveille. Les planches concernant Batwoman sont sublimes, celles sur la vie quotidienne de Kate un peu plus banales, mais ça reste toujours efficace. L’image est parfois saturée du rouge emblématique de l’héroïne et ça fonctionne super bien.



Une super lecture pour une super-héroïne (dans tous les sens du terme). Laissez tomber Nightwing & co et foncez sur Batwoman!
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Batwoman, Tome 0 : Élégie

Les personnages féminins dans les comics sont généralement assez nazes. Soit qu'ils ne sont pas vraiment travaillé, ils restent alors des personnages secondaires sans réelle importance, soit que la seule chose qui compte chez eux soit la plastique, on a alors des super-héroïnes bombasses crées pour satisfaire les fantasmes d'un public en majorité masculin. À ce jeu, Marvel a toujours été, je trouve, plus cliché encore que DC Comics.

C'est donc assez logiquement chez DC Comics que l'on trouve ENFIN une superhéroïne qui a la classe, qui n'est pas sexualisé à outrance, et dont on a envie de suivre les évolutions parce qu'elle fait jeu égal avec les autres persos (masculins) en costume. Cette Batwoman est d'autant plus réussi qu'elle est lesbienne, et que cette orientation sexuelle de l'héroïne n'est pas un prétexte pour dessiner des scènes de cul mais sert l'intrigue et a tout son sens dans le déroulement de la bédé.

Le scénario est assez simple mais efficace. Il y a un nouveau leader du crime en ville et Batwoman veut savoir qui c'est. Au passage on croise le Chevalier Noir, Batman en personne, qui se tient cependant à l'écart. En même temps on découvre comment Kate est devenu Batwoman.

Le dessin est excellent ! Il y a un grand travail de réalisé sur chacune des planches et l'impression de mouvement est fort bien rendue. Un peu trop peut-être, et la richesse du dessin "casse" parfois un peu le rythme de l'histoire. On se perd dans les détails au lieu de suivre l'histoire.

Globalement j'ai trouvé que c'était un trés bon comics. Je recommande !
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Batwoman, Tome 0 : Élégie

Ce tome comprend les épisodes 854 à 860 de la série "Detective Comics", parus en 2009/2010. Ils sont tous consacrés à Batwoman, écrits par Greg Rucka et illustrés par J.H. Williams III, avec une mise en couleurs de Dave Stewart. Il se décompose en 2 histoires.



Elegy (épisodes 854 à 857) - Batwoman opère à Gotham et elle enquête par la manière forte sur la Religion du Crime. Elle reçoit l'assentiment de Batman pour mener à bien cette mission sur son territoire. À partir de sa base d'opérations, elle travaille avec son père qui lui sert de tacticien. En enquêtant, elle finit par se retrouver face à face avec la nouvelle Madame de la religion du Crime : Alice. Elle croise également plusieurs membres d'une tribu d'individus garous aux des animaux totémiques très divers.



Go (épisodes 858 à 860) - Dans cette partie, Kate Kane essaye d'accepter la découverte terrible de la première partie, et c'est également l'occasion pour elle de se remémorer plusieurs moments clefs de sa vie : 20 ans, 7 ans et 4 ans auparavant.



Cette version de Batwoman est apparue pour la première fois dans l'épisode 11 (juillet 2006) de la série 52 (dans 52 1, en anglais), sous la plume de Greg Rucka, puis de manière anecdotique dans la maxisérie "Countdown to final crisis". Ensuite Greg Rucka l'a intégrée dans Five Books of Blood (2007, en anglais), et dans Revelations (2008/2009, en anglais).



J.H. Williams (l'illustrateur) est essentiellement connu pour la série Promethea d'Alan Moore et Desolation Jones de Warren Ellis. Ses illustrations pour la première partie relèvent de l'extraordinaire. Il alterne 2 styles différents suivant que la scène s'attache aux pas de Batwoman ou de Kate Kane.



Pour les séquences consacrées à Batwoman, la composition des pages, et des doubles pages est très sophistiquée avec des cases en forme d'éclairs ou de triangles qui s'emboîtent les unes dans les autres pour accentuer l'impression de mouvement, ou l'impact des coups portés. L'encrage est assez soutenu pour donner plus de densité aux personnages, plus de noirceur surtout pour les combats. Lors de ces scènes, J.H. Williams III se rapproche des techniques utilisées par Alex Ross pour donner de la texture à chaque surface, à chaque matériau et en particulier à la combinaison en cuir de Batwoman. Ses illustrations sont rehaussées par une mise en couleurs exceptionnelle de Dave Stewart qui pioche dans toute la palette chromatique pour des juxtapositions de teintes vives et colorées parfois osées, ou au contraire pour des teintes pastel d'une grande sensibilité. La méchante de service ressemble à une lolita gothique japonaise avec une préférence pour les couleurs pastel. Chaque page et chaque case sont d'une incroyable richesse. Ces épisodes ne peuvent pas se lire comme une bande dessinée traditionnelle, la virtuosité de l'illustrateur est telle que le regard s'arrête de lui-même pour contempler ces images ahurissantes et séduisantes.



Pour les séquences consacrées à Kate Kane, J.H. Williams III utilise un style plus classique, détaillé, précis, méticuleux, sans être obsessionnel. À nouveau, chaque case est gorgée de des détails nécessaires et très spécifiques. La mise en page redevient plus sage, à base de rectangle. Les couleurs de Dave Stewart sont moins éparpillées et plus contenues.



La deuxième partie "Go" conserve la même différence de style entre les scènes consacrées à Batwoman et celles consacrées au passé de Kate Kane. Sauf que pour ces dernières, le lecteur à l'impression de voir resurgir le style que David Mazzuchelli a employé pour Batman Year One, classique, sobre, efficient, magnifique d'évidence.



Rien que pour cette leçon d'art graphique, ce tome mérite ses 5 étoiles.



Pour la partie "Elegy", Greg Rucka ressort encore une fois sa Religion du Crime qui correspond à un concept peu abouti et encore moins crédible. Voilà une bande d'allumés qui se réclament d'une Bible du Crime, qui attendent la réalisation d'une prophétie dans laquelle Kate Kane est censée jouer un grand rôle, et qui ne valent pas tripette comme criminels. Heureusement que les illustrations pallient la simplicité du scénario ! Je préfère également ne pas évoquer la présence de ces créatures garous diverses que rien ne vient expliquer ou justifier. Par contre, les relations entre Kate Kane et son mentor sonnent juste, ainsi que celles qu'elle entretient avec ses relations amoureuses.



