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Critiques de Jacques Terpant (68)
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Le chien de Dieu

Jacques Terpant met en images de façon très réaliste la vie de Louis Ferdinand Céline.

Avec "Le chien de Dieu", vous avez accès à la biographie condensée de cet auteur si controversé du XXème siècle.

Je ne connais pas encore ses livres, mais le bonhomme est un drôle de toto!



Avec "Le chien de Dieu", j'ai souhaité en savoir plus sur le personnage. Cela tombe plutôt bien car un podcast sur Céline (que je vous recommande chaudement!) est disponible sur France Inter grâce à l'excellent M.Philippe Collin.



Cette bio illustrée est vraiment remarquable par sa qualité narrative et la beauté des dessins.

A découvrir !
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Un roi sans divertissement

En 1843, le capitaine de gendarmerie Langlois arrive dans un petit village du Vercors ou plusieurs personnes ont disparues.

J'ai dû relire cette histoire pour en comprendre le sens (enfin celui qui m apparaît). Cependant les portraits des personnages sont très beaux et expriment bien leurs sentiments. Quant aux couleurs je pense qu'elles permettent de nous immerger complètement dans l'intrigue.



Je ne connaissais pas cette histoire, mais cette adaptation m'a donné très envie de relire, et de redécouvrir Jean Giono.

Bonne lecture.
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Le chien de Dieu

Une très belle évocation de Céline

Jean Dufaux sort de ses scénarii d aventures pour se frotter à un écrivain qu’il connaît visiblement très bien et admire. Il parvient à se mettre dans la peau de celui-ci, vieillissant, un peu fêlé, délirant, et retraçant sa vie, ses parts d ombre, son humanité, ses obsessions; son Celine est attachant et repoussant a la fois, tel que je le perçois.

Le dessin de Jacques Terpant est à la hauteur du projet ambitieux de cet album, son Celine est tout aussi repoussant et attachant que l’a peint le scénariste.

Une grande réussite
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Capitaine perdu, tome 2

En 1763, suite au traité qui met fin à la guerre de Sept Ans, Le Roi de France cède l'Amérique aux Anglais. Le royaume français du nouveau monde s’étend alors du golfe du Saint-Laurent au golfe du Mexique, soit, l'équivalent aujourd'hui, du Québec et d'une vingtaine d’états américains.



Deux ans plus tard, le jeune capitaine Saint-Ange, Français né en Amérique, uni à une indienne doit remettre aux Anglais les clefs du Fort de Chartres signifiant ainsi la fin de la présence française.



Jacques Terpant est connu pour avoir adapté des livres de Jean Giono et de Jean Raspail. Il se fait ici scénariste et illustrateur de ce récit.

Il se révèle être un très bon conteur. Comme d’habitude, les illustrations sont magnifiques, l’immensité et la nature sont superbement encensées et nous maintiennent dans une lecture contemplative.



La fin d’un monde, la naissance d’un autre….

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Un roi sans divertissement

Cette Bd est une adaptation graphique du roman de Jean Giono "Un roi sans divertissement". Bien qu'ayant lu par le passé de nombreux ouvrages de Giono, je ne connaissais pas celui-ci. J'ai donc été attiré à la fois par le nom de Giono mais aussi par le fait que le scénario est de Jean Dufaux dont j'adore les œuvres.



Je me suis donc laissé entraîné dans cette histoire dans les paysages enneigés du Vercors. L'histoire me laisse perplexe et je crois qu'il faudra que je lise le roman original pour mieux m'imprégner de l'atmosphère et comprendre l'attention de Giono.



J'ai adoré le graphisme de Jacques Terpant et le jeu sur les lumières, les éclairages sont magnifiques et mettent en valeur les personnages. Le regard de MV et du loup sont...troublants. Les paysages d'hiver sont somptueux, tout attire l'œil : les arbres, les maisons, les animaux.



Les deux auteurs ont repris le principe de narration de Giono qui dans son roman donne la parole à différents narrateurs, ce qui permet d'avoir différents points de vue sur la personnalité de Langlois et sur ce qu'il évoque chez les autres personnages.



