on n’embrasse pas une putain. Elles disposent de leurs baisers, comme la plupart des femmes disposent de leur corps. Elle ne comprendrait pas et lui en voudrait de violer une loi solidement établie par la tradition.
On a tout de même besoin de savoir qu’on se souviendra de nous. On demande pas qu’on ait besoin de nous, tout ce qu’on demande, c’est qu’on se souvienne de nous…
Ce sont les femmes qui font marcher le monde, mon garçon. Dieu leur a mis tous les atouts entre les jambes. Elles n’ont pas à risquer leur chance, comme nous autres, hommes.
Le soir est le moment le plus agréable de la vie de garnison, le seul qui appartienne vraiment au soldat et qu’il puisse gaspiller à sa guise, sans la moindre restriction.
Rien d’étonnant, que tant de pauvres types se laissent prendre au piège du mariage. Mais quand on n’est pas marié, et que toute cette virilité inemployée vous coule, brûlante, dans les veines, il n’y a plus qu’une chose, une seule chose à faire.
Ce n’était jamais drôle de déménager, de ne se sentir enraciné nulle part, d’être toujours en route, comme si la vie était un perpétuel trimard. Heureusement qu’il y avait les cartes et la possibilité de faire une partie de « solitaire ». Le solitaire, c’est le jeu des exilés…
Quand un type fait son travail, exécute les ordres et se tient à carreau, il a chez moi plus de chances d’avancement que partout ailleurs, parce que chez moi il n’y a pas de favoritisme. À chacun selon ses mérites. Ni plus, ni moins.
C’est la bonne vie. Tous les régiments ont une clique. C’est comme les ouvriers spécialisés par rapport aux manœuvres, dans le civil. On se fait du lard parce qu’on a des capacités particulières.