Pour la partie "Go", Greg Rucka se retrouve en terrain plus familier à décrire l'évolution de Kate Kane de son enfance jusqu'à sa décision de prendre l'identité de Batwoman. Là il est nettement meilleur et plus convaincant en établissant les motivations et l'éducation de son héroïne qui n'a rien de banal. Certes il utilise le cliché du traumatisme infantile pour expliquer sa vocation, mais sa description du développement affectif et psychologique de Kate Kane a emporté mon empathie et ma sympathie en quelques pages.



En fin de volume se trouvent les magnifiques couvertures variantes de J.G. Jones, Adam Hughes, Jock et Alex Ross.



Je recommande chaudement ce tome pour ses illustrations exceptionnelles et pour le scénario de la deuxième partie qui fait exister Kate Kane comme une personne à part entière.
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Batwoman, Tome 0 : Élégie

Étant un grand fan du chevalier noir et de l'univers qui en découle, je me suis laissé tenter par le tome zéro de Batwoman.



Écrit par Rucka et illustré par Williams III aux côtés de Jock, on a le droit à une héroïne au caractère bien trempé, mais avec de nombreuses faiblesses.Et oui, mais si Kate Kane est un personnage charismatique et attachant, qui parvient immédiatement à faire oublier qu'un Batman règne sur Gotham, on reste sur notre fin.



Bien que le scénario soit prenant, que les illustrations soient maîtrisées, la lecture est parfois décevante. On a du mal à s'attacher à ce personnage, autant qu'on pourrait le faire avec Green lantern, Flash ou encore Batman. J'espère que le prochain numéro me fera changer d'avis, en attendant, à vous de faire le vôtre !
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Batwoman Omnibus

Contient :

Detective Comics #854-863

Batwoman #0-24

Batwoman Annual #1



L'aventure Batwoman a commencé pour moi dès la publication des New 52, alors que l'univers DC Comics repartait de zéro, il y a de cela une bonne décennie.



A l'époque déjà, alors que je me familiarisais avec les comics et ce personnage, les planches et les couleurs m'avaient laissé un beau souvenir.



Cela se vérifie alors que je relis et achève ma lecture de l'ensemble de ces numéros. Cette fois, l'arc narratif est complet. Je peux lire le tout à mon propre rythme.



Le préfixe "Bat" suggérerait que Batwoman est le pendant féminin officiel de Batman. Or, il n'en est rien. De Batman, Kate Kane n'emprunte que le symbole et s'en inspire pour combattre le crime à sa manière. Son affiliation est avant-tout à son égard et à sa famille.



Au fil de ses aventures, l'héroïne affronte légendes urbaines et créatures mythiques dont les étranges apparitions seraient liées à un groupuscule obscur. A ses côtés, nombre de héros connus se succèdent et l'intègrent dans leur longue liste d'alliés.



Une longue histoire mêlant drame familial et menace apocalyptique sur fond littéraire et mythologique. Batwoman est à part dans la Bat-Family et son rôle est loin d'être négligeable.



Quant au soin apporté aux planches, aussi bien dans la mise en scène, le dessin ou la colorisation, c'est tout ce que j'aime. Quelques variations apparaissent alors que les artistes se succèdent mais le rouge flamboyant de Batwoman devient un fil conducteur uniformisant l'ensemble de manière subtile et suffisante.
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Batwoman, Tome 0 : Élégie

Il y avait longtemps que j'avais entendu parler de cette nouvelle Batwoman apparue il y a une dizaine d'année. Je l'avais croisé dans un des "épisodes" du Batman par Grant Morrison et elle m'avait eu l'air intéressante et avec un caractère bien trempé. Cette nouvelle Batwoman avait aussi fait le buzz au moment de sa création car elle est une héroïne qui assume son homosexualité. Mais la limiter à cela serait faire fausse route. Créer une nouvelle figure batmanienne pouvait être très périlleux, vu le nombre de personnages qui gravitent déjà autour du Dark Knight, de Robin à Huntress en passant par Damian. Avec ce tome, on découvre à la fois une histoire dont Batwoman est l'héroïne mais aussi son histoire (d'où le tome 0), les deux s'entremêlant de manière réussie, notamment grâce au changement de style de dessin pour les parties flashback. Globalement, la dimension graphique est agréable, avec des double pages régulières qui donnent une impression de déconstruction mais qui restent lisibles et soulignent tour à tour la dynamique des scènes d'actions ou les différences de point de vue. Le caractère de Batwoman/Kate Kane et les relations avec sa famille sont bien construits et permettent de ne pas avoir un clone de Bruce Wayne et de ses proches (même si certains archétypes sont mobilisés). Batman est présent mais de manière discrète ou comme contrepoint dans la deuxième partie du tome. Celle-ci m'a d'ailleurs un peu moins convaincu, ce parallèle avec le chevalier noir étant un peu trop systématique dans la mise en scène. La lecture reste agréable mais sans forcément donner une envie irrépressible de lire un autre tome. A creuser pour voir si un scénariste a, depuis ce tome 0, su s'emparer de ce personnage pour proposer une histoire avec une certaine ampleur.
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Desolation Jones, Tome 1 : Made in England

Ce tome contient les 6 épisodes parus en 2005/2006 qui forment une histoire complète et indépendante de toute autre. Le scénario est Warren Ellis, et les dessins de JH Williams III.



Michael Jones vit à Los Angeles. Il est le rescapé d'une mystérieuse expérience à base de substances psycho-actives à laquelle il s'est soumis de son plein gré pour se faire oublier après avoir dérapé dans son précédent métier d'espion. Comme tous les espions à la retraite, il est assigné à résidence à Los Angeles. Il est détective privé pour toutes les enquêtes qui touchent à ces retraités d'un genre particulier. Néanmoins il se retrouve contraint d'accepter un boulot de commande : retrouver un film à caractère pornographique d'une valeur inestimable pour les collectionneurs, pour le compte d'un ancien colonel à qui on l'a dérobé. L'enquête de Jones l'amène à rencontrer de bien étranges individus : une femme ayant survécu à des injections mystérieuses et émettant des phéromones angoissant ceux qui les perçoivent, la patronne d'un réseau d'activités pornographiques, une hardeuse confirmée de 27 ans, les 3 filles du colonel, une autre hardeuse (débutante celle-là) et quelques hommes de main pas commodes.