Je relirai la BD après avoir lu le roman et reprendrai sûrement mon commentaire.
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Le chien de Dieu

"Le chien de Dieu" retrace la dernière partie de la vie de Louis Ferdinand Céline, auteur du "Voyage au bout de la nuit".

Les BD consacrées à cet auteur à la réputation sulfureuse sont assez rares voire très rares, Jean Dufaux et Jacques Terpant réparent cet oubli et au delà du récit de fin de vie de Céline, ils nous proposent de jeter un regard sur cette époque. Ils nous permettent de redécouvrir un auteur que nous pensions bien connaître.



La construction du récit est originale avec le principe des flashback de la mémoire de Céline. Les auteurs jouent sur les couleurs en fonction des époques comme pour évoquer des gravures anciennes.



Une belle BD à lire par les passionnés de phylactères mais aussi par les amoureux de la littérature française.



Cette lecture fut une belle expérience et montre aussi la diversité du talent de Jean Dufaux.











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Le royaume de Borée - Intégrale

Allez, je vous emmène au fin fond d'une Europe peut-être pas si imaginaire que cela, dans le Royaume de Borée de Jacques Terpant, bande-dessinée magnifiquement adaptée du roman éponyme de Jean Raspail.



Nous suivons l’histoire d’Oktavius de Pikkendorff, jeune officier idéaliste qui rejoint les confins de cette Borée avec ces étendues sauvages balayées par le vent du nord puis celles de ses descendants sur quatre siècles. Nous cherchons avec lui les limites de ce Royaume, croisons peut-être ce mystérieux petit homme au javelot. Cette épopée nous fait poser un regard contemplatif sur un monde qui évolue, une histoire qui mélange fiction et faits réels, jusqu’au dénouement.



En 175 pages, Jacques Terpant nous livre des illustrations magnifiques, il brosse ce Royaume de Borée avec tant de poésie et de délicatesse, la nature est magnifiquement encensée. On a envie d’une seule chose, tourner la page et découvrir la suivante puis la suivante pour se maintenir dans cette lecture contemplative.



Livre ou B.D ? Peu m'importe, Le Royaume de Borée est pour moi une histoire exceptionnelle.
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Un roi sans divertissement

Récit de Jean Dufaux

Dessin de Jacques Terpant

Librement adapté de l'oeuvre de Jean Giono



J'ignore si le récit est proche du livre car je ne l'ai pas lu.

Jean Dufaux, qui a fait les dialogues, explique à la fin avec "Giono indispensable", sa démarche.

L'observateur de cette histoire est Jean Giono lui-même, et sa fille, Sylvie, qui a participé, semble-t-il, à l'aventure, figure dans les derniers cartouches du livre.

Louvois, le personnage central, est un homme énigmatique. Nous n'en saurons jamais rien.

Ce qui m'a le plus frappée, dans cet album, c'est la qualité du dessin que je n'hésite pas à qualifier de somptueux.

Dès la couverture, nous sommes plongés au coeur de cette région du Trièves avec, au fond, le majestueux Mont Aiguille et le village à ses pieds. Les personnages sont tous très typés et facilement reconnaissables, ce qui n'est pas le cas de toutes les BD.

Un vrai coup de coeur bédéphile...
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Un roi sans divertissement

Je dis qu’un roi sans divertissement est un homme plein de misères.

Je dis aussi qu’un lecteur sans intérêt est passible de mourir d’ennui.

Magnifique roman graphique avec couleurs et dessins qui reproduisent très bien les lieux et l’époque mais l’histoire, incompréhensible.

Je m’y suis reprise à deux fois pour lire ce récit sur l’ennui et la désillusion, sans retourner dans l’œuvre romanesque de Giono, qui sera la prochaine étape.

Je comprends que rendre ce récit en roman graphique n’est pas une mince tâche, c’est long, ambitieux, ça rend hommage à l’original sans aucun doute, mais bon, je ne rallie aux critiques précédentes, l’intérêt n’y est pas.

Les métaphores passent difficilement car insuffisamment explicites. On suit Langlois dans ses interrogations spirituelles, on doit déduire dans ses agissements les intentions qui sont souvent troubles.

On retrouve bien sûr le hêtre (l’être de Giono) et le contraste du sang rouge sur la neige immaculée; la mort du tueur et celle du loup prémices à celle du capitaine de gendarmerie.

