Citations de Jacques Bonnet (67)
Nous avons choisi les thèmes [de notre bibliothèque] et ses axes de développement mais ne pouvons qu'observer qu'elle a envahi tous les murs de la pièce, grimpé jusqu'au plafond, annexé une à une les autres pièces en expulsant tout ce qui la dérange. Elle élimine les tableaux qui se trouvaient aux murs et les objets gênant sa consultation, se déplace avec les acolytes indispensables et encombrants que sont les escabeaux et les échelles, oblige à des réaménagements constants car sa progression n'est pas linéaire et réclame des répartitions nouvelles.
Les destructions volontaires et systématiques de livres ont été innombrables dans l'histoire et ont, presque toujours, annoncé ou accompagné la persécution de leurs lecteurs potentiels. Rappelons seulement la cérémonie organisée par Goebbels le 10 mai l1933 sur la place de l'Opéra de Berlin, qui fut suivie d'une trentaine d'autres du même genre sur tout le territoire allemand.
Les chroniques précisent qu'un certain nombre de lettrés aimèrent mieux mourir que mettre le feu à leur bibliothèque.
J'ai la chance de pouvoir lire dans le bruit, dans la foule et même environné de conversations ne m'intéressant pas. Et la faculté de le faire toute une journée et de poursuivre tard dans la nuit. Et d'y trouver du repos après une journée bien remplie.
La lecture m'a permis de raccourcir les voyages les plus longs, de ne pas voir passer les heures d'attente dans un aéroport, et de supporter pendant deux décennies les réunions aussi inutiles qu'interminables auxquelles je ne pouvais échapper.
je me demande-comme je le fais chaque fois pour- quoi je conserve tant de livres dont je sais que je ne les relirai jamais. Et je me réponds que chaque fois que je me débarrasse d'un livre, je m'aperçois quelques jours plus tard que c'est précisément celui-là que je cherche Je me dis qu'il n'existe aucun livre (ou peu, très peu) dans lequel je n'ai rien trouvé qui m'intéresse.
(Une histoire de la lecture / Alberto Manguel)
Robert Musil disait déjà que "tout progrès est en même temps une régression". L'histoire montre que l'on n'échappe jamais au progrès utile.
Les auteurs ne sont que des personnages fictifs dont sont avérés quelques éléments biographiques jamais suffisants pour en faire des êtres vraiment réels.
Maintenant il reste à trouver qui a pu conserver sa haine au chaud pendant plus de quarante-cinq ans.
Chapitre 5
Montecuculli perfide, ton nom
Qui à deux fois s'empue le sodomite
Chapitre 5
D'expérience je sais que " livre prêté, livre envolé ".
Chapitre IV
(...) , cette entreprise a pris une place très particulière dans ma vie ; elle est devenue un jardin retiré, une chambre secrète qui toutes ces années m'a été fort utile à supporter les moments pénibles. Une sorte de pièce hermétique aux bruits du monde, comme insonorisée par les rayonnages de livres, les piles de catalogues et les fiches remplies de notes. travailler ce texte m'a protégé des froidures de l'existence , celles qui vous pénètrent jusqu'aux os de l'âme.
Prologue
La protège de l'hostilité extérieure, filtre les bruits du monde, atténue le froid régnant aux alentours, mais donne aussi un sentiment de toute puissance. Car la bibliothèque fait reculer les pauvres capacités humaines : elle est un concentré de temps et d'espace. Elle rassemble sur ses rayonnages toutes les strates du passé. S'y retrouvent les siècles qui nous ont précédé.
L'important n'es pas de lire vite mais de lire chaque livre concerné à la vitesse qu'il mérite. Il est aussi dommageable de passer trop de temps sur certains que d'en lire d'autres trop vite. Il y a des livres que l'on connait en les feuilletant, d'autres qu'on ne saisit qu'à la deuxième ou troisième lecture, d'autres encore qu'on peut relire toute sa vie avec profit.
L'atelier est donc le lieu de la remémoration, de la réalité subjective qui, elle, constitue bien une vérité artistiquement reproductible.
Effectivement, un lecteur compulsif est un conquérant. Et il considère les terres imprimées qui s'offrent à lui comme valant bien celles conquises par Alexandre, Gengis Khan, Tamerlan ou Napoléon, au moins aussi fascinantes et riches et dans tous les cas exigeant moins de dévastations inutiles, de cruautés et de sang versé.
La lecture me fatigue aussi peu que la nage le poisson, le vol d'oiseau. J'ai parfois l'impression de n'avoir vraiment commencé à exister que par la lecture et espère mourir, comme Segalen dans la forêt de Huelgoat, un livre à la main. (p. 64-65)
Il y a des livres que l'on connaît en les feuilletant, d'autres qu'on ne saisit qu'à la deuxième ou troisième lecture, d'autres encore qu'on peut relire toute sa vie avec profit. (p. 57)
Les livres de ma bibliothèque sont comme les maisons anciennes, lourdes de la présence des hommes et des femmes y ayant vécu dans le passé, avec leur lot de joies et de souffrances, d'amours et de détestations, de surprises et de déceptions, d'espoirs et de résignations. A la réflexion, je n'ai jamais habité que de vieilles
maisons. (p. 139)
Effectivement, un lecteur compulsif est un conquérant. Et il considère les terres imprimées qui s'offrent à lui comme valant bien celles conquises par Alexandre, Gengis Kahn, Tamerlan ou Napoléon, au moins aussi fascinantes et riches et dans tous les cas exigeant moins de dévastations inutiles, de cruautés et de sang versé. (p. 62)