À la lecture de ce court résumé, il est évident que Warren (le scénariste) a décidé d'évoquer des comportements que la morale réprouve. Il utilise la trame d'une enquête pour aborder les questions de l'industrie du film pornographique avec un zeste d'espionnage et d'expériences médicales. Le moment le plus fort de cette histoire est certainement la discussion entre Michael Jones et la hardeuse d'expérience. Warren Ellis expose sans sourciller les conditions de travail de ces femmes et la durée de leur carrière (moins d'un an) dans un milieu où le gonzo domine. Pour le reste, l'impression avec laquelle le lecteur du récit ressort est qu'Ellis n'a pas pris la peine e développer grand-chose. Il parsème son récit d'éléments intrigants qui ne sont jamais développés. L'enquête aurait été menée par une personne n'ayant pas joué le cobaye, la trame du récit n'aurait pas été sensiblement différente. Les exactions commises par le colonel restent un point très secondaire du récit, alors qu'elles auraient mérité à elles toutes seules plusieurs épisodes (ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie correspondante parue en 2005). De la même manière, Ellis s'amuse à évoquer un film pornographique tourné par Adolf Hitler, sans en approfondir la teneur ou la véracité historique. Chaque élément n'est là que pour faire genre, à savoir bizarre, étrange ou choquant. Mais il ne s'agit que d'éléments de décors sans épaisseur et sans réelle importance dans l'histoire.



Malheureusement les illustrations de J.H. Williams III sont également là pour faire style, tout en étant très superficielles (au sens de dépourvues de substance). Cet illustrateur est l'un des plus doués de sa génération. Pour vous rendre compte de ce dont il est capable, je vous conseille les 5 tomes de la série des Promethea d'Alan Moore (à commencer par Promethea, tome 1) ou l'épisode qu'il a illustré dans la série des Seven Soldiers de Grant Morrison (dans Tome 4 : A jamais dans nos mémoires). Pour cette histoire, Williams III marie des pages avec des traits très fins, des cases fortement encrées et quelques pages peintes. Il crée à merveille une ambiance urbaine très ensoleillée parsemée d'îlots de pénombre des plus inquiétants. Chaque individu a les traits marqués d'une manière ou d'une autre et tous ont une apparence très visuelle. Ainsi Michael Jones se promène avec un masque à gaz autour du cou tout du long du récit. De la même manière qu'Ellis parsème son récit d'e bizarreries sans conséquence, Williams III parsème ses illustrations de bizarreries sans explication rationnelle, ni fonctionnalité.



Cette lecture est d'autant plus frustrante qu'elle est le fruit de 2 créateurs exceptionnels qui auraient dû réussir à faire beaucoup mieux que ça. Dans le même style, je vous conseille plutôt Fell, tome 1 : Snowtown qui tient plus ses promesses. Pour autant "Desolation Jones" n'est pas non plus à jeter. L'enquête policière tient ses promesses. Les personnages sont hauts en couleur. La ville de Los Angeles n'a jamais paru aussi surnaturelle et artificielle. Et cette histoire constitue un très bon divertissement. Les remontées de substances chimiques provoquent des hallucinations intéressantes. La mise en page reste inventive et la mise en couleurs de Jose Villarrubia est aussi splendide qu'inventive et maîtrisée. Et cette équipe a le bon goût de dénoncer la condition féminine dans la pornographie sans se vautrer dans un voyeurisme nauséabond : ils ne montrent pas ce qu'ils dénoncent comme pratiques immondes chez les autres.
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Batwoman, tome 3 :  World's Finest

Ce tome fait suite à En immersion (épisodes 6 à 11). Il contient les épisodes 0 et 12 à 17, initialement parus en 2010/2013. Tous les scénarios sont coécrits par J.H. Williams III et W. Haden Blackman. J.H. Williams III (en abrégé JHWIII) a dessiné et encré les épisodes 0, 12 à 14, 16 et 17, ainsi que la première et la dernière page de l'épisode 15. Les 18 autres pages de l'épisode 15 ont été dessinées et encrées par Trevor McCarthy. Les pages dessinées par JHWIII ont été mises en couleurs par Dave Stewart. Les pages dessinées par McCarthy ont été mises en couleurs par Guy Major.



Cela fait maintenant 9 mois que Medusa a enlevé des enfants dans Gotham. Batwoman a demandé l'aide de Kyle Abbot (un loup garou) pour retrouver sa piste, en vain. Elle a retrouvé la trace de Bloody Mary (autrefois appelée Mary Worth). Elle a appris que Medusa est l'une des gorgones. Avec l'accord du Directeur Bones et de Cameron Chase, elle contacte une experte en mythologie grecque pour l'aider : Wonder Woman. Première étape : s'enfoncer dans le labyrinthe du Minotaure pour y dénicher Nyx qui dispose peut-être d'une information sur la localisation de Medusa. Épisode 0 - Le récit retrace le parcours de Kate Kane depuis son enfance avec sa sœur, jusqu'au moment où elle a pris la décision d'adopter une identité masquée pour lutter contre le crime.



Le temps est venu pour Batwoman de mettre fin aux agissements de Medusa, au travers de ces 6 épisodes (l'épisode zéro étant consacré aux années d'évolution de Kate Kane). Le temps est venu du retour de JH Williams III aux dessins pour 6 épisodes sur 7. C'est avec une certaine gourmandise que le lecteur découvre ses mises en page toujours aussi sophistiquées. Cela commence avec Batwoman et Kyle Abbot pénétrant dans la pièce circulaire d'une maison aux miroirs et une mise en page en roue de charrette, vue du dessus, permettant de voir les images des 2 personnages dans les miroirs déformants, au fur et à mesure qu'ils se déplacent. Bien évidemment, Wonder Woman et Batwoman pénètrent dans le labyrinthe du Minotaure et JHWIII réalise une composition complexe montrant comment elles progressent dans les méandres géométriques des couloirs. Dans chaque épisode, le lecteur découvrira des mises en page inventives intégrant un thème ou une spécificité d'un personnage pour agencer les cases, et réaliser des séparations à motif (par exemple les ondulations d'un serpent entre les cases).



JHWIII dessine l'épisode zéro, dans un style qui évoque celui de Mazzuchelli pour Année un, la flamboyance n'étant pas de mise dans la mesure où le monde de Kate Kane n'a pas encore été transfiguré par l'identité secrète de Batwoman. Pour les 5 autres épisodes, le lecteur retrouve toute la démesure des compositions de l'artiste. La première caractéristique qui ressort est la mise en couleurs de Dave Stewart, savantes compositions chromatiques, jouant sur une tonalité principale, des nuances déclinées en riches camaïeux, et quelques surfaces d'une couleur tranchant avec le reste pour mieux ressortir.