Déception pour ma part mais je suis en mesure d’apprécier le talent derrière ce travail.
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Un roi sans divertissement

Cette bande dessinée est une adaptation d'un roman de Giono qui se déroule au milieu du 19eme siècle dans un village isolé du Vercors. Elle s'attache au pas d'un homme énigmatique et taciturne : le capitaine Langlois.



J'avoue être passée complétement à côté. Je ne sais pas comment est le roman mais, au vu du peu de dialogue et d'un texte narratif hyper présent, que c'est assez fidèle. En tout cas il n'y a aucune histoire, aucune passion, aucun personnage attachant, rien...

L'histoire se découpe en trois partie. Dans la première Langlois est gendarme et abat froidement un tueur en série, dans la deuxième il est capitaine de Louveterie et abat tout aussi froidement un loup, et dans la troisième il se cherche une femme et se suicide. Il y aurait pu avoir une enquête policière, une traque, un défi amoureux, mais nous n'aurons rien de tout cela. C'est raconté platement, sans surprise ni passion, avec un œil extérieur qui semble ne rien ressentir. Langlois est un personnage antipathique dont on ne sait rien, ni passé ni émotion. Il semble vide et froid, et le pire s'est qu'on n'a même pas envie d'en savoir plus sur lui tellement il est dénué d'intérêt. Je suis peut-être dure dans ma critique mais je n'ai rien compris au personnage et à ce qu'a cherché à nous dire l'auteur dans ce récit. Y avait-il un message subliminal que je n'ai pas perçu ??



Le dessin est plutôt élégant et travaillé, bien qu'il ait un petit coté désuet. Il manque peut-être un peu de dynamisme mais dans l'ensemble il est plutôt beau à regarder. J'ai particulièrement aimé le décor du Vercors enneigé.
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Un roi sans divertissement

Ce titre nous ai présenté comme un des sommets de la littérature universelle: rien que cela pour une œuvre écrite en 27 jours par Jean Giono. Je dois dire que sa lecture m'a plutôt déçu après un bon début prometteur.



On va se concentrer sur le personnage du capitaine de gendarmerie Langlois qui va régler son compte à un tueur en série dans un village du Vercors. C'est un personnage qui d'emblée m'a paru assez antipathique. La suite me donnera raison.



Les décors semblent être figés même si le graphisme n'est pas vilain. Cela manque parfois de dynamisme. Il faut dire que le récit suit un rythme assez convenu en trois actes à la manière d’une pièce de théâtre. La narration est assez lourde dans son omniprésence.



Le final ne sera point à la hauteur de ce qu'on attendait. Certes, cela fait l'effet d'un pétard mouillé. Comme chacun le sait, il ne faut pas fumer la dynamite au risque de se faire exploser.



Je n'ai même pas compris l'essence de l’œuvre à savoir celle d'un homme qui va s'approcher du mal afin de fuir une morne et ennuyante existence. Comme dit, un roi sans divertissement est un homme plein de misères. C'est bien vrai.



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Le chien de Dieu

L’envie de découvrir une partie de la vie de Céline, auteur par ailleurs que je ne parviens toujours pas à lire, fut à la base de mon choix de lecture.

Nous découvrons les dernières années du Docteur Destouches à Meudon mais surtout un homme tout à la fois aigri, révolté avec une agressivité à fleur de peau, à la limite de la marginalité, mais aussi un homme soucieux d’aider les démunis.

Cet album est aussi l’occasion de revenir sur des parties de sa vie plus contestées comme son antisémitisme, ses relations avec les Allemands pendant la guerre, son rejet de la force publique…

Le personnage est complexe, peu sympathique, sombre. Le dessin en noir et blanc, anguleux, renforce la noirceur du personnage. Le texte est également empreint de phrases au couteau, cinglantes rendant le tout très homogène.

