AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jack Goody (7)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
L'écriture des hiéroglyphes au numérique

Compilation d'articles et d'entretiens parus dans la revue « L'Histoire » qui retrace la vie de l'écriture de ses origines à nos jours. On commence avec un peu d'émotion, avec les premiers sigles gravés ou dessinés par l'Homme, que nous sommes incapables de comprendre aujourd'hui, et qui devaient pourtant lui paraître importants pour qu'il passe autant de temps à vouloir les fixer dans la pierre, ou encore avec des langues mortes ressuscitées par quelques personnes têtues et qui dévoilent des siècles plus tard toute une civilisation qui avait disparue des mémoires.



La seconde partie est consacrée à la technologie de l'écriture et sur son influence sur les écrivains : on ne structure pas sa pensée de la même manière selon qu'on peigne une grande fresque, qu'on écrive un manuscrit, ou qu'on rédige un hypertexte modifiable à l'infini et rempli de références vers d'autres sources directement accessibles.



Chaque article soulève beaucoup d'interrogations, surtout que ces articles sont courts : ils mettent en appétit mais laissent aussi le lecteur sur sa faim.
Commenter  J’apprécie          160
Le vol de l'histoire

Cet ouvrage n’est pas une histoire du monde mais « une analyse de la manière dont les savants européens l’ont mise en forme ». Je ne discuterais pas de l’appréciation des relations marchandes développées par l’auteur ou de sa conception élastique temporellement du capitalisme.



Pour importants qu’ils soient, les désaccords ne me semblent pas invalider le noyau de ses thèses sur le vol de l’histoire. Autre chose serait de construire sur ces bases une histoire plus englobante !



Jack Goody développe la critique d’une « manière de conceptualiser et de présenter le passé où l’on part des événements qui se sont produits à l’échelle provinciale de l’Europe – occidentale, la plus souvent – pour les imposer au reste du monde. »



L’ouvrage est très riche, les auteurs revisités nombreux (par exemple les historiens Joseph Needham, Fernand Braudel, Perry Anderson, Peter Laslett et Moses Finley, les sociologues Norbert Elias ou Max Weber ). Je ne connais que certains des auteurs cités et rarement une part importante de leurs œuvres. Ma lecture critique ne saurait donc dépasser les limites de l’appréciation de la cohérence des analyses présentées, de leur pertinence en regard de l’objet même du livre. De ce point de vue, l’apport des analyses se référant à Marx (critique de l’économie-politique), au delà des lectures mécanistes, des thèses sur l’Histoire de Walter Benjamin et des travaux des féministes pour comprendre les organisations hiérarchiques socialement construites me sont plus familières. Quoiqu’il en soit l’histoire enseignée majoritairement n’est, à l’image des constructions bibliques, qu’un recueil de contes et légendes, ce qui n’exclut, évidement pas, ni des apports importants pour la connaissance, ni une certaine rationalité, ni une certain scientificité.



L’auteur met en garde contre « une tendance naturelle à organiser l’expérience en fonction de la place centrale que l’on assigne à celui qui la fait – qu’il soit individu, groupe ou communauté » ou une interprétation téléologique de l’histoire. Il considère aussi qu’il convient d’analyser l’histoire de l’Eurasie (entité géographico-humaine scindée idéologiquement) « en fonction d’un ensemble dynamique de traits et de rapports en constante interaction ».



Dans la première partie du livre « Trois historiens , une même lecture » Jack Goody procède à une relecture critique de « Science et civilisation dans l’Europe renaissante : Joseph Needham », « Le vol de la ”civilisation” : Norbert Elias et l’absolutisme européen », « Le vol du ”capitalisme” : Braudel et l’histoire comparée universelle »



Si la succession âge du bronze, antiquité, féodalisme, capitalisme ne saurait être considérée comme un chemin obligé et auto-engendré vers le progrès, la lecture de l’auteur « reconnaître l’élément de continuité qui, de l’âge du bronze aux temps modernes, caractérise le marché et l’activité de la bourgeoisie » me semble tout aussi illusoire. Il y a confusion, à mes yeux, entre d’une part une juste critique de ”l’exception européenne”, son partage/échange avec le reste du monde, la place de la science, des techniques, la place des villes, etc. et d’autre part une histoire qui tend à se résumer au développement de la marchandise et du marché comme clé du développement de la civilisation. Alors que l’auteur critiquait à juste titre « la croyance quasi biologique en une continuité culturelle » ou « une conception totalement ahistorique , dans laquelle ni la culture ni la société ne change avec le temps », il me semble naturaliser le marché. Par ailleurs, le concept de ”mode de production” permet de spécifier des organisations sociales différentes. Mais spécifier ne veut pas dire hiérarchiser, ni oublier de « prendre la mesure, sur la longue durée, du renouveau des développements culturels dans toutes les grandes ”civilisations”. »



La seconde et la troisième partie du livre « Une généalogie socioculturelle » et « Trois institutions, trois valeurs » me semblent les plus pertinentes, même si l’accent y est souvent trop mis sur la marchandise.