Puis l'œil prend le temps de parcourir les images, de s'y attarder pour déchiffrer les détails, la minutie des contours, les nombreuses silhouettes lors des scènes d'affrontement à Gotham, l'aspect tactile des textures, la diversité des tenues vestimentaires, la densité des arrières plans, etc. Pour un lecteur pressé, ces dessins sont trop riches, trop denses, et il finit par n'absorber le récit que par le biais du texte, jetant un coup d'œil pressé pour englober chaque dessin superficiellement. Cette lecture est possible et elle conduit à se focaliser sur l'intrigue et les personnages. Le degré de sophistication de certaines images finit par produire le contraire de l'effet recherché. Au lieu d'augmenter le niveau d'immersion dans un monde pleinement réalisé, il provoque un effet d'illustration exceptionnelle, existant pour elles-mêmes plus que pour porter la narration. C'est surtout vrai des scènes de foule, fourmillant d'une multitude de détails magnifiques, mais superflus. Il s'agit de quelques moments épars parmi ces épisodes.



À l'inverse, cette munificence des dessins peut donner lieu à des descriptions inoubliables, comme le directeur Bones en train de fumer, avec la fumée qui se voit entre ses côtes, et son étrange jambe artificielle (vision très étrange quand on sait que directeur Bones est un squelette). Elle prend également tout son sens pour l'apparition d'un horrible monstre du Dehors (fortement influencé par HP Lovecraft) qui grâce à JHWIII dépasse le cliché de la grosse bébête à base de tentacules, pour devenir étrangère à notre réalité et terrifiante. Comme dans le premier tome, JHWIII joue également sur différentes esthétiques pour mieux transcrire la spécificité d'un environnement ou d'un individu. Il y a donc l'épisode zéro dont les dessins ont une apparence plus simple pour montrer que le monde de Kate Kane est plus simple. Il y a le passage dans une zone désertique où JHWIII semble rendre hommage à Jean Giraud sur la série Blueberry, en imitant son encrage.



Ce tome correspond à l'affrontement entre Batwoman et Medusa, jusqu'à une résolution satisfaisante. JHWIII et Blackman déroulent plusieurs phases, la première étant de remonter jusqu'à elle. Ils intègrent plusieurs nouveaux personnages disposant tous d'une incroyable personnalité grâce à leur présence visuelle à chaque fois soignée, avec chacun un environnement spécifique lui aussi pleinement réalisé. Rien que de ce point de vue, le récit fournit un divertissement de bon niveau. La présence de Wonder Woman permet aux scénaristes de faire ressortir la personnalité de Batwoman, s'étonnant de pouvoir côtoyer une demi-déesse. Toutefois cet aspect de la narration reste assez convenu, sans réelle interrogation sur les conséquences de cette confirmation de l'existence de Zeus et de sa cohorte.



Trevor McCarthy réalise un épisode de bonne facture, mais qui ne peut pas rivaliser avec le travail de JH Williams III. Par comparaison, ses pages paraissent fades et sages.



Dans la même optique, la voix intérieure de Diana peine à convaincre, à porter une personnalité étoffée. Par contre JHWIII et Blackman réussissent à reproduire la version de Wonder Woman telle que récrée par Brian Azzarello et Cliff Chiang dans le cadre de la remise à zéro de New 52 (à commencer par Liens de sang). Ils s'avèrent beaucoup plus habiles à développer leurs propres personnages. En particulier l'épisode zéro est une grande réussite dans la mesure où ils exposent comment l'ensemble du parcours de Kate Kane a contribué à sa décision de devenir Batwoman, à l'opposé d'un moment choc et révélateur de nature artificielle. Ce qui est tout aussi appréciable est qu'ils montrent que la guérison de Bette Kane n'a rien d'une évidence. Elle doit faire face aux séquelles psychologiques de sa blessure et trouver comment les surmonter. Maggie Sawyer bénéficie également d'un très beau moment émouvant, quand elle doit faire face aux parents des enfants disparus, que tous ses efforts n'ont pas permis de retrouver. Williams et Blackman ne jouent pas dans le registre du pathos larmoyant ou des émotions théâtrales. Ils montrent comment cette femme doit gérer et accepter cet échec professionnel. Même pour les pièces rapportées comme Pégase (une version très personnelle), ils développent son drame personnel en faisant apparaître sa principale préoccupation (comment meurt un immortel ?).



Dans ce troisième tome, J.H. Williams III et W. Haden Blackman prouvent qu'ils savent où ils vont, qu'ils ont conçu une intrigue bien pensée, et qu'ils sont investis dans leurs personnages. La rencontre entre Batwoman et Wonder Woman ne tient pas ses promesses en termes de connivence ou de développement de leur amitié. Par contre, les personnages principaux (Kate Kane, Maggie Sawyer, Bette Kane) s'étoffent grâce à des scènes édifiantes sur leur personnalité. JHWIII est impérial de bout en bout, réalisant des illustrations d'une facture tellement exceptionnelle qu'elles en deviennent parfois trop sophistiquées par rapport aux propos du récit.
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Batwoman, Tome 1 : Hydrologie

Ce tome comprend les épisodes 0 à 5 de la série lancée dans le cadre de la remise à zéro de l'univers partagé DC, opération baptisée New 52 (en anglais). Mais dans le cas de quelques séries, ce redémarrage s'est limité à réinitialiser la numérotation de la série, c'est le cas pour Batwoman. Cette histoire est donc la suite directe de Elégie qu'il vaut mieux avoir lu avant (même si les scénaristes font de gros effort pour rendre ce récit accessible au plus grand nombre). Les scénarios des 6 épisodes sont de J.H. Williams III et W. Haden Blackman ; J.H. Williams III réalise les illustrations qui sont mises en couleurs par Dave Stewart.



Épisode zéro - Batwoman se bat contre un gang de gugusses (dont 1 équipé de gadgets émettant des décharges) pour essayer de récupérer une relique. Tout du long du combat elle est observée par Batman qui évalue en douce ses capacités. Épisodes 1 à 5 - À Gotham, plusieurs enfants ont disparu et d'autres disparaissent encore. Batwoman est sur la trace des kidnappeurs. Du coté de la police, l'enquête a été confiée à Maggie Sawyer. Cette dernière se lie d'amitié (et même plus) avec Kate Kane. Cette dernière ne parle toujours plus à son père. Mary Elizabeth "Bette" Kane (la superhéroïne appelée Flamebird) a décidé d'aider Batwoman dans sa lutte contre le crime. Batwoman n'arrive pas à prendre dune décision concernant cette aide, l'accepter ou la refuser. Au sein du DEO (Departement of Extranormal Operations), le directeur Bones a décidé de d'affecter Cameron Chase à la découverte de l'identité secrète de Batwoman.