Je referme cet album avec un sentiment mitigé : certes Dufaux et Terpent nous permettent de nous faire une idée probablement assez juste du personnage mais sans pour autant nous éclairer véritablement sur la vie de l’auteur. L’envie de lire Céline n’a pas été au rendez-vous…

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Messara - Intégrale

Est-ce parce que c'est l'intégrale (152 p.) ? J'ai trouvé l'ensemble assez indigeste au point de sauter quelques pages. Le découpage cinématographique utilisé (passage d'une action inachevée à une autre, puis retour à la première) nuit au suivi de l'intrigue inutilement compliquée et peu crédible. Personnellement, je n'ai pas aimé les planches même si certains dessins sont soignés, et que l'ensemble du décor et des costumes a demandé la consultation d'une importante documentation. En revanche, j'ai lu avec intérêt les commentaires de Jacques Terpant en fin de volume (p. 142-151) qui explique que cette réalisation de 1994 est une œuvre de jeunesse, et admiré son portrait de l'esclave égyptienne (p. 142). On comprend mieux que sa fascination de la société minoenne l'ait conduit à "compulser" tout ce qu'il trouvait. Mais pourquoi avoir voulu y intégrer aussi tous les mythes (Icare, Dédale, Pasiphaé...) en les mêlant à l'histoire ?

D'un point de vue matériel, papier un peu épais et relecture insuffisante (p. 77 : "sacrifier un otage de marque sur l'hôtel de son nouveau dieu").
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Le chien de Dieu

On ne peut s’empêcher de se demander, à la lumière de faits et de débats récents, mettant en scène des artistes, si l’on peut, et si l’on doit distinguer l’homme et l’artiste, ou si les manquements de l’un doivent discréditer l’autre. Faut-il repenser la place dans la littérature française de Voyage au bout de la nuit à l’aune de l’insupportable sympathie de son auteur pour certaines thèses nazies… et alors même qu’il n’a semble-t-il jamais sollicité le moindre avantage, bénéficié du moindre passe-droit. Et que son attitude et ses actes – le médecin Louis-Ferdinand Destouches qui soigne gratuitement de jeunes criminels qui se cachent – sont par moment davantage ceux d’un anarchiste que d’un homme de l’ordre – fut-il nouveau ! -.



Cette complexité, qui n’est pas masquée mais bien plutôt mise en évidence, font que l’on voit plus en Céline un homme bouillonnant d’une rage qui remonte peut-être bien aux expériences traumatiques vécues – subies – pendant la guerre de 14-18, lorsque le maréchal des logis Destouches au 12e cuirassiers voit ses camarades tomber alors qu’ils chargent, sabre au clair. « Et moi, je ne veux pas vous bluffer, n’est-ce pas, mais je faisais partie de la bande, un con parmi d’autres… », nous dit-il.



Cet homme qui ne trouve pas sa place dans les salons parisiens, ni dans le milieu de l’édition, qui ressemble à un clochard au point de se faire refouler des terrasses des cafés parisiens, y compris lorsqu’il est avec Arletty, comment ne pas lui reconnaître au moins de la sincérité ?



Et l’on se demande aussi, en lisant la citation choisie pour ouvrir cette chronique, ce qu’il aurait pensé de l’émergence des réseaux sociaux. En effet, dans cet extrait d’une conversation qu’il aurait pu avoir avec Gaston Gallimard, son éditeur, apparait toute sa détestation pour ce qui, de son point de vue, n’est pas de la littérature, mais du commerce de livres. Et l’on se surprend à imaginer ce qu’il penserait aujourd’hui.



Il faut dire également un mot des dessins. En noir et blanc, pour l’essentiel, ils prennent des teintes bistres, ocres, jaune passé pour marquer les flash-back. Sans être physionomiste, je n’ai pas eu de peine à m’y retrouver, y compris pour reconnaître Céline jeune. Et de l’ensemble se dégage une force vitale brute, autant dans la violence que dans l’amour. Et dans une forme de désenchantement née de la médiocrité ambiante…



Souvent, lorsque j’ai fini un livre, que je l’ai aimé ou non, j’ai une idée assez précise des personnes qui pourraient l’apprécier et de celles à qui je ne vais pas le recommander. Mais, ici, j’ai du mal à le dire. Le sujet n’est évidemment pas anodin ; le récit non plus. J’ai apprécié cette lecture, et, à bien y réfléchir, je pense que, pour s’y engager, il suffit d’accepter de l’aborder avec curiosité, curiosité pour l’homme, curiosité pour le personnage, curiosité pour le traitement qui en est fait. Alors, qui me suit ?
Lien : https://ogrimoire.com/2022/0..
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Un roi sans divertissement