L’auteur traite premièrement de « Qui a volé quoi ? Le temps et l’espace », soit la cartographie imposée avec, entre autres, le découpage Europe Asie. Il cite aussi la manière de présenter le monde dans des représentations graphiques centrées sur ”notre” monde et les déformations induites « … parce qu’il fallait aplatir les orbes pour une page imprimée, la projection constituant une tentative pour réconcilier la sphère et le plan. Mais cette ”distorsion” a pris un tour spécifiquement européen, dont l’influence a marqué durablement la cartographie moderne, et ce partout dans le monde ». Il souligne la « forte empreinte du fondamentalisme religieux et un profond attachement au calendrier de l’Église ». Quel sens peut donc bien avoir, pour mesurer les temps, de la référence à Jésus Christ dans les mondes non chrétiens ou dans les communautés scientifiques ?



Sans oublier la périodisation imposée, reflétant ”notre” conception de la modernité ou du progrès et de façon plus générale « des valeurs propres à notre culture ».



Jack Goody poursuit avec « L’invention de l’antiquité », « Le féodalisme : une transition vers le capitalisme ou l’effondrement de l’Europe et la domination de l’Asie ? », « Le despotisme asiatique : le chercher en Turquie ou ailleurs ? »,



Dans la troisième partie, l’auteur poursuit la liste des « vols » : « Le vol des institutions : les villes et les universités », « L’appropriation des valeurs. Humanisme, démocratie et individualisme » ou « L’amour volé : les émotions comme prérogative européenne ».



Et pour ajouter une touche de « médisance », qui peut penser que la traite des noirs, le colonialisme, les deux guerres mondiales, la destructions des juifs, des tziganes par les nazis, Dresde, Hiroshima, la citoyenneté limitée, etc.. sont les exemples même de la supériorité de notre civilisation ou du capitalisme, sans en rajouter avec les multiples guerres actuelles.



Au delà des critiques que je pourrais faire aux analyses, il reste bien qu’un déplacement de point vue, une vue moins auto-centrée, ferait ressortir à la fois des communautés beaucoup plus partagées et des différences à expliciter, sans recourir à toute idée de supériorité. Juger de l’efficience d’une organisation sociale suppose de dire en regard de quoi. Il s’agit donc d’un choix politique (sans nier les nécessaires études ”scientifiques”) qui ne saurait être réduit à l’efficience économique (pour qui d’ailleurs?). J’ajoute que l’emploi, par l’auteur comme d’autres, d’un vocabulaire, de mots, indépendamment du contexte historique, produit de fait une déformation et renforce les conceptions a-historiques qui président aux écritures apologiques de l’histoire.



Un ouvrage éclairant sur l’écriture de l’histoire par les « vainqueurs », le révisionnisme permanent, non seulement accepté mais défendu, par les savants occidentaux, la non prise en compte des autres, de leur caractère irréductible humain, la hiérarchisation de fait des organisations sociales, la négation, au nom du « progrès », des autres possibles, etc…, mais sans les défauts de multiples analyses relativistes qui écartent l’idée même d’universel ou d’universalisation.



Reste toujours à écrire une histoire des populations humaines et de leurs organisations, en partant du commun, en n’oubliant pas leurs caractères ”universalistes”, en insérant les comparaisons dans une vision plus globale, moins linéaire, permettant aussi d’évoquer les espaces, les bifurcations, les chemins non parcourus.



Contre les visions hiérarchisantes, racialisantes et sexistes, il nous reste à écrire une histoire, plus universelle que les réductions présentées comme histoire de l’humanité, réduite à sa partie masculine, blanche et occidentale.
Commenter  J’apprécie          80
L'écriture des hiéroglyphes au numérique

Un parcours autour de l'écriture. Si la première partie concerne l'invention et le décodage des premières écritures jusqu'à l'alphabet, la seconde traite plutôt des modes d'écriture jusqu'à l'imprimerie tandis que la troisième propose des réflexions générales.
Commenter  J’apprécie          30
Renaissances

A travers son analyse du phénomène de renaissance, Jack Goody nous invite à repenser notre histoire et celle des autres.




Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          10
L'écriture des hiéroglyphes au numérique

Petit recueil de d’articles de la revue « l’histoire », ce livre nous emmène nous promener vers la naissance de l’écriture, puis nous cheminons vers l’âge de la maturation pour enfin s’arrêter avec l’ère de la multiplication commencé en occident par Gutenberg et qui se poursuit encore actuellement par le numérique.
Commenter  J’apprécie          10
La raison graphique

... ou la domestication de la pensée sauvage.

....... ou la naissance de la raison graphique.



Un livre qui a marqué son époque (1977) en montrant comment le passage de l'oral à l'écrit a transformé la pensée sauvage en la domesticant.
Commenter  J’apprécie          10
Capitalisme et modernité : Le grand débat

Une contribution au débat sur la domination de l'Occident en forme de synthèse de l'oeuvre de l'anthropologue Jack Goody.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jack Goody (71)Voir plus

Quiz Voir plus

Molière

Qui est l’auteur de cette pièce de théâtre ?

Molière
Jean-Jacques
Michelle
Gertrude

25 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Le Bourgeois Gentilhomme de MolièreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}