La lecture de ce tome constitue une expérience étrange. Pour commencer il se lit très vite, moitié moins de temps qu'un autre tome de même pagination. Ensuite il est évident que l'intérêt principal de ce récit réside dans les illustrations de J.H. Williams III. Il a tout illustré, sauf pour l'épisode zéro, où la moitié de chaque page est illustrée par lui (pour le fil narratif centré sur Batwoman), et l'autre moitié par Amy Reeder (pour le fil narratif centré sur Kate Kane). C'est avec un grand plaisir que le lecteur retrouve les illustrations sophistiquées et léchées de Williams III (et celles d'Amy Reeder qui avait illustré la série Madame Xanadu, en anglais). Il continue d'utiliser 2 styles différents, l'un pour les pages consacrées à Kate Kane, l'autre pour celles consacrées à Batwoman. Ces 2 styles différent assez pour qu'il ne puisse pas y avoir de confusion, sans pour autant créer une impression de conflit. Pour les pages dédiées à Kate Kane, il utilise un style réaliste, détaillé sans être surchargé, avec une mise en page assez sage, à bases de cases rectangulaires. Dave Stewart emploie une palette de couleurs vives et claires. Quand un élément superhéroïque intervient dans la vie de Kate Kane, il est dessiné avec le style réservé aux pages dédiées à Batwoman. Dans ces dernières les couleurs de Dave Stewart se font plus sombres et sont déclinées en plusieurs nuances dans une même surface. Le monde Batwoman est plus complexe, plus opaque. Pour ces pages, Williams III utilise des mises en page reposant sur des cases dont la forme épouse un élément de la narration : lambeaux de brume, nappes d'eau, ailes de chauve-souris, etc. Le style de dessine reste réaliste, avec des aplats de noir plus importants et des contours délimités avec un trait plus fin, que dans les pages de Kate Kane. Chaque page est un enchantement pour les rétines et les images comportent plus d'éléments narratifs que les dialogues. J.H. Williams est avant un illustrateur de haut vol qui raconte son histoire plus avec les images qu'avec le texte.



Malgré la rapidité de la lecture, il apparaît que l'histoire est loin d'être creuse. Le mystère principal lié à la disparition des enfants n'est pas très palpitant, il sert essentiellement à introduire une supercriminelle aux apparitions très visuelles, à l'histoire tragique, mais à la personnalité très superficielle. Par contre, le lecteur éprouve rapidement une forte empathie pour Kate Kane et ses soucis. Le test de l'épisode zéro où Batman jauge Batwoman sans se faire voir permet à la fois de provoquer un sentiment de sympathie immédiat pour Batwoman devant ces méthodes indélicates, et également de prouver qu'il s'agit d'une combattante impressionnante puisqu'elle mérite le respect de Batman. Au fil des épisodes cette sympathie va en grandissant devant le caractère bien trempé de cette jeune femme aux principes bien arrêtés qui n'est pas sensible au compromis. Williams III et Blackman savent faire exister leur héroïne de papier.



En repensant à ces aventures, il est facile de sourire au fait que Williams III ait ramené Cameron Chase dans cette série, dans la mesure où il avait participé à sa création dans Chase (en anglais). Elle avait également été utilisée par Mark Andreyko dans la série Manhunter (Kate Spencer) où apparaissait également le DEO. Williams III et Blackman finissent d'ailleurs par placer Batwoman dans une position similaire à celle de Manhunter. Mais en feuilletant à nouveau les 6 épisodes, le lecteur s'aperçoit que la rapidité de cette lecture ne masque vraiment pas un scénario vide. En fait il se passe même beaucoup de choses dans cette histoire qui fait évoluer de façon significative la situation de Batwoman, tout en rappelant les principaux éléments de sa situation de départ. Finalement il s'agit d'une histoire rapide et enlevée, disposant de visuels magnifiques et contenant une densité significative d'informations. Si le scénario comprend encore quelques clichés propres aux histoires de superhéros, le niveau de divertissement est élevé et incite à revenir pour le tome suivant.
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Batwoman, tome 3 :  World's Finest

Voici une conclusion d’arc narratif dense bien qui tient largement ses promesses et qui apporte un véritable aboutissement à la série. Comme toujours, la prestation graphique, très chargée, pourra perdre ou fatiguer le lecteur, mais le résultat offre un objet unique, à bien des niveaux, dans la production comics mainstream actuelle.
Lien : http://www.actuabd.com/Batwo..
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Promethea - Semic, tome 1

Quelle excellente idée que celle d'une super-héroïne/créature/entité renaissant de l'imagination au fil du temps et des personnes la composant, qu'ils soient poètes, journalistes, auteurs de comics ou simple étudiante en mal de sujet de dissert (et pourquoi pas ton super héros de comics/BD préféré ?! Qu'est ce que j'aurais aimé écrire des trucs sur le Chat de Fat Freddy ou John Difool de l'Incal...), comme la jeune fille chargée ici (par les dieux de l'imagination ?) de reprendre le flambeau.

On navigue dans ce premier numéro entre Alexandrie en 411 et la persécution de païens (déjà les démons de la nouvelle super héroïne ?), la Promethea originale et son père, la Nouvelle Angleterre au XVIIIème, et un poète maudit inspiré par les fées, et New York en1999, et Sophie, créant une Promethea toute en divinité et en puissance, et la découvrant du même coup, au vif de l'action.



La New York de 1999 est dans ce comic une ville chaotique, mesclagne inspirée de tout ce que l'on fait de mieux dans le genre metropolis de science-fiction, avec ses néons surréalistes et son commentaire constant de news qui n'en sont pas, et un espace aérien surchargé où luttent et règnent divers super-héros er leurs nemesis.



Une autre création d'Alan Moore qui vous accroche d'entrée, avec une héroïne class, un concept original et bourré de références mythologiques et de réflexions métaphysiques, et des graphismes plutôt clairs et soignés.