Le « western provençal » de Giono, « Le Chant du monde » avait fait depuis peu son entrée en bande dessinée sous les pinceaux de Jacques Ferrandez quand un autre amoureux de cet univers à l’écriture très descriptive où la nature est un acteur majeur, Jacques Terpant, aguerri dans l’art de l’adaptation grâce aux albums qu’il avait tiré des romans de Jean Raspail caressa le projet d’adapter l’une des premières œuvres de l’auteur : « Un de Baumugnes », le deuxième volet de « La trilogie de Pan ». Renonçant finalement à son plan initial, il décida de s’allier à son complice Jean Dufaux pour la troisième fois après « Le Chien de Dieu » et l’adaptation de l’oublié « Nez de cuir » de Jean de la Varenne afin de relever un défi de taille en s’attaquant à celle d’« Un Roi sans divertissement ».



Cette « chronique » est en effet réputée inadaptable : Giono l’écrivit en 47 jours mais mit plus d’un an pour en tirer le scénario du film de François Leterrier qui fut un cinglant revers commercial car les lecteurs n’y retrouvaient ni la complexité narrative ni la profondeur psychologique ni la dimension philosophique de l’œuvre source. Ces deux bédéastes ont-ils donc réussi là où le romancier lui-même avait échoué dans cet album publié par Gallimard aux éditions Futuropolis ?



DANS LE LABYRINTHE



Quand on évoque « Un roi sans divertissement », en effet, on ne manque jamais de souligner la complexité de la narration : les narrateurs se succèdent et les époques s’entremêlent dans le récit de la traque d’un sérial killer dans les années 1840 et surtout dans le portrait effectué de celui qui la mena : le capitaine de gendarmerie Langlois. Ceux-ci sont effectués vingt ans après les faits par l’une des témoins de l’époque (Saucisse) à des villageois puis des décennies plus tard par le chœur de ces derniers devenus vieillards au narrateur. Dufaux et Terpant trouvent un équivalent en utilisant la métaphore théâtrale. On a ainsi d’emblée la double voire la triple énonciation : les acteurs-personnages de l’album semblent se parler entre eux mais leurs propos sont destinés au romancier et à madame Tim présentés comme les spectateurs d’une pièce et, par-delà, la narration est assumée par le dessinateur et le scénariste avec comme destinataire le lecteur. La frontière floue des récits et le mélange des époques si caractéristiques du style du roman sont retranscrits très judicieusement par les voix off. Les narrateurs se superposent : parfois madame Tim commence, et c’est Giono, Clara ou Frédéric II qui prennent le relais sans que le changement soit signalé. Le lecteur doit demeurer aux aguets pour ne pas perdre le fil d’Ariane et sortir du labyrinthe du récit. Les deux bédéastes renforcent même cette complexité en introduisant dans l’album la fausse suite du roman : « Noé », dans laquelle on voit le romancier dialoguer avec ses personnages, créant un vertige pirandellien et soulignant ainsi l’étonnante modernité du roman. Ils réussissent donc à garder, voire à augmenter la complexité narrative initiale, contrairement au scénario du film qui retrouvait la narration linéaire présente dans les premières œuvres de Giono dont il avait voulu se défaire.

*

C’est parce qu’il voulait souligner la dimension orale de son récit que l’écrivain choisit de le baptiser « chronique » et non roman. Il ne s’agit nullement une chronique stendhalienne rendant compte des bouleversements historiques du temps, bien au contraire ! Si le récit enchâssé se déroule au moment de la Restauration, il n’est jamais question du retour de la monarchie et de soubresauts révolutionnaires : tout cet arrière-plan est gommé pour se consacrer à la peinture des personnages et du cadre environnant.



FAIT D’HIVER



Le roman inaugure la deuxième manière de Giono. Comme le souligne l’épigraphe, c’est un livre de sortie de prison. Après les déboires vécus -à tort- au moment de l’Epuration, l’auteur perd sa foi en l’homme et se met à écrire des histoires bien plus âpres et violentes en leur donnant un nouveau cadre : nous ne sommes plus en Provence mais dans le Dauphiné où les hivers sont rudes et les villages fermés sur eux -mêmes, dans un pays clos propice au tragique.

