Citations de Jacques de Bourbon Busset (262)
La démocratie, ce n'est pas de pousser n'importe qui à contester n'importe quoi, c'est de mettre en mesure n'importe qui d’accéder au niveau supérieur.
23 septembre 1964. Premier jour de l'automne, saison des arbres. Les minutes privilégiées s'imposent comme des bouffées, des souffles, ou plutôt des lueurs. Elles m'apparaissent le plus souvent à travers les arbres, comme si l'ombre et le feuillage les provoquaient.
Une vie n'est pas faite que de temps forts.
15 janvier 1967 : Pousser la concision à l'extrême, mais s'arrêter juste à temps, à la frontière de l'obscur. Le difficile est que ce qui est déjà obscur pour les uns est encore clair pour les autres. La lecture à plusieurs niveaux, comme on dit aujourd'hui, est une solution aristocratique et déplaisante. Il convient de chercher la transparence et, au lieu d'éblouir d'un soleil noir la masse, d'obliger les beaux esprits à découvrir ce que recouvrent des eaux claires et profondes.
77 – [Folio n° 127, p. 41]
J’ai toujours pensé que ce qui donnait un sens à la vie d’un homme, c’était de protéger une femme.
Le moins mauvais système politique est celui qui permet aux citoyens de choisir l'oligarchie qui les gouvernera. On l'appelle généralement la démocratie.
La foi n'est pas un moyen de connaissance mais un acte. (...) Comme l'amour, la foi est de l'ordre non de la connaissance mais de l'action.
Le fleuve construit la rive qui l'empêche de se répandre et de se perdre. La rive donne au fleuve sa cohérence. La rive est la chance du fleuve. De même la structure est la chance du désir, l'ombre la chance de la lumière, l'engagement la chance de la liberté, la règle la chance de l'invention, le corps la chance de l'âme, le fini la chance de l'infini, l'homme la chance de Dieu.
Toi, orgueilleuse, ne comprenait pas mes petites vanités, et moi, vaniteux, je dénonçais ton orgueil.
Notre complicité était joyeuse. Le secret de cette joie est que chacun préfère l'autre à soi. Là encore, tu m'as donné l'exemple.
On dit communément que les amants doivent aimer leur amour. Je crois qu'ils doivent surtout l'aider. L'amour secouru dure.
L'amour vit d'une ressemblance manquée. Si elle était atteinte, on tomberait dans l'ennui.
L'absence de ta présence me désespère. La présence de ton absence me révèle ton éternité.
Le monde n'est sensible a l'esprit que s'il est d'abord sensible aux sens. Voila ce qu'admet difficilement la raison et que saisit l'intelligence.
L'age est une grâce qu'il faut mériter , non un poids qui vous écrase .
Comment se fait-il que chacun ait si entièrement occupé l’autre ? Occupé, et non possédé ou dominé. Tout s’est passé comme si nous avions ressenti la nécessité de nous mettre à deux pour interroger le monde et en tirer quelques certitudes provisoires. Mais pourquoi moi, pourquoi toi ?
24 janvier 1965 – C'est un malheur historique qu'aucune nation importante d'Afrique et d'Asie ne soit chrétienne. La faute en fut aux chrétiens, plus marchands qu'apôtres. Seul un peuple de couleur chrétien aurait pu faire le pont avec l'Occident. Le gouffre ne cesse de s'élargir. Nos petit-enfants auront un âge mûr difficile.
2111 - [Folio n° 994, p. 50]
4 janvier 1965 - Un seul sujet tabou dans les conversations et les livres : l'entente physique entre amants. Perversions, anomalies servent d'alibi. Et la sensualité épidermiqeu est une défense au même titre que la gauloiserie. Ce qui lie un homme et une femme fait peur. Cette puissance où se mêlent sauvagerie et mysticisme, ce secret des coups de folie, cet intermédiaire entre félicité et agonie, cette réponse aux questions impossibles à formuler, réponse qui s'annule elle-même, dont la fin est de s'annuler, comme si accomplissement et mort était synonymes, tout cela intimide et trouble. L'homme, si fier de ses pouvoirs, pressent que ces forces qui les traversent, dont il n'est que le lieu de passage, seules comptent.
2093 - [Folio n° 994, p. 35-36]
Je te regarde et je comprends, une fois de plus, que j’écris pour qu’on t’aime. Mon journal n’a été publié que pour cette raison et, si je m’obstine à écrire, c’est pour augmenter les chances de te faire aimer.
Tu n'étais pas une de ces poupées mondaines qui grimacent au commandement des meneurs de la mode. Tu étais modeste et grave comme le sont les êtres très simples qui voient dans la complicité de la terre avec le soleil, la pluie et le vent le modèle de la vie authentique.