Oui, j'ai l'air surprise, mais à chaque nouveau comic entre mes mains, je crains le contraste entre le graphsime de la couverture et celui du comic lui-même. Du coup, c'est toujours agréable de trouver le tout très bon...



Un gros coup de coeur pour une rencontre avec un Petit Chaperon Rouge qui envoie le pâté.

Et surtout pour la bande son, ou plus exactement les paroles de la-dite bande son, de de Promethea et des démons au beau milieu du concert de rock minable auquel assistait sa meilleure amie Stacia. Quelle classe : "She made me feel a total failure, her boyfriend stepped on my inhaler. (...) and on those lonely adolescent nights, I'd weep into a pair of stolen tights." Yeah!
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Batwoman, Tome 1 : Hydrologie

C’est simple, Batwoman a ravi mon cœur de lectrice.

Dans le premier tome, le tome 0, nous faisions la connaissance de Kate Kane qui, la nuit venue, s’incarnait en Batwoman, nouvelle justicière à Gotham. Notre héroïne découvrait que sa sœur jumelle, qu’elle pensait morte depuis de nombreuses années, était en fait vivante – mais complètement folle ! Désormais débarrassée de ce fantôme, elle continue à lutter contre le crime ; à ses côtés, il y a sa cousine Bette, jeune justicière connue sous le nom de Flamebird, que Batwoman a pris sous son aile pour la former. Les deux femmes enquêtent sur la disparition d’enfants issus de quartiers défavorisés, ce qui introduit, l’air de rien, une dimension politique au comics. En parallèle, il y a Batman et le D.E.U.S. qui cherchent à découvrir qui est Batwoman. Pourquoi ? On le découvrira au fil des chapitres.

Chaque tome propose différents types de narration, que ce soit visuellement (lorsque l’on suit Batwoman dans le présent, c’est un graphisme très détaillé, comme celui sur les couvertures, avec des cases extraordinaires, des mises en scène dynamiques et originales ; lorsque c’est Kate, d’autres personnages ou des flashbacks, ce sont des cases plus classiques, avec moins de travail sur les couleurs, un travail plus sobre mais efficace et agréable tout de même) ou que ce soit la construction même du récit : des cases en forme de chauve-souris, de labyrinthe, des chapitres nous faisant naviguer du présent au passé et inversement, que le temps écoulé soit de deux semaines ou quinze minutes… Il se passe toujours plein de choses mais ce n’est jamais indigeste, c’est toujours très prenant. Honnêtement, J.H. Williams III, Trevor McCarthy et W. Haden Blackman, qui sont les principaux dessinateurs et scénariste, ont fait un super boulot.

Concernant les personnages, j’aime beaucoup l’évolution de Kate/Batwoman, que ce soit comment elle s’est construite, comment elle vit sa vie de super-héroïne ainsi que sa vie privée (pas facile de conjuguer les deux), j’aime ses choix même quand je ne les approuve pas car ils sont logiques par rapport à qui elle est, et j’aime aussi son caractère – un peu un caractère de cochon parfois mais elle n’est jamais détestable, elle est juste humaine. J’aime aussi son père, et Flamebird qui est tout feu, tout flamme (chouette évolution pour elle aussi), de même que j’apprécie d’autres personnages. Et puis il y a quelques super-héros du DC Universe qui font occasionnellement leur apparition ; non seulement, c’est bien amené, mais en plus c’est vraiment sympa de voir ces figures héroïques ensemble.



Batwoman, c’est beau, c’est fort, des messages sont distillés dans l’intrigue sans pour autant prendre le pas sur l’enquête ou les protagonistes, et visuellement, on se prend souvent des claques tellement c’est superbe et dynamique. Je regrette qu’on n’ait pas plus de tomes à se mettre sous la main.

Batwoman, c’est un comics que j’ai beaucoup aimé et que je vous encourage vivement à découvrir.
Lien : https://malecturotheque.word..
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Batwoman, tome 4 : Les liens du sang

Ce tome fait suite à World's finest (épisodes 0 et 12 à 17). Il contient les épisodes 18 à 24, tous écrits par JH Williams III (en abrégé JHWIII) et W. Haden Blackman. Les épisodes 18 à 20 et 22 à 24 sont dessinés et encrés par Trevor McCarthy (avec l'aide de Walden Wong, Sandu Flora et Derek Fridolfs pour l'encrage de quelques pages). L'épisode 21 est dessiné, encré et mis en couleurs par Francesco Francavilla. Ce tome est le dernier écrit par JHWIII et Backman, le suivant est écrit par Mark Andreyko.



Batwoman (Kate Kane) a décidé de continuer à faire équipe avec Flamebird (Bette Kane, sa cousine). Cette dernière bénéficie des conseils de Jacob Kane (le père de Kate), alors que Batwoman est toujours sous la coupe de l'agence gouvernementale DEO (dirigée par Mister Bones), sous les ordres directs de Cameron Chase. Cette dernière a demandé à Batwoman de récupérer une arme des mains de Mister Freeze (un ennemi récurrent de Batman).



Par la suite, Jacob Kane doit avouer à sa femme Katherine qu'il a entraîné Kate au combat. Kate doit confronter Maggie (sa compagne) sur des questions de confiance. Cameron se retrouve face à sa sœur Terry pour parler de leur père. Tout se précipite quad Mister Bones demande à Batwoman de lui révéler l'identité secrète de Batman. Le marché est simple : soit elle se débrouille pour lé découvrir et leur livrer (et dans ce cas elle récupère sa sœur détenue par la DEO), soit la DEO commence à faire des misères à ses proches (et elle ne récupère pas sa sœur).



Les 2 scénaristes avaient prévu un événement de grande ampleur pour l'épisode 25 : le mariage entre Kate Kane et Maggie Sawyers (2 femmes). Bien que les responsables éditoriaux aient donné leur accord préalablement, l'approche de la concrétisation de ce projet planifié longtemps en amont a fini par soulever des objections. Williams III et Blackman se sont retrouvés en butte à un veto, ce qui les a amenés à quitter la série. Malgré ce changement dans les plans longuement mûris et réfléchis, il est visible que les scénaristes raccordent plusieurs intrigues secondaires en gestation depuis plusieurs tomes. Le lecteur a donc la satisfaction de voir évoluer les relations de manière significative, jusqu'à des prises de position claires. Par contre, le tome se termine sur une situation conflictuelle non résolue, en plein affrontement physique entre Batman et Batwoman (il sera difficile de résister à la tentation de découvrir le dénouement de ce combat).