*

Giono avait accentué ce sentiment de claustrophobie dans le film de Leterrier en exigeant une palette extrêmement réduite : bien que tourné en technicolor, le film jouait sur le noir et le gris des costumes et le blanc de la neige pour que les rares occurrences du rouge soient encore plus mises en valeur et que le spectateur ressente davantage l’obsession née de l’oppression d’un univers monotone et carcéral. Ces gammes chromatiques sont également déployées dans l’album avec les magnifiques pages en couleur directe de Terpant, mais le dessinateur rend surtout hommage à ces lieux qu’il connaît parfaitement en utilisant des couleurs chaudes et joyeuses qui célèbrent le Trièves et sa splendeur automnale dans les grandes cases consacrées au hêtre de Frédéric II, par exemple, qui forment de vrais petits tableaux.

*

Les auteurs nous offrent une version en cinémascope en technicolor avec des couleurs chatoyantes. On y trouve une distribution de rêve : des figurants à la trogne expressive et l’air benêt pour un soupçon de comédie ; un vrai héros, Langlois (inspiré du charismatique Daniel Day-Lewis) alors que dans le roman il est âgé (56 ans) et n’est même pas à l’origine de la découverte du serial killer ; une jeune première pour la romance. Clara a les traits de Simone Signoret jeune, puisqu’à l’instar de Giono dans son scénario, le duo a rajeuni et embelli le truculent personnage romanesque de Saucisse. Ce côté glamour est aussi accentué par l’importance donnée au personnage de Madame Tim dans la bande dessinée alors que le romancier avait choisi de la gommer de son scénario et qu’elle n’apparaissait que dans la deuxième partie du roman. Elle amène des scènes joyeuses de fête et de printemps qui sont développées dans la bande dessinée et font contrepoint au climat tragique de l’ensemble. Dufaux et Terpant parviennent finalement à (ré)concilier les deux pans de l’œuvre de Giono : célébration de la nature et pulsion de vie d’un côté, noirceur de l’âme humaine de l’autre.



LE THEATRE DU MONDE



Il ne s’agit nullement d’une trahison puisqu’avant de regrouper ses récits nouvelle manière sous le titre de « chroniques », le romancier avait opté pour celui d’ « opéra-bouffe » ce qui mettait en valeur le mélange des genres- policier, conte philosophique- et des tons comique et tragique. Cela lui permettait de filer la métaphore du divertissement pascalien mais aussi de retrouver le thème cher à l’époque baroque du « théâtre du monde ». La référence au théâtre omniprésente dans l’album est donc parfaitement justifiée par sa portée philosophique. Le monde est un théâtre, chacun y est différent de ce qu’il semble être et chacun joue pour oublier la vacuité de sa condition humaine…

*

Giono, écrit que l’assassin d’« Un Roi sans divertissement » « n’est peut-être pas un monstre » parce que finalement tout homme porte en lui un fond monstrueux. C’est sans doute pourquoi dans le film il prête sa propre voix au meurtrier– toujours hors-champ. Jacques Terpant s’en fait l’écho en dotant l’assassin de ses propres traits ! Le dessinateur reprend ainsi une autre des métaphores gioniennes. Le romancier cite, en effet, Pascal en clôture de son roman mais change radicalement le sens des mots qu’il lui emprunte car il s’éloigne de son point de vue chrétien. Pour Giono, il n’y a rien d’autre que le divertissement pour nous aider à vivre. Il y voit le seul remède au vide de notre condition. L’artiste est un équivalent du meurtrier de l’histoire qui agit comme un esthète en choisissant ses victimes pour la richesse de coloration de leur sang ou en écrivant en lettres de sang sur le cuir du cochon : il pratique la mise en couleurs d’un univers monochrome non pas grâce au crime mais grâce à son art. L’art se substitue à la cruauté : on se divertit en écrivant et en dessinant et nous, les lecteurs, sommes divertis par notre lecture en cherchant à percer le mystère des disparitions au village et à décrypter Langlois dont les motivations nous échappent (l’album étant en cela bien plus subtil que le film dans lequel le procureur nous donnait des guides redondants de lecture). Cet hommage à l’art salvateur se retrouve également dans l’épilogue de l’album.