Alors que le lecteur pouvait ressentir l'impression d'être balloté d'aventure en aventure dans les tomes précédents, il constate ici que chacune d'entre elles apportait sa contribution aux développements des personnages et à leur rapprochement plus ou moins amical. De ce point de vue, JHWIII et Backman réussissent à augmenter le niveau d'empathie ressenti par le lecteur du fait de l'enjeu émotionnel et relationnel pour plusieurs personnages, à commencer par Kate et Maggie.



Du point de vue de l'intrigue, le suspense monte au fur et à mesure que Batwoman (et le lecteur) comprend qu'il n'y a pas d'échappatoire au chantage de Mister Bones et que la confrontation avec Batman devient aussi inévitable que perdue d'avance. Par contre JHWIII et Blackman y vont un peu trop fort dans le dernier épisode, avec les manigances de la DEO, trop grosses pour être crédibles (du fait de la mise en danger d'un grand nombre de civils).



Au milieu du tome, JHWIII et Blackman réalisent un épisode singulier, narré du point de vue de Killer Croc (Waylon Jones, un ennemi récurrent de Batman). Cet épisode bénéficie des dessins de Francesco Francavilla, toujours aussi inventif dans sa mise en page (pas à l'égal de JH Williams III, mais au dessus du commun des dessinateurs), avec cet aspect rétro qui va si bien à ce genre de récit bien noir. Sans être exceptionnel, cet épisode se révèle excellent pour le point de vue qu'il donne sur les agissements d'un ennemi monstrueux, permettant au lecteur de se mettre à sa place, et de comprendre ses motivations.



Pour les 6 autres épisodes, Trevor McCarthy réalise un travail honnête, s'inspirant à plusieurs reprises de la mise en page de JH Williams III, mais de manière plus sporadique, et sans en atteindre le degré de beauté plastique et de perfection formelle. Il a recours à des aplats de noir assez nombreux, sans qu'ils ne noient les dessins, ce donne une certaine densité à chaque page, et une forme de sérieux quant aux enjeux de chaque séquence. Ses dessins ne possèdent pas la grâce de ceux de JHWIII, mais ils présentent une personnalité assez forte, pour sortir du lot des comics industriels, avec un parti pris graphique affirmé. Les personnages et les localisations bénéficient d'un niveau de détails les rendant tous spécifiques, permettant un degré d'immersion satisfaisant. Les combats physiques jouissent d'une mise en scène qui les rend logiques, sans aller jusqu'à la chorégraphie. La mise en couleurs de Guy Major est impeccable, soulignant les ambiances, utilisant les effets spéciaux avec pertinence et intelligence.



Malheureusement, JH Williams III et W. Haden Blackman n'auront pas pu aller au bout de leurs projet avec ce personnage, du fait de la frilosité des responsables éditoriaux (d'autant moins compréhensible quand on sait que dans les comics tout peut être annulé, même la mort). À défaut d'apporter une conclusion à l'évolution du personnage qu'ils ont relancé, ils narrent une nouvelle étape dans son histoire personnelle qui tire le meilleur parti des liens affectifs existant entre les divers personnages de la série. L'intrigue repose sur une dynamique qui génère un solide suspense (un chantage pour démasquer Batman), avec des péripéties bien imaginées (sauf la dernière avec le grossier lâcher de criminels sur Gotham). Trevor McCarthy réalise un travail de bon niveau, même s'il ne dispose pas de l'intelligence et des compétences artistiques de JH Williams III. Au lecteur de choisir s'il continue de suivre ce personnage dans le tome suivant Webs écrit par Marc Andreyko (scénariste qui avait déjà écrit les aventures de Manhunter, une autre superhéroïne au caractère bien trempé, à commencer par Street justice).
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Batwoman, Tome 1 : Hydrologie

Bien meilleur que le tome 0 qui pose les origines du personnage. Mais aussi meilleur dans le dessin que je trouve bien moins inégal que dans Élégie. Une intrigue au long souffle se met en place et je suis curieuse de voir quel développement ça va apporter dans la personnalité de Batwoman.
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Batwoman, Tome 2 : En immersion

Ce tome fait suite à Hydrologie (épisodes 0 à 5). Il comprend les épisodes 6 à 11, initialement parus en 2012. Les scénarios sont écrits par W. Haden Blackman et J.H. Williams III. Les épisodes 6 à 8 sont dessinés par Amy Reeder, avec un encrage de Rob Hunter (aidé par Richard Friend pour l'épisode 6). Les épisodes 9 à 11 sont dessinés et encrés par Trevor McCarthy, et par Pere Perez (épisode 11).



Là maintenant tout de suite, Batwoman est en train de se battre contre The Hook (Rush), un individu déchainé ayant un crochet à la place de la main gauche, sous les yeux de Christopher Falchion. Il y a un mois, Jacob Kane se recueillait au chevet du lit d'hôpital de Bette Kane (Flamebird), toujours plongée dans un coma. Il y a une semaine, Margaret Sawyer repensait à son enfant. Il y a 3 semaines Margaret et Kate Kane s'embrassaient au petit déjeuner. Il y a 4 mois, Maro Ito préparait la venue de Weeping Woman en noyant une petite fille. Il y a 2 semaines Batwoman se battait contre les membres d'une triade aux côtés de Cameron Chase, pour le compte du DEUS (en VO, DEO, Department of Extranormal Operations). Et retour au temps présent.



Ce résumé ne concerne que le premier épisode dont la narration est à l'image des 5 suivants, aussi chaotique, Williams III et Blackman ayant décidé de procéder à un savant mélange chronologique, particulièrement irritant. Tout du long du tome, le lecteur a ainsi droit à de courtes séquences dans un montage haché et réordonné, sans qu'il puisse vraiment détecter ce qu'apporte cette structure. La deuxième caractéristique de ce tome réside dans l'absence d'épisode illustré par JH Williams III. Jusqu'alors cette série se vendait surtout pour les pages incroyables de cet artiste, à la fois en terme de composition conceptuelle et du soin apporté à chaque image. Le lecteur se retrouve donc l'obligation de réévaluer les raisons pour lesquelles il a choisi de lire ces épisodes.



À l'évidence, ni Amy Reeder, ni Trevor McCarthy n'ont le talent de JH Williams III (en abrégé JHWIII). Le lecteur pourra repérer de louables efforts pour réaliser quelques mises en page à la manière de JHWIII, mais le degré de finition est sans commune mesure (en la faveur de JHWIII) et ces efforts restent chroniques. Il faut dire que même Dave Stewart n'est pas resté et qu'il est remplacé par Guy Major, metteur en couleurs de bon niveau, mais là encore avec une qualité inférieure à son prédécesseur. Sa mise en couleurs du costume de Batwoman est remarquable, par contre il n'arrive pas à reproduire les compositions chromatiques spécifiques à chaque scène, celles qui distinguaient par exemple les scènes nocturnes de Batwoman, et celles diurnes de Kate Kane. De la même manière, ni Reeder ni McCarthy n'arrivent à reproduire la différence de style entre ces 2 types de séquence, telle qu'elle existait dans le tome précédent dessiné par JHWIII. Toutefois comparé à la production moyenne des comics, les visuels et la mise en page sont plus inventifs que la moyenne. Amy Reeder durcit un peu son trait par rapport aux rondeurs qu'elle utilisait sur Madame Xanadu (en VO) et arrive à installer une ambiance bien noire, à rendre les combats vifs et brutaux. Elle sait transcrire l'horreur du moignon de The Hook alors que Batwoman lui a arraché son crochet. Par contre dans une case ridicule, elle n'arrive pas à placer correctement la queue de Killer Croc (par-dessus son pantalon). De son côté, McCarthy utilise des formes moins rondes pour une dureté plus apparente. Il a une meilleure gestion des arrières plans que Reeder, avec une présence plus régulière, et un rendu plus adulte dans les détails. Son Killer Croc est massif, monstrueux et dérangeant (tous ces yeux !). Guy Major réalise un travail satisfaisant, sauf pour la couleur du visage de Kate Kane qui devient blanc dans les derniers épisodes lorsqu'elle est en civil, comme si elle était albinos (ce qui rend caduc le principe de protection de son identité par un masque).



Sur le plan graphique, le résultat ne vaut pas JH Williams III, mais ce n'est pas une catastrophe et pour des comics, il s'agit d'un bon niveau à la tonalité raccord avec la narration. À condition d'être patient, le lecteur recolle donc petit à petit les pièces du puzzle sur 4 mois, en suivant chaque fil conducteur d'épisode en épisode. Il y a quelques éléments plus difficiles que d'autres à recoller (impossible de me souvenir en cours de récit si Margaret Sawyer connaît l'identité secrète de Batwoman ou non, impossible de trouver un indice dans leur comportement), difficile également de comprendre comment Sawyer se remet d'une méchante dose injectée par une seringue. Mais voilà qu'en cours de route, JHWIII et Blackman arrivent à se débarrasser adroitement de la Religion du Crime. Du coup l'intérêt remonte. Deuxième point positif : ils développent une nouvelle organisation criminelle Medusa, fort intéressante, avec des personnages mystérieux hauts en couleurs. Par rapport à la tendance massive des scénaristes à recycler les mêmes personnages sans fin, il s'agit d'une bouffée d'air frais appréciable, et d'un début de mythologie inventif. Alors que le lecteur assemble les pièces, Kate Kane apparaît comme un personnage bien étoffé à défaut d'être complexe, sa relation avec Maggie Sawyer est intéressante et plutôt adulte. Le fil secondaire sur le coma de Bette Kane se laisse lire, sans être vraiment ridicule, sans être vraiment révélateur. Les criminels sont très réussis dans leur démesure et leur horreur.



Ce tome n'est pas à la hauteur du précédent sur le plan graphique, mais il se situe dans un niveau respectable dans le cadre des comics de superhéros. JH Williams III et W. Haden Black ont choisi une structure très fragmentée pour raconter leur histoire, pour un bénéfice pas très apparent pour l'intérêt du récit, ou pour le lecteur. Malgré un récit qui s'inscrit dans une lutte dichotomique du bien contre le mal, ils arrivent à rendre leurs personnages intéressants, à développer une mythologie spécifique à Batwoman (en s'éloignant de la Religion du Crime), et à maintenir le suspense jusqu'au bout.
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Batwoman, Tome 1 : Hydrologie

« Batwoman : Hydrologie » est le premier tome du fameux relaunch New 52 de Batwoman et regroupe d’ailleurs les épisodes #0 à #5 de la saga. Dans le cas de Batwoman, il s’agit cependant plus d’une renumérotation que d’un nouveau départ car ce récit est la suite directe de Batwoman : Elégie, histoire d’ailleurs rééditée par Urban Comics sous le numéro "0".



Il vaut donc mieux avoir lu ce prologue reprenant les épisodes #854 à #860 de Detective Comics, dessinés par J H Williams III et écrits par Greg Rucka, avant d’entamer ce premier volet. C’est en effet ce tome 0 qui permet de donner une véritable identité à cet alter ego de l’homme chauve-souris, tout en revenant sur les origines de sa quête vengeresse costumée.



Le départ de Greg Rucka aux commandes du scénario me faisait un peu peur, mais je dois bien avouer que J.H. Williams III et W. Haden Blackman s’en sortent plutôt bien au niveau de l’écriture de ces épisodes. L’intrigue principale, qui invite à suivre Batwoman au sein d’une enquête criminelle parsemée de fantastique, n’est pas des plus originales, mais elle permet de baigner certaines planches de J.H. Williams III dans un univers onirique et brumeux visuellement splendide. L’intérêt principal du récit ne se situe donc pas dans cette histoire de disparition d’enfants faisant écho à une légende urbaine, mais au niveau des intrigues secondaires et de la vie privée de cette héroïne torturée qui assume pleinement son homosexualité. Le lecteur retrouve donc une Batwoman meurtrie par la disparition de sa sœur jumelle, épiée par un Batman cherchant à la recruter pour son organisation "Batman Inc", traquée par une organisation gouvernementale secrète et tentant de guider sa cousine Flamebird dans sa lutte contre le crime. Le récit s’avère donc bien plus dense qu’en apparence et est maîtrisé de main de maître par les deux scénaristes.



Malgré les qualité au niveau du scénario, c’est évidemment à nouveau le graphisme de J.H. Williams III qui décoiffe dans cet album. L’artiste américain est d’une modernité incroyable dans la composition de ses planches et livre de nombreuses doubles pages découpées dans le sens horizontal qui sont à couper le souffle. Ses planches sont de véritables tableaux et quand on sait que le coloriste n’est autre que Dave Stewart, il devient difficile de faire mieux au niveau du visuel.



Bref, un tome visuellement époustouflant et qui tient parfaitement la route au niveau du scénario malgré le départ de Greg Rucka (lisez Queen and Country !!!).



Vivement la suite !!!
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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