Ainsi, on peut opposer aux contempteurs des adaptations d’œuvres littéraires en bande dessinée l’exemple éclatant de réussite du « Roi sans divertissement » de Dufaux et Terpant. Loin d’être un exercice paresseux et facile pour auteurs en mal d’imagination, cette transposition est une véritable recréation qui révèle au sens photographique du terme tant par sa narration que par sa maestria graphique toutes les qualités et la richesse de l’œuvre source. Cet album est un divertissement de roi : on a affaire à un bel hommage et on prend ici tout la mesure du terme « roman graphique » !



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Le chien de Dieu

J'ai beaucoup apprécié le scénario et le graphisme de cette BD.

Depuis des années, je tourne autour de Céline. Lira, lira pas...Je l'évite...et puis tant d'autres auteurs à lire ! Son antisémitisme et sa xénophobie revendiqués sont des obstacles restés infranchissables.



Cet ouvrage s'intéresse aux dernières années du Dr Destouches à Meudon.

j'ai compris beaucoup de ses révoltes et l'expression de ses colères.

J'ai aimé l'homme amoureux et respectueux de ces belles femmes qui l'accompagneront toute sa vie.



j'ai surtout eté complètement conquise par ses mots, sa langue. Ses formules à l'emporte pièce qui percutent fort.



Et si je me décidais enfin à lire Céline ?

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Un roi sans divertissement

Un roi sans divertissement est une bonne adaptation, une lecture fort passionnante qui permet de faire connaître Jean Giono à ceux qui n'en ont jamais entendu parler ou qui ne l'ont jamais lu.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Messara, tome 3 : Les ailes d'Icare

Le début de ce troisième tome clôture les récits mythologiques. Thésée, Phèdre, le Minotaure et les autres semblent quitter l'Histoire en assumant les éléments qui les font rentrer dans la mythologie : la nature même du Minotaure, pourquoi il est dit qu'il mange de la viande humaine, pourquoi Icare tombe dans la mer...

La suite du récit s'attache à une histoire plus belliciste où Messara revêt son armure et mêne la guerre contre Minos. C'est un peu brouillon, avec quelques maladresse dans le suivi de la narration mais c'est très prenant et offre quelques scènes particulièrement émouvantes et dignes de certains films historiques.

Une série très sympa qui a le mérite de mettre en avant la civilisation minoenne trop souvent négligée et méconnue. Cette culture est pourtant fort riche et est, ici, bien rendue et bien documentée. Toutefois, pour les puristes, il faut tout de même noter que les recherches archéologiques ont un peu avancé depuis la publication de cette histoire et certaines interprétations ici exploitées sont un peu dépassées.
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Messara, tome 2 : Minos

Bon second tome de cette série qui nous plonge dans la Crète de l'antiquité.

La fille de l'esclave égyptienne revient, après des années, sur l'île qui l'a vue naître avec une compagnie de mercenaires qui vient délivrer la Crête de la tyrannie de son roi : Minos.

Excellente revisite de certains mythes antiques de façon plus historique et sans intervention divine. On y croise notamment Thésée, le Minotaure, Pasiphae, Dédale, Icare, Ariane et Phèdre.

L'histoire devient plus subtile et plus complexe.

Le dessin est toujours très beau, classique, très réaliste et très abouti.
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Messara, tome 1 : L'Égyptienne

Une bonne bd historique malheureusement tombée dans l'oubli.

Un bateau vogue sur la Méditerranée, à son bord une jeune femme se fait conter l'histoire de sa naissance : des années plus tôt, une jeune esclave égyptienne arrive dans un port d'une île proche de la Crète. Achetée par un riche marchand pour sa grande beauté, il en tombe éperdument amoureux...son fils aussi. Mais les armées ennemies sont aux portes de la ville.

Le scénario est bon mais manque, à mon sens, d'une touche d'originalité. le dessin est classique mais bien traité et très efficace. On sent que le dessinateur a fait de nombreuses recherches sur l'architecture, les vêtements, les bateaux ect ect afin de rendre son atmosphère la plus crédible et la plus juste